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Le Patinage Artistique, l’art sur patins

En attendant les Jeux Olympiques qui se tiendront du 4 au 20 février prochain, la rédac’ Sports d’Hiver du CCS se mobilise afin de vous préparer au mieux en vue de cette échéance. C’est pourquoi nous vous proposerons au tout au long de ce début de saison, des articles présentant les différents sports ainsi que leurs disciplines, les athlètes qui ont marqué l’histoire, et ceux qui sont prêts à l’écrire… Aujourd’hui, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron font leur retour en Grand Prix lors de celui d’Italie, l’occasion de vous présenter le patinage artistique.

Le patinage artistique aux Jeux Olympiques en quelques chiffres

Année de fondation de la fédération : 1903 (Union des Fédérations françaises des Sports de Glace), puis 1941 (Fédération Française des Sports de Glace)

Licenciés en France : environ 30 000

Athlètes les plus titrés en finale de Grand Prix :  Evgeni Plushenko & Yuzuru Hanyu (4) ; Irina Sluzkaja (4) ;  Shen Xue & Zhao Hongbo (6) ;  Meryl Davis & Charlie White (5)

Athlètes les plus médaillés aux Championnats du monde : Ulrich Salchow (10) ; Sonja Henie (10) ; Irina Rodnina & Alexander Zaitsev (6) ; Lyudmila Pakhomova & Alexandr Gorshkov (6)

Apparition aux Jeux Olympiques : 1908, Jeux Olympiques de Londres, puis 1924 aux 1ers Jeux Olympiques d’hiver de Chamonix

Athlètes les plus titrés : Gillis Grafström, Sonja Henie et Irina Rodnina (3)

Athlètes les plus médaillés : Gillis Grafström, Evgeni Plushenko (4), Tessa Virtue & Scott Moir (5)

Nombre de médailles françaises : 13 – 3 or, 3 argent, 7 bronze

1ère médaille française : 1924 – Andrée Joly-Brunet & Pierre Brunet – couple

1ère médaille d’or française : 1928 – Andrée Joly-Brunet & Pierre Brunet – couple

Français les plus titrés : Andrée Joly-Brunet & Pierre Brunet – 2 or (1928, 1932), 1 argent (1924)

Les différentes disciplines

Le patinage artistique est un sport dont les premières compétitions ont eu lieu à la fin des années 1800. Il s’agit pendant longtemps de l’unique sport accessible aux femmes en compétitions. Dès 1902, une femme participe aux championnats du monde et termine 2ème. Le patinage artistique regroupe 5 disciplines qui sont toutes présentes aux Jeux Olympiques : 2 individuelles – le simple dames et le simple messieurs, 2 mixtes – le patinage de couple et la danse sur glace, et une épreuve en équipe. Chaque discipline se déroule en deux temps avec deux épreuves différentes : le programme court (durant entre 2min30 et 2min50) et le programme libre (de 4min à 4min30).

Le gagnant est le patineur ayant obtenu la note la plus élevée après addition de celles de son programme court et de son programme libre. Pour cela, ils doivent présenter un enchainement artistique pour lesquels les juges notent la chorégraphie, la qualité du patinage, l’originalité et l’artistique de passage. Ils doivent en parallèle réaliser des figures techniques qui valent plus ou moins de points en fonction de leurs difficultés.

Le simple dames et simple messieurs est constitué de 2 programmes où l’on retrouve divers types d’éléments techniques :

Sasha Cohen réalisant une arabesque

Dans le programme court, des éléments ou type d’éléments précis sont demandés. Cela permet d’avoir une base commune entre les différents patineurs. Par exemple, parmi d’autres éléments obligatoires, les hommes doivent réaliser un double ou triple Axel, un triple ou quadruple saut.

