Rugby

Les pépites anglaises [2/9] : Harry Randall, Raffi Quirke et Alex Mitchell, l’avenir au poste de numéro 9 du XV de la Rose

Eddie Jones entre dans le dernier cycle de son aventure au sein du XV de la Rose. Il l’a annoncé au cours du mois septembre, la Coupe du monde 2023 sera sa dernière en tant que sélectionneur de l’équipe anglaise. Pour se donner les chances de faire mieux qu’en 2019, Eddie Jones a annoncé vouloir rajeunir son groupe et y incorporer les jeunes pépites qui ne cessent d’impressionner au sein de la Premiership. Alors que sa liste a été annoncé le lundi 18 octobre, des joueurs risquent de vouloir se montrer durant ces matchs internationaux pour faire partie de l’équipe pour le VI nations. Pour cette occasion, la rédaction du CCS vous propose de découvrir ces joueurs à travers différents articles. Aujourd’hui trois numéros 9. Trois joueurs qui ont tout pour devenir les meilleurs à ce poste et ainsi orienter le jeu du XV de France.

Harry Randall, le numéro 9 moderne

Harry Randall semble avoir les faveurs d’Eddie Jones pour occuper à long terme le poste de demi de mêlée de cette équipe. S’il existait des doutes encore avant cet été, les différentes listes du sélectionneur australien semblent avoir tranchées. Avec Ben Youngs en tant que vétéran et Raffi Quirke encore jeune, Randall a tout du titulaire des prochaines années. Joueur dynamique, il se montre agressif sur les phases offensives et il sait saisir les opportunités que lui offrent les défenses. Sa petite taille lui permet de profiter des petits espaces. Il est aussi bon dans la distribution et il peut accélérer le jeu pour trouver facilement ses ailiers grâce à une passe rapide. 

Il se révèle très rapidement dans les différentes équipes de jeunes où il évolue. Tout d’abord, il commence à l’université de Hartpury. Une équipe qui a vu passer de nombreux joueurs internationaux du XV de la rose comme Jonny May, Dan Robson, Ellis Genge et Jonny Hill. Des noms prestigieux qu’Harry Randall espère rejoindre dans l’équipe nationale anglaise. Il se fait rapidement remarquer en remportant l’AASE et la BUCS Super rugby. Il est même élu homme du match de la finale à Twickenham en 2017 où il inscrit deux essais primordiaux pour l’emporter aux dépens de l’Université d’Exeter. Après ses belles performances dans son université, il rejoint l’académie de Gloucester, une première étape dans le long processus pour arriver au XV de la Rose.

À Gloucester, il évolue avec l’académie en A-League mais n’a pas la chance d’obtenir sa place dans l’équipe première. Même si ce passage l’a aidé à se développer et lui a permis d’être proche du milieu professionnel, il sent qu’il doit trouver une nouvelle formation pour espérer se démarquer. Il fait alors le choix de signer à Bristol. Une équipe qui tente de développer un projet pour se maintenir en Premiership. Après avoir été champions en 2015/2016 de Championship, les Bears sont redescendus l’année suivante. Toujours aussi dominant en deuxième division, ils font le recrutement nécessaire pour définitivement s’installer en première division. Une équipe qu’il connaît bien puisqu’il les a affronté avec Hartpury cette année-là : « Je suis extrêmement enthousiasmé par la vision et l’ambition que Bristol a en place et j’attends avec impatience ce que l’avenir nous réserve. J’ai parlé à Pat Lam de ce qu’il veut accomplir, mais aussi de la façon dont il voit mon développement » (Harry Randall lors de sa signature à Bristol).

Une nouvelle aventure qui commence pour le jeune anglais qui doit faire face à l’australien Nic Stirzaker pour le poste de titulaire. Il a aussi la pression puisque les Bears sont une équipe ambitieuse avec des joueurs comme Luke Morahan, Callum Sheedy tandis que les frères Piutau rejoignent l’équipe en même temps que lui. Un groupe ambitieux où il va être le créateur et le métronome. Il se fait une place petit à petit, alternant entre la place de titulaire et le banc de touche. En Challenge Cup, il est même le titulaire attitré en phase de poules. Pour sa première saison, il répond aux attentes et se montre déjà comme un joueur capable de marquer de nombreux essais avec cinq unités à son compteur. Une bonne première saison dans le monde professionnel où il se montre plein d’insouciance et il parvient avec les Bears à se maintenir en Premiership. La saison suivante est à l’image de la première avec une équipe de Bristol de plus en plus ambitieuse et qui commence à faire partie du haut du classement.

