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Pourquoi Dupont est (réellement) le meilleur joueur du monde

Antoine Dupont a été élu meilleur joueur du monde 2021 par World Rugby. Une récompense que n’avait plus remporté un Français depuis Thierry Dusautoir. Un trophée individuel mérité lorsque l’on analyse la saison XXL du demi de mêlée du Stade toulousain.

La France et Toulouse peuvent se targuer d’avoir dans leurs rangs celui qui est, officiellement, le meilleur joueur du monde. Cela faisait désormais deux saisons que le numéro 9 des Rouge et Noir marchait sur l’eau et de nombreux spécialistes du ballon ovale considéraient déjà Antoine Dupont comme le meilleur joueur de rugby du monde. Mais sa campagne 2021, aussi bien avec le Stade toulousain que le XV de France, l’a propulsée sur une autre planète. Celle où étaient déjà son prédécesseur à Toulouse, Thierry Dusautoir, ainsi que son sélectionneur chez les Bleus, Fabien Galthié. Antoine Dupont devient le deuxième demi de mêlée de l’histoire à recevoir ce prix, derrière… Fabien Galthié (en 2002). 10 ans après The Dark Destroyer, le titre revient à la maison.

Des récompenses en pagaille, une année de folie

Avant de recevoir ce titre honorifique de meilleur joueur du monde 2021, Antoine Dupont avait déjà remporté tout ce qu’il était possible en termes de palmarès, que ce soit au niveau individuel ou collectif. À Toulouse, tout d’abord, le demi de mêlée a disputé 21 rencontres pour 19 victoires. Mais il faut ajouter à cela, un doublé Top 14 – Champions Cup qui restera pour longtemps dans les annales. Vous en voulez encore ? Neuf essais inscrits, soit presque un tous les deux matchs. Et pour prouver qu’Antoine Dupont influe sur son équipe, l’ancien Castrais a été élu meilleur joueur du Top 14 ainsi que de la Champions Cup. Quand on vous dit qu’il emporte tout sur son passage.

Avec le XV de France, Dupont c’est 8 titularisations en 8 matchs et des matchs à rallonge, durant lesquels Fabien Galthié lui fait souvent dépasser les 75 minutes de temps de jeu. Preuve qu’il est indispensable. Ses 3 essais marqués face à l’Italie, le Pays de Galles et l’Angleterre n’ont malheureusement pas permis aux Bleus de remporter ce Tournoi des VI Nations. Le seul trophée qui se refuse encore au phénomène Dupont. Ce titre avec le XV de France, c’est justement la seule chose qui lui manque pour être tout en haut… S’il ne l’est pas déjà. Si l’on cherche la petite bête, la seule « ombre » au tableau est sa deuxième place dans la catégorie meilleur joueur du Tournoi des VI Nations. Il aurait pu s’appliquer franchement…

Antoine Dupont, un game changer

Mais résumer Antoine Dupont à ces simples statistiques serait beaucoup trop facile et surtout assez malhonnête. Le jeune homme de 25 ans, aussi surnommé « le ministre de l’Intérieur » est souvent au bon moment, au bon endroit. Il le doit à un excellent sens du placement qui lui permet de toujours pouvoir être au soutien de ses partenaires. Il fait partie de ce genre de joueurs qui peuvent faire basculer une rencontre à eux seuls. Souvenez-vous de ce match du Stade toulousain, à Biarritz, où le natif de Castelnau-Magnoac entre en jeu à 20 minutes de la fin de la rencontre et change le cours du match. Toulouse est mené 6-3. Antoine Dupont fait une première fois la différence en offrant une passe décisive à Tim Nanai-Williams d’une superbe passe cachée. Puis, d’une des percées dont il a le secret, il feinte la passe et s’en va en terre promise, sauvant son équipe d’un mauvais pas.

30 minutes ont suffi à Dupont pour changer le cours du match à Biarritz.

