Ces dernières semaines, l’Olympique Lyonnais fait les gros titres des médias sportifs français et pas pour les bonnes raisons. L’annonce du départ imminent de Juninho suivi par l’affaire de jet de bouteille sur Dimitri Payet font que les Gones sont dans l’oeil du cyclone. Après un nouveau match nul face au LOSC, les joueurs de Peter Bosz doivent vite se relever et se positionner dans le top 10 avant la trêve.
L’arrivée du technicien hollandais a donné du baume au coeur aux supporters lyonnais, frustré par le jeu proposé par Rudi Garcia et conscient des capacités de l’ex coach de l’Ajax et plus récemment du Bayer Leverkusen. Mais un mercato raté et un début de saison décevant place le club du Rhône en 13eme positon en championnat. Depuis deux saisons, le club présidé par Jean-Michel Aulas n’arrive plus à se qualifier en Ligue des Champions, ce qui est sûrement la principale raison du changement de coach et l’arrivée cet été de Peter Bosz. Il s’avère que le problème est bien plus grand, avec une équipe en perdition et un board de moins en moins organisé.
Un état d’esprit déviant
Si Peter Bosz met en place un jeu porté vers l’attaque et qui se veut alléchant, beaucoup de travail reste à faire pour le secteur défensif. Depuis 1982/1983, jamais l’Olympique Lyonnais avait encaissé autant de buts (25) à ce stade de la saison. Le coach hollandais a eu beaucoup de mal à trouver la bonne formule en début de saison (6 compos différentes sur les six premières journées), afin de trouver le bon équilibre et de pouvoir titulariser LA recrue du dernier mercato : Jérôme Boateng.

Arrivé libre le dernier jour du mercato, le champion du monde allemand fait déjà figure de patron dans le groupe lyonnais, n’hésitant pas à recadrer certains joueurs en plein match, comme avec Cherki lors de la déroute face à Rennes. Malheureusement, le défenseur central n’est plus capable d’enchaîner les matchs ou de jouer 90 min (a été sorti 6 fois sur 10 matchs) et le reste de la défense lyonnaise n’a pas été flamboyante depuis le début de saison. Les errements défensifs en fin de rencontre ont fait perdre pas mal de points aux Lyonnais qui doivent changer d’état d’esprit, alors que l’on arrive à la mi-saison.
Sur le plan offensif, le bilan n’est pas ben mieux. Lucas Paqueta connait une période compliquée après son début de saison incroyable, Houssem Aouar peine à lancer véritablement son championnat cette saison, tandis que la pépite Maxence Caqueret n’a plus le même impact que la saison dernière au milieu de terrain. Après sa grande performance face à Bordeaux, Anthony Lopes a tiré la sonette d’alarme.
“Je ressens de l’énervement, de la tristesse, un mélange de plein de sentiments négatifs. On était devant, on avait fait le plus dur, on se fait rejoindre à 2-2. Et on est presque sur le point de perdre le match en fin de rencontre. Il va falloir vite remédier à pas mal de choses. On se doit de faire beaucoup plus. Aujourd’hui, on est douzièmes de Ligue 1, ce qui est totalement inadmissible quand on est à l’Olympique Lyonnais. Il va falloir trouver les choses rapidement. “
Le gardien portugais très enervé après avoir concédé le nul face à Bordeaux, le 5 décembre.
Les leaders du vestiaire vont devoir trouver les mots pour remotiver les troupes. Alors que le club connaît une période très compliqué sur les terrains, les temps sont durs aussi pour la direction.
L’échec Juninho
En 2019, l’annonce du retour du plus grand joueur de l’histoire de l’Olympique Lyonnais, en tant que directeur sportif avait conquis tous les supporters. Deux ans et demi plus tard, le magicien brésilien annonce son départ la queue entre les jambes et surtout épuisé par le travail et la pression subie. Bien sûr, il y a pas mal de choses à déplorer mais il serait trop simple de tout remettre sur l’ancien milieu de terrain lyonnais. Le constat négatif de son retour chez les Gones peut être expliqué en trois parties.
Le premier couac dans le retour de Juninho à Lyon a été l’arrivée de Sylvinho. Tous les deux novices dans leurs domaines, le mélange ne prend pas. Après cinq mois en France et une défaite au derby face à Saint-Etienne, l’ancien joueur du Barça plie bagage. La difficulté dans le recrutement d’un coach à l’époque était d’en prendre un sans staff, le choix était donc bien réduit pour “Juni” qui était pisté par Jean-Michel Aulas, soucieux de devoir laissé la main à son ancien joueur. Il est bien dommage que le directeur sportif n’ait pas eu “les mains plus libres” dans ses choix, l’arrivée de Rudi Garcia étant du fait de Gérard Houllier.

Le second problème ayant été l’organigramme foulli autour du sportif pendant cette période. Son influence dans les décisions a été tellement restreinte que ses mauvais choix sont ce qui ressortent le plus de son second passage dans le club rhodanien. Les choix brésiliens (Sylvinho, Henrique, Jean Lucas, la prolongation de Marcelo) n’ont clairement pas joué en faveur de Juninho, d’autant que le dernier mercato peut clairement être considéré comme un échec, avec le départ libre de Memphis Depay. Beaucoup de choix discutables ont été remis sur le dos de l’ancien n*8, qui a encaissé sans sourciller toutes les critques à son encontre.
Le troisième problème en globalité est peut-être la taille du costume qui était trop grand pour débuter. Juninho n’est pas un homme d’entreprise, ni un grand communiquant. Il a gardé son comportement de joueur qui prend les choses à couer, parfois un peu trop. Dès sa première conférence de presse, les critiques adressées envers Tousart et le dévoilement de ses grandes ambitions lui avaient déjà fait perdre de la crédibilité. Sa dernière sortie médiatique avant l’Olympico a probablement scellé son départ, le timing ne pouvant pas être pire alors que les joueurs sont en difficulté, en rajouter une couche sur les problèmes internes n’était pas nécessaire. On en revient une nouvelle fois à la succesion de JMA et ses choix ratés qui ont mis en difficulté son club mais aussi son ancienne grande vedette des années 2000, pas encore assez mûre pour occuper ce genre de postes.
L’effectif dirigé par Peter Bosz a les moyens de se relever et faire une très bonne deuxième partie de saison. L’Olympique Lyonnais va devoir laisser passer l’orage et changer d’état d’esprit s’il veut pouvoir accrocher les places européennes, ce qui ne sera pas une mince affaire au vu des prétendants depuis le début de la saison. Quant à Juninho, tout n’est pas à jeter pour sa première expérience en tant que dirigeant. Il aura pour toujours du crédit auprès des supporters mais doit se servir des critiques reçues et doit devenir plus “corporate” pour réussir sa seconde carrière.
Crédit Image de couverture : Imago/Eurosport