L’été dernier, de nombreux observateurs, ainsi que des supporters, se sont insurgés lorsque le club du FC Metz a dévoilé sa nouvelle identité visuelle. Une levée de boucliers qui rappelle toutes les autres. Depuis quelques années, beaucoup de clubs européens ont changé de logos dont quelques clubs français. Leurs supporters ont quasiment tous déclaré ouvertement leur dégoût. Quant aux Messins, ils n’ont pas accepté que leurs dirigeants choisissent de revoir ce qui faisait jusque-là leur marque de fabrique : leur blason. À présent, il est minimaliste et ne transparaît plus autant l’histoire riche que possède le FC Metz. Une mésaventure dont beaucoup d’autres supporters ont vécu ces dernières saisons.
Au début des années 2010, plusieurs clubs européens dont certains français ont décidé de changer de logos. À l’époque, cela n’avait pas nécessairement bousculé les supporters. Avec du recul, on se dit que ce moment marque finalement le début d’une transformation visuelle de grande ampleur. Nous sommes en 2021 et la nouvelle mode consiste à changer son logo, vieux, pour certains, du début du siècle. Au CCS, on s’est demandé si ce genre de moment avait déjà existé.
Des identités visuelles très marquées jusque dans les années 90
De ce que nous avons aujourd’hui comme trace, peu de logos du début du XXe siècle sont encore visibles ou trouvables. Cependant, beaucoup de grands clubs européens ont marqué l’histoire du football et il est logique d’avoir accès à certains de leur vieux logos. Il faut savoir que plusieurs équipes ont très peu changé d’identité visuelle. On pense notamment au Real Madrid, qui n’a pas fait évoluer son logo depuis 1997. De plus, depuis le début de son existence, seulement six logos distincts ont existé.

Nous allons tenter de vous mettre les logos les plus évocateurs, mais nous vous invitons à chercher sur Internet et plus particulièrement sur Wikipédia où beaucoup sont visibles. Il est étonnant de se rendre compte que les vieux logos sont reconnaissables à leurs couleurs relativement ternes et à leurs formes géométriques. Ils répondent à des codes visuels bien spécifiques où les inscriptions peuvent parfois coexister en nombre. Cela tranche avec ce qu’on peut voir depuis une dizaine d’années où le but principal est d’épurer au maximum.

Ces logos ont pour certains perdurer durant de nombreuses décennies, qui allaient de pair avec les affiches sportives par exemple. L’idée conductrice, la vision, était la même pour les affiches des coupe du monde ou des Jeux olympiques, eux aussi facilement reconnaissables. Reflet de la société, le changement a été amorcé à partir des années 1990, où en Europe, les clubs ont tenté de faire évoluer leurs logos. En France, les exemples sont nombreux.
Une vague moderniste au tournant du millénaire
Prenons l’exemple de la Ligue 1. Parmi les clubs présents au sein de l’élite du football français cette saison, seuls Lens, Monaco et Lille n’ont pas réellement amorcé de changement important pour leur identité visuelle. Lens, par exemple, possède, peu ou prou, le même logo depuis 1979, un fait rare pour un club de football européen. Plus largement, tous les clubs de Ligue 1 qui n’ont pas changé leur logo ces dernières années, ne l’ont pas fait évoluer depuis le tournant du millénaire. C’est le signe qu’on vit actuellement un changement de grande ampleur pour la première fois depuis vingt ans. Alors oui, il existe évidemment des clubs qui n’hésitent pas à transformer régulièrement leurs emblèmes. Le LOSC, par exemple, a changé quatre fois de logo depuis 1997.

