Sélectionné en 30ème position de la Draft 2020 par les Memphis Grizzlies, Desmond Bane ne cesse de se montrer performant. Si certains peuvent être étonnés par son éclosion, d’autres ont toujours cru en son potentiel malgré son âge “avancé” lors de son entrée dans la ligue. Sur le terrain, Desmond Bane confirme les qualités qui étaient déjà les siennes en NCAA mais il semble également avoir progressé dans bien des domaines. Mieux, il est devenu l’un des hommes fort de Tyler Jenkins en ce début de saison. Décryptage tactique de ce qui fait les forces de l’arrière !
Lors de sa Draft, nous avions mis en avant les qualités de Desmond Bane au shoot. Même si la mécanique est loin d’être parfaite, les pourcentages à 3 points ont toujours été très élevés du côté de TCU et continuent à l’être chez les Grizzlies. Plus à l’aise longue distance, Bane prend 57% de ses tirs depuis le parking. Néanmoins, il a développé des aptitudes à varier son style d’offensives avec plus ou moins de réussite.
Le catch & shoot
Desmond Bane, c’est le joueur de catch & shoot par excellence. Très confiant en ses capacités, il ne refuse jamais un tir et ce tout au long de la rencontre. 32.7% de ses tentatives sont prises sur du catch & shoot. C’est beaucoup moins que la saison passée où ce secteur représentait 43% de celles-ci. En début de partie, l’arrière prend exclusivement des tirs à 3 points qui conditionnent le reste de sa partie. On sent son besoin viscérale de rentrer ses tirs pour être en confiance et bien dans son match. Joueur très intelligent, il sait miser sur ce qui constitue sa plus grande force afin d’être pleinement en action.
Souvent, ses premiers tirs sont manqués. Toutefois, cela n’ébranle pas la confiance du sophomore qui ne cesse de tenter sa chance et de prendre ses responsabilités. Lorsqu’il reçoit le ballon, il a besoin d’être en rythme pour rentrer ses shoots. Lorsqu’il est dans le bon tempo et qu’il possède le temps nécessaire pour poser ses appuis, il est une menace presque létale. Sans cela, il éprouve plus de difficultés car il s’oblige à poser un dribble, voire à marquer un temps d’arrêt dans sa mécanique, ce qui ne joue généralement pas en sa faveur.
Au-delà du catch & shoot, Desmond Bane s’est également montré sur des tirs pris après avoir posé un dribble. Ces derniers sont pris en pull-up mais ils s’apparentent plutôt à une manière de contourner le défenseur qu’à une volonté profonde de trouver son rythme de tir par le dribble. Néanmoins, cette facette n’avait que trop peu été utilisée l’an passé et on pouvait légitimement se demander si il la développerait en NBA. Les progrès sont donc notables et on sent un joueur qui n’hésite plus à tenter sa chance après un dribble.
Le tir en sortie de dribble
Si Desmond Bane tourne à 44% de réussite sur du catch & shoot, il parvient cette saison à être tout aussi adroit sur du pull-up. Pourtant, lors de son arrivée en NBA, il n’était que très average dans ce domaine avec un pourcentage de 36% seulement. Même si ce n’est pas sa qualité première, on voit que la proportion de tirs pris en pull-up est supérieure à celle de tirs pris en catch & shoot. Pour comparaison, il prend aujourd’hui trois fois plus de tirs après un dribble que l’année dernière.
Ce qui est vraiment intéressant, c’est qu’il a diversifié les zones du terrain où ces pull-up se matérialisent. Il est capable de le faire aussi bien depuis le parking que depuis la zone mid-range. Ceci a été rendu possible par la menace qu’il représente longue distance. En effet, les défenseurs redoutent son adresse à trois points. Ils ont donc tendance à sortir vite sur lui, lui permettant ainsi de feinter le tir, de poser un dribble, de s’arrêter et de shooter plus aisément. Ses pourcentages s’en ressentent d’ailleurs avec un excellent 43.6% de réussite.