Malgré l’interruption liée à la COVID, il reste sur sa bonne dynamique et se retrouve même titulaire pour la demi-finale et la finale de Challenge Cup. Lors de celle-ci, il inscrit même le premier essai de son équipe après 15 secondes de jeu qui montre toute sa palette technique. Joueur rapide, il a suivi la contre-attaque de Radradra avant de conclure après une course de 50 mètres. Cet essai est le plus rapide inscrit par un joueur dans l’histoire de la coupe d’Europe. Il remporte alors avec Bristol son premier trophée avec cette coupe d’Europe. Une épopée où il aura eu un rôle important avec trois essais inscrits. Une magnifique manière de terminer sa seconde saison chez les professionnels où il commence à faire son chemin.

Harry Randall, inscrivant l’essai le plus rapide de l’histoire en coupe d’Europe en finale de Challenge Cup contre Toulon.

Il s’est considérablement amélioré et cette troisième saison avec les Bears pouvait être celle du passage au palier supérieur. Avec une équipe qui souhaite jouer les premiers rôles en Angleterre et en Europe, Randall est l’une des clés de ce succès. Il peut à travers ces différents succès entrevoir aussi une carrière internationale. À ce moment-là, il est éligible pour jouer avec le pays de Galles et l’Angleterre. S’il a toujours été dans les sélections de jeunes, étant même champion du monde en 2016 avec les U20 d’Angleterre, le doute restait permis. Néanmoins, ces dernières déclarations laissaient peu de place au doute : « Le pays de Galles a une grande place dans mon cœur, c’était une grande partie de mon enfance et mes parents vivent toujours là-bas. Mais comme je l’ai dit par le passé, je suis anglais et c’est la voie que je voulais emprunter ». Un message envoyé à Eddie Jones qui surveillait le jeune numéro 9. En attendant, le demi de mêlée est toujours concentré sur son club et le championnat.

Dans une équipe dominatrice, il s’impose comme un des éléments clés. Son association avec Sheedy fonctionne à merveille tandis qu’il parvient à dynamiser le jeu de son équipe, permettant à ses arrières de s’exprimer à merveille. Il accélère le jeu du mieux qu’il peut et s’est considérablement amélioré dans son jeu au pied pour se dégager de la pression offensive adverse. Sur ce début de saison, il montre encore ses talents de joueur offensif où il participe énormément au jeu et parvient grâce à sa vitesse à suivre ses arrières, inscrivant alors quatre essais. Début janvier lors du choc contre Exeter, il inscrit un essai et est élu homme du match. Une grosse performance qui n’est pas passée inaperçu. En effet, il est alors convoqué par Eddie Jones pour préparer le VI nations. Une juste récompense après son début de saison d’autant que ce poste n’est pas le plus sûr de l’équipe. Il a alors une chance de pouvoir s’exprimer au niveau international.

Malheureusement pour lui, il se blesse à la cheville à l’entrainement et se retrouve écarté des terrains pendant une longue période, le privant de sa première sélection. Il revient pour le match de Champions Cup contre Bordeaux où il se blesse à nouveau alors qu’il était rentré depuis 16 minutes. Un problème cette fois à l’épaule qui l’écarte pour deux mois supplémentaires. En 6 mois, il n’aura quasiment pas joué, bloquant alors son ascension. Une épreuve importante pour lui alors qu’il n’est âgé que de 23 ans et qu’il fait face au premier contrecoup de sa carrière : « C’est frustrant, surtout quand vous regardez les garçons lancer le ballon et gagner des matchs et que vous n’en faites pas partie. Mais vous êtes impatient de revenir et d’en faire partie, de vous mettre à genoux et de revenir aussi vite que possible (…). Ce fut une fin de saison très frustrante après une première partie vraiment agréable mais qu’est-ce que le rugby sans défis ? »