Le programme court de Yuzuru Hanyu lors des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014

Le patinage de couple se pratique à 2 : un homme et une femme. Il va contenir les mêmes éléments techniques que ceux précédemment cités auxquels s’ajoutent plusieurs catégories d’éléments :

Le programme court d’Aljona Savchenko & Bruno Massot aux Jeux Olympiques de Pyeongchang en 2018

L’épreuve de danse sur glace est apparue pour la première fois aux Championnats du monde en 1950. Seuls les couples peuvent y participer en compétitions internationales. Autrefois très proche du ballet ou de la danse de salon, elle est maintenant très attrayante pour les spectateurs, notamment grâce aux russes y ayant ajouté de la théâtralité, par la suite développée par Jayne Torvill & Christopher Dean. Contrairement aux deux précédentes disciplines, il n’y a pas de saut en danse sur glace. Les éléments présents pour l’épreuve de danse sur glace sont les suivants :

Elle était dans un premier temps composée de 3 épreuves différentes : la danse imposée, la danse originale et le programme libre. Mais depuis 2010 les deux premières épreuves n’existent plus. La danse rythmique, qui est l’équivalent du programme court dans les 2 autres disciplines, les remplace. Cela a fait suite à une pression du CIO. En effet, l’épreuve de la danse imposée était peu télégénique. Elle consistait à présenter les même pas pour chaque couple sur un type et rythme précis. Cela permettait de comparer la technique. De plus, ils souhaitaient avoir la même « trame » que pour leurs autres disciplines lors des Jeux Olympiques. Il a été décidé de modifier la discipline également hors JO.

Comme la danse imposée auparavant, la danse rythmique a pour but de permettre une comparaison des différents couples sur le même style de danse et donc de leur technique de danse. Un thème est défini chaque année par l’ISU, ainsi qu’un pattern. La musique utilisée sur les séquences de pas de danse doit suivre un certain rythme. Par exemple, pour la saison 2019-2020, le thème était les comédies musicales et le programme devait contenir des pas de finnstep. Pour la saison 2021-2022, le thème retenu est la danse de rue. Mais la danse imposée devra être spécifiquement une section du ‘blues de minuit’.

Gabriella Papadakis & Guillaume Cizeron en 2019 avec une danse rythmique ayant pour thème le tango argentin

L’épreuve en équipe existe depuis 2009. Elle a été créée afin d’essayer de pousser les pays à développer l’ensemble des disciplines. Les effets restent légers. En effet, depuis sa création, les Etats-Unis et le Japon sont toujours sur le podium des championnats du monde, le dernier pays étant le Canada entre 2009 et 2013 et la Russie depuis.

Organisation d’une saison régulière

Une saison régulière de patinage artistique s’organise en trois temps : la période des Grands Prix à l’automne, les championnats continentaux (championnats d’Europe ou championnats des Quatre continents) et les championnats du monde. Contrairement à d’autres sports, il y a des championnats du monde organisés même lors des années olympiques.

Chaque année, il y a 6 grands prix de patinage artistique répartis entre octobre et décembre : Skate America, Skate Canada, Coupe de Chine, Trophée de France, Coupe de Russie et Trophée NHK au Japon. A cause du Covid, la Coupe de Chine est remplacée par le Grand Prix d’Italie cette année. Chaque patineur classé entre la 1ère et 12ème place aux précédents championnats du monde participe à 2 Grands Prix et chaque organisateur a le droit à 3 invitations pour des membres de son pays sur son Grand Prix.

Les 6 premiers patineurs ou couples ayant le plus de points à l’issue de ces deux Grands Prix se qualifient pour la finale du Grand Prix et les 3 suivants sont remplaçants. Au cours de cette finale se déroulant souvent mi-décembre, les patineurs concourent et le gagnant annuel est désigné.

En parallèle, des championnats du monde par équipe sont organisés tous les 2 ans. Ils regroupent les 6 nations les mieux classées sur les différentes épreuves. Cette compétition n’est pas vue partout de la même façon. Ainsi Scott Moir avait dit ne pas comprendre son intérêt, quand d’autres patineurs y participent plus joyeusement.

Le patinage artistique aux Jeux Olympiques

Le patinage artistique est la seule épreuve hivernale à avoir fait ses débuts lors des Jeux Olympiques d’été. En effet, dès les Jeux Olympiques de Londres en 1908, 3 disciplines étaient présentes : les simples dames et messieurs et la compétitions en couple. Les Jeux Olympiques se déroulaient alors sur 6 mois et les épreuves de patinage avaient lieu en octobre au Prince’s Skating Club. A l’époque, la patinoire devait être partagée avec les visiteurs lambda l’utilisant à certains moments de la journée.

