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Curling : Les échecs des glaces

En attendant les Jeux Olympiques qui se tiendront du 4 au 20 février prochain, la rédac’ Sports d’Hiver du CCS se mobilise afin de vous préparer au mieux en vue de cette échéance. C’est pourquoi nous vous proposerons au tout au long de ce début de saison, des articles présentant les différents sports ainsi que leurs disciplines, les athlètes qui ont marqué l’histoire, et ceux qui sont prêts à l’écrire… Aujourd’hui, présentation du curling dont les championnats d’Europe ont commencé ce week-end.

Le curling en quelques chiffres

Année de fondation de la fédération : 1966

Licenciés en France : 350 en 2012, environ 400 en 2020

Pays les plus médaillés aux Championnats du monde : Canada : Hommes (36), Femmes (17) & Mixte (1) ; Suisse : Double mixte (7)

Apparition aux Jeux Olympiques : 1924, 1ers Jeux Olympiques d’hiver de Chamonix

Pays les plus titrés : Hommes : Canada (3) – Femmes : Canada & Suède (3)

Nombre de médailles françaises : 1 en bronze en 1924.

Les différentes disciplines

Le curling est un sport consistant à envoyer une pierre de granit d’environ 20 kg au centre d’une cible de 3,66 m : la maison. Afin de permettre un bon glissement de la pierre sur la glace, cette dernière doit être la plus plane possible afin d’éviter tout frottement. On vaporise dessus de très fines gouttelettes limitant encore plus les frictions. Au fur et à mesure de la partie, les conditions de glisse vont donc bouger sur la piste longue de plus de 40 m.

Dimensions de la piste de curling et de la cible (Curling Canada)

Lors du lancer, le lanceur envoie la pierre tout en la faisant tourner en suivant les directions du skip, qui est le capitaine mais également le “stratège” de l’équipe. En effet, c’est lui qui donne les directives à suivre pour le positionnement des pierres. Ce mouvement de rotation de la pierre a pour effet de lui donner une courbe sur la glace : le curl. Par la suite, dans les équipes à 4, deux coéquipiers armés d’un balai vont venir frotter la glace en suivant les indications du skip. Cette action amusante à première vue permet de réchauffer la glace, et d’ainsi augmenter la vitesse de glisse. Cela a pour effet de :
– modifier la trajectoire de la pierre
– augmenter la distance parcourue par la pierre
En parallèle, si une pierre de l’équipe adverse est déplacée, un joueur adverse a le droit de venir la brosser.

Au cours des cinq premiers lancés, il y a interdiction de sortir une pierre adverse. Pendant cette période, les deux équipes vont donc placer leurs pierres et mettre en place leur stratégie pour la suite du jeu. Les équipes pourront également tenter de déplacer les pierres adverses. Mais si celle-ci quitte la piste, elle sera immédiatement repositionnée là où elle était précédemment. Cette règle a été mise en place pour empêcher une équipe ayant récupéré la main de supprimer toutes les pierres de l’équipe adverse les unes après les autres, rendant la discipline inintéressante. Une amélioration de cette règle est d’ailleurs en test pour éviter de voir certaines pierres très bien placées être déplacées pendant les 5 premiers lancés.

En fonction de si l’équipe est en possession du marteau (lance la dernière pierre), ou non, les stratégies sont différentes. En effet, il est beaucoup plus compliqué de marquer des points sans avoir le marteau, on dit alors “voler le point” et l’équipe le possédant vise à en marquer plusieurs. Deux grands types de stratégies existent :

  • Stratégie offensive : on maximise le nombre de pierres en jeu pour essayer de placer sa ou ses pierres le plus proche possible du centre
    En possession du marteau : marquer le plus de points possibles.
    Sans le marteau : voler le point.
    Dans tous les cas, avec cette stratégie, on essaie de placer les pierres en avant de la maison et de contourner celles présentent en garde pour placer des pierres derrière elles. Elles seront ainsi difficiles à déloger.
  • Stratégie défensive : vise à essayer de sortir de l’aire de jeu systématiquement les pierres pour éviter que l’équipe adverse marque plusieurs points.
    En possession du marteau : annuler le bout en écartant l’ensemble des pierres, ou ne marquer que le point de la dernière pierre.
    Sans le marteau : essayer que l’adversaire ne marque pas ou uniquement un point.
Une joueuse de curling est en train de lâcher la pierre lors de son lancer.
La pierre de curling est légèrement concave sur le dessous, lui permettant d’avoir des trajectoires circulaires suite à un lancer. (Jeff McIntosh – Keystone)

Une partie dure 8 ou 10 manches appelées bouts si celle-ci n’est pas stoppée avant par la limite de temps. A la fin de la partie, c’est l’équipe qui a marqué le plus de points qui remporte celle-ci. Les équipes peuvent marquer plusieurs points en fonction du nombre de pierres placées au plus proche de la cible. Comme pour la règle expliquée précédemment, une nouvelle règle va certainement entrer en jeu pour rendre le sport plus dynamique. Jusqu’à présent, il y avait une limite de temps total, elle devrait être désormais appliquée à chaque pierre, pour éviter de voir des équipes jouer rapidement puis laisser une énorme période de réflexion coupant complétement la dynamique du jeu.

