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LNH : l’internationalisation du poste de gardien

Le poste de gardien est probablement le plus dur à développer en hockey. Les perles sont rares et il n’est pas facile de trouver le mur le plus idéal pour arrêter le puck. C’est aussi un poste où les candidats sont prêts plus tardivement pour évoluer en LNH. L’âge d’arrivée d’un gardien dans la grande ligue se situe souvent autour des 23/24 ans. Tellement important mais souvent oublié par certaines franchises, il est déterminant pour remporter la Coupe Stanley. Aucune équipe ces dernières années n’a remporté le Graal sans un bon gardien. Il existe plusieurs nations spécialistes de ce poste avec la Finlande, la Russie mais le Canada semble avoir du mal à trouver son nouveau gardien. Une anomalie pour le pays du hockey. 

La montée en puissance des gardiens non américains

La Ligue a connu une forte internationalisation à tous les postes. Même si le Canada continue à dominer les patinoires Nord-américaines, des superstars internationales commencent à prendre leur place. Ainsi des joueurs internationaux sont en place depuis plusieurs saisons comme Evgeni Malkin, Alex Ovechkin, Artemi Panarin, Erik Karlsson. Néanmoins, le Canada continue à avoir les vedettes de la ligue avec Connor McDavid, Sidney Crosby, Patrice Bergeron, Jonathan Toews. Le poste de gardien a semblé prendre un virage international encore plus important. Ce sont principalement les gardiens Finlandais et les Russes qui occupent les filets des franchises de LNH. Ainsi, Andrei Vasilevskiy, Juuse Saros, Sergei Bobrovsky, Ilya Samsonov, Mikko Koskinen sont les gardiens les plus en vue ces dernières saisons. Les Canadiens ne sont pas en reste avec Carey Price, Marc-André Fleury. 

Néanmoins ces gardiens sont plus proches de la fin de carrière que ceux Finlandais et Russes. La jeune garde peine à s’imposer et le manque de gardien canadien fiable peut poser un problème sur le long terme. D’autres nations semblent aujourd’hui mieux placées que le Canada à ce poste. Les Etats-Unis ont Connor Hellebuyck, John Gibson et Thatcher Demko, les Suédois ont Jacob Markström et Robin Lehner. Des nations jugées plus faibles ont elles aussi développer une formation impressionnante de gardien avec les Allemands avec Philipp Grubauer mais aussi les Lettons avec Elvis Merzlikins. Le Danemark n’est pas en reste avec Frederik Andersen. Des gardiens qui se situent tous parmi les meilleurs gardiens de la ligue. 

Andrei Vasilevskiy, considéré comme le meilleur gardien de la ligue ( PHOTO GARY A. VASQUEZ, USA TODAY SPORTS )

Pour confirmer un peu plus cette internationalisation du poste de gardien, il suffit de regarder les vainqueurs du trophée Vezina sur la dernière décennie. Seuls Marc-André Fleury, Braden Holtby et Carey Price ont gagné ce trophée entre 2009 et 2021 chez les gardiens canadiens. Même si ces gardiens ont eu un impact important sur la ligue durant la même période, il n’y a pas eu d’autres canadiens pour se montrer suffisamment fort. Il suffit de regarder parmi les finalistes sur la même période, très peu de canadiens ont réussi à se hisser parmi les prétendants à ce trophée à l’exception des trois cités précédemment. Seuls Devan Dubnyk, Steve Mason, Roberto Luongo et Martin Brodeur ont réussi cet exploit. Finalement l’ancien gardien des Devils est le dernier gardien canadien a avoir dominé cette catégorie en remportant 4 trophées en cinq saisons. Avant lui, Dominik Hasek et Patrick Roy ont eux aussi remporté à plusieurs reprises ce trophée et incarnent encore aujourd’hui la référence à ce poste.