Non présente à Stockholm en 1912, le patinage était de nouveau présent aux Jeux d’Anvers en 1920. C’est naturellement qu’il s’agira d’un des 9 sports présents aux 1ers Jeux Olympiques d’hiver à Chamonix en 1924. Il s’agira également de l’unique épreuve mixte lors de cette compétition.

Les autrichiens Hélène Engelmann et Alfred Berger, champions olympiques en 1924

La discipline a beaucoup évolué depuis ses débuts avec notamment la suppression de toutes les disciplines consistant à présenter des éléments obligatoires les uns à la suite des autres sans réel artistique.

Deux nouvelles épreuves font leur apparition par la suite : la danse sur glace aux Jeux Olympiques d’Innsbruck en 1976, puis l’épreuve par équipe lors des Jeux de Sotchi en 2014.

Stars passées et actuelles de la discipline

La norvégienne Sonja Henie reste la patineuse la plus titrée aux championnats du monde avec 10 victoires. Patinant au début du siècle, elle a fait ses débuts lors des 1ers Jeux Olympiques d’hiver à 11 ans. Elle est la patineuse la plus titrée des Jeux Olympiques avec 3 sacres, en 1928, 1932 et 1936.

Sonja Henie en 1936 lors des Jeux Olympiques de Garmisch-Partenkirchen où elle fait le triplé après 1928 et 1932

Irina Sluzkaja détient le record de victoires aux championnats d’Europe. Dans les années 2000, elle est l’une des meilleures patineuses mondiales. Double championne du monde, seul le titre olympique manque à son palmarès. Elle a été la première femme à réussir une combinaison avec deux triple-saut. Si Skuzkaja a gagné 7 fois les championnats d’Europe, la patineuse de l’ex-Allemagne de l’Est Katarina Witt possède le record du nombre de victoires d’affilée (6). Double championne olympique, elle est l’une des patineuses ayant eu le plus de succès en carrière.

« Je pense que c’est plus difficile de se qualifier aujourd’hui pour les Championnats du monde que de les gagner en 2015, le niveau est beaucoup plus relevé. »

Elizaveta Tuktamysheva lors des championnats du monde 2021, met en avant en une phrase la densité de l’équipe russe actuellement

En ce moment, la domination chez les femmes est russe. Il ne serait pas impossible d’avoir un triplé russe en patinage artistique lors des Jeux Olympiques. Ce fut d’ailleurs le cas aux derniers championnats du monde. Lors des 2 premiers Grands Prix, elles ont fait 1 & 2 aux Etats-Unis et un triplé au Canada. Avec uniquement 3 spots olympiques la concurrence sera particulièrement importante pour une place à Pékin. Alexandra Trusova, 3ème des championnats du monde 2021 possède un programme libre contenant 5 quadruples sauts, l’équivalent technique des hommes. Mais, face à elle, on retrouve Anna Shcherbakova la championne du monde 2021 qui revient de blessure et débute sa saison en Italie. Kamila Valieva, championne du monde junior en 2021, vient de battre au Skate Canada le record du monde de la discipline.

Mais dans la course aux places, il ne faudrait pas enterrer Elizaveta Tuktamysheva et Alena Kostornaia. La championne du monde de patinage artistique 2015 et vice-championne 2021 n’a pas dit son dernier mot. C’est également le cas de la vainqueur de la finale du Grand Prix en 2019 et championnat d’Europe 2020 et qui a longtemps lutté pour se remettre d’une infection au Covid en fin d’année 2020. La jeune Maya Khromykh fera également ses débuts en Italie. Elle s’était imposée face à Shcherbakova lors du Challenger de Budapest un peu plus tôt dans l’année. Avec une telle densité, la lutte pour une potentielle médaille olympique est presque plus rude à l’intérieur même du pays qu’une fois aux Jeux Olympiques.

La championne du monde 2021 Anna Shcherbakova arrivera-t-elle à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Pékin ? (Getty images/Linnea Rheborg)

Lors de l’apparition du patinage aux Jeux Olympiques, le suédois Gillis Grafström est sacré 3 fois. Il détient même une quatrième médaille olympique, ce qui fait de lui le patineur le plus médaillé dans la même épreuve. Il ne participe en revanche pas régulièrement aux championnats du monde, mais obtient le titre sur 3 de ses 4 participations. Avant Grafström, c’était déjà un autre suédois qui dominait la discipline : Ulrich Salchow. Il est 10 fois champion du monde entre 1901 et 1911.

