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Aston Martin, reculer pour mieux sauter ?

Avec seulement 62 petits points, 1 podium à Baku et une 7ème place aux championnats constructeurs, le retour d’Aston Martin en F1 ne se passe pas tout à fait comme prévu. Après avoir fait forte impression la saison dernière et disposant de moyens bien plus conséquents désormais, l’écurie anglaise déçoit. Le projet de Lawrence Stroll est-il déjà en danger ?

A l’annonce de la première livrée Aston Martin depuis plus de 60 ans en mars dernier et le retour du «british racing green», une couleur mythique dans le sport automobile, les attentes étaient énormes. La désormais ex-Racing Point restait sur une fin de saison 2020 complètement folle. Avec la victoire spectaculaire de Sergio Perez au GP de Sakhir et une 4ème place au championnat des constructeurs, l’écurie était sur une pente ascendante. Depuis le rachat de Force India par Lawrence Stroll en 2018, l’écurie est passée de 52 points en 2018 (7ème au CC) à 73 points en 2019 (7ème au CC) et 195 points en 2020 (4ème au CC). Si le projet du milliardaire canadien évolue dans le bon sens, son ambition qu’il décrit comme « sans limite » se heurte à un plafond de verre qui se nomme Mercedes et RedBull. La différence de budget entre ces deux équipes (+ Ferrari en théorie) et le reste du plateau font qu’il est en pratique impossible de devenir champion du monde.

Le rachat par Aston Martin de Racing Point devait permettre à l’écurie de changer de dimension financièrement, pour pouvoir se battre avec ces deux mastodontes à armes égales. Pour la saison 2021, l’objectif fixé est une 3ème place au championnat constructeurs, soit la place du « best of the rest » (meilleur du reste). Un objectif atteignable au vu de la saison passée, McLaren n’ayant repris cette place à Racing Point qu’au dernier GP à Abu Dhabi. En interne, l’organisation de l’écurie ne change pas radicalement. « Le noyau central de ce dont nous avons besoin pour réussir est déjà présent et correct » d’après Lawrence Stroll. On note tout de même l’arrivée du quadruple champion du monde Sebastian Vettel qui vient remplacer Sergio Perez, non conservé.

Aston Martin AMR21, la première livrée Aston Martin depuis 1960 (photo: Aston Martin)

Les résultats d’Aston Martin, une déception à la hauteur des espérances

Alors qu’il reste encore 5 Grands-prix à disputer cette saison, l’écurie anglaise se situe à 192 points de la 3ème place, occupée par McLaren. 7 points l’an dernier séparaient ces deux écuries, et cet écart va probablement augmenter jusqu’à la fin de saison. Aston Martin est de très loin l’équipe qui a le plus souffert des changements de réglementations en début de saison. Après en avoir exploité quelques failles l’an dernier, certains diront peut-être qu’il ne s’agit que d’un retour de bâton. Toujours est-il qu’en piste, alors qu’elle visait des podiums, Aston Martin peine à entrer dans les points. Elle ne compte aucune victoire en 2021 alors que 4 écuries en comptent au moins une. Elle n’a obtenu qu’un seul podium (Vettel au GP d’Azerbaïdjan). Pire, elle n’a réussi à placer ses deux voitures dans les points qu’à 2 reprises ( GP de Monaco et GP de France). Au total, on décompte 6 GP sur 17 où Aston Martin n’a pas marqué le moindre point.

Aston Martin a subi la plus grosse perte de points entre 2020 et 2021 après 17 courses (photo: F1 media)

GP de Hongrie, le tournant de la saison d’Aston ?