Les gardiens possèdent aujourd’hui une pratique impressionnante liée à l’évolution des méthodes de travail. Aujourd’hui c’est la technique hybride qui est largement utilisée. Celle-ci est une combinaison entre rester sur ses patins et le «  Buttlerfly ». Elle consiste à adapter sa position en fonction du tir adverse. Ainsi le gardien privilégie le « Buttlerfly » lorsque le puck reste au contact de la glace. Il utilise ses jambières pour arrêter celui-ci. En présence d’un tir plus haut, il reste sur ses pieds pour repousser le palet. Alors que les gardiens ont pendant longtemps préféré rester debout, ils ont évolué vers une position plus basse avec le « Butterfly ». Ils ont du par la suite s’adapter face aux tirs en hauteur ce qui a amené cette technique hybride. À l’origine de cette évolution, François Allaire, entraîneur québécois. Il a fait évoluer Patrick Roy, lui permettant d’être reconnu comme l’un des meilleurs de l’histoire. Désormais les gardiens doivent être capable d’être dynamique pour s’adapter aux tirs de plus en plus imprévisibles des adversaires. Ils essayent d’être beaucoup plus rapide et glisser sur la glace pour se repositionner en cas de rebond devant leur filet. Des évolutions importantes et demandant aux gardiens un travail plus conséquent: «Carey Price est l’aboutissement d’une technique spécifique maîtrisée à la perfection alliée à une vitesse d’exécution très rapide et contrôlée avec une excellente prise de décision du geste pour effectuer l’arrêt sans oublier une sérénité à toute épreuve, une grande force mentale et de concentration» ( Fabrice Lhenry, ancien gardien de l’équipe de France ).

François Allaire a eu un impact important sur différentes générations de gardiens. Il a apporté sa vision et ils sont nombreux à s’être entrainés sous ses ordres. Parmi eux, Semyon Varlamov a eu l’occasion de le faire lors de l’intersaison en 2013. Une manière de s’améliorer et d’évoluer dans son jeu:  » Je sais que j’ai toujours besoin de m’améliorer, de continuer à travailler pour être meilleur (…). Je me sens plus à l’aise ici maintenant. Je suis ici depuis quelques années maintenant et je connais beaucoup mieux les gars. J’ai l’impression d’avoir une bonne chance  » ( Semyon Varlamov ). Des gardiens internationaux formés à cette méthode. Mais cela ne suffit pas pour devenir une référence.

Si les gardiens internationaux se développent autant c’est grâce aux différents programmes mis en place dans les pays européens. Plusieurs nations sont aujourd’hui reconnues pour le développement de gardiens. 

Le système finlandais, modèle de la formation des gardiens 

Pour comprendre cette internationalisation au poste de gardien, il convient de regarder l’apprentissage dans l’une des écoles les plus reconnues, celles finlandaises. Il semble que ce développement de grands gardiens finlandais s’expliquent par des pionniers, des joueurs ayant inspiré les jeunes générations. Si des Pekka Rinne, Juuse Saros, Tuukka Rask ou encore Mikko Koskinen ont réussi à évoluer en LNH c’est grâce à des champions d’exception. C’est en tout cas ce que pense Jaako Rosendahl, entraineur des gardiens du club d’Assat, ayant formé Kari Takko, l’un des premiers gardiens finlandais a avoir évolué sur les patinoires américaines. Il se rappelle que durant son enfance, la Finlande a remporté son premier championnat du monde avec Jarmo Myllys. Une légende dans ce petit pays nordique qui a joué 39 matchs en LNH:  » Les modèles sont importants (…). Je suis sûr que beaucoup d’enfants voulaient jouer au goal grâce à Myllys et quand les Finlandais ont finalement fait leur percée dans LNH, ils ont pris confiance en eux  » ( Jaako Rosendahl ). Ainsi la fédération a mis en place un vaste système pour mettre en avant ces gardiens. Le Club d’Assat a par exemple 18 entraineurs des gardiens pour ses 12 équipes juniors et son équipe senior. Une véritable compétition existe au sein de la ligue, laissant peu de places à des gardiens étrangers. Ainsi seulement trois gardiens non-finlandais ont remporté le trophée Urpo Ylönen, l’équivalent du Vézina. 