L’autrichien Karl Schäfer est 7 fois champion du monde dans les années 1930 et 2 fois champion olympique. Il a la particularité d’avoir également participé aux Jeux Olympiques d’été aux Jeux d’Amsterdam en 1928. Il avait alors concouru dans l’épreuve de 200m brasse en natation, sans succès.

En son temps, en plus d’être sacré par deux fois aux Jeux Olympiques (1948 & 1952), Dick Button complexifie grandement la discipline. Il est en effet le premier patineur à réussir un double-Axel, mais également un triple-saut. Il reste à ce jour le plus jeune champion olympique de l’histoire.

Plus récemment, le japonais Yuzuru Hanyu est double champion olympique en titre. Il est considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs patineurs de tous les temps. En plus d’être le premier patineur asiatique à remporter l’or olympique à Sotchi, en étant sacré à 19 ans il est également le plus jeune gagnant depuis Dick Button en 1948. Sa série de records ne s’arrête pas là. Il est le seul patineur à remporter 2 fois les Jeux depuis plus de 60 ans, l’un des rares à avoir fait le triplé Finale du Grand Prix, Mondiaux et JO. Entre 2013 et 2016, il gagne à chaque fois la finale du Grand Prix ce que personne n’avait réalisé avant lui. Il doit ses succès à ses prouesses sur la glace étant le 1er à réussir un quadruple bouclé ou une combinaison quadruple boucle piqué – triple Axel en compétition.

Blessé plusieurs fois au cours des dernières années, il a peu participé aux compétitions internationales, mais il vient d’être sacré Champion du Japon pour la 5ème fois devant son coéquipier Yuma Kagiyama qui l’avait battu lors des championnats du monde 2021 où il prend la 3ème place. Néanmoins, son année olympique débute mal. En effet, reblessé à sa cheville précédemment impactée, il est forfait pour le Trophée NHK, le Grand Prix du Japon.

Nathan Chen est certainement le plus gros concurrent au titre olympique cette année (Philip Fong/AFP/Getty Image)

Son absence a profité à l’américain Nathan Chen, gagnant des 3 derniers championnats du monde et qui sera favori pour le titre à Pékin. En effet, entre les Jeux Olympiques 2018 et le Skate America 2021, il s’est imposé sur chacune des compétitions auxquelles il a participé. Suite à sa 3ème place à domicile, il s’est repris, s’imposant la semaine dernière au Skate Canada.

En France, Philippe Candeloro et Surya Bonaly restent peut-être les patineurs les plus connus. Patinant dans les années 90, ils ne sont jamais sacrés au niveau mondial, mais de nombreuses fois médaillés. Ils firent figures de mauvais élèves du patinage mondial pendant une décennie. Avec des programmes audacieux, ils ont cherché à transformer leur discipline en spectacle. En effet, les deux patineurs orientent leurs programmes pour plaire aux spectateurs avant de plaire au jury, comme lorsque Candeloro présente un programme libre sur le thème de d’Artagnan aux Jeux de Calgary.

Philippe Candeloro et Surya Bonaly au cours d’un gala d’exhibition

Surya Bonaly est 5 fois championne d’Europe. Elle est la 1ère et unique française à le devenir. En plus d’être l’une des premières femmes noires à faire du patinage au plus haut niveau, Bonaly est la première femme a avoir tenté un quadruple axel. Elle ne parviendra jamais à en compléter la rotation. Elle a également un mouvement à son nom : un salto arrière arrivé sur une jambe. Malgré son interdiction elle a continué de le réaliser en compétitions. Et alors qu’il était interdit pour sa dangerosité, elle n’en a pas raté un seul en carrière. Candeloro fait également partie des rares patineurs à réaliser des saltos arrières.

Vous pouvez voir leurs saltos arrière à 1 min 45 de cette vidéo.

Brian Joubert est le seul français champion du monde. Il gagne en 2007 à Tokyo et s’invitera sur de nombreux autres podiums mondiaux. En effet, triple champion d’Europe, il est toujours médaillé au niveau continental entre 2002 et 2011. De la même façon, il est sur tous les podiums mondiaux entre 2006 et 2010. La plus grande déception de sa carrière sera certainement de ne jamais être monté sur un podium olympique en 4 participations.