Présentation rapide de la discipline par la Fédération de Curling Canadienne

Plusieurs types d’épreuves existent : les épreuves masculine, féminine et mixte. Pour celles-ci, chaque équipe est composée de 4 joueurs ou joueuses ou d’un mélange des deux.

Mais il existe depuis plus récemment le double-mixte. Cette discipline a vu le jour au début des années 2000. Pour celle-ci, c’est une équipe composée uniquement d’un homme et d’une femme qui va jouer. Ici, il n’y a que 5 pierres par équipe et comme pour les autres épreuves, on ne peut déplacer des pierres avant le 4ème tir. Les deux joueurs doivent tout faire à deux : lancer, balayage, stratégie.

Organisation d’une saison régulière

Le point culminant de chaque saison de curling est les championnats du monde. Ils ont lieu tous les ans, même en année olympique. Au cours de ceux-ci, 3 épreuves en équipes de 4 ont lieu : une masculine, une féminine et une mixte.

Les 14 meilleures nations concourent aux championnats du monde féminin et masculin avec des qualifications obtenues au cours de championnats continentaux. Chaque équipe affronte une fois chacune des autres équipes. Puis les 6 meilleures accèdent à la phase finale sous forme de play-off. Les premiers et deuxièmes de cette précédente phase ne les intégrant qu’en demi-finales.

Les championnats du monde de double et double-mixte ne se déroulent pas de la même façon. Le nombre de nations est beaucoup plus important (40 et 48). Elles sont réparties dans des poules de 8 équipes et les 2 ou 3 premiers de celles-ci vont dans une phase finale débutant en 8ème de finale.

Des championnats continentaux ont également lieu. Les championnats d’Europe fonctionnent sur un principe de championnat avec relégations. Chaque équipe affronte une fois chacune des autres équipes. Puis les 6 meilleures accèdent à la phase finale sous forme de play-off. Les 2 dernières équipes sont reléguées en championnats du monde B pour la saison suivante et inversement dans la poule du dessous, les 2 meilleures obtiennent leur place pour un championnat plus intéressant.

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Le curling aux Jeux Olympiques

Le curling fait son apparition aux Jeux Olympiques dès ceux de Chamonix en 1924. Après cette première édition remportée par la Grande-Bretagne, ils ne sont plus un sport officiel. En effet, le manque de fédérations internationales pour ce sport l’empêche d’être aux Jeux.

Sur la durée, il est en démonstration en 1932. Par la suite, il est absent pendant de nombreuses saisons. La fondation d’une fédération en 1966 relance la discipline. Après que celle-ci organise des championnats du monde, le curling fait son grand retour pour les Jeux de Calgary en 1988. C’est de nouveau sous la forme de démonstration, avec l’ouverture de la discipline aux femmes pour la 1ère fois. Après avoir été de nouveau en démonstration lors des Jeux d’Albertville en 1992, il est absent à Lillehammer en 1994.

Néanmoins, le développement du sport et le travail de sa fédération fondée en 1966 entraine son arrivée en tant que sport officiel pour les Jeux Olympiques de Nagano en 1998. Un retour attendu pour l’un des sports présents à la toute première édition des Jeux Olympiques.

Depuis, le curling n’a pas quitté le programme olympique. Une nouvelle discipline vient d’ailleurs de compléter les épreuves féminines et masculines à Pyeongchang en 2018 : le double mixte.

Nations fortes de la discipline

Le curling est dominé par quelques nations. Parmi elles, le Canada, place forte du sport avec 80% des pratiquants mondiaux de la discipline, soit environ 960 000 personnes. Que ce soit chez les hommes, les femmes ou en double-mixte, ils dominent la discipline. Cette domination s’explique notamment par le fait que le premier club Outre-Atlantique a été créé au Canada, à Montréal. Par la suite, le sport s’y est particulièrement développé. Pour permettre à autant de personnes de le pratiquer, le Canada a un nombre important d’infrastructures, de clubs, mais également de championnats et matchs souvent diffusés.

