MMA

Une année à l’UFC : nos dix combats préférés de 2021

Qui dit fin d’année dit forcément bilan. Et c’est peu dire que celui-ci s’annonce roboratif. Puisque, faisant suite à une fournée 2020 tristement hachée par la pandémie qu’on connaît, l’UFC est parvenu à repartir du meilleur pied en offrant, de manière quasi hebdomadaire, des events régulièrement spectaculaires. En témoignent ces dix combats choisis par la rédaction. Top 10 forcément subjectif et partisan, prioritairement guidé par la jubilation ressentie au visionnage de rudes affrontements qui expliquent, si besoin était, pourquoi on continue à tant aimer la discipline. Flash-back.

N° 10 : Max Holloway vs Calvin Kattar (UFC Fight Island 7, 16/01)

Le numéro 10 cette liste prit place lors du premier main-event de l’année, disputé à Abu Dhabi. Opposant Max Holloway (qui sortait de sa deuxième défaite de suite, celle-ci pour le moins controversée, face au champion Alexander Volkanovski), à Calvin Kattar (qui venait d’enchaîner deux grosses performances contre Jeremy Stephens et Dan Ige), on s’attendait à un combat disputé, entre deux des meilleurs strikers de la division. Et, pourquoi pas, une surprise de la part du challenger qui ne faisait pas mystère de ses aspirations au titre.

Resultat ? L’une des masterclass les plus affolantes de Blessed. Sans doute la démonstration la plus bluffante de sa carrière avec son combat contre Ortega. Surclassant, quasiment du début à la fin, un adversaire dépassé en tout. Imposant sa fameuse boxe en volume qui, round après round, a fini par totalement submerger Kattar – ce dernier ne devant qu’à une résistance hors-norme le fait d’être parvenu à entendre le gong final. Les pointages des juges, à sens unique, rendant d’ailleurs parfaitement compte de l’outrageuse domination d’un Max qui l’emporte 50-43, 50-43 et 50-42 (!). Et si les chiffres ne disent pas forcément tout, ils permettent, en l’occurrence, de se faire une petite idée du déroulement des hostilités. Puisque ce combat, c’est ainsi, en vrac, de la part de Holloway : le record du nombre de frappes tentées (774), le record du nombre de frappes significatives portées (445) et le record du nombre de frappes significatives réussies en un round (141 lors de la quatrième reprise). Nuff said, comme dirait Stan Lee.

Comme un parfait résumé de l’ensemble, on se remémorera longtemps ce moment surréel, qu’on croirait extrait d’un film, au cours duquel l’hawaïen, littéralement en transe et tout en continuant à délivrer ses coups, se mit à apostropher autant Kattar que les commentateurs au bord de la cage en hurlant qu’il était le meilleur boxeur de l’organisation (« I’M THE BEST BOXER IN THE UFC, BABY ! »). Affirmation à laquelle personne ne trouva, alors, rien à redire.

N°9 : Stipe Miocic vs Francis Ngannou 2 (UFC 260, 27/03)

Trois ans à l’UFC représentent presque l’équivalent d’une vie. On a pu, encore une fois, le constater de la plus éclatante (ou dramatique) des façons lors de ce rematch ayant opposé Stipe Miocic à Francis Ngannou. En janvier 2018, lors de l’UFC 220, le champion des Lourds, après avoir survécu aux furieux assauts de son challenger lors du premier round, lui avait donné rien moins qu’une leçon de MMA. Parvenant à juguler la fougue du Camerounais en l’amenant au sol pour, peu à peu, épuiser ses réserves. Le laissant exsangue, dans une totale détresse physique et morale et conservant sa ceinture par une large décision aux points.

Trois ans, c’est donc ce qu’il aura fallu à Ngannou pour, sinon totalement se réinventer, du moins « muscler son jeu » (comme dirait l’autre) et ne plus exclusivement baser celui-ci sur son punch nucléaire. Le Francis 2.0, s’il affiche physique et force de frappe toujours aussi impressionnants, a sensiblement élevé son QI fight. Se montrant plus patient, moins impulsif et travaillant plus en amont afin de se créer des ouvertures sans plus forcément n’importe comment se précipiter. Résultat : après avoir entamé la cuirasse d’un Miocic, déjà fragilisée par trois guerres totales face à Daniel Cormier, puis entrepris un méthodique travail de démolition, Ngannou ne se jeta pas et attendit sagement le second round pour porter l’estocade, seulement cinquante secondes après le début de celui-ci. Implacable démonstration de puissance et maîtrise mêlées, qui fit d’ailleurs dire à tout le monde que cette nouvelle version du Predator représentait vrai problème, complexe ô combien, à résoudre. Même si on aimerait savoir ce qu’en pense un certain Ciryl Gane…