En couple le début des Jeux Olympiques est dominé par la paire française composée de Andrée Joly-Brunet & Pierre Brunet. Ils remporteront d’abord le bronze puis 2 fois l’or en 1928 et 1932. Ils seront également 4 fois champions du monde.

Dans une discipline surdominée par l’URSS et désormais la Russie, Irina Rodnina et ses deux partenaires consécutifs Alexei Ulanov et Aleksander Zaïtsev ont dominé la discipline entre 1969 et 1980. Sur la période, la patineuse a remporté chaque titre mondial et olympique.

Irina Rodnina & Aleksander Zaitzev aux Jeux Olympiques de Lake Placid en 1980 (Getty Images/Steve Powell)

Plus récemment, l’ukrainienne puis allemande Aljona Savchenko a marqué de son empreinte le patinage de couple. Changeant régulièrement de partenaire, elle finit par réussir à s’emparer du titre olympique en 2018 après 2 médailles de bronze aux précédentes olympiades. Mais elle avait auparavant été 5 fois championne du monde avec l’allemand Robin Szolkowy. Pour son dernier titre mondial et son sacre olympique la même année, elle était avec le franco-allemand Bruno Massot. Ils ne remettront pas leur titre en jeu cette année, les deux ayant annoncé avoir pris leur retraite sportive plus tôt dans l’année.

Juste avant dans les années 2000 à 2010, le couple chinois Shen Xue & Zhao Hongbo remportent de nombreux trophées. Ils sont détenteurs du plus grand nombre de victoires en finale de Grand Prix (6) et triple champions du monde. Après une pause de 3 ans entre 2007 et 2009, ils s’imposent lors des Jeux de Vancouver, devenant à cette occasion les premiers champions olympiques en couple chinois.

La paire Sui Wenjing & Han Cong domine globalement la discipline depuis la retraite du couple allemand. S’ils ne font que deuxième des derniers mondiaux, ils n’avaient pas eu une préparation suffisante Han Cong ayant subi une opération l’été précédent. Lors de leur Grand Prix de reprise, à Vancouver, ils se sont imposés. Double champions du monde, cette paire est l’une des grandes favorites au podium olympique d’autant plus qu’ils seront devant leur public.

Les couples anglais dominent quasiment la totalité des deux premières décennies de la danse sur glace. Néanmoins, ce sont Lyudmila Pakhomova & Alexander Gorshkov qui sont les premiers champions olympiques de l’histoire en 1976. Le couple russe domine la discipline entre 1970 et 1976, s’imposant lors de chaque mondiaux où ils participent. Avec eux, c’est toute la discipline qui est chamboulée. En effet, le style s’éloigne du ballet et les danses se font plus théâtrales.

Le couple soviet composé de Pakhomova & Gorshkov

Les anglais Jayne Torvill & Christopher Dean sont auteurs d’une des plus grandes performances de leur sport lors des Jeux de Sarajevo en 1984. Leur programme libre est vu par 24 millions de britanniques à l’époque. Pour celui-ci, ils obtiennent 12 fois sur 18 la note de 6, la plus haute du système de notation. Au niveau de l’artistique, ils en obtiennent 9, soit le maximum possible. Après un passage en professionnel, les quadruples champions du monde obtiennent une dérogation et reviennent pour les Jeux de Lillehammer en 1994. Ils s’y classent 3ème.

La performance de Torvill & Dean sur le Boléro de Ravel aux Jeux de Sarajevo en 1984

Les années 2010 ont vu l’affrontement de 2 couples : les canadiens Tessa Virtue & Scott Moir d’un côté et les américains Meryl Davis & Charlie White de l’autre. Entre 2010 et 2014, ils remportent l’intégralité des titres (Mondiaux, finales de Grand Prix et Jeux Olympiques). Les premiers sont double-champions olympiques (2010 et 2018) et vice-champions en 2014, mais également triple champions du monde. Quant aux seconds, ils sont champions olympiques en 2014 et vice-champions en 2010. Ils sont moins titrés que les canadiens aux championnats du monde. Mais ils remportent toutes les finales de Grand Prix entre la saison 2009-2010 et celle 2013-2014, année de leur départ en retraite sur un sacre olympique. Leur rivalité continue lors des compétitions continentales où ils se partagent la plupart des 1ères et 2èmes places sur la période. Ils y sont en effet tous les deux triples champions et 2 fois vice-champions.

