Si la NBA attire l’œil du monde entier depuis de longues années maintenant, la NCAA reste le monument incontournable outre Atlantique. Les américains se passionnent et s’identifient à ces programmes universitaires qui rassemblent toujours plus de spectateurs. Les fans vivent chaque match comme une finale prêts à découvrir quel sera le prochain joyau de la grande ligue. Et des joyaux, la NCAA en regorge. A la fin des années 80, un trio vient éclabousser le college basketball de son talent. C’est du côté de la conférence ACC qu’apparaît le célèbre Leathal Weapon 3 de Georgia Tech.
La construction d’un groupe
Gérer l’après Mark Price
Dans les années 80, Georgia Tech est un programme qui performe en ACC et en NCAA. En effet, le célèbre futur joueur des Cleveland Cavaliers Mark Price brille sous le maillot des Yellow Jackets et s’affirme comme un leader capable d’emmener son équipe au sommet. Malheureusement, Georgia Tech ne parvient à faire mieux qu’une finale régionale perdue face au Georgetown de Pat Ewing. Les fans se prennent toutefois à rêver à un futur sacre et les joueurs qui succèdent à Price sont des basketteurs de qualité. Tom Hammonds, Duane Ferrell ou encore Dennis Scott s’essayent à l’exercice sans grand succès. Georgia Tech n’y arrive pas. Il manque ce petit quelque chose qui permettrait à l’équipe emmenée par Bobby Cremins de passer un pallier supplémentaire dans leur quête de titre suprême. Ce petit quelque chose a toutefois un nom : Kenny Anderson. Ce gamin du Queen’s semble avoir la flamme.
L’enfant prodige
Kenny Anderson est, au moment de signer en faveur de Georgia Tech, considéré comme la future grande star de la NBA. Il domine en High School au point d’être un phénomène rarement vu jusqu’à présent. Il est d’ailleurs devenu à cette époque, le premier joueur à être élu All-American Parade à trois reprises depuis un certain Lou Alcindor, plus connu sous le nom de Kareem Abdul-Jabbar. Son handle, sa vitesse et ses skills en font un joueur incroyable à regarder jouer. Ce type de basketteur qui provoque de larges réactions dans les tribunes. Sur de son fait, l’enfant de New-York annonce même lors de sa signature :
“J’emmènerai les Yellow Jackets jusqu’au Final Four”
Si, au moment de cette déclaration, certains observateurs ont pu sourire, tort leur en a pris. Kenny Anderson tient sa promesse et en 1989-1990, Georgia Tech atteint le dernier carré de la March Madness. Cette réussite a été rendu possible grâce à la connexion qu’il réussi à établir avec deux de ses coéquipiers : Brian Oliver et Denis Scott.
Le col bleu et la star
Lors de la saison 1989-1990, Brian Oliver est un arrière Senior et ce qu’on appelle aujourd’hui un glue guy. Certainement pas le plus flamboyant sur le terrain, il apporte toutefois sa contribution tous les soirs. Joueur très complet, il peut marquer des points, prendre des rebonds et délivrer des passes décisives. Pour preuve, il tourne lors de cet exercice à 21 points, 6 rebonds et 3 passes de moyenne en NCAA. Même s’il ne connaîtra pas une grande carrière professionnelle en NBA, où il ne jouera que deux ans chez les Sixers, il s’installera comme un joueur solide sur le continent européen.
Dennis Scott, quant à lui, est le scoreur de l’équipe. Ailier de grand talent, il brille tout au long de l’année décrochant même le titre de meilleur joueur en ACC. Les statistiques parlent pour lui. 27.7 points, 6.6 rebonds et 2 passes de moyenne avec quasiment 2 interceptions par match. Shooteur de haut vol, il inscrit des trois points à la pelle et devient une arme létale longue distance. Scott est certainement le plus fort des trois joueurs à cet instant précis. Il a les responsabilité de l’équipe et des tickets shoots à n’en plus finir. L’association des trois hommes forment donc un trio dévastateur.
