Après environ 47 matchs, la saison régulière de Kontinental Hockey League est entrée dans sa dernière ligne droite. Certaines équipes ont confirmé, d’autres ont surpris voire carrément déçus. Au moment où la ligue Russe est également touchée par le variant Omicron, voici un petit tour d’horizon des deux conférences.

Conférence Ouest : Entre lutte acharnée et surprises
La Conférence Ouest est souvent réglée comme du papier à musique, la lutte pour les deux premières places tournant autour des ogres des “clubs de l’armée” le CSKA Moscou et le SKA Saint-Pétersbourg. Les accessits sont souvent l’affaire des outsiders romantiques qui n’ont que leurs espoirs souvent déçus comme horizon. Mais cette saison l’affaire semble une peu plus ouverte.
Favoris : Les armées en pointe

L’effectif pléthorique du SKA peut expliquer leur belle saison. Les attaquants Andrei Kuzmenko (53 points, 20 buts et 33 assists) et Anton Burdasov (42 points, 23 buts et 19 assists) font partis des meilleurs pointeurs de la ligue. L’arrivée de Leo Komarov en provenance des Islanders de New York permet une meilleure stabilité offensive. Défensivement, le Suédois Lars Johannson se dresse tel un rempart face aux assauts adverses. En 33 rencontres, l’ancien gardien du CSKA Moscou enregistre une moyenne de 93,4 % d’arrêts et une moyenne de buts allouée de 1.61 buts par match, faisant de lui le meilleur gardien actuel de la ligue.
Sans oublier l’éclosion de jeunes talents comme Matvei Michkov et Yaroslav Askarov qui profitent des quelques matchs où ils sont alignés pour démontrer l’excellence de la formation junior au SKA.
Le CSKA Moscou, actuellement troisième, étonne. Double finaliste en titre, le club de l’Armée Rouge ne connait plus la même domination que ces dernières années. Malgré l’excellent travail offensif de Mikhail Grigorenko, Konstantin Okulov et du défenseur Nikita Nesterov (tous trois avec 33 points), c’est plutôt du côté des gardiens où le bât-blesse. Ivan Fedotov (91,9 % d’arrêts et à 2 buts de moyenne) et Adam Reideborn (90,2 % d’arrêts et 2.37 buts de moyenne) vont devoir hausser leur niveau en séries pour éviter une grosse désillusion aux joueurs de Sergei Fedorov
Outsiders : Deux belles surprises

L’excellente forme du Dynamo Moscou et du Jokerit Helsinki pourrait surprendre à plus d’un titre.
Le Dynamo emmené par le meilleur compteur de la KHL : Vadim Shipachyov (64 points – 24 buts 40 assists) talonne le SKA et tient tête à son grand rival moscovite le CSKA. L’expérimenté gardien russe Alexander Eremenko (41 ans) tient encore la baraque avec ses 92 % d’arrêts et avec sa moyenne de 2.06 GAA.
Depuis leur arrivée dans la KHL en 2014, les joueurs du Jokerit Helsinki n’ont jamais raté le rendez-vous des play-offs. Toutefois, cette saison ils sont un peu plus que des outsiders. Bien emmenés par leur ex-NHLers Brian O’Neill (40 points, 9 buts et 31 assists), Nicklas Jensen (33 points, 18 buts et 15 assists) et Jordan Schroeder (28 points, 11 buts et 17 assists), les joueurs de Lauri Marjamäki donnent du fil à retordre et pourraient voir loin en séries.
Déception : Le cauchemar Letton

Le Dinamo Riga continue sa lente descente aux enfers. Le club letton n’a plus été au rendez-vous des séries depuis 2014 et la tendance se confirme à nouveau cette saison. Avec un bilan de seulement 9 victoires, les joueurs de Vladimir Krikunov semblent incapables de trouver des solutions tant le fossé semble énorme avec les autres équipes de la ligue. L’arrivée du fantasque gardien Tchèque, Julius Hudacek, n’a rien changé aux difficultés défensives. L’attaque est anémique : Seuls Lukas Radil et Nikolajs Jelisejevs arrivent péniblement à dépasser les 20 points cette saison. Il va falloir une vraie remise en question pour réussir à inverser cette tendance la saison prochaine.
Conférence Est : Le Traktor en roue libre
La Conférence Est est souvent la plus disputée. On retrouve les favoris habituels : Omsk, Kazan, Oufa, Magnitogorsk qui se battent pour les places d’honneurs. On y retrouve également les équipes les plus décevantes de la ligue : Vladivostok et Kunlun. Mais cette saison, la surprise vient de Tcheliabinsk.
La saison météorique de Tcheliabinsk

Tcheliabinsk, cette ville du Sud de l’Oural ne vous dira sans doute pas grand chose. Il faut dire que le seul évènement récent qui a eu un retentissement mondial, c’est la météorite qui était tombée dans un lac à proximité de la ville en Février 2013.
Désormais, Tcheliabinsk risque d’être connue, du moins des amateurs de hockey, pour la magnifique saison faite par les joueurs d’Anvar Gatiyatulin . En effet, le Traktor est à la lutte avec les grosses écuries que sont le Metallurg Magnitogorsk, l’AK BARS Kazan, le Salavat Yulaev Oufa et l’Avangard Omsk.
Dotée d’une force de frappe foudroyante, menée par le défenseur Biélorusse d’origine américaine, Nick Bailen (42 points), Lukas Sedlak (41 points) Nikita Tertyshny (35 points) Tomas Hyka (34 points) et Teemu Pulkkinen (33 points), le Traktor donne des sueurs froides à toutes les équipes qui croisent sa route. Devant le filet, c’est du solide avec Roman Will (93 % d’arrêts et 2.18 de moyenne de buts alloués).
Mais attention, dominer n’est pas gagner, et Tcheliabinsk devra conserver le momentum afin d’éviter de terminer comme sa fameuse météorite.
Des gros favoris en embuscade