Virtue & Moir (à gauche) et Davis & White (à droite) avec leurs médailles olympiques à Vancouver (Scott Halleran/Getty Images)

Mais depuis 2015, la paire française composée de Gabriella Papadakis & Guillaume Cizeron a repris le flambeau. Elle a révolutionné la discipline ces dernières années. Ils sont recordmans du monde du nombre de points sur les deux programmes et quadruples champions du monde. Après avoir révolutionné leur sport, ils n’avaient fini que 2ème des Championnats d’Europe en 2020. Leur programme libre était peut-être un peu trop audacieux pour un sport parfois très « dans la norme ». En effet, il n’avait alors pas de réelle musique et ils avaient fait quelques erreurs. Leur absence a permis aux paires russes Victoria Sinitsina & Nikita Katsalapov et Aleksandra Stepanova & Ivan Bukin de prendre la place. La première est d’ailleurs celle les ayant battus lors des championnats d’Europe.

En équipe, quatre pays se partagent l’ensemble des médailles aux championnats du monde : les Etats-Unis, le Japon, la Russie et le Canada. Si le Japon n’a jamais été médaillé aux Jeux Olympiques, il se pourrait que les choses changent. En effet, la paire canadienne quasi synonyme de podium, Tessa Virtue & Scott Moir, ayant pris sa retraite, la relève n’a pas le même niveau que l’ancien couple de danse sur glace ce qui pourrait impacter les résultats du pays dans la discipline. Le duel sera intéressant à suivre. Le Japon semble meilleur en individuel, mais le Canada reste malgré tout très compétitif en danse sur glace ou couple.

Français à suivre

Kévin Aymoz est le meilleur représentant français en patinage artistique. Quadruple champion de France, il a fini 3ème de la finale du Grand Prix en 2019. Lors des championnats du monde en 2021, il finit 9ème. A cette occasion, son classement dans le top 10 a permis d’ouvrir un 2nd quota pour les Jeux Olympiques, chose qui n’était pas arrivée en 2018. S’il est certainement trop court pour s’inviter dans le duel Chen-Hanyu, il semble avoir un niveau suffisant pour tenter de prendre le bronze s’il réalise deux programmes parfaits, l’ayant déjà réalisé une fois. Néanmoins, après une fin de saison 2021 marquée par une longue blessure gênant notamment sa préparation estivale, son retour semble plus compliqué que prévu. En effet, il s’est blessé lors du Skate America, premier des 6 Grands Prix, faisant forfait pour le programme libre.

Grâce au top 10 d’Aymoz, une possibilité de 2nde place pour la France aux Jeux Olympiques était ouverte. Le jeune Adam Siao Him Fa l’a confirmée fin septembre lors du Nebelhorn Trophy à Oberstdorf. Au niveau international, son meilleur classement reste une 11ème place lors des championnats d’Europe en 2020. Si Aymoz est certain d’être du voyage, ce n’est pas le cas du jeune patineur de 20 ans, son quota n’étant pas nominatif. Néanmoins, il est difficile de voir qui pourrait le concurrencer au sein de l’équipe de France actuellement. Romain Ponsart ne l’a en effet que très rarement battu et possède une expérience internationale plus faible à 29 ans. Sia Him Fa a fini 9ème du Skate USA mi-octobre.

Kevin Aymoz en 2021 lors des championnats du monde (Maxppp/Jessica Gow)

Chez les filles, aucune française n’est parvenu à se qualifier pour les Jeux Olympiques. La rupture du tendon d’Achille de Maé-Bérénice Méïté lors des derniers championnats du monde se fait ressentir. En effet, la française est sextuple championne de France. Même s’il est difficile pour elle de viser le podium, elle a par 2 fois atteint le top 10 au niveau international (aux Jeux Olympiques en 2014 et aux championnats du monde en 2015). Sa dauphine et actuelle championne de France Léa Serna n’a pas réussi à obtenir un quota pour la France aux Jeux Olympiques à Obsterdorf. Elle reste à suivre au niveau international tout comme la jeune Maya Mazzara, double vice-championne de France, 11ème des derniers championnats d’Europe et âgée de seulement 18 ans.

