Propulsé au rang de meneur titulaire dans un contexte chaotique, Tyrese Maxey est en train de soulager, en partie, la franchise de Philadelphie. Le choix 21 de la Draft 2020 réalise un début de saison brillant et donne aux Sixers davantage de flexibilité dans le drama Ben Simmons. En multipliant par deux l’ensemble de ses statistiques individuelles, Tyrese Maxey s’impose comme une véritable révélation en ce début de saison. Retour sur l’itinéraire de la réussite du jeune meneur et projections sur son apport futur pour Philadelphie.
Les Sixers sont à l’équilibre après 20 matchs de saison régulière, pointant à la 11ème place de la Conférence Est. En apparence, ce bilan est loin d’être reluisant pour une franchise qui ne cesse de convoiter les sommets de la NBA. Mais une remise en perspective s’impose lorsque l’on aborde le début de saison de Philadelphie. Deux éléments permettent de relativiser ce bilan en demi-teinte : des protocoles Covid envahissants et un « dossier » Ben Simmons toujours embarrassant. Dans ce contexte obscur, un jeune garçon prend la lumière : Tyrese Maxey. Meneur titulaire dans un concours de circonstance, l’ex-combo guard des Wildcats de Kentucky a changé de dimension cette saison. Candidat légitime au trophée de Meilleure Progression de l’année, Maxey semble être la solution à de nombreuses interrogations côté Sixers. Analyse et décryptage d’un gamin en passe d’attendre son Maxey’mum.
Tyrese Maxey, un titulaire par défaut
Un rookie prometteur
La saison dernière, sa première en NBA, Tyrese Maxey nous avait laissé entrevoir l’étendue de son talent à de rares occasions. En tant que rookie, le natif de Dallas a réussi à saisir les rares opportunités offertes par les protocoles sanitaires qui ont ébranlé (déjà) les Sixers. Le 9 janvier 2020 face aux Nuggets de Denver, Maxey éclabousse la rencontre de ses talents offensifs malgré la défaite : 39 points à 18/33, 7 rebonds et 6 passes.
Pour la saison 2020-21, Tyrese Maxey n’a débuté que 8 rencontres sur 61 parties, plafonnant à 15,3 minutes en moyenne. Utilisé comme dynamiseur en sortie de banc par Doc Rivers, le combo-guard des Sixers a rendu de bons services à l’équipe dans un rôle limité. En Play-offs, encore une fois, Maxey a profité des opportunités laissées par un Ben Simmons handicapé par les fautes. Dans le match 4 face aux Wizards, il reste plus de 21 minutes sur le terrain pour inscrire 15 points dans la défaite des siens. Au tour suivant, même scénario face aux Hawks. Simmons est limité à 25 minutes et Maxey en profite pour marquer 16 points et capter 7 rebonds afin de permettre aux Sixers d’arracher un match 7. Si les médias et les fans se concentrent sur l’élimination prématurée de Philadelphie, Maxey n’a pas à rougir de ses performances.
Un destin lié à celui de Ben Simmons
La saga dramatique « Ben Simmons » a plongé les Sixers dans un brouillard terrible, autant dans les coulisses que dans les projections sportives. Avec les caprices de l’Australien et les exigences irréelles du board de Philly, le poste de meneur titulaire est représenté par un point d’interrogation avant l’ouverture de la saison 2021-22. Alors, le choix de positionner Maxey en starter sur le poste 1 s’est imposé plus par défaut que par réelle volonté de Doc Rivers.

