Depuis le début de saison, le FC Bâle semble retrouver le statut d’un prétendant au titre, statut que les Young Boys monopolisent depuis 2018. Actuellement leader du championnat, les Bâlois ont cinq points d’avance sur leur rival bernois avec un match en plus. Le FC Zürich est en embuscade puisqu’il est deuxième, avec un point de plus que les Young Boys, en ayant également un match d’avance. Il y a donc une vraie course au titre pour l’instant, course que mène le FC Bâle en partie grâce à un homme : le Brésilien Arthur Cabral.

Appelé le mois dernier avec l’équipe du Brésil pour la première fois, Arthur Cabral est en train d’exploser aux yeux de l’Europe, voire du monde. Il a marqué 13 buts en 12 matchs de Crédit Suisse Super League, mais il a également performé en Europa Conférence League avec 10 buts en 9 rencontres – en comptant les phases qualificatives. Des statistiques qui font de lui l’un des meilleurs buteurs européens toutes compétitions confondues.
Arrivé par la petite porte, partira-t-il par la grande ?
Arrivé le 30 août 2019 de Palmeiras sous forme de prêt, Arthur Cabral a rejoint le FC Bâle dans la peau d’un inconnu. Personne ne le connaissait en Europe. Au bout d’une saison, il a convaincu et le club bâlois l’a acheté pour 6 millions d’euros. Aujourd’hui, il en vaut 15 et risque de partir cet hiver, pour le double.
Arthur Mendonça Cabral, dit Arthur Cabral ou Arthur, est né le 25 avril 1998 à Campina Grande dans le nord-est du pays. Il a été formé au Ceará Sporting Club, l’un des clubs de la ville de Fortaleza, jusqu’à ses 17 ans. Il y dispute ses premiers matchs en professionnel, en Série B notamment en 2015. Et à l’issue de la saison 2017, après avoir participé à 16 matchs de championnat pour 4 buts, son club monte en Série A. L’année suivante, il prend part à 31 matchs de Brasileirão Assaí et inscrit 7 buts. Un beau premier exercice à ce niveau-là. Il est alors convoité par Palmeiras, l’un des plus grands clubs du pays. Fin novembre 2018, il y signe un contrat à durée indéterminée et le 1er janvier 2019, il rejoint les Alviverde.
Malheureusement, en six mois, il ne dispute que cinq matchs toutes compétitions confondues avec le club de São Paulo et l’opportunité de sa vie survient durant l’été, à la toute fin du mois d’août 2019. Le FC Bâle, qui n’a pas pour habitude régulière de recruter au Brésil, a jeté son dévolu sur un jeune joueur brésilien : Arthur Cabral. Prêté dans un premier temps, car le club suisse ne veut pas se précipiter, Arthur va découvrir un secteur offensif pas forcément ultra-concurrentiel. Il vient surtout remplacer un buteur parti à West Ham quelques semaines plus tôt : Albian Ajeti – qui joue maintenant au Celtic Glasgow.
Il faut surtout comprendre qu’Arthur rejoint une équipe surpassée par les Young Boys de Berne, qui n’est plus capable de dominer autant qu’auparavant. Les attentes sont moins fortes, mais il est tout de même là pour marquer et aider son équipe à accrocher une place qualificative en Coupe d’Europe. C’est ce qu’il va réussir à faire avec 14 buts inscrits en 26 matchs de championnat. En Europa League, il est moins efficace (11 matchs, 2 buts), mais Bâle atteint les quarts de finale, se faisant éliminer par le Shakhtar Donetsk.