Derrière le Traktor, la résistance s’organise. Tout d’abord à Magnitogorsk où le Metallurg fait office d’épouvantail. Beaucoup d’observateurs se demandaient comment allait se comporter Magnitogorsk après la retraite de Sergei Mozyakin (le meilleur pointeur de l’histoire du club avec 553 points en 519 matchs). Finalement le Metallurg est toujours une machine à scorer. En témoignent les 38 points comptés par Nikolai Goldobin et Philippe Maillet. Sans oublier le duo de gardiens Vassili Koshechkin et Juho Olkinuora qui renforcent une défensive déjà solide.
Un peu plus en retrait, on trouve une duo bien connu : Kazan et Oufa. Les rivaux se rendent coup pour coup. L’avantage allant plutôt du coté du club Tatare.
Un peu en retrait, le champion en titre, l’Avangard Omsk, doit cravacher pour éviter de se faire dépasser par le Sibir Novossibirsk.
Vladivostok et Kunlun : Toujours aussi décevants

En bas de tableau, on retrouve les deux pires équipes de la KHL. L’Admiral Vladivostok et le Kunlun RedStar.
Au bord de l’Océan Pacifique, l’Admiral Vladivostok traine sa peine comme les marins trainent leur chaluts. Comme dans le cas de Riga, rien ne semble vouloir fonctionner. Certes il y a quelques moments de répit, mais leurs huit petites victoires ne pourront pas adoucir la déceptions des partisans.
Et que dire de Kunlun ? L’équipe qui sert de base pour la sélection chinoise des prochains J.O. Impossible de savoir ce qui cloche dans cette équipe. Premièrement ils ne jouent pas à Pékin, comme prévu, mais dans la banlieue de Moscou dans la patinoire Mytishchi. Donc autant dire qu’elle n’a quasiment pas de fan-base solide. Ensuite, le niveau de jeu est faible, très faible même. Sept petites victoires à se mettre sous la dent, un effectif remanié pour préparer les Jeux, et une faiblesse à tous les étages. Certes le hockey est en voie de développement en Chine, mais il va falloir bien plus que des saisons à sept victoires pour attiser l’intérêt de l’Empire du Milieu.
📣Dernières nouvelles du front
Révolution à Saint-Pétersbourg
Malgré sa position de leader de la Conférence Ouest. En coulisse, rien n’est simple au SKA Saint-Pétersbourg. C’est une révolution qui a secoué l’édifice Pétersbourgeois. En effet, l’entraîneur-chef, le très expérimenté Valeri Bragin, vient d’être rétrogradé.
Son remplaçant n’est autre que le vice-président du SKA Roman Rotenberg (fils de Boris Rotenberg, un oligarque proche de Vladimir Poutine). Bragin devient ainsi l’entraîneur-assistant de Rotenberg (qui n’a aucune expérience à ce poste).
La raison invoquée pour ce choix étrange ? “Pour améliorer le management de l’équipe“, a déclaré Rotenberg dans une interview au Moscow Times.
De son coté, Valeri Bragin a annoncé, dans une déclaration officielle, que “tout a fonctionné, nous avons obtenus des résultats positifs“. Par ailleurs, Valeri Bragin avait été démis de ses fonctions de sélectionneur de l’équipe nationale à l’automne 2020.
Si vous voulez en savoir plus sur Roman Rotenberg, voici un excellent thread sur ce sujet.
Le match des étoiles annulés

Le match des étoiles de la KHL et de la ZhHL, qui devait se dérouler, du samedi 8 au dimanche 16 janvier 2022, dans la Traktor Arena de Tcheliabinsk, a été reporté en 2023.
La raison invoquée est qu’à la suite de la décision de la LNH de ne pas participer aux Jeux Olympiques de Pékin, la KHL, comme la ZhHL (la ligue féminine russe), risque de voir un grand nombre de leurs joueurs être mobilisés pour le tournoi olympique. De plus, les conditions sanitaires se détériorant, le fait de déplacer des joueurs venant de différents pays, risque de mettre en difficulté les nations participantes aux Jeux.
Ainsi le Conseil d’administration de la KHL et celui de la ZhHL, avec le gouverneur de la région de Tcheliabinsk, ont préféré reporter la semaine du match des étoiles en 2023.
Le variant Omicron perturbe la fin de saison
Que ce soit dans la vie de tous les jours, le variant Omicron perturbe notre quotidien. Il en va de même dans toutes les compétitions à travers le monde. La KHL ne fait pas exception. En effet, au dimanche 9 janvier 2022, quatre équipes sont touchées par le virus : Le Dinamo Riga rejoint le CSKA Moscou, le Salavat Yulaev Oufa et l’Avtomobilist Ekaterinbourg (le club où évolue le français Stéphane Da Costa).
Le Conseil d’administration de la KHL doit se réunir prochainement afin d’aborder plusieurs points. Comment rattraper les matchs reportés ? Comment assurer la sécurité des joueurs, encadrants et personnels des patinoires ? Comment assurer la fin de saison ?
D’après les dernières informations, la KHL ne récupèrera pas les rencontres lors de la trêve olympique. Ceci afin d’assurer l’équité sportive entre les participants. La solution envisagée serait de raccourcir le premier tour des séries passant de sept à cinq matchs.