Urpo Ylönen, architecte de la formation finlandaise ( alchetron.com )

Cette récompense tient son nom en référence à l’ancien gardien finlandais ayant porté le maillot national pendant plus de 14 ans. Une véritable icône dans le pays, approché par la fédération pour développer un système. Il remarque une vraie différence entre les nations:  » Les gardiens finlandais sont plus calmes, mieux à lire le jeu. les gardiens de but russes ressemblent d’avantage à des robots, ces sont des gardiens raides, plus forts et puissants. Les Tchèques sont acrobatiques et bougent beaucoup plus avec des réflexes. Une chose principale est de savoir comment vous êtes sur vos patins. Les gardiens tchèques sont beaucoup sur le talon arrière  » ( Urpo Ylönen ).

Jamie McLennan, ancien gardien mais aussi coach des Flames de Calgary avant d’être analyste pour la télé, s’est rendu plusieurs fois en Finlande pour comprendre toutes ces différences:  » Ils sont avancés par rapport à certaines des choses qui se font ici. Si vous regardez beaucoup de gardiens de but finlandais, leur force est leur mouvement latéral et leur patinage, ainsi que leur contrôle du rebond. Ils sont très bons pour attraper les rondelles  » ( Jamie McLennan ). Finalement l’école finlandaise tente d’éviter d’accorder des secondes chances aux attaquants adverses. Le véritable objectif est d’attraper le puck lorsque c’est possible ou le rediriger dans une direction opposée. Aujourd’hui, le «  butterfly » est la technique la plus utilisée dans les différentes ligues et mis en avant dans les écoles canadiennes. 

Le premier gardien formé par Ylönen n’est autre que Miikka Kiprusoff, vainqueur du trophée Vezina en 2006. Il a mené les Flames jusqu’aux finales en 2004, échouant de peu dans un match 7. Il a travaillé sur ses réflexes, sur le contrôle du puck. Avec son entraineur, il utilise le badminton comme préparation et ainsi travailler le jeu de jambes et l’agilité. Des manières différentes de s’entrainer par rapport aux écoles nord-américaines. Jim Bedard importe cette manière de s’entrainer lorsqu’il est nommé entraineur des gardiens des grands Red Wings:  » La première chose qu’ils font est de laisser tomber les rondelles dans la fente haute en prenant des tirs délibérément lents de l’extérieur et de lasser le gardien sentir la rondelle  » ( Chris Koentges reprenant les propos de Jim Bedard ). Un très bon entraînement pour travailler sa coordination et ses réflexes.

Avoir des gardiens n’est pas forcément suffisant. Il faut aussi avoir la technique pour devenir l’un des meilleurs. Pour certains gardiens, il semblerait que le Pesapallo, l’équivalent du baseball au pays du père Noël, soit à l’origine de ces réflexes. Pekka Rinne explique lui-même avoir pratiqué ce sport, l’aidant pour attraper le palet avec son gant:  » Quand j’étais enfant, je portais le gant tout le temps et j’aime toujours attraper la rondelle si je peux (…). Je pense que cela remonte au pesapallo, mais ce n’est probablement pas toute l’explication. Je ne connais aucun autre gardien finlandais qui a joué au pesapallo  » ( Pekka Rinne ). Même si tous n’ont pas pratiqué ce sport, Tuukka Rask est lui aussi d’accord avec ce constat des gardiens finlandais:  » Seulement à l’école …. mais je pense que cela a du sens (…). Les Finlandais sont bons avec leurs mains, et regardez simplement Rinne. Je pense que les gardiens finlandais sont des receveurs plus que les autres nationalités  » ( Tuukka Rask ).