Il explique alors avoir bénéficié du soutien de ses coéquipiers et de son coach, lui permettant de surmonter cette difficile période. Il passe alors d’une possible première sélection à six mois d’indisponibilité en enchainant les différentes blessures. Il termine la saison en jouant un match contre Leicester où il inscrit un essai et la demi-finale où il débute sur le banc et ne pourra rien faire contre la remontée des Quins ce jour-là. Une deuxième partie de saison compliquée avec beaucoup de déceptions mais il a pu se consoler avec une convocation pour les matchs d’été du XV de la Rose. Il débute alors les matchs contre les États-Unis et le Canada, inscrivant même un essai. Une formidable revanche pour lui qui vient conclure une saison où il aura beaucoup appris aux côtés de joueurs comme Ben Youngs. Un joueur rapide, devenu complet avec de très bonnes capacités défensives. Malgré un physique pas des plus imposant outre-Manche, il se donne à 100 % pour arrêter les offensives adverses ce qui fait de lui un numéro 9 polyvalent : « Livre pour livre, il est l’un des meilleurs plaqueurs que j’ai vu. Vous aurez du mal à le voir rater des plaquages et vous le verrez faire des efforts doubles, triples » (Pat Lam).

Skysports.com

Il a connu une ascension fulgurante et il ne devrait pas se morfondre après cette deuxième partie de saison manquée. Il a grandi au pays de Galles où il débute dans le système des Scarlets et de nombreux entraîneurs doutent de sa capacité à évoluer au plus haut niveau en raison de sa taille : « Cela ne m’a jamais vraiment été jeté personnellement, mais je suis sûr que cela a été dit. L’essentiel était : ”Tu dois prendre du poids, grandir un peu” Mais en repensant à mon séjour au pays de Galles, j’ai apprécié chaque minute. Je ne serais peut-être pas ici aujourd’hui si je n’avais pas commencé au pays de Galles. » Finalement, il a réussi à s’imposer en montant les échelons petit à petit et en rejoignant un projet ambitieux sous les ordres de Pat Lam qui lui a fait confiance pour orienter le jeu de son équipe. De joueur rapide, il a progressé à la passe et au pied pour devenir un joueur complet. Sa taille est aussi un avantage puisqu’il provoque souvent les fautes de ses adversaires qui l’attrapent souvent haut pour le stopper. Un joueur difficile à arrêter pour les défenseurs avec sa vitesse.

Il a impressionné son sélectionneur Eddie Jones cet été : « Ce qui m’a vraiment impressionné au cours de la dernière période c’est qu’il a ajouté les coups de pied tactiques à son répertoire qu’il a très bien utilisé pour les renverser. C’est un bon petit joueur. ». Avec une nouvelle convocation pour les matchs d’automne, il devait avoir de nouvelles opportunités et pouvait alors assurer sa place pour le prochaine VI nations. Malheureusement cette année 2021 ne lui sourit pas et ce dimanche, Eddie Jones a annoncé que Randall était forfait pour le premier match contre les Tonga. Il laisse sa place à Alex Mitchell mais il peut espérer retrouver sa place lors des prochaines confrontations. Une belle occasion pour lui faire oublier cette saison entachée par les blessures.

Raffi Quirke, “un mini Faf de Klerk” pour le XV de la Rose

Il est la jeune star qui monte en puissance outre-Manche et probablement le moins expérimenté de la liste d’Eddie Jones. Il vient d’entamer seulement sa deuxième saison chez les pros mais ses performances depuis le mois de septembre font de lui le meilleur à ce poste. Profitant de l’absence de Faf de Klerk sélectionné par l’Afrique du Sud pour le Rugby Championship, il a réussi à tirer son épingle du jeu. Leader du jeu d’une équipe touchée par les sélections et les blessures, il est l’une des raisons des bons résultats de son équipe. Pour certains, il est le numéro 9 au plus grand potentiel même s’il reconnaît lui-même avoir encore beaucoup à apprendre. 

Rapidement mis en avant lors des sélections de jeune, il a évolué dans une des meilleures académies de ces dernières années. Originaire de Manchester, il a grandi en tant que fan des Sharks et se souvient de ses premiers souvenirs de rugby. Vivre le dernier titre en tant que fan et aujourd’hui jouer sous ce même maillot est un rêve devenu réalité : « Il y aura un peu plus de passion naturelle parce que c’est votre club, votre maison. Tu vas au stade, tu sais que tu as des amis qui sont là dans la foule qui te regardent. Vous voulez les rendre fiers et les impressionner » (Raffi Quirke). Pourtant, le rugby n’a pas toujours été le premier choix pour ce jeune Mancunien. Encore adolescent, il est champion du Nord-Ouest en triathlon, suivant ses parents dans leur discipline. Il a dû faire un choix entre les deux et s’est finalement tourné vers le rugby.