Une March Madness de légende
Si le surnom donné aux trois joueurs commence à circuler, c’est au moment de la March Madness qu’il prend tout son sens. Lors du premier tour, face à East Tennessee State, classé 13ème du pays, les Yellow Jackets marchent sur l’eau. Une victoire sans appel avec 99 points marqués dont 36 du seul Dennis Scott.
Une guerre de tranchées
C’est au deuxième tour que les choses sérieuses se profilent. Georgia Tech affronte l’ogre de Louisiana State (#5 du pays) emmené par un jeune pivot générationnel : Shaquille O’Neal. LSU compte également dans ses rangs le non moins célèbre Mahmoud Abdul-Rauf (appelé encore à cette époque Chris Jackson et élu SEC Player of the Year) ainsi que le seven footer Stanley Roberts. La lutte est âpre et le score serré. Néanmoins, les 30 points de Dennis Scott et les 26 de Kenny Anderson permettent à Georgia Tech de poursuivre son aventure.
Lors du Sweet Sixteen, la mission s’annonce périlleuse. Les hommes de Cremins sont opposés au numéro 1 du pays : Michigan State. Les Spartans ont dans leur roster, l’un des tous meilleurs joueurs NCAA en la personne de Steve Smith. L’équilibre collectif est parfait et les bookmakers donnent bien peu de chances aux Yellow Jackets. Et pourtant… Les deux équipes font jeu égale et se rendent coup pour coup. Aucune de deux armadas n’est en mesure de prendre un matelas d’avance. Tout se joue dans les derniers instant de la partie. MSU mène 75-73 et Steve Smith est envoyé sur la ligne des lancers-francs pour sceller le sort du match. Il rate son lancer et Kenny Anderson traverse le terrain avec 6 secondes à l’horloge. Il dribble autour de trois joueurs adverses avec une vitesse et une dextérité folle. Il s’élève et marque ce qui s’apparente à un trois points. Néanmoins, le pied est sur la ligne et seuls deux points sont comptabilisés. Direction la prolongation. La dynamique est du côté de Georgia tech et ces derniers s’imposent d’un petit points 81-80 face à l’un des grands favoris au titre suprême.
La défaite mais la reconnaissance
Pour l’Elite Eight, le Leathal Weapon 3 frappe un grand coup en inscrivant 89 des 93 points de son équipe. La performance est tout bonnement exceptionnelle et Georgia Tech s’impose face à Minnesota, classé 6ème du pays. L’objectif que s’était fixé Kenny Anderson en rejoignant les Yellow Jackets se concrétise. Ils disputent à lors un Final four de March Madness face à l’une des plus grandes équipes de l’histoire NCAA : UNLV.
L’équipe de Las Vegas est composé de deux joueurs au talent incommensurable, Greg Anthony et Larry Johnson. Même en ayant éliminé neuf équipes classées au cours de la saison, les chances des coéquipiers de Brian Oliver sont minces. Toutefois, les observateurs ont appris à leur dépens que cette équipe était capable de déjouer tous les pronostics et qu’elle ne superforme jamais plus que lorsqu’elle est en position d’outsider. Néanmoins, toutes les bonnes choses ont une fin et l’épopée mythique de Georgia Tech s’arrête brusquement aux portes de la finale. UNLV est derrière toute la première période mais ils accélèrent lors du second acte et s’impose 90-81 avec une facilité impressionnante. Ils remporteront d’ailleurs la finale face à Duke avec une marge de 30 points. C’est dire l’exploit réalisé par Anderson, Oliver, Scott ainsi que par leurs coéquipiers au cours de ce tournoi.
Si l’aventure n’a pas pris fin de la manière dont l’espérait les trois hommes forts de Georgia Tech, elle a eu le mérite de marquer l’histoire du basket-ball et de la NCAA. Rarement une équipe aura été aussi agréable à voir jouer. Elle est parvenue à déjouer les pronostics tout en proposant un jeu spectaculaire. Les fans se sont pris d’amour pour le Leathal Weapon 3 qui reste une référence encore aujourd’hui.