Chez les couples, la situation est la même que pour les filles, personne ne s’est qualifié pour les Jeux Olympiques pour la 1ère fois depuis 2002. En revanche, les exploits de Vanessa James pourront être suivis. L’ancienne partenaire de Morgan Ciprès a obtenu sa libération et son changement de nationalité.

Désormais en binôme avec Eric Radford, elle patine pour le Canada. Avant de changer de partenaire, elle et Morgan Ciprès ont été 3ème des championnats du monde en 2018. Il ont ensuite obtenu l’or à la finale du Grand Prix en 2019, mais également aux championnats d’Europe en 2019, une 1ère depuis plus de 87 ans. S’ils ne sont pas encore apparus en compétition, le duo vise une médaille aux Jeux. Eric Radford est double champion du monde en couple avec Meagan Duhamel, mais également médaillé de bronze à Pyeongchang.

Malgré leur excellent niveau, il était difficile de savoir s’ils arriveraient à être concurrentiels. Ils reviennent après 3 et 2 ans d’arrêt (2018 pour lui, 2019 pour elle). Mais ils semblent être de réels outsiders pour des podiums en Grand Prix. Ils se sont classés 5ème et 4ème de leurs premières compétitions, notamment le Skate Canada. A chaque fois, ils n’étaient qu’à 2 points de la 3ème place. Actuellement, ils restent néanmoins loin des totaux visés pour un podium en présence de l’ensemble des meilleurs mondiaux. En effet, aux championnats du monde 2021, il fallait 217 points pour être 3ème et ils tournent actuellement autour de 190.

Vanessa James avec son nouveau partenaire Eric Radford (Patinage Canada)

Si Noël-Antoine Pierre & Coline Keriven n’ont pas réussi à qualifier la France aux Jeux Olympiques, le flou reste également présent sur la saison à venir du duo composé de Cléo Hamon & Denys Strekalin. Double-champions de France, ils sont à l’arrêt suite au burn-out de la jeune patineuse de 19 ans. En 2020, ils s’étaient classés 9ème lors des championnats d’Europe.

En danse sur glace, les français à suivre sont évidemment Guillaume Cizeron & Gabriella Papadakis. Ils font partie des favoris au titre olympique. A Pyeongchang, ils étaient passés à côté de l’or à cause notamment d’un problème de robe de Gabriella sur le programme court. Après une longue pause, ils ont repris le chemin de la compétition courant septembre. En effet, depuis les championnats d’Europe à Graz en 2020, ils ne s’étaient plus jamais présentés en compétition. Après l’annulation des championnats du monde de patinage artistique pour cause de Covid, ils avaient annoncé préférer viser uniquement les Jeux. En effet, ils étaient régulièrement déçus en cette période où les compétitions subissaient souvent des annulations.

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron lors de leur programme libre des championnats d’Europe 2020 (Daniel MIHAILESCU/AFP)

Dans un sport où l’avis du jury compte pour beaucoup, il était difficile de prédire comment serait perçu leur retour. Les masters d’Epinal ont donné des premiers éléments de réponse. En effet, grâce à une notation « française », ils y ont battu leur propre record du monde (danse rythmique, libre et total). Cette compétition étant de niveau national, il ne peut pourtant être validé pour des raisons évidentes. Puis ils se sont imposés au Trophée Finlandia pour leur retour en compétition internationale. Reste à faire leur retour en Grand Prix, aujourd’hui pour celui d’Italie.

Le patinage artistique est une discipline mêlant art et technique. Parfois compliquée à appréhender, elle tient pourtant une place unique au milieu de toutes les disciplines hivernales. En effet, elle est l’unique discipline artistique des Jeux Olympiques d’hiver. On peut, sur certains points, la comparer à la gymnastique (artistique ou rythmique) et la natation synchronisée pour ceux d’été. En pleine période de Grands Prix, chacun finit de régler les derniers détails avant le clou du spectacle en février. Aujourd’hui c’est au tour du binôme Papadakis-Cizeron de retrouver le plus haut niveau. Vous pourrez normalement suivre l’ensemble des Grand Prix sur la chaine YouTube de la Fédération Internationale de Patinage ou sur Eurosport.

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