Enfin, les différents spécialistes finlandais expliquent que les jeunes gardiens canadiens et finlandais sont différents physiquement à 18 ans:  » C’est un fait avéré. Cela vient plus tard. Quand vous avez 19, 20 ans, vous commencez à développer plus de muscles. Si vous comparez un Finlandais de 18 ans avec un gardien de but ou un joueur canadien de 18 ans, c’est un gars maigre, et les Canadiens sont déjà des adultes forts  » ( Urpo Ylönen ). Une manière de travailler d’autres aspects du jeu et s’adapter alors à cette différence. Aujourd’hui, beaucoup de nations se sont inspirées du système finlandais à commencer par leurs voisins suédois qui voient émerger de nombreux gardiens aujourd’hui. 

La renaissance des gardiens russes portée par les anciens 

La LNH possède aujourd’hui un très grand nombre de gardiens dans les meilleures franchises du continent. Le Lightning n’aurait surement pas gagné ses deux coupes sans Vasilevskiy, les Islanders ne laissent que très peu de buts être inscrits chez eux grâce à leur duo Sorokin/Varlamov. Sergei Bobrovski n’est pas à oublier puisqu’il est le seul à avoir remporté deux fois le trophée Vézina sur la dernière décennie. D’autres noms peuvent être cités mais il est indéniable que les gardiens russes ont pris le pouvoir aux côtés des finlandais dans la grande ligue. 

Pour comprendre cette renaissance, il faut remonter à Vladislav Tretiak, considéré comme l’un des meilleurs de sa génération. Avec l’équipe Russe et le CSKA Moscou, il a révolutionné la position des gardiens et beaucoup s’en inspirent dans l’ère moderne. Il s’est fait remarquer lors de la première «  Summit Series » entre le Canada et la Russie en 1972. Une série où il a surpris les fans en montrant une technique différente. Si le «  Butterfly Style » est pratiqué à outrance en Amérique du Nord, le gardien russe est arrivé avec une touche personnelle alliant le Butterfly et une manière de se lever pour arrêter les tirs adverses. Durant cette série, il se met en avant avec 3,87GAA et 88,4% d’arrêts. Des statistiques impressionnantes pour un jeune gardien de 20 ans. À titre de comparaison sur des éditions suivantes, des gardiens comme Ken Dryden ou Tony Esposito n’ont pas fait mieux. Il est considéré à ce jour comme l’un des meilleurs gardiens à ne pas avoir évolué en LNH. 

Vladislav Tretiak, gardien historique de la Russie ( DMITRI DONSKOI / RIA NOVOSTI )

L’héritage de Tretiak ne s’arrête pas là. Après sa retraite, il est devenu entraineur des gardiens des Hawks. Edward Belfour, le gardien de la franchise de Chicago à ce moment, a grandi en tant que fan de la légende russe. Il a eu une grande influence sur le jeune Canadien, lui permettant de sortir une grosse saison avec un bilan de 43/19/7 et 2,47 buts alloués en moyenne et 91% d’arrêts, ses meilleures statistiques dans son début de carrière. Malgré la barrière de la langue, il a réussi à apporter une nouvelle vision de jeu et a aussi amélioré le positionnement de Belfour. En une seule année de collaboration, il a influencé le gardien canadien pour le reste de sa carrière. Après cette courte expérience d’entraîneur d’une équipe, il s’est tourné vers l’enseignement en ouvrant une des meilleures écoles du monde. Plusieurs grands gardiens y sont passés comme Martin Brodeur ou Jose Theodore. 