La saison 2019-2020 a été plutôt convaincante et le club suisse achète donc le joueur. C’est Palmeiras qui sort vainqueur du deal à ce moment-là, puisque la plus-value est importante. La saison 2020-2021 va être meilleure à titre personnel. Arthur Cabral marque à 18 reprises en 33 rencontres de Crédit Suisse Super League. Il marque plus, de manière plus régulière. Néanmoins, il délivre deux passes décisives, contre quatre la saison précédente. Sur le plan collectif, il y a des signes d’amélioration. Mais sur le plan comptable, la saison du FC Bâle est moins bonne, même si le club progresse en championnat en terminant vice-champion… à 31 points du leader bernois. Un record à ce jour pour un tel écart. La saison précédente, le championnat avait été plus serré, même si les Young Boys étaient sortis également vainqueurs.
Il faut savoir que Bâle a terminé la saison 2019-2020 à la troisième place, derrière Saint-Gall et YB, sa pire place en première division depuis la saison 2008-2009 ! Arthur Cabral est arrivé au moment d’une période creuse. Nous avions d’ailleurs expliqué ses erreurs dans un article consacré au succès de leur rival bernois à l’issue de cette saison 2019-2020. En terme de points, le FC Bâle a bouclé la saison 2020-2021 avec son plus petit nombre depuis le début de la Super League en 2003.
Cette tendance semble se transformer, car le FC Bâle est donc leader du championnat au bout de 12 journées pour la première fois depuis la saison de leur dernier titre : 2016-2017. Ils avaient à l’époque récolté 32 points en 12 journées, accomplissement que même les Young Boys de Berne n’ont pas réussi à faire depuis quatre ans. Ce fauteuil de leader, Arthur Cabral en est l’un des responsables. Il est évidemment le meilleur buteur du championnat, puisqu’avec 13 buts et 4 passes décisives en 12 matchs, il a mis la barre très haut. D’ailleurs, cela faisait 12 ans qu’un buteur n’avait pas mis autant de buts à ce stade de la compétition. Il s’agit d’un certain Seydou Doumbia qui avait également marqué 13 buts après 12 journées, c’était lors de la saison 2009-2010.
En 2019-2020, Arthur a fini 3e du classement des buteurs, la saison d’après, il a terminé deuxième, cette saison semble la bonne pour être élu numéro 1.
Un profil idoine
Ce n’est un secret pour personne, la Super League suisse n’est pas réputé pour abriter les meilleures défenses d’Europe. Cependant, le secteur offensif a toujours dévoilé de superbes joueurs. On pense notamment à Alexander Frei, Xherdan Shaqiri, Mohamed Salah, Breel Embolo et Matheus Cunha plus récemment. Arthur Cabral est assurément le prochain. Ce dernier, justement, profite de son profil parfait pour dominer les défenses adverses.
Très bon de la tête – il en a ainsi inscrit plusieurs depuis le début de saison -, Arthur Cabral est également doté de caractéristiques physiques impressionnantes. Il est endurant, puissant et possède une belle détente verticale. De plus, il est relativement rapide et agile, au vu de sa taille et de son poids. Il mesure 1m86 et pèse environ 88 kilos. Sur le plan mental, il possède un gros sang-froid, prend souvent les bonnes décisions devant le but et est d’un doté d’un très bon sens de l’anticipation. De plus, sans ballon, il est sait se rendre disponible afin de trouver les espaces et d’attirer les défenseurs. Enfin, techniquement, il a ce qu’il faut pour être décisif aux abords de la surface, car si l’on peut le décrire de façon brève et concise, Arthur Cabral est un mélange entre un attaquant pivot et un renard des surfaces. Deux rôles très efficaces lorsqu’on fait partie d’une équipe qui pèse sur les défenses adverses.

Depuis le début de saison, Arthur a participé à environ 50 % des buts de son équipe, une contribution majeure pour un joueur qui est jusqu’à maintenant, le grand artisan de la réussite de son club.
Le FC Bâle sur la pente ascendante ?
Nous l’avons dit, le FC Bâle est actuellement premier de son championnat, une première depuis plusieurs saisons, signe que le club du nord de la Suisse rattrape actuellement son retard sur le club de la capitale. Grâce à son nouvel entraîneur Patrick Rahmen et ses nouvelles recrues, le club bâlois semble de nouveau sur la bonne voie, celle du titre peut-être. Car ces dernières saisons, l’équipe leader du championnat après 12 journées a été sacré championne à chaque fois.
Le retour au club de Michael Lang fait par exemple beaucoup de bien. Latéral droit, mais aussi défenseur central, Lang, passé par Gladbach en Allemagne, est redevenu un pilier de l’équipe. Ce n’est pas tout, car Bâle a décidé de miser une nouvelle fois sur les prêts et le recrutement scintille. Sebastiano Esposito, la pépite de l’Inter Milan est notamment arrivé (et s’est déjà montré décisif avec 4 buts en 7 matchs de Super League), tout comme Andy Pelmard, le défenseur polyvalent français de l’OGC Nice, il est déjà titulaire. Nice a également envoyé Dan Ndoye de l’autre côté des Alpes, il a notamment marqué face à Zürich hier soir. Enfin, on peut nommer le jeune Canadien Liam Miller arrivé en provenance de Liverpool, qui montre des choses intéressantes.

Certains tauliers sont toujours là comme Taulant Xhaka, Edon Zhegrova, Valentin Stocker, Fabian Frei, Raoul Petretta et Eray Cömert. Mention spéciale à Matias Palacios, jeune argentin de 19 ans, bien connu des fans de Football Manager, qui est club depuis février dernier et qui progresse tranquillement, mais qui est très prometteur.
L’effectif est donc vraiment intéressant et le mélange entre jeunesse et expérience fonctionne bien jusqu’à présent. Seul accroc : la défaite il y a quelques jours en Coupe de Suisse en 1/8e de finale face aux amateurs de l’Etoile Carouge. C’est la deuxième fois d’affilée que les Bâlois sont éliminés à ce stade de la compétition, cela faisait 16 ans que cela n’était pas arrivé – trois fois d’affilée en 2004,2005 et 2006.

Surnommé le Roi Arthur par ses fans brésiliens, Arthur Cabral commence doucement, mais sûrement, à mériter un tel sobriquet. S’il continue ainsi, il pourrait, dans un futur proche, faire les beaux jours d’un bon club européen, en attendant mieux d’ici les prochaines saisons. À moins que son ascension soit réellement exponentielle.