Alors qu’on se remet à peine d’un UFC 267 à la hauteur des attentes, Dana White nous propose un nouvel event numéroté dès ce week-end, fait rarissime dans l’histoire de la promotion. Avec deux ceintures remises en jeu et de très jolis noms sur la carte, nous allons nous pencher sur un brésilien qui effectuera son premier combat à l’UFC ce même soir, face au grec Andreas Michailidis. Zoom sur Alex Pereira, l’une des futures sensations de la catégorie des moyens.
La survie en ligne de mire
Le brésilien de 34 ans est né à São Bernardo do Campo, l’une des plus grandes villes de la banlieue de São Paulo, qui a également vu naître la légende portugaise de football Deco. Cela dit, rien ne le prédestinait à un tel succès dès sa naissance. Ayant vécu la majeure partie de sa vie dans les favelas, il quitte très tôt l’école, et se met à travailler dans une boutique de pneus dès l’âge de 12 ans. Il travaille plus de 10 heures par jour, dans ce magasin bondé et qui use les mécaniciens. Ces derniers buvaient de la “cachaça glacée“, un alcool local. Alex n’avait pas le moindre intérêt pour le breuvage, mais avec le temps il se fera à cet alcool fort, et y développera même un goût plutôt prononcé. Cet environnement épuisant et malsain le fera tomber dans l’alcoolisme à 16 ans, “buvant un litre de cachaça par jour, et parfois quelques bières”.
Cette habitude lui restera de nombreuses années, et il continuera sa descente aux enfers, se battant très souvent et prenant l’ascendant grâce à son gabarit plutôt imposant. Mais alors qu’Alex est âgé de 21 ans, il tombe amoureux du kickboxing, qui représente pour lui un moyen de se reprendre en main, et de renouer avec ses racines. Il choisira le surnom indigène de “Po Atan”, qui signifie “mains de pierre”. Le colosse prend connaissance de qui il est, et décide de changer de chemin, afin de se remettre d’aplomb et d’avoir enfin les armes pour sortir de la rue.
Seul homme à avoir mis KO “Izzy”
Il porte son surnom à merveille : son palmarès en amateur est de 25-3, avec la totalité de ses combats remportés par KO! Au vu de cette impressionnante efficacité, il intègre le GLORY, fédération majeure de kickboxing en 2014, à l’âge de 26 ans. Il combattra également dans d’autres promotions, dont la promotion nationale WGP, basée à São Paulo et dont il sera champion. Il montera en grade combat après combat, et demeure le seul homme à avoir fini Israel Adesanya par KO, d’une gauche pleine mâchoire. C’est d’ailleurs sa deuxième victoire en autant de combats face à Izzy, qu’il avait déjà battu à la décision un an auparavant.
Mais c’est en 2017 à Guangzhou, en Chine, qu’il prendra une autre dimension. En battant le canadien Simon Marcus, l’un des meilleurs kickboxeurs de ces dix dernières années, il deviendra champion des poids-moyens du GLORY et défendra à cinq reprises sa ceinture. Il obtiendra même la ceinture intérimaire des lourds-légers face au surinamo-hollandais Donegi Abena avant d’unifier la ceinture face à l’excellent kickboxeur russe Artem Vakhitov le 30 janvier de cette année, par décision partagée. Po Atan devient le premier combattant de l’histoire du GLORY à détenir deux ceintures simultanément et, à la volonté des dirigeants, on lui retirera la ceinture des poids moyens afin qu’il se concentre entièrement sur sa nouvelle ceinture.
Son palmarès parle pour lui, certes, mais les classements sont également une belle indication de son excellent niveau. Combat Press, l’une des références des sports de combat, le classe numéro 2 des middleweight, et numéro 3 des light-heavyweight. Il a également fait parti du top 10 “pound-for-pound” durant de nombreuses années, mais sa transition vers le MMA l’a fait perdre de nombreuses places. Néanmoins, son impact sur le GLORY et le kickboxing en général ne sont pas à prendre à la légère et l’UFC vient de signer un gros poisson, qui peut apporter beaucoup de fraîcheur dans la division des moyens.