Mais si l’on tente de dresser un panorama, on s’aperçoit que les clubs, qui ont adopté leurs logos respectifs entre 1995 et 2005, possèdent une identité visuelle qui respire le début des années 2000. Ils sentent bon les albums paninis. Pour vous prouver notre bonne foi, sachez que Lyon possède la même identité visuelle depuis 2006, Marseille depuis 2004, Rennes depuis 2003, Montpellier depuis 2000, Strasbourg depuis 2006 et Bordeaux depuis 2002. Le risque que ces derniers adoptent un nouveau logo, comme l’a fait récemment Metz, Reims et Nantes, est bien présent.
Ce changement à la fin des années 90 et du début des années 2000, est globalisé. La Juventus a adopté une nouvelle identité visuelle en 1993, puis l’a fait légèrement évoluer en 2004, le Real Madrid a fait de même en 1997, la Roma en 1997 également, l’Inter Milan en 1998 et Liverpool en 1992. Il doit y en avoir d’autres, mais avec du recul, on se rend compte qu’on ne sait plus de quand datent les logos de nos clubs préférés. On s’est habitué à les voir et on oublie à quel point ils peuvent plaire ou déplaire, peu importe leur âge et l’époque à laquelle ils ont été adoptés. Cela prouve en quelque sorte, que le logo ne répond pas seulement à une époque, mais tout simplement à l’adhésion populaire. Ce n’est certainement pas une vison impartiale, car les regards qu’on peut porter sur cette question-là sont très personnels.

Nous vous invitons une nouvelle fois, en espérant avoir piqué votre curiosité, à chercher sur Internet de quand datent les différentes identités visuelles des clubs à travers le monde. Il est certainement difficile d’établir des généralités, mais quoi qu’il en soit, ce que nous vivons actuellement est tout sauf anodin.
La récente mode du minimaliste
Les Messins ont donc protesté, mais les Nantais avant eux ont montré leur mécontentement lorsqu’ils ont découvert le nouveau logo de leur club. En Europe, un club a créé le tollé : la Juventus. On imagine étonner personne, mais les dirigeants turinois ont surpris tout le monde lorsqu’en 2017, le logo s’est simplifié, minimalisé, et a dévoilé une nouveauté parmi les grands clubs européens : des formes très lisses, très fines, effaçant pratiquement tout rappel historique. La Juve fait quasiment figure d’exception lorsqu’on constate que seuls l’Inter Milan, Manchester City et le PSG ont récemment changé leur logo. Les clubs français semblent donc être des précurseurs, car en Bundesliga, on sait que les entités visuelles sont pour certaines quasi-séculaire. Le Bayern Munich possède quasiment le même logo depuis les années 50, le Borussia Dortmund a toujours eu le même écusson également. En Liga, la tendance semble être également plutôt la même.

Seuls la Premier League, la Serie A et la Ligue 1 sont des championnats où les logos changent progressivement. Ce sont donc de bons laboratoires pour savoir et se rendre compte si cette voie-là est celle à suivre. Ce qui est sur est que les nouveaux blasons tels que ceux du FC Nantes, du FC Metz, du Stade de Reims et de la Juventus sont amenés à devenir la norme. Et c’est cela qui pose problème aujourd’hui pour beaucoup de fans de football. On a l’impression que les clubs se déchargent, en partie, de leur histoire, malgré le fait que certains symboles soient toujours présents. Puis honnêtement, nous remuons le couteau dans la plaie, mais le précédent, qui datait de 2000, était réellement beau. Il nous semble que tout le monde en était satisfait et on se demande vraiment quelle a été la raison du changement. Toutefois, on se doit d’être honnête et nuancé, car certains logos récemment introduits sont davantage réussis. On pense par exemple à ceux de l’OGC Nice et du SCO d’Angers – qui rappelle l’identité visuelle présente avant les années 90.
Cet article avait pour but de montrer que la période que nous vivons n’est pas inédite. On a toujours tendance à dire que c’était mieux avant et peut-être qu’il y a vingt ans, les observateurs du ballon rond, ont été, comme nous actuellement, très déçu du changement visuel des clubs. Peut-être que dans vingt ans, on se dira que les logos au tournant de l’année 2020 étaient franchement pas mal. En attendant, cela nous empêche de soutenir nos amis Messins : oui, leur nouvel emblème est à l’image de leur saison : franchement pas terrible.