N°8 : Cory Sandhagen vs TJ Dillashaw (UFC Vegas 32, 25/07)

Si la valeur d’un champion se mesure à sa capacité à remonter en selle après une déconvenue, celle de Dillashaw n’est alors plus à démontrer. Revenant de deux ans de suspension pour prise d’EPO, Killashaw est revenu par la grande porte, se frottant directement à un Sandhagen à un combat du title-shot et qu’on imaginait dans la motivation de sa vie. Et si certaines oppositions qui font saliver s’avèrent parfois décevantes, celle-ci a tenu toutes promesses. Montrant la parfaite storyline entre l’ancien champion déchu et le challenger affamé. Le surdoué technique un peu rouillé et le combattant moins talentueux mais qui venait d’enchaîner deux éclatantes victoires sur Marlon Moraes et Frankie Edgar.

La confrontation, régal de technique et d’engagement (mais on n’en attendait pas moins de la part de ces deux strikers d’élite), fut ainsi sommet d’intensité au cours duquel chacun prit alternativement le dessus sur l’autre. Des débats, en fait, si serrés qu’ils débouchèrent sur une décision partagée – en faveur de l’ancien tenant du titre des Bantamweight. Lequel fit valoir, en plus de son mental, son expérience et sa roublardise en quelques moments-clés du combat. Sans qu’il en sorte, au bout du compte, d’ailleurs forcément vainqueur. Puisque la dureté des hostilités le menèrent tout droit à l’hôpital, lui faisant ainsi perdre sa place d’opposant à Petr Yan (pour la demi-finale officieuse devant désigner le prochain contender). Siège aussitôt récupéré par… Sandhagen, tout heureux de l’opportunité, dans un move qui illustre bien le constant jeu de chaises musical qui prévaut à l’UFC. Avec pour résultat une opposition dont on reparle plus bas…

N°7 : Max Holloway vs Yair Rodriguez (UFC Vegas 42, 13/11)

Deuxième apparition dans cette liste pour Blessed, ce qui n’étonnera en rien quiconque s’intéresse au MMA. Dans ce combat destiné à désigner le prochain titulaire du title-shot de la catégorie des Featherweight, il s’est cette fois-ci mesuré à un Yair Rodriguez qui n’avait plus foulé le sol d’un octogone depuis deux ans. Et si beaucoup pensèrent que cette période d’inactivité lui serait fatale, c’était mal connaître le mexicain que penser qu’il allait arriver sans rien à proposer.

La confrontation fut, de fait, bien plus compliquée que prévue pour un Holloway qui trouva, pour une fois, adversaire affichant niveau de striking sensiblement égal au sien. Au point d’encaisser bien plus de coups que d’habitude et ne devant qu’à sa légendaire résistance de ne pas avoir été plus sévèrement mis en difficulté. Puisque on ne connait guère meilleur que lui au jeu du “à toi, à moi”. Et que l’épreuve de force qu’il parvint à imposer eut peu à peu raison de la résistance de son opposant, néanmoins vaillant et dangereux jusqu’au bout. Le pointage des juges, en faveur de l’hawaïen, donnant ainsi juste idée de l’intensité des débats (49-46, 48-47 x 2) .

Lesquels débats auront d’ailleurs laissé des traces, à voir les photos des deux hommes prises, dans l’ambulance, au moment de leur départ pour l’hôpital le plus proche. Le genre d’images qui bâtit les légendes, celles relatant le destin de combattants consumés par l’exigence de leur discipline.

N° 6 : Shane Burgos vs Billy Quarantillo (UFC 268, 6/10)

Le seul tort de ce combat, tout le monde en convint dès sa tenue, fut de passer après la guerre entre Justin Gaethje et Michael Chandler qui éclipsa, bien malgré elle, tout le reste des affiches de cet UFC 268 de feu (et dont, spoiler alert, on parle juste après). Sans elle, nul doute que celui-ci aurait pu prétendre aux premières places tant l’engagement, trois rounds durant, fut total.

À ce jeu, Shane Burgos, habitué des bastons de rue, se montra juste un peu plus lucide, un peu plus précis, un peu plus agressif. Pas de quoi faire boire la tasse à Quarantillo mais juste assez pour emporter une logique décision unanime (29-28 x 3). Et si, sans leur manquer de respect, il est permis de douter qu’aucun des deux approche jamais le top 5 d’une catégorie parmi les plus relevées de l’organisation, on peut, par contre, toujours compter sur eux pour se voir offrir de la bonne bagarre comme on aime – et dont ce duel se montra digne représentant. On ne demande parfois pas plus à l’existence.