Il est rapidement repéré et fait alors partie des différentes équipes jeunes du XV de la Rose. Il intègre successivement les U16 puis les U18. Il fait alors même partie de l’équipe se rendant en Afrique du Sud pour y jouer. Il finit par rejoindre l’académie des Sharks en 2018 pour les représenter en National League One. Une formidable opportunité pour lui où il a la possibilité de côtoyer des grands noms de l’équipe première à commencer par Faf de Klerk. Il montre rapidement ses capacités avec pour principale qualité sa vitesse pour franchir la défense. Raffi Quirke aime jouer rapidement pour prendre celle-ci de court pour permettre à son équipe de faire la différence. Très en avance pour son âge, il intègre lors de la dernière saison l’équipe des Sharks pour évoluer en tant que doublure du demi de mêlée sud-africain. Il rejoint à ce moment-là une nouvelle génération d’Anglais de Sale prête à redonner à Manchester son équipe d’antan.

Après les frères Curry ou encore les frères James, un nouvel espoir anglais rejoint l’équipe professionnelle de Sale. Il dispute alors son premier match contre les Quins, jouant une vingtaine de minutes. Une première remarquée qui lui permet de définitivement s’installer sur le banc de l’équipe jouant des bouts de matchs en Premiership et en Champions Cup. Il débute même son premier match en tant que titulaire contre les Wasps où l’équipe remporte un match important pour la course aux playoffs. Il inscrit son premier essai professionnel chez les Sharks en Champions Cup contre les Scarlets. Il progresse de matchs en matchs et côtoyer des joueurs d’expérience lui permet de progresser dans son jeu. Il bénéficie d’un des meilleurs packs de Premiership qui lui permet de pouvoir mieux orienter le jeu. Après une première demi-saison, il a répondu aux attentes de ses entraineurs qui ne regrettent pas de l’avoir lancé si tôt.

Durant l’été, il continue son travail pour progresser dans son jeu, pour être le joueur le plus polyvalent possible. Il suit le travail imposé par son entraineur Alex Sanderson qui lui permet de travailler sur lui-même. Avec l’absence de Faf de Klerk retenu avec les Springboks pour le Rugby Championship, il est propulsé au poste de titulaire en ce début de saison. Une pression importante pour lui alors que l’équipe fait partie des favoris pour le titre. Pourtant, il a semblé encore plus en confiance et a réussi à supporter toutes les attentes autour de lui. Il a débuté trois matchs sur les trois disputés et a déjà inscrit trois essais dont celui de la victoire contre les redoutables Quins. Probablement le match qui a motivé Eddie Jones à faire appel à lui. Il a tout fait à cette équipe. Orientation du jeu, création d’offensives en cassant la défense adverse et profitant de sa vitesse, il a apporté beaucoup de dangers. Malgré les nombreuses absences, il a permis aux Sharks d’obtenir une victoire importante pour ne pas être décroché du haut du classement.

Raffi Quirke, homme du match lors de la victoire des Sharks contre les Quins.

Retenu par Eddie Jones pour les matchs d’automne, il va pouvoir continuer à progresser et se frotter à ce qui se fait de mieux dans le pays. Aux côtés du vétéran, Ben Youngs et jeune Harry Randall, il a les moyens pour prétendre à une place dans les 23. Dans un poste dépourvu de joueurs intouchables depuis plusieurs saisons, il peut saisir sa chance même s’il reconnaît de voir s’améliorer dans de nombreux secteurs du jeu. S’il possède une très bonne pointe de vitesse et une bonne capacité de passes, il doit encore travailler son jeu au pied. Le joueur a conscience du travail encore nécessaire pour devenir le numéro 9 titulaire du XV de la Rose : « Je ne veux pas avoir le stigmate de ”Raffi n’est qu’un neuf qui court, il n’a rien d’autre” Je veux montrer qu’il y a plus de cordes à mon arc. Je veux être le meilleur dans le jeu au pied, frapper des 50-22, faire des passes vers les ailiers, donner le coup d’envoi des deux pieds. »