Devenu président de la fédération de hockey russe, il a continué à apporter cet enseignement en Russie. À l’instar de nombreux anciens gardiens, il est rentré au pays pour relancer le système russe en berne depuis la chute du bloc communiste. Evgeni Nabokov explique ce retour au premier plan des gardiens russes:  » C’est un peu plus organisé. Maintenant, chaque équipe a un entraîneur de gardien de but et des tonnes de camps tout au long de l’été où vous pouvez aller et être bien détaillé et ils préparent les enfants sur le plan technique dès le plus jeune âge  » ( Evgeni Nabokov ). L’actuel entraineur des gardiens des Sharks voit dans ce retour au premier plan, aussi un changement dans la société russe. Alors que le hockey n’est plus dans les préoccupations des Russes après la chute du bloc, il a aujourd’hui repris une place importante. Les écoles de hockey ont ouvert et les entraineurs sont revenus pour former des générations de gardiens et de joueurs de hockey en général. 

Ilya Kovalchuk fait un constat similaire:  » C’est fou maintenant que nous avons tous ces gardiens parce qu’avant c’était notre problème, mais maintenant nous avons tellement de bons gardiens (…). Cela dit que le système de hockey se développe en Russie. Les gardiens de but à la retraite aident le système à faire de ces jeunes enfants de bons joueurs. C’est formidable de voir que beaucoup de gars viennent dans la LNH comme Vasilevskiy, Varlamov et tous ces gars, Bobrovsky. Ils dominent tous. C’est bien  » ( Ilya Kovalchuk ). La Russie a l’embarras du choix aujourd’hui et cette domination se manifeste par un nombre conséquent de gardiens arrivant chaque année dans la ligue.

Un système canadien en recherche de solutions 

De nombreux gardiens nord-américains ont marqué l’histoire du hockey international. Glenn Hall est considéré comme le premier à avoir utilisé la technique du « Butterfly ». « Mr Goalie » a influencé un bon nombre de jeunes Canadiens à son époque. Des grands noms comme Tony Esposito, Patrick Roy, ou Jacques Plante ont aussi dominé la ligue à l’heure époque. Mais aujourd’hui le Canada semble perdre l’ascendant à ce poste. Même si le système produit toujours plus de gardiens en LNH, les meilleurs ne sont plus les canadiens. 

Le principal problème semble venir de la manière de travailler. Les jeunes gardiens canadiens ne sont pas formés de la même manière que les européens. Martin Biron, ancien gardien de LNH et actuel analyste sur les matchs des Sabres, voit une baisse de grands gardiens canadiens par un manque d’intérêt au Québec. En effet, la province a produit de nombreux gardiens comme Jacques Plante ou encore Brodeur, Jean-Sebastien Giguère et Patrick Lalime. En 2003, lors des finales de conférence, les quatre gardiens sont d’origine canadienne avec Manny Fernandez provenant de l’Ontario. Le Québec a produit ce qui se fait de mieux à ce poste avec 18 Vezina remportés entre 1989 et 2008 par un gardien né dans cette province. Pour lui, la fermeture de l’école de gardiens de Frank et Benny à Montréal a réduit le développement de ces joueurs au Québec. L’autre explication peut provenir de la délocalisation des Nordiques. Une baisse d’intérêt pour le hockey et les jeunes se tournent alors vers d’autres sports. Brodeur semble confirmer ces propos:  » De mon point de vue, j’admirais Patrick Roy. Ensuite, je suis venu avec Félix Potvin, et il y avait quelque chose à regarder pour les jeunes du Québec (…). Et puis il y avait Jose Theodore et Roberto Luongo et d’autres gars qui sont venus après ma tranche d’âge  » ( Martin Brodeur ). Aujourd’hui la ligue a moins de gardiens québécois avec seulement Marc-André Fleury et Jonathan Bernier. 