N°5 : Justin Gaethje vs Michael Chandler (UFC 268, 06/10)

NEW YORK, NEW YORK – NOVEMBER 06: (L-R) Justin Gaethje kicks Michael Chandler in their lightweight fight during the UFC 268 event at Madison Square Garden on November 06, 2021 in New York City. (Photo by Jeff Bottari/Zuffa LLC)

Ironie de l’Histoire, deux des combats de l’année (celui-ci et le précédent) auront donc pris place, non seulement sur la même carte, mais se seront, en plus, carrément déroulés l’un à la suite de l’autre. Et qu’en dire ? Les anglo-saxons appellent ça un « banger » : un classique instantané, cette douce sensation d’assister en direct à un moment qui compte et dont on se souviendra longtemps. En l’occurrence, cette explosion de pure brutalité devant laquelle on est resté fasciné. Comme une parfaite illustration de cette déclaration de Gaethje selon laquelle il excellait à « créer du carnage, à se sentir bien dans le dommage corporel, à faire entrer son adversaire dans une zone de mort ». Le genre de tagline, à la limite du ridicule, tout droit sortie d’un film de Schwarzenegger et qui disqualifierait quiconque oserait la prononcer. Sauf que Gaethje, comme en témoignent (entre autres) ses épiques batailles contre Poirier ou Alvarez, n’est pas n’importe qui. Cette guerre de tranchées venant ajouter un chapitre supplémentaire à sa légende de ferrailleur XXL.

Car si on aime les opposition techniques qui flirtent avec l’orfèvrerie, on adore aussi les bastons de rue, la Violence avec un grand V, lorsque la cage devient le théâtre de ce que l’Humain peut offrir de plus primaire. Gaethje vs Chandler, ce fut trois rounds d’échanges de coups qui auraient couché un boeuf, une tension de chaque seconde tant chacun pouvait d’une frappe achever les hostilités, l’impression de voir deux hommes aller au bout d’eux-mêmes sans chercher à se préserver. Pas certain qu’à ce jeu là, le Gaethje de 2017 en serait sorti vainqueur. Mais celui de 2021 a suffisamment mûri pour désormais éviter tout de long l’épreuve de force que voulait lui imposer Chandler – lequel, garde basse, l’invitait à venir se la donner au centre de la cage. Justin préféra, fort intelligemment, gérer son avance et remiser de façon à scorer sans (trop) se faire toucher. Finissant blessé (les leg-kicks de Chandler ont fait des dégâts) mais emportant une décision logique (30-27, 29-28 x 2) lui permettant d’accéder à une nouvelle chance au titre lors d’un sommet à venir dont on est prêt à parier qu’il figurera en bonne place dans top 10 de l’année prochaine.

N°4 : Charles Oliveira vs Dustin Poirier (UFC 269, 11/12)

Celui-ci n’eut que le tort de durer trop peu de temps, à peine un peu plus de deux rounds alors qu’on en aurait volontiers pris le double. Mais il peut se targuer d’avoir offert l’un des meilleurs rounds de l’année : le premier, suffocant de technique, de tension et de violence. Au cours duquel Oliveira, comme lors de son combat face à Chandler, tutoya l’enfer, visitant le tapis mais parvenant, on ne sait au juste trop comment, à tenir. Pour ensuite renverser la tendance au cours d’une deuxième reprise époustouflante de maîtrise. Amenant les débats dans son jardin de prédilection, ce sol où il entama, seconde après seconde, la résistance d’un Poirier qu’on vit peu à peu perdre pied, submergé par la vista d’un combattant techniquement supérieur et désormais (presque) aussi à l’aise debout que couché. Jusqu’à cette soumission effectuée lors du round suivant, qui sonnait autant comme l’idéale conclusion d’un plan mené de main de maître que la reddition d’un challenger juste dépassé.

Un immense champion émerge ainsi de l’ombre encombrante de Khabib. Nouvelle star dont on attend désormais avec impatience de voir si elle saura résister aux fameuses zones de carnage initiées par Gaethje. Avant, d’éventuellement, nous offrir ce que l’UFC peut proposer de mieux au rayon de la confrontation en grappling, face à un certain Makhachev. Autant dire qu’on ne dormira pas avant que se concrétise telle éventualité.

A écouter : notre podcast debrief de l’UFC 269 (ICI).

N°3 : Deiveson Figueiredo vs Brandon Moreno 2 (UFC 263, 12/06)

Leur première rencontre, disputée il y a un an tout juste (lors de l’UFC 256), avait frôlé le titre du combat de l’année 2020 (remporté sur le fil par le Zhang vs Jedrzejczyk) et on doutait, fort honnêtement, que ce rematch put atteindre similaire intensité. Pensant surtout que Moreno ne saurait reproduire telle performance et craignant que Figueiredo, trop confiant et malade lors du premier combat, déborde cette fois-ci aisément son adversaire.