Il est bien entouré pour s’améliorer avec Faf de Klerk, considéré par certains comme l’un des meilleurs au monde. Depuis son arrivée à Sale, il n’a cessé d’apprendre à ses côtés. Un joueur qui peut être considéré comme son grand frère qui n’hésite pas à lui prodiguer de précieux conseils pour s’améliorer. Une entente parfaite entre un vétéran et son probable successeur : « Quand j’étais dans l’équipe juniors, j’étais tout le temps en admiration devant Faf. Maintenant, j’ai l’impression d’être bon ami avec lui […]. À chaque match de rugby auquel je joue, je constate que j’apprends quelque chose. Même à l’entraînement quand nous sommes l’un contre l’autre, je lancerai une passe douteuse et il dira ”Raffi, reste bas sur cette passe”. Nous avons construit un petit lien l’année dernière quand il débutait et quand j’étais sur le banc. J’ai vraiment l’impression que je pouvais lui demander n’importe quoi et il me donnerait de très bons conseils. C’est une star, n’est ce pas ? Je ne m’approche pas de cheveux de Faf. »

Pour améliorer son coup de pied, il est à la bonne enseigne avec un Faf de Klerk qui fait partie des meilleurs dans ce domaine. Il ne cache pas néanmoins son objectif de prétendre à une place de titulaire définitive à la place du numéro 9 sud-africain d’autant que le dernier champion du monde pourrait décider de partir pour un ultime contrat en France ou en Afrique du Sud. La place serait alors libre pour Raffi Quirke. Néanmoins, en tant que compétiteur, il tentera de prendre cette place par les performances pour assurer sa légitimité. Il aura d’ailleurs l’occasion de s’imposer à son retour des matchs d’automne puisque Faf de Klerk ne devrait pas revenir avant février

Martin Rickett/PA Images via Getty Images

Il est aussi un bon défenseur, qui n’hésite pas à mettre de sa personne et qui ne se cache pas. Il va contester le ballon dans les rucks et peut jouer de manière physique face à de nombreux arrières. Il peut devenir un très bon joueur dans les deux domaines. Dans une équipe qui n’est pas la plus joueuse de Premiership, il peut apporter un nouveau souffle d’autant que l’équipe possède les arrières pour le suivre. Il cite TJ Perenara comme modèle et on peut retrouver en lui cette capacité à être dans toutes les offensives de son équipe. Sa vitesse lui permet de suivre ses ailiers et ainsi devenir une solution pour terminer les attaques. Parmi les trois numéros 9 de cette nouvelle génération, il est celui qui a la marge de la progression la plus importante et le plus impressionnant en ce début de saison.

Si, pour Alex Anderson, « Raffi est comme une version plus jeune et plus nordique de Faf de Klerk », il est surtout le numéro 9 tant attendu par les anglais pour dynamiser le jeu. Avec Marcus Smith comme possible numéro 10 à ses côtés, il peut former une charnière redoutable au niveau international. Avec Randall et Mitchell touchés par des blessures, sa régularité sur le plan physique peut être un avantage. Il sera aussi à surveiller sur ce plan avec sa première saison entière dans le monde professionnel avec des allers-retours entre Sale et la sélection anglaise. Une nouvelle dimension à digérer même si le joueur a montré que cela ne lui faisait pas peur.

Alex Mitchell, la polyvalence et l’expérience en sa faveur

Il est le joueur le plus expérimenté de cette jeune génération de numéro 9. Il est aussi celui qu’on attendait probablement le plus dans la liste d’Eddie Jones à ce poste. Il a été un temps laissé de côté pour ces matchs d’automne. Une petite surprise mais son début de saison n’est pas aussi impressionnante que les Harry Randall et Raffi Quirke. Il a tout de même fait passer un message lors de l’avant-dernière journée contre Worcester. Il termine le match avec deux essais inscrits et est élu homme du match. Il a été au cœur du jeu et a permis la victoire de son équipe. Une magnifique manière de montrer qu’il est toujours présent pour prétendre à une place dans le groupe anglais dont il a été récompensé après le forfait d’Harry Randall.