Enfin, le fait d’être si adroit dans ce style démontre une belle capacité à rester focus sur son objectif malgré les perturbations adverses (type de défense, switch…). Il a cependant encore une marge de progression au niveau des tirs contestés. En effet, il est souvent maladroit quand un défenseur est proche de lui. Il reste toutefois un jeune joueur et rappelons que ce n’est que sa deuxième saison dans l’élite.
L’attaque du cercle
Voici un domaine où Desmond Bane doit travailler et progresser pour devenir une menace 3 niveaux. Sa faculté à attaquer le cercle est intéressante mais cela reste quelque peu stéréotypé.
L’arrière des Grizzlies n’hésite pas, cette saison, à driver pour tenter de finir au cercle. Cette idée de varier les attaques est intéressante car les qualités physiques de Bane se prêtent à l’exercice. Tout d’abord, la morphologie de l’ancien de TCU est un atout de taille. Très costaud sur le haut du corps, il a la capacité de résister aux contacts et d’encaisser les chocs. Son QI basket est lui aussi une plus-value tant l’arrière est capable d’analyser les types de défenses avec une grande maturité.
Cependant, la variété technique de ces finitions est encore perfectible. Bane a tendance à utiliser les mêmes moves sur la plupart des séquences. Le premier, c’est le floatter. Celui-ci va être utilisé afin d’éviter le contre des intérieurs adverses ou pour fuir le contact physique. Beaucoup de ces floatters surviennent depuis l’aile avec un dernier appui à 2 mètres du cercle. On sent un joueur qui n’est pas complètement à l’aise avec ce move et qui l’utilise comme alternative plutôt que comme choix initial. Cela peut également s’expliquer par la faible vitesse du joueur de Memphis. Il a du mal à faire la différence sur son premier pas et il n’a doncpas ce temps d’avance lui permettant de finir plus aisément. Il se retrouve ainsi à devoir faire face à son défenseur et à la couverture adverse.
Toutefois, Desmond Bane est capable de finir main droite et main gauche lorsqu’il part au lay-up.
Le QI défensif
Être un two-way player est devenu essentiel pour se faire un nom en NBA. En effet, il est difficile de composer avec des joueurs que l’on doit cacher défensivement et qui deviennent pénalisant pour leur équipe, surtout lorsque l’on est amené à devenir un rôle player et non la superstar de l’équipe. Desmond Bane, lui, gère les deux côtés du terrain avec brio.
En effet, l’arrière est un redoutable défenseur. Son QI basket défensif est bien au-dessus de la moyenne depuis toujours et il confirme les qualités entrevues lors de son passage en NCAA. Mieux, il apparaît déjà comme l’un des tous meilleurs défenseurs à son poste. Ce qui frappe à première vue, c’est sa capacité à lire les situations avant tout le monde. Il est capable de couper les lignes de passes grâce à son analyse. Comme mentionné sur la vidéo qui suit, ses mains sont toujours très actives et lui permettent de combler sa relative lenteur par de l’agressivité sur le ballon.
De même, il est capable de lire les aides défensives à la perfection. Il va aller faire l’effort sur le joueur “oublié” (souvent à l’opposé) avant même que le joueur en possession du ballon ne fasse sa passe. La défense collective des Grizzlies se retrouve donc en avance sur l’attaque adverse, ce qui est un avantage considérable.
Enfin, Bane fait les efforts défensifs pour ne pas passer sous les écrans adverses. Même s’il est pris, il ne lâche rien et fais en sorte de sortir de l’écran avec un minimum de retard sur son vis-à-vis direct. Cela lui permet de réaliser des contres ou de revenir dans la zone de son adversaire sans trop de retard.
Même si Desmond Bane a profité de l’absence pour blessure de Dillon Brooks afin de glaner des minutes sur le parquet, il a su se montrer performant et saisir sa chance. Pour preuve, il tourne à 17.5 points de moyenne avec de beaux pourcentages au tir. Tyler Jenkins n’hésite pas à lui confier la balle sur davantage de séquences et il se retrouve parfois même avec la dernière possession dans les mains. La progression est fulgurante, son ascension tout autant. Il sera donc très intéressant de voir si le sophomore est capable de tenir la cadence sur l’ensemble de la saison mais nous suivrons surtout avec attention la manière dont son rôle évoluera avec le retour de Brooks dans le roster.