Le 28 octobre, après une défaite salée face aux Knicks (+13) dans laquelle Maxey n’a pas brillé (7pts à 33% dont 0/3 à 3pts), quelques heures avant un match contre les Pistons, le coach des Sixers déclare : « Je le préfère avec la seconde unité. Je suppose que c’est plus simple pour lui de ne pas jouer avec des stars ». Contre Detroit ce soir-là, Tyrese Maxey signe 16 points à 6/8 au tir dont 2/2 à 3pts, 6 rebonds, 6 passes, 2 contres et un plus/minus de +19. Le lancement de la saison du sophomore est timide mais satisfaisante. Mais Maxey prend une toute autre dimension lorsque les Sixers semblent au pied du mur.
Tyrese Maxey, l’éclosion dans la brume de Philly
Révélé dans une équipe décimée
Sur les dix premières rencontres de la saison, les Sixers sont en grande forme : 8 victoires pour 2 défaites. Malgré une impression visuelle inquiétante d’un point de vue physique, Joel Embiid reste dominant et garanti la victoire à Philly même en l’absence de Tobias Harris. Sur ce début de saison, Tyrese Maxey reste discret, dans l’ombre, mais efficace : 34 minutes par match, 51,9%FG, 33% à 3pts, 14,2 pts, 3,1 rebs et 4,7 ast. Après une victoire importante contre Chicago et une performance majuscule (30pts/16rebs), la mauvaise nouvelle tombe : Joel Embiid passe en protocole Covid. Le pivot star des Sixers reste hors des parquets pour 9 matchs.

Lors de ces 9 rencontres, Tyler Maxey a franchi un cap en montrant une nouvelle fois qu’il était bluffant lorsque des opportunités s’offrent à lui. En véritable leader, le nouveau meneur titulaire des Sixers a joué comme un All-Star selon les fans de Philly. Si cette affirmation est peut-être encore prématurée, le voir dans les listes pour le titre de MIP est en revanche loin d’être illégitime. Avec 23,7 points dont 42,1% à 3pts sur un nombre de tentatives qui a doublé, Tyrese Maxey est venu éclaircir une période qui s’annonçait périlleuse pour les Sixers. Bien sûr, le bilan collectif n’est pas au rendez-vous : 7 défaites, dont une série de 5 consécutives et seulement 2 victoires. Mais globalement, le jeu proposé par Maxey a de quoi satisfaire les fans et la franchise. Un véritable soulagement vis-à-vis du dossier Ben Simmons.
Les raisons du succès : agressivité et progressions multiples
La réussite de Tyrese Maxey réside dans ses qualités de finisseur près du cercle et notamment sur les drives. Cette saison, Maxey excelle dans ce secteur, plus que n’importe quel autre joueur NBA. Parmi les joueurs qui tentent plus de 10 drives par rencontre, Tyrese Maxey obtient 92% des points disponibles, le plus haut pourcentage de la ligue. Il tente 10,5 drives par match et inscrit 9,8 points. C’est tout simplement stratosphérique. Maxey utilise ses changements de rythme, sa longueur de bras et son excellent contrôle du corps pour trouver les opportunités de scorer. Des qualités que nous soulignions dans notre scouting report avant sa draft en 2020
Depuis le début de la saison et plus particulièrement sur cette fameuse période de 9 rencontres sans Joel Embiid, Tyrese Maxey s’est montré très efficace dans plusieurs secteurs. D’abord, il y son incroyable propreté : sur ces 9 rencontres, Tyrese Maxey a délivré 41 passes décisives pour seulement 6 pertes de balles. Ensuite, et ce depuis le début de la saison, l’ex-Wildcat montre aussi une énorme activité. Actuellement, il parcourt environ 4,5km par rencontre soit la deuxième plus haute moyenne de la ligue derrière Fred VanVleet. Si sa propreté balle en main est gage de maturité, de progression et de conscience dans ses limites au handle, le gros moteur de Maxey n’est pas une surprise. La principale amélioration vient de sa création pour lui-même, notamment sur les tirs extérieurs.