Alex Mitchell s’est rapidement mis en valeur outre-Manche. Le joueur originaire de Maidstone fait partie des différentes sélections jeunes du XV de la Rose mais son aventure bascule lorsqu’il quitte les Sharks pour les Saints à 18 ans. Il rejoint alors une académie prometteuse et devient une figure incontournable chez les jeunes en étant sélectionné pour le VI nations et la Coupe du monde des moins de 20 en 2017. La même année il remporte le trophée A-League avec les Wanderers  de Northampton. Un titre qu’il remporte une nouvelle fois l’année suivante. C’est aussi à ce moment-là qu’il fait son entrée dans l’équipe professionnelle. Il montre alors rapidement ses talents de distributeur pour guider les offensives des Saints. Tout juste arrivé, il se contente principalement de bout de matchs derrière le titulaire à ce poste, Cobus Reinach, arrivé à l’intersaison. Un duel qui a probablement permis au jeune numéro 9 anglais de progresser et à devenir le joueur qu’il est aujourd’hui.

Le début de carrière de Mitchell se fait principalement en doublure de Reinach lors de sa première saison en jouant une vingtaine de minutes par match, de quoi montrer de belles choses avec deux essais inscrits lors de sa première saison ainsi qu’une capacité à orienter le jeu. Il montre déjà son côté agressif vers la ligne et sa capacité à profiter du moindre espace. Dans une équipe en difficulté, il incarne clairement l’avenir d’une équipe qui cherche à se reconstruire. L’année suivante, il continue dans ce rôle de remplaçant et connaît ses premières titularisations à l’occasion de matchs de Challenge Cup et de Premiership Rugby Cup. Ses bonnes performances lui permettent de jouer toujours plus et de devenir le numéro 9 attiré de l’équipe en Challenge Cup. Il a même le luxe de disputer les rencontres dans leur intégralité ce qui lui permet de se familiariser avec le monde professionnel et de mettre en place son jeu. Avec la nouvelle génération des Saints qui commence à prendre ses marques, le club sait qu’il tient le futur métronome de son équipe en la personne d’Alex Mitchell.

northamptonchron.co.uk

Pour récompenser ses bonnes prestations, il signe finalement son premier contrat professionnel en janvier 2019. Une très bonne nouvelle pour commencer l’année et qui vient récompenser son travail depuis son arrivée au sein de l’académie en 2015 en provenance des Sharks : « Je suis absolument certain que Northampton est le meilleur endroit pour grandir en tant que joueur, alors je n’ai pas hésité à signer un nouveau contrat ici. C’est fantastique d’avoir continué à développer mon expérience en équipe première avec les Saints cette année. Nous avons un environnement brillant ici au club et il est clair que si vous êtes assez bon, vous aurez l’occasion d’impressionner »(Alex Mitchell lors de la signature de son premier contrat professionnel). Une signature de contrat qu’il fêtera avec quatre essais inscrits en deux matchs de Challenge Cup dont trois contre Timisoara. En effet, en plus d’être un parfait gestionnaire, il est à l’image des 9 modernes capables de marquer de nombreux essais. Il est souvent le premier à attaquer dès qu’un espace apparaît à la sortie d’un ruck. Porté sur l’offensive, il permet d’apporter le danger et bénéficie souvent du soutien de certains de ses arrières comme Ollie Sleightholme, George Furbank ou Rory Hutchinson.

Il continue cette saison en tant que remplaçant avec quelques opportunités en tant que titulaire en championnat, les Saints ayant été éliminés de la Challenge Cup en quart de finale. Il est même choisi pour disputer la finale de la Rugby Cup contre les Saracens qu’il remportera. Un premier trophée bien mérité pour cette équipe qui se remet au premier plan outre-Manche. Cette première saison pleine est une vraie réussite et il ne fait aucun doute que le joueur s’inscrit dans ce nouveau projet comme l’une des têtes d’affiche : « Les meilleures années d’Alex sont définitivement encore devant lui et c’est fantastique pour nous qu’il partage notre vision de l’avenir aux Saints » (Chris Boyd, manager des Saints, lors de la prolongation d’Alex Mitchell).

Pour couronner sa merveilleuse saison, il est convoqué par Eddie Jones durant l’été pour disputer un match contre les Barbarians à l’image de nombreux jeunes anglais prometteurs. Il est alors titulaire avec un certain Marcus Smith pour former la charnière titulaire. Malheureusement pour lui, ce match tourne au cauchemar avec une blessure à la cinquantième minute. Le diagnostic est sans appel, il souffre d’une déchirure au ménisque, qui l’éloigne des terrains pendants 8 mois. Un passage difficile pour ce jeune joueur qui est stoppé dans son élan : « Avec cette blessure, votre genou peut enfler et devenir un peu douloureux, alors cela repousse les choses parce que la dernière chose que vous voulez est de revenir trop vite. Nous avons dû être patients et les gars de S&C et les kinés étaient très bons. En ce moment, je suis plutôt bien placé pour la reprise » (Alex Mitchell).