1er août 2021, Budapest. Au terme d’une lutte qui aura duré près de 65 tours, Sebastian Vettel finit par s’incliner face à Estéban Ocon, qui remporte son premier Grand-prix de Formule 1. La déception est présente dans le clan anglais malgré une deuxième place inespérée au départ de la course. L’Aston était vraisemblablement plus rapide que l’Alpine, mais pas assez pour pouvoir la devancer sur un tracé peu favorable aux dépassements. Cette victoire aurait fait du bien au moral de l’équipe anglaise qui, après un début de saison mitigé, en aurait eu bien besoin avant la trêve estivale. Alors que l’écurie célèbre la 2ème place de son pilote allemand, les commissaires remarquent un problème sur sa monoplace. En effet, ils ne peuvent pas prélever un échantillon d’essence suffisant pour pouvoir l’analyser. La sentence tombe rapidement, Vettel est disqualifié du Grand-Prix de Hongrie. L’écurie perd non seulement les 18 points de la 2ème place mais elle voit aussi ses concurrents directs Alpine et Alpha Tauri engranger de nombreux points supplémentaires. Sur les 5 Grand-prix suivants (Belgique exclu), l’équipe ne va inscrire que 9 points supplémentaires.

Avec seulement 5 Grand-Prix restants, Aston Martin est pratiquement assurée de terminer à la 7ème place au championnat des constructeurs. Williams, actuellement 8ème , compte 39 points de retard sur Aston Martin alors qu’elle n’a inscrit que 23 points en 19 Grand-Prix. Devant, Alpha Tauri compte 32 points d’avance ce qui semble peu évident à combler, surtout compte-tenu de la dynamique actuelle des deux écuries. Vous l’aurez compris, Aston Martin n’a plus grand-chose à perdre dans cette saison 2021. Si en Angleterre, les ingénieurs d’Aston sont déjà depuis un moment focalisés sur la voiture de 2022, il serait opportun pour les deux pilotes de grappiller quelques points afin d’entamer la saison prochaine dans les meilleures conditions psychologiques possibles.

Le projet déjà remis en question ?

La saison 2021 s’apparente à un retour en arrière pour l’écurie anglaise qui doit maintenant refaire son retard sur les 6 écuries qui la précède. Lawrence Stroll n’a pas attendu la fin de la saison pour annoncer des changements au sein de son équipe. Le plus important d’entre eux est probablement la construction d’une nouvelle usine ultra moderne mais qui ne sera opérationnelle en principe qu’en 2023. Au sein de l’écurie, de nouvelles têtes sont apparues. L’objectif est de passer de 535 employés à environ 800, une révolution pour cette équipe habituée à faire avec peu de moyens humains et financiers. Parmi les nouvelles recrues, on compte notamment Luca Furbatto, ancien de chez Alfa Romeo qui occupe le poste de directeur technique. Malgré les mauvais résultats, on peut légitimement penser que ces changements étaient prévus dès la reprise de l’écurie par Aston Martin. En se fixant des objectifs très ambitieux, la structure de l’écurie devait obligatoirement être transformée pour devenir la machine à gagner souhaitée par Lawrence Stroll. De plus, la réglementation technique de 2022 va rabattre toutes les cartes et la voiture de 2021, bien que mauvaise, n’aura que peu de points communs avec celle de l’an prochain. De quoi rassurer les fans et l’État major de l’écurie.

Pour autant, tout ne sera pas prêt l’an prochain. A commencer par l’usine dont la construction vient de commencer et qui arrivera la saison d’après. Ensuite, l’arrivée massive d’employés va chambouler toute l’organisation de l’écurie, et il ne suffit pas d’un coup de baguette magique pour faire fonctionner tout cela. Pour finir, l’histoire nous a appris qu’avoir des moyens ne suffisait pas à être victorieux en Formule 1. Dans un passé pas si lointain, on se souvient du fiasco Toyota qui malgré un budget faramineux (environ 450 millions de dollars en 2008) n’a su faire mieux qu’une 4ème place au championnat constructeurs en 2007. A Lawrence Stroll de nous prouver qu’il peut faire mieux avec Aston Martin.

L’Aston Martin ayant passé le plus de temps en tête de course cette saison (photo: F1 Media)

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