Tennis

Benjamin Bonzi : le challenger a bien grandi

Alors que le tennis français est en panne de résultats en Grand Chelem (aucun français en huitièmes d’un des quatres tournois en 2021, du jamais vu depuis 1890), une jeune génération tout droit venue du circuit Challenger commence à pointer le bout de son nez. Benjamin Bonzi fait partie de celle-ci. Actuellement 47 ème et deuxième français à la Race 2021, le joueur tricolore a fait une entrée fracassante cette saison dans le top 100, et affiche une belle régularité. Portrait d’un joueur au talent indéniable, calibré pour prendre la relève.

Parcours en jeunes

C’est à l’âge de 6 ans que le nimois d’origine tape ses premières balles, au club d’Anduze dans le Gard. Très vite, les prédispositions du jeune garçon sautent aux yeux de ses entraîneurs : il est repéré à 14 ans par la Fédération et s’oriente vers le parcours standard pour ces jeunes talentueux en rejoignant le Creps de Boulouris puis l’INSEP à 16 ans. Il s’entraine là-bas dans des conditions optimales durant deux ans puis rejoint la ligue Midi-Pyrénées en signant au Stade Toulousain alors qu’il est tout juste majeur. Il y retrouve au quotidien d’autres jeunes talents, comme c’est encore le cas aujourd’hui puisqu’il y côtoie par exemple Hugo Gaston. Décrit comme passionné et travailleur, Benjamin Bonzi est régulier en juniors et atteindra même le 25 ème rang mondial, avec en point d’orgue un titre à Roland-Garros remporté en double avec Quentin Halys en 2014. C’est donc en février de la même année qu’il débute chez les professionnels, prêt à plonger dans le grand bain.

Roland Garros 2014: Benjamin Bonzi et Quentin Halys remportent la finale du  Double Juniors Garçons. - Sports and People News
Une génération 1996 prometteuse (Sport News)

Une progression par étapes

La transition avec le haut-niveau n’est pas des plus simples pour le gardois qui ne remporte son premier match ITF ( aussi appelés tournoi “futures”) qu’en septembre 2014. Le jeune joueur commence alors à s’acclimater à l’intensité des matchs et remporte ses premiers tournois. Ces bonnes performances lui permettent de monter dans le classement et de remporter ses premiers matchs en Challenger : le début d’une belle histoire avec ce circuit est née. Il finit la saison 2016 à une honorable 364 ème place mondiale, mais c’est véritablement la saison 2017 qui va marquer les prémices d’une belle carrière. Il atteint en effet les demi-finales du Challenger de Bordeaux en s’offrant Dusan Lajovic, alors 79 ème mondial et gagne sa wild-card pour Roland Garros. Il fait alors parler de lui en s’offrant un certain Daniil Medvedev au premier tour ( 5-7 6-4 6-4 3-1 ab.) Le grand public le découvre et une forte attente à laquelle il n’est pas habitué va lui porter préjudice aussitôt : il enchaîne les défaites en 2017 finissant tout de même dans le top 200, mais traverse ensuite 2018 comme un fantôme. La lente agonie de Bonzi, alors âgé de 22 ans continue puisqu’il sort même des 300 premières places mondiales en 2019 et retrouve les tournois ITF.

Une dynamique impressionnante depuis 2020

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(France info)

Tout bascule fin 2019, lorsque Benjamin Bonzi, alors en grande difficulté avec son tennis, change de fonctionnement en s’entourant de Lionel Zimbler, ancien mentor de Benoît Paire. Perfectionnement tactique, gestion des émotions… cette nouvelle approche va libérer le gardois et très vite les résultats vont s’enchaîner : 75% de victoires en 2020 dont une finale en Challenger et un premier tour franchi à Roland contre le prometteur Finlandais Emil Ruusuviori. Une meilleure constance au service, une solidité en fond de court retrouvée ainsi qu’une capacité à prendre davantage de risques pour faire le point : Bonzi impressionne et va réaliser une incroyable saison 2021.

” J’arrive mieux à gérer les moments importants… On a fait beaucoup de boulot “

Benjamin Bonzi au sujet de sa collaboration avec Lionel Zimbler

Un premier titre Challenger à Potchefstroom en février et tout s’accélère pour le tricolore qui franchit les paliers à une vitesse folle. On le retrouve même en ATP 250 à Montpellier où il pousse David Goffin (futur vainqueur du tournoi) dans ses retranchements au deuxième tour. Un titre Challenger à Ostrava en mai ainsi qu’un deuxième tour à Wimbledon lui permettent de garder une vraie confiance dans son jeu pour rafler une troisième fois la mise à Ségovie sur dur. Bonzi entre alors dans le si convoité top 100, un classement bien plus représentatif de son talent. Il confirme en réussissant l’exploit colossal de remporter consécutivement les Challengers de Saint-Tropez, Cassis et Rennes en trois semaines. Cette épopée lui a permis de développer certains aspects de son jeu, notamment en se montrant très fort physiquement dans ses déplacements, tout en ayant fait de réels progrès au niveau mental pour être désormais un joueur accrocheur et combatif, avec la capacité de se faire mal comme ce fut le cas lors du Challenger de Rennes quand il bat le modeste Polonais Zuk (162 ème) pour se qualifier en quarts de finale : “au cinquième point du tie-break, j’étais vraiment à deux doigts de vomir sur le court”, avait-il confié après le match à Ouest-France.

Actuellement 64 ème mondial à seulement 25 ans, Benjamin Bonzi a maintenant toutes les armes pour aller chercher les détails qui le sépare encore des tout meilleurs. Cinquième français, il va devoir vite digérer cette belle dynamique pour continuer à perfectionner son tennis et repartir de plus belle pour cette saison 2021-2022. L’enjeu pour lui va maintenant être de bien négocier la transition entre le circuit Challenger et les tournois 250. Car le nimois est un joueur de tennis désormais complet, prêt à s’installer durablement au plus haut-niveau.

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