Il revient finalement disputer deux matchs en Premiership avant l’interruption de la saison en raison de la pandémie. Une nouvelle interruption jusqu’à l’été où il a entre temps été appelé pour faire partie du camp anglais pour le VI nations. Il y retrouve des joueurs comme Ben Youngs et Willi Heinz, deux vétérans desquels il explique avoir beaucoup appris : « En arrivant au camp, il y a évidemment beaucoup de gros “chiffonniers” dans tous les domaines, certains avec une vaste expérience et Ben Youngs est quelqu’un que j’ai beaucoup regardé dans ma carrière. Je le regardais comme un demi de mêlée en grandissant, tandis que Willi est également un joueur très expérimenté, donc c’était un entraînement assez étrange avec ces deux gars avant le VI nations » (Alex Mitchell). Deux joueurs excellents dans la circulation du ballon et pour diriger leur attaque. Deux numéros 9 installés à ce poste par Eddie Jones depuis un moment mais cette convocation par le sélectionneur australien montre l’importance qu’Alex Mitchell a à ses yeux. Malgré peu de matchs disputés depuis sa blessure, il reste un joueur d’avenir.

Lors de la reprise de la saison, Mitchell est désormais le titulaire chez les Saints. En effet, Cobus Reinach a rejoint le MHR et le Top 14. Après 3 saisons de cohabitation, il est désormais le seul chef de cette équipe. Il continue ses bonnes performances et alterne entre les Saints et le groupe anglais où il fait régulièrement partie des joueurs appelés pour les camps d’automne et durant le VI nations. Même s’il ne dispute aucun match, il a la possibilité de côtoyer les meilleurs chaque jour à l’entraînement. Dans une équipe des Saints toujours plus plaisante à voir jouer, il prend un rôle de leader pour mener cette équipe dans les premières positions. Joueur rapide, avec un bon jeu au pied pour se dégager de la pression adverse, il a tout d’un numéro 9 moderne. Un demi de mêlée plus grand que les autres, il n’hésite pas à aller au contact. S’il peut créer des décalages, il n’hésite pas à donner de sa personne. Il a cette chance d’évoluer dans une équipe qui fait peu de bruits mais particulièrement redoutable. Il devient l’une des pièces d’un projet ambitieux comprenant de futures stars du XV de la Rose.

Un joueur devenu important dans le système des Saints.

Aujourd’hui, il est l’un des meilleurs à son poste et il le doit à son travail. Arrivé dans un club à 18 ans et monter rapidement dans l’équipe première grâce à ses performances n’est pas dû au hasard. Déjà repéré très tôt avec des sélections, il a su tirer profit de l’expérience apportée par Cobus Reinach. Sans renier sa manière de jouer, il a su rester dans l’ombre et continuer sans griller les étapes : « C’est un grand joueur, un joueur électrique, donc vous voulez évidemment apprendre de lui. Il m’apprend beaucoup mais tu ne veux pas trop changer ton jeu pour être comme quelqu’un d’autre » (Alex Mitchell sur sa cohabitation avec Cobus Reinach). Une marque d’intelligence alors que beaucoup de joueurs sont parfois trop ambitieux. Sa blessure ne l’a pas touché mentalement et il est revenu encore plus fort. Toujours plus rapide et offensif, il n’hésite pas à aller au contact. Initialement absent de la liste pour préparer le match contre les Tonga, il a été rappelé pour remplacer Randall blessé. Une consécration pour le numéro 9 des Saints qui voudra se montrer pour accrocher une place pour le Tournoi des VI nations. Il n’est pas du genre à lâcher et son match contre Worcester témoigne de cette détermination. La lutte acharnée entre ces trois joueurs dans les prochaines années s’annoncent palpitantes et le XV de la Rose a le luxe d’avoir probablement sécurisé ce poste pour les dix prochaines années.  

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Pépites anglaises [1/9] Alex Dombrandt / Adam Radwan / Freddie Steward

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