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La Triple Couronne : le Graal du pilote automobile (3/3) – 24h du Mans

La Triple Couronne en sports automobiles est sans doute la distinction la plus grande et la plus recherchée par tout pilote automobile fervent de compétition et de challenge. Pour être triplement couronné, il faut simplement remporter une victoire dans les 3 épreuves les plus prestigieuses de l’histoire des sports automobiles sur circuit : Les 500 miles d’Indianapolis en championnat américain, les 24h du Mans en endurance et le Grand Prix de Monaco en Formule 1. Des dizaines de très grands noms du sport automobile ont tenté leur chance mais un seul homme dans l’histoire de ce sport est arrivé à la remporter : Graham Hill. Après avoir sorti un premier article sur la plus ancienne des 3 courses, les 500 miles d’Indianapolis, le Café Crème Sport vous propose au menu, un retour sur l’histoire et les péripéties qui ont rendu l’épreuve des 24h du Mans mythique.

La France, berceau du sport automobile

La course automobile est née en France grâce notamment aux nombreuses inventions des ingénieurs dans ce domaine. La première automobile ? Joseph Cugnot, ingénieur français, la réalise en 1770. Le premier moteur à explosion comportant 2 cylindres et donc capable de tracter une auto ? Etienne Lenoir, inventeur français en 1859. Les premiers grands fabricants automobiles à dominer le marché de l’automobile pour tous en Europe ? Peugeot, Bugatti, Delage, Renault, Citroën, tous français (Peugeot est arrivé quelques années après), exception faite pour Mercedes-Benz, l’un des seuls constructeurs concurrents des Français à l’époque. Les premières « écuries » à s’engager dans la course automobile ? Majoritairement des Français, Allemands et Italiens. Les premiers grands organisateurs de course automobile ? L’automobile Club de France. Et la liste est encore longue… Aux vues de ce que la France a réalisé en termes de prouesses dans ce secteur, il est logique de les voir apparaître comme les précurseurs de ce sport et donc comme l’un des pays les plus représentés sur la scène internationale à l’époque. 

La première course automobile a eu lieu en France le 22 juillet 1894 sur des routes communes suivant un seul concept : relier Paris à Rouen. Oui, les circuits n’existaient pas encore car il faudra attendre 2 années pour voir apparaître la première course sur piste fermée, aux États-Unis, dans un ancien hippodrome à la base destinée aux courses hippiques. 

Photo des concurrents de la première édition de Paris-Rouen – Source : Le Parisien

Seulement, en ayant vu cela, l’organisateur majeur des compétitions automobiles en France, l’Automobile Club de France, s’est dit qu’il serait bien pour eux aussi de construire un vrai circuit. Certes, ils ont déjà inventé le concept de course sur une boucle avec l’appellation « Grand Prix » avec le fameux Grand Prix du Sud-Ouest, organisé dans les alentours de la ville de Pau dès 1901 mais il leur fallait quelque chose qui servirait pour l’international : un Grand Prix de France.

Photo du Grand Prix du Sud Ouest – Source : Wikiwand

Le Mans, la ville choisie pour le 1er Grand Prix de France

Une compétition internationale éponyme appelée « Coupe Gordon Bennett » a été instaurée en 1900, organisée par l’Automobile Club de France. Elle avait pour but d’exporter les courses automobiles dans le monde entier. Les différents pays représentés lors de cette course avaient droit à deux voitures maximums au départ de chaque course et le vainqueur de l’épreuve recevait le privilège d’organiser l’édition suivante. 

Devenue rapidement la Coupe de l’ACF, l’organisateur souhaite donner une dimension supplémentaire à ses Grands Prix à domicile car ils représentent quand même la France sur le plan international mais aussi parce que de trop nombreux crashs se sont passés sur les éditions précédentes reliant Paris à Madrid. Ainsi, l’ACF décide de créer son premier Grand Prix de France sur un circuit fermé pour l’édition 1906. Ce dernier s’est passé dans une ville qui possède tout le nécessaire pour recevoir des courses automobiles : Le Mans.

L’une des lignes droites du Grand Prix de France de 1906 – Source : Annuel de l’Automobile

De très grands moyens sont ainsi employés pour organiser une épreuve censée en mettre plein la vue à tous les autres pays. Ils ont donc coupé des routes à la circulation, refait le revêtement de presque tous les endroits où la course est prévue de passer, déboisé les forêts environnantes pour éviter tout risque de chute d’un tronc en cas de mauvais temps… Des moyens financiers colossaux ont été investis pour faire en sorte que cette course soit inoubliable. 

Malgré toutes les ressources et toute l’énergie dépensée dans ce projet, les résultats ne sont pas fructueux. L’organisation générale fait débat dans la mesure où le revêtement, bien que neuf, se décolle au fil des passages, les habitants ont été très perturbés par cette course, ne respectant pas toujours les interdictions de passage sur la « piste » … Bref, un fiasco et un pari non payant pour l’ACF. 

Cette manche de la coupe a donc marqué négativement le passage sur le premier Grand Prix de France de l’histoire et ne reviendra pas au Mans pour des raisons évidentes. Mais un détail ne doit pas être oublié. L’ACF, pour cette compétition, a permis la création d’un organisme pour gérer l’organisation du Grand Prix de France au Mans : le mythique Automobile Club de la Sarthe, devenu très rapidement Automobile Club de l’Ouest. Cette association de loi 1901 a pour mission de gérer toutes les activités qui se passent sur le Circuit de la Sarthe.