Patrick Roy, l’un des meilleurs gardiens de l’histoire de la ligue ( GETTY IMAGES / FOCUS ON SPORT )

Le constat est le même dans l’Ontario. Face à cette crise, la ligue canadienne a un temps banni les gardiens non-américains pour permettre le développement de siens. Une mesure mise en place en 2014 et rapidement contestée. Aujourd’hui elle a disparu mais elle montre l’inquiétude qui règne autour du manque de profondeur chez les gardiens canadiens. Jon Elkin, président d’une école de gardiens dans l’Ontario travaillant avec les Coyotes et les Toronto Marlies, met en avant le manque de gardiens provenant de la province. Sur 29 gardiens repêchés en 2018, 11 proviennent du Canada dont 2 seulement de l’Ontario. Il pointe du doigt le manque de jeu des jeunes gardiens remplaçants, ceux-ci jouant peu dans l’OHL. Pour lui, le meilleur moyen de s’améliorer est de jouer face à des tirs durant les matchs. Il propose de laisser ces jeunes se développer dans des équipes juniors ou des équipes de Tiers 2. 

Si Carey Price, Marc-André Fleury ou encore Braden Holtby ont eu un impact important ces dernières années et font toujours partie des meilleures de la ligue, leurs successeurs ne semblent pas être encore arrivés. Matt Murray, un temps considéré comme le successeur du gardien des Hawks, n’a pas confirmé après son double titre de champion avec les Pens. Il a faibli sur le plan mental et n’est plus que l’ombre de lui-même aujourd’hui aux Senators. Il en est de même pour un joueur comme Carter Hart. Le gardien des Flyers a réalisé deux bonnes saisons avant de sombrer petit à petit sous la pression. Il commet encore de nombreuses erreurs coutant des matchs à sa franchise. Si pour l’instant, il est encore loin de la descente aux enfers de Matt Murray, son cas ne doit pas être pris à la légère. 

Aujourd’hui, les gardiens canadiens les plus en vue sont probablement Jordan Binnington, Darcy Kuemper ou encore Tristan Jarry. Une nouvelle génération en manque de régularité, capable du meilleur comme du pire. Le protecteur des filets de Saint-Louis n’a pas réussi à confirmer sa bonne saison, amenant les Blues jusqu’à leur première Coupe Stanley. Tristan Jarry ne parvient pas à passer la barrière mentale des séries. Enfin Kuemper commence à avoir une certaine expérience en LNH mais il a mis du temps avant d’avoir sa chance dans une équipe compétitive. Ses derniers mondiaux ont été excellents en tant que gardien titulaire avec 91,6% d’arrêts ainsi que 2,17 buts alloués en moyenne en 8 rencontres. Ses bonnes performances ont attiré l’intérêt de l’Avalanche après le départ de Grubauer. Une nouvelle aventure dans une équipe jouant le titre et il doit désormais confirmer ses bonnes performances. 

Lors des différentes projections du Canada pour les JO, seul le poste de gardien est apparu comme étant incertain et sans vrai leader. Carey Price n’est pas encore remis de ses problèmes personnels. Fleury n’est pas celui des dernières saisons et les jeunes alternent le bon et le moins bon. C’est probablement le secteur dans lequel « Team Canada » est inférieur à d’autres nations. Les Etats-Unis semblent avoir pris le dessus dans la ligue avec des gardiens précieux ces dernières années pour les franchises. Ainsi Ben Bishop a été l’un des gardiens majeurs des Stars avant de mettre fin à sa carrière récemment en raison des blessures. Mais l’avenir est déjà présent avec Demko, Hellebuyck, Nedeljkovic, John Gibson ou encore Jake Campbell, artificier de la série de victoires des Leafs cette saison.

Le Canada a produit un grand nombre de gardiens parmi lesquels des grands noms de la ligue comme Patrick Roy, Martin Brodeur et tant d’autres. Les gardiens internationaux ont eux aussi une place importante avec Dominik Hasek ou Vladislav Tretiak. Si ce n’est pas encore inquiétant pour le Canada qui compte encore un grand nombre de gardiens canadiens dans la ligue, il manque celui qui est incontournable. Celui capable d’éveiller les fans comme peut le faire Carey Price.

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