Des rencontres comme celles-ci, il en existe une petite dizaine. La dernière en date, hier, face à Cardiff. Dans un match haché, Dupont fut à l’origine des 4 essais des siens. Deux percées pour faire avancer son équipe, un essai après avoir battu quatre défenseurs et une passe décisive pour Bonneval suite à une merveille de passe au pied. Sans lui, le Stade toulousain n’est pas le même. Cette impression de Dupont-dépendance s’est ressentie face à l’UBB lors de la dernière journée de Top 14. Bien muselé et défendu par les Girondins, Dupont a n’a pas réussi à faire la différence. Le jeu de son équipe a, de ce fait, était bien moins impressionnant qu’à l’accoutumée. La marque des plus grands.

Le capitaine qui a battu les Blacks

Comme si le costume de nouvelle tête d’affiche du rugby français n’était pas assez grand, Antoine Dupont porte également celui de capitaine qui a réussi à battre la Nouvelle-Zélande. Promu au rang de capitaine, cet automne, en l’absence de Charles Ollivon (le restera-t-il ?), Antoine Dupont a parfaitement repris le flambeau avec trois victoires en autant de rencontres. Son point d’orgue ? Le succès face aux Blacks évidemment. Face à son vis-à-vis Aaron Smith, considéré encore il y a peu comme le meilleur numéro 9 du monde, Dupont n’a pas semblé impressionné. Vous l’avez déjà vu sous pression ? Dans son jardin du stade de France, le Gersois a battu huit défenseurs, le meilleur dans ce domaine ce jour-là. Il a également chassé, plaqué à de nombreuses reprises.

Toujours avec son flegme presque légendaire, Dupont n’a pas une seule fois fait un mauvais choix ce jour-là, s’adaptant au rythme du match et navigant le bateau bleu au rythme des vagues noires. Jeu au pied, inversion de pression, calme olympien autour des zones de rucks, activité insatiable en attaque comme en défense, véritable machine à plaquer… Rugby total, c’est les seules termes qui peuvent peindre le portrait du demi de mêlée français lors de cette rencontre, encore et toujours présent sur la plus grande scène du rugby, face à la meilleure nation dans ce sport. Sa prestation, le 20 novembre dernier, n’a fait qu’entériner un constat déjà évident, Antoine Dupont était le meilleur joueur de rugby a foulé la pelouse lors ce match.

Un Dupont plus complet

Si Antoine Dupont a reçu les honneurs d’être élu meilleur joueur du monde, c’est aussi car il coche toutes les cases du rugbyman moderne. Le numéro 9 des Bleus est souvent loué pour ses qualités offensives, notamment par sa faculté à se débarrasser des défenseurs adverses par des crochets ou des raffuts, qui sont le plus souvent, décisifs, voire dévastateurs. S’il marque autant d’essais c’est notamment grâce à son coffre physique. Capable d’apporter du soutien à Melvyn Jaminet alors qu’il vient de faire une course de repli de plus de 50 mètres, et tout ça à haute intensité, sinon ce n’est pas drôle !

Mais le capitaine du Stade toulousain n’est pas qu’un merveilleux attaquant, capable de faire basculer le match à n’importe quel moment. C’est aussi un leader de défense. Sa capacité à plaquer et chasser ses adversaires est largement au-dessus de la moyenne pour un demi de mêlée. Aaron Smith possède la plus belle passe, Antoine Dupont la meilleure défense. La preuve, il est aujourd’hui considéré comme le 9e avant de son équipe. Son jeu au pied, qui était son «point faible » il y a encore deux-trois saisons, est désormais excellent, que ce soit du pied droit ou de son mauvais pied, le gauche, qu’il utilise de plus en plus et qui est tout aussi bon.

À l’heure actuelle, personne n’a trouvé de plan anti-Dupont. Existe-t-il ? Peut-être, mais le demi de mêlée du Stade toulousain semble tellement fort, qu’il faudrait une équipe parfaitement coordonnée pour réussir à l’arrêter durant un match entier. Bien évidemment, il peut passer à côté d’un match comme face à l’UBB, mais c’est tellement rare. La France tient un joyau, comme il en sort tous les 20-30 ans, et doit en profiter. Si Antoine Dupont veut tutoyer les sommets de son sport et du rugby français, seul un titre avec les Bleus le lui permettrait. Le prochain Tournoi des VI Nations en vue, mais également, la coupe du Monde 2023, où les espoirs d’un pays entier seront sur ses épaules, les épaules du meilleur joueur du monde.

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