Gens de peu de foi que nous sommes ! C’est exactement le contraire qui se produisit et c’est, après tout, bien pour ça qu’on aime le MMA. Sans doute fragilisé par un weight-cutting délicat et peut-être surpris par l’agressivité d’un Moreno arrivé le couteau entre les dents, le brésilien fut dominé du début à la fin par la fougue du mexicain qui ne le laissa respirer à aucun moment. Travail au corps, précision des jabs, perfection du timing, efficacité des takedowns, impressionnant cardio. Il a bousculé le champion debout comme en sol. Jusqu’à cette impressionnante guillotine du round 3 qui fit taper un Figueiredo qu’on n’avait jamais vu aussi dominé. Le nouveau roi des Flyweight affiche donc un visage de gamin insouciant, adore les Lego, trimballe partout son éternelle et communicative bonne humeur et refuse obstinément de se prendre au sérieux. Ce qui, en plus d’un des meilleurs combattants de l’année, en fait, sans l’ombre d’un doute, le plus attachant.

N°2 : Petr Yan vs Cory Sandhagen (UFC 267, 30/09)

Petr Yan ne doit qu’à lui-même (par la grâce d’un malheureux coup de genou illégal dans la tête de l’infortuné Aljamain Sterling) de ne plus posséder la ceinture des Bantamweight qui lui revient de droit. À défaut, le voici disputant une demi-finale devant lui permettre de retrouver une chance au titre. Et s’il devait, à cette occasion, faire face au revenant TJ Dillashaw, l’opération chirurgicale subie par ce dernier laissa la place à Cory Sandhagen, tout heureux de prendre le short-notice à la volée.

Il n’est, de fait, nul hasard que ce dernier se retrouve pour la deuxième fois dans ce classement tant son palmarès, depuis un peu plus d’un an, reflète le parcours d’un homme qui ne refuse jamais rien ni personne. Bien qu’en l’occurrence, si ses qualités (principalement son striking aussi imprévisible qu’explosif) ne sont plus à prouver, il montra également ses limites, plus encore que contre Dillashaw. La faute à un Yan trop dominateur, trop précis, trop puissant, trop tactique, simplement trop fort. Lui dont la boxe, l’une des meilleures de l’UFC, entaille peu à peu ses adversaires comme s’il les dépeçait lentement à coups de scalpel. La décision unanime en sa faveur (49-46 x 3) rendant bien compte de la tenue d’un fight intense et technique auquel il n’aura, peut-être, manqué qu’une pointe d’émotion. Démonstration telle qu’on en viendrait – presque – à oublier que l’actuel champion de la division se nomme Aljamain Sterling. Pour l’instant, du moins…

N°1 : Alexander Volkanovski vs Brian Ortega (UFC 266, 25/09)

Si notre préférence va au main event de l’UFC 266, c’est que, outre l’excellence du combat, il compile (finition exceptée) quasiment TOUT ce qu’on attend d’un event de MMA de haut niveau et même tout ce qu’on aime dans la discipline. Soit deux combattants parmi les meilleurs de leur division, un matchup parfait au niveau des oppositions de style (le striker contre le grappleur), de caractère et de tempérament, un réelle animosité entre les deux, une intensité de chaque instant, de la brutalité, des retournements de situation, du drama, du suspense, de la tension, de la technique, de la tactique, du coeur, du mental et des couilles.

Et si Volkanovski domina l’essentiel des débats (principalement grâce à ses kicks lourds et puissants, sa gestion de la distance et ses ground-and-pounds dévasteurs), Ortega fit bien meilleure figure que lorsque de son précédent title-shot (disputé face à Holloway), notamment grâce à ses contres ainsi que, bien sûr, un jeu au sol qui figure parmi les plus évolués de l’organisation. C’est ainsi qu’il failli créer l’upset, grâce à deux tentatives de soumission dont on se demande encore comment elles ne se sont pas terminées par un abandon du champion (surtout celle du troisième round, toujours aussi impressionnante à visionner). Gloire soit rendue à l’Australien d’ajouter un mental d’airain et une résistance à la douleur digne de Wolverine à la longue panoplie de ses compétences. Compétences qui furent juste de trop pour Ortega qui termina, tout comme contre Holloway, quasi défiguré (même s’il parvint cette fois-ci à aller jusqu’au bout). Les pointage des juges, s’ils sont un peu sévères pour l’américain, rendant néanmoins plutôt fidèlement compte du déroulé de l’ensemble (49-46, 50-45, 50-44).

Si des gens de votre entourage vous demandent des conseils de combats leur permettant d’appréhender la discipline, ceux-ci devraient constituer bonne entrée en matière. Concentrant tout ce pourquoi on aime, chaque week-end, s’enquiller des nuits blanches (avant d’aimer ensuite en débattre des heures durant). C’est la vie qu’on s’est choisi – et qu’on n’échangerait pour rien au monde. See you in 2022, folks !

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