Premier siège de l’ACO – Source : Salon Retromobile

L’Automobile Club de l’Ouest lance les 24h du Mans 

Il ne faut pas se faire d’illusions. Vu comment s’est passée la première édition du Grand Prix de France sur le Circuit de la Sarthe, beaucoup d’organisateurs sont réticents à l’idée de venir courir au Mans, gardant cette image de la dangerosité des compétitions. Alors l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) décide de prendre une autre option : organiser eux-mêmes leurs évènements. Le Grand Prix de l’ACO a vu le jour lors de l’année 1911 sur ce circuit, tout comme la Coupe de la Sarthe l’année suivante. Mais la Première Guerre Mondiale, comme pour toute structure sportive, est venue stopper le nouvel élan pris par ce club. 

Ces éditions, à la différence du Grand Prix de France se dérouleront sans problème majeur et surtout sans aucune défaillance provenant du circuit. Ainsi, conscients du potentiel de leur infrastructure, les membres de l’ACO se rendent compte qu’ils doivent trouver un nouveau concept de course pour attirer le plus de personnes possibles sur leur structure. Et c’est ainsi qu’a commencé l’endurance au Mans. En 1922, alors que la compétition du Bol d’Or vient d’être créée (endurance aussi mais en moto), l’ACO annonce qu’ils vont lancer une course à faire par équipe de 2 où les pilotes doivent se relayer pendant toute une journée, de jour comme de nuit.

Photo de la première édition du Bol d’Or en 1922 – Source : Wikipedia

La première édition de cette compétition remonte aux 26 et 27 mai 1923. Le programme est donc celui annoncé : une course d’endurance de 24h avec donc une partie de la compétition se déroulant de nuit. Cela représente quelque chose d’énorme à réaliser pour les pilotes mais aussi pour les organisateurs de la course et pour les fabriquants. 

Les 24h du Mans en 1923 – Source : Wikipedia

Dès lors, la course attire tout type de constructeurs, pilotes et fans. Les prouesses réalisées en termes d’innovations technologiques sont impressionnantes et révolutionnent l’automobile dans son ensemble. Les 24h du Mans ont vu notamment le naître des inventions comme la jante, le frein à disque, le concept d’aérodynamisme, les phares à LEDs ou au lasers… Bref, c’est une multitude de prouesses et de révolutions qui, d’ailleurs, s’étendront et seront appliquées au grand public pour les voitures de tous les jours. 

De plus, une des choses qui a marqué Le Mans reste les départs de course. Les deux premières éditions de 1923 et 1924 ont été lancées par départ arrêté sur la grille comme pour n’importe quelle course à l’époque. Mais si une procédure complètement nouvelle a rendu unique la course des 24h, c’est bien celle appelée « le départ Le Mans ». Toutes les voitures sont placées en épis du côté du muret des stands et le pilote qui va effectuer le premier relais est en face de celle-ci. Au top du commissaire en charge du départ, les pilotes doivent partir en sprint pour monter dans leur voiture et ainsi commencer leur course. Mais cela a été remis en cause lors de l’édition de 1968 après l’accident de Willy Mairesse et sa Ford GT40 car, pour gagner du temps, les pilotes n’hésitaient pas la moindre seconde à ne pas respecter des règles de sécurité essentielles : Fermer les portières avant le départ de la voiture, attacher son harnais… Pour protester à ce mouvement, en 1970, Jacky Ickx, vice-champion du monde des pilotes en 1969 et 1970, décide de rejoindre sa voiture en marchant et part donc logiquement dernier. Ce qui ne l’empêche pas de remporter la course. 

Départ type Le Mans – Source : France Inter

Les 24h du Mans, une course à haute intensité devenue unique 

Une liste peut être édifiée sur une grosse partie des évènements marquants de cette épreuve mythique : 

Les Lorrain Dietrich de 1926 – Source : Motor 1
Marguerite Mareuse et Odette Siko sur leur Bugatti – Source : 24h du Mans
Alfa Romeo 8C de 1931 – Source : Victor Association
La mythique XK120C – Source : Supercars.net
Accident des 24h du mans 1955, reportage sur Dailymotion – Source : INA
Les 3 Ford qui ont battu Ferrari en 66 – Source : DH
Helmut Marko dans sa Porsche 917 – Source : Twitter
Graham Hill lors de sa victoire au Mans et donc de la Triple Couronne en 1972 – Source : 24h Le Mans
Jean Rondeau et sa voiture en 1980 – Source : Autonewsinfo
La voiture qui a battu le record de vitesse au Mans – Source : l’Automobile Ancienne
Schumacher et ses coéquipiers pour les 24h du Mans – Source : 24h du Mans
Audi R10 TDI – Source : Wikipedia
Le prototype du projet Mission H24 – Source : AutoHebdo

Pour résumer brièvement, les 24h du Mans représentent une des courses les plus mythique de l’histoire des sports automobiles, récompensant les pilotes les plus audacieux et endurants, capables de tenir sur de très longs runs avec un rythme de course effarent et de nombreuses complications à affronter. Cependant, il faut aussi tirer le chapeau aux mécaniciens et ingénieurs capables de pouvoir monter un prototype de course qui dure pendant 24h. Il est donc normal qu’ils aient leur place au sein du Panthéon des courses les plus historiques de l’histoire du sport automobile et donc une place au sein de la Triple Couronne.

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