Comme souligné dans notre scouting report, Maxey se devait d’améliorer sa création pour lui-même : chose faite. Le tableau ci-dessus l’illustre à merveille. Tyrese Maxey n’est pas seulement devenu un tireur extérieur décent, il est devenu un shooter fiable et dangereux. Avec 40,6% de ses pull-up convertis, il pointe au 14ème rang de la ligue, derrière un certain Kevin Durant. Beaucoup moins dépendant des autres pour obtenir des opportunités à 3pts, Maxey ne tente plus que 56% de 3pts sur une passe directe, loin de ses 80,6% la saison dernière.
Tyrese à Maxey’mum : une solution durable pour Philly ?
Le combo est devenu meneur
Lors de sa sortie de Kentucky, Tyrese Maxey était légitimement considéré comme un combo-guard en raison de ses qualités à driver mais également ses difficultés dans la création pour lui et pour les autres. Vous l’aurez compris, la création pour lui-même n’est plus un problème. Cette progression est en grande partie la conséquence d’une évolution dans son appréhension dans un secteur déterminant du jeu moderne en NBA : le pick and roll. L’année dernière, Maxey exploitait le PnR que 3,7 fois par rencontre pour 0,97 point par possession. Honnête mais en étant peu utilisé dans ce secteur la saison dernière, difficile de projeter comme un réel meneur de jeu titulaire. D’ailleurs, en 2020-21, il a joué 42% de son temps en PG, 47% en SG et 8% en SF. Cette saison, à 100% PG, Tyrese Maxey a montré à tout le monde qu’il était capable de conduire une équipe.

Avec un temps de jeu considérablement augmenté, ses possessions sur PnR sont passées à 8,1 soit une 48,3% de son jeu. Le plus impressionnant est que Tyrese Maxey demeure à 1,05 point par possession, le plus haut total de la ligue, à égalité avec Malcolm Brogdon. Sur ce type d’action, Maxey contribue à 48,9% FG, le troisième pourcentage de la ligue. Ainsi il est naturel de le voir ce hisser parmi le meilleur percentile de la ligue dans cette catégorie. Les qualités de Maxey en tant que meneur sont désormais acquises mais quelques interrogations persistent. Des interrogations plus que des inquiétudes, il faut le souligner.
Et après ? L’entente avec Embiid
Tout au long de ce papier nous avons souligné en quoi Tyrese Maxey constitue une alternative plus que viable pour les Sixers au poste de meneur. Mais les performances de Maxey sont à remettre en contexte. Il semble déployer l’entièreté de son talent en l’absence de la star de l’équipe Joel Embiid. Maxey est devenu un vrai gestionnaire sur pick and roll et dans les faits, cela peut très bien suffire à établir un axe 1/5 performant pour les Sixers. Mais le candidat récurrent au titre de MVP n’est pas un grand afficionado du rôle de roll man.

Avec ce graphisme, nous remarquons que Joel Embiid préfère jouer en isolation ou au poste. Deux secteurs dans lesquels il est redoutable depuis des années. Deux secteurs qu’Embiid a réussi à apprivoiser avec Ben Simmons en meneur. Le meneur australien n’était un joueur capable d’écarter le jeu et Embiid ne pouvait pas exploiter pleinement les situations de pick and roll avec lui. Désormais avec Maxey à la mène, Embiid peut s’ouvrir à un nouveau secteur, celui des écrans pour lui ou par le pouvoir d’auto-création de Maxey. Mais avant que tout cela se mette en place, il faudra que chacun se déshabitue de l’absence de Ben Simmons.
Hier soir, dans la défaite en prolongation face aux Wolves, Tyrese Maxey a délivré 9 passes décisives dont 6 uniquement pour Joel Embiid. Deux passes sur PnR, deux passes pour un Jojo dominant en post-up. Prometteur.
De solution intermédiaire à véritable meneur titulaire d’une franchise prétendue candidate au titre, Tyrese Maxey a réussi à s’imposer en travaillant, en progressant et surtout en saisissant les opportunités qui s’offraient à lui. La saison reste encore longue, il faut confirmer et pourquoi pas convoiter le titre de MIP. En attendant, les performances de Maxey apparaissent comme un véritable soulagement pour les Sixers. Le board de Philadelphie peut désormais envisager de régler le dossier Ben Simmons avec davantage de sérénité. Si Maxey confirme, parvient à diversifier l’attaque des Sixers en créant une véritable complicité avec Joel Embiid, Philly peut très bien jouer les troubles fêtes dans la Conférence Est.