Po Atan, polyvalent
Alex Pereira et ses “mains de pierre” ne s’est pas uniquement illustré dans la boxe pieds-poings. Il s’est également essayé à la boxe anglaise, remportant son seul et unique combat professionnel par TKO face à son compatriote Marcelo de Souza Cruz, à São Paulo, en 2017. Mais il s’est surtout pris d’amour pour le MMA, et a débuté sa transition déjà en 2015, alors qu’il était à son summum au GLORY. Débutant par une défaite sur soumission face à Quemuel Ottoni au Jungle Fight (promotion basée à São Paulo encore une fois), il se remettra très vite sur pieds et remportera ses trois prochains combats par KO, dont 2 dans le premier round. Il a même eu l’occasion de participer à la version brésilienne des Contender Series en 2018, qui aurait pu lui octroyer un contrat avec l’UFC, mais le GLORY n’a pas souhaité le libérer…
Cette déception incitera le champion du GLORY à renégocier son contrat, obtenant la permission de combattre en MMA durant son bail avec la fédération majeure de kickboxing. C’est grâce à ça qu’il signera avec la Legacy Fighting Alliance, promotion affiliée à l’UFC et qui a propulsé grand nombre de leurs ex-combattants chez Dana White, comme Ryan Spann, Brendan Allen ou encore l’actuel champion des poids mouches, Brandon Moreno. Son premier (et dernier) combat à la LFA sera en faveur du brésilien, qui finira Thomas Powell d’une gauche dès le premier round.
Comment peut-il s’imposer à l’UFC?
On ne compte plus le nombre d’arrivées et de départs à l’UFC, étant donné qu’on ne dénombre pas moins de 689 combattant(e)s sous contrat. La plupart passent inaperçues, si le combattant ne soulève pas les foules. Mais avec Poatan, c’est différent. Il arrive avec l’un des arguments les plus crédibles de la division (déjà) avec la particularité d’être le seul homme à avoir allongé le néo-zélandais Israel Adesanya, comme dit précédemment. Alors il semble que Dana veuille faire du kickboxeur de 34 ans sa nouvelle “poule aux oeufs d’or” et de lui trouver un possible challenger, même si leurs caractéristiques sont bien différentes et qu’Izzy semble avoir un avantage dans l’octogone.
Mais en dehors de ce fait d’arme, il n’en reste pas moins l’un des hommes les plus dangereux de la planète en striking. Au vu de ses exploits en kickboxing, ainsi que de ses trois derniers combats en MMA, Pereira est un immense bonhomme qui envoie de vrais parpaings à pleine puissance, et qui semble bien au dessus des standards de force habituels chez les poids-moyens. Et même si son adversaire des prelims, Andreas Michailidis, semble à son niveau, on peut vous annoncer dès maintenant qu’il pourrait manger la poussière dès le premier round. Peut-être un peu moins rôdé que le grec au sol ou dans les phases de transition, il s’obstinera à rester debout durant l’ensemble du combat, et “The Spartan” ne devrait pas y voir d’inconvénient… Le moment où jamais pour Poatan de faire une entrée absolument fracassante dans la division des moyens.
On sait que les combattants issus du kickboxing ont souvent eu du succès, comme Adesanya par exemple ou Mirko Cro Cop, et les attentes placées en Alex Pereira ne sont pas si différentes que celles des précédents nommés. Avec un tel tableau de chasse à son actif et une telle réputation, ainsi que son histoire personnelle, il faut dire que l’athlète colossal pourrait être un véritable atout de vente pour Dana White. Quand on connaît l’esprit de combat des brésiliens et la légende qu’ils entretiennent depuis le début de l’UFC, Po Atan ne devrait pas déroger à la règle… alors suivez attentivement ses débuts samedi, qui risquent d’être explosifs et très rapides!