Les équipes de curling du Canada avec leurs médailles d'or aux Jeux Olympiques de Sotchy
Les équipes féminines et masculines championnes olympiques à Sotchy (Curling Canada)

A leurs côtés, la Suède comme la Suisse sont les grosses nations du moment. Alors que la Suède est fortement présente chez les hommes, la Suisse l’est chez les femmes et en double-mixte. L’équipe féminine gagne 6 des 8 derniers championnats du monde et le double-mixte est sacré 7 fois sur les 12 dernières éditions. Nul doute que la Suisse tentera d’ajouter une médaille olympique à son palmarès dans l’une ou l’autre discipline.

Malgré que les sports d’hiver ne soient pas sports nationaux dans son pays, l’Ecosse reste toujours bien représentée, montant régulièrement sur le podium lors des championnats du monde même s’ils ne parviennent pas à le faire lors des Jeux Olympiques. Cela s’explique par les liens ancestraux du pays avec la discipline. En effet, c’est en Ecosse que le curling est devenu un sport avec la création du premier club à Edimbourg. Le curling y est également un sport relativement important même s’il n’est évidemment pas le sport national. Le pays compte presque 600 clubs. Un nombre conséquent pour un pays comptant environ 5 millions d’habitants. Environ 14 500 personnes pratiquent la discipline, dont 11 500 étaient licenciées en 2018. En comparaison, un peu plus de 130 000 personnes pratiquent le football, sport n°1 du pays, en Ecosse. Preuve de l’importance de la discipline dans le pays, l’actuelle leader de la fédération de curling internationale, Kate Caithness, est écossaise.

A quelques mois des Jeux, il ne faut pas oublier la Russie, souvent médaillée dernièrement mais très rarement sacrée, ou la Chine qui sera à domicile et qui monte également en puissance notamment dans les épreuves mixtes.

C’est d’ailleurs vers ces épreuves qu’il faut se tourner pour voir les “surprises”. En effet, il est régulier d’y voir des nations jamais présentes sur les podiums en épreuves masculines ou féminines y terminer sur le podium. Par exemple, la Hongrie est double-championne du monde de double-mixte et l’Espagne médaillée en mixte et double-mixte.

Cathrine Lindahl, Eva Lund, Anette Norberg, Anna Le Moine, Kajsa Bergstroem posent avec leurs médailles d'or aux Jeux Olympiques de Vancouver.
Kajsa Bergstroem, Anna Le Moine, Cathrine Lindahl, Eva Lund & Anette Norberg aux Jeux Olympiques de Vancouver
(Alex Livesey/Getty images)

Le quatuor suédois composé de Anna Le Moine, Cathrine Lindahl, Eva Lund et Anette Norberg est le premier et unique à avoir été sacré 2 fois aux Jeux Olympiques. Anette Norberg est même triple médaillée si on y ajoute une médaille obtenue en 1988 alors que le curling n’était qu’un sport de démonstration. Il s’agit d’ailleurs des seuls curleurs à avoir réussi cet exploit.

En effet, il n’y a en tout que 9 athlètes multiples médaillés aux Jeux Olympiques. Le Canadien Kevin Martin et le Norvégien Torger Nergårdet (une or, une argent), les Suédois Niklas Edin et Oskar Eriksson (une en or et une bronze) ainsi que la Suissesse Mirjam Ott (deux argents) sont les autres curleurs plusieurs fois médaillés aux Jeaux Olympiques.

Français à suivre

Actuellement, les chances de victoires de l’équipe de France sont quasi-nulles. En effet, chez les hommes, ils sont dans la catégorie B aux championnats d’Europe et classés 31ème au niveau mondial. Quant aux femmes, elles ne sont que 39ème. Le temps de la 7ème place aux Jeux Olympiques de Vancouver semble donc lointain pour les hommes qui remontent cette saison en division B, suite à leur victoire en division C lors des précédents championnats d’Europe.

Quant aux double-mixte et équipe mixte, ils sont classés dans les mêmes niveaux (26ème et 33ème), suite à leurs dernières participations aux mondiaux où ils n’avaient pas créés l’exploit. Un certain travail doit donc être mené au plus haut niveau pour retrouver une place sur le podium, comme ça avait pu être le cas en 2011 pour l’équipe de double-mixte (3ème). Mais le manque de structures en France n’aide pas. En effet, il n’y a que peu de pistes équipées pour le curling en France. Les rares pratiquants de la discipline doivent donc s’entraîner sur des patinoires qu’ils partagent et qui sont plus ou moins bien préparées.

Le curling est une discipline mineure des sports d’hiver. Longtemps boudée par les Jeux Olympiques, elle y a fait son retour et entend bien prendre de la visibilité, quitte à se révolutionner. Souvent moqué, ce sport n’en reste pas moins complexe, devant mêler agilité et tactique afin de gagner. A défaut de pouvoir vivre une victoire française au plus haut niveau, vous pouvez découvrir la discipline sur Eurosport ou La Chaine l’Equipe ou suivre les résultats des différentes compétitions sur World Curling.

Crédits image titre :  Belgaimage

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