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Patinage de vitesse, les fusées des glaces

En attendant les Jeux Olympiques, qui se tiendront du vendredi 4 au dimanche 20 février 2022, la rédac’ Sports d’Hiver du CCS se mobilise afin de vous préparer au mieux en vue de cette échéance. C’est pourquoi nous vous proposerons au tout au long de ce début de saison, des articles présentant les différents sports ainsi que leurs disciplines, les athlètes qui ont marqué l’histoire, et ceux qui sont prêts à l’écrire… Aujourd’hui, présentation du patinage de vitesse alors que les championnats d’Europe se déroulent en ce moment.

Le patinage de vitesse en quelques chiffres

Année de fondation de la fédération : 1892

Pays les plus médaillés aux championnats du monde : Pays-Bas

Apparition aux Jeux Olympiques : 1924

Athlètes les plus titrés : Lidia Skoblikova (6), Clas Thunberg & Eric Heiden (5)

Athlètes les plus médaillés : Ireen Wüst (11) & Sven Kramer (9)

Pays le plus titré : Pays-bas (42 titres, 121 médailles)

Nombre de médailles françaises : 0

Les différentes disciplines

Le patinage de vitesse est un sport de glace né aux Pays-Bas. Des patineurs s’affrontent dans des courses sur un anneau de 400 m de circonférence au centre. L’épreuve la plus représentée est la distance simple. Il s’agit d’un contre la montre en face à face. Pour cette épreuve, chaque patineur possède sa ligne et ils inversent dans la ligne droite une fois un tour complété. Ils alternent ainsi entre l’intérieur et l’extérieur parcourant la même distance. Chaque patineur ne court qu’une fois et son temps sert de classement final. Une exception est faite pour la distance la plus courte, le 500 m, où la durée de deux courses sert de total pour la classement.

Cinq distances existent pour chaque sexe. Les hommes concourent sur 500 m, 1 000 m, 1 500 m, 5 000 m et 10 000 m, quand les femmes le font sur 500, 1 000, 1 500, 3 000 et 5 000 m.

Une deuxième épreuve est le départ groupé ou mass-start. Plus spectaculaire, elle se déroule sur 6 400 m, soit l’équivalent de 16 tours. Vingt-quatre patineurs démarrent la course en même temps et le podium dépend de l’ordre d’arrivée. Mais le classement à partir de de la 4e place dépend de points obtenus au cours de sprints intermédiaires se déroulant tous les quatre tours. Ainsi, la course devient stratégique pour savoir s’il faut viser les points des sprints intermédiaires pour le classement final ou essayer de s’économiser pour le podium quitte à tout perdre.

La dernière épreuve est la poursuite par équipes. Au cours de cette course, les équipes, composées de trois patineurs, partent à l’opposé l’une de l’autre sur la piste. Les patineurs doivent rester groupés tout au long de la course. Lors des compétitions classiques, le classement est obtenu de la même façon que pour la distance simple au contre la montre. Le chronomètre s’arrête lorsque le 3e patineur franchit la ligne. Pour cette épreuve en équipe, les femmes parcourent 2 400 m et les hommes 3 200 m. Depuis 2019, une épreuve de sprint par équipe reprend le même format mais sur une distance plus courte. Que ce soit les hommes ou les femmes, ils patinent sur trois tours, soit 1 200 m.

En revanche, le format olympique de la poursuite est différent puisqu’il s’agit de courses à éliminations. Huit équipes s’affrontent à partir de quarts de finale. À chaque fois, l’équipe vainqueur avance au tour suivant. Elle gagne si le 3e patineur dépasse la ligne d’arrivée avant le 3e patineur de l’équipe adverse ou bien si le 1er patineur dépasse le 3ème patineur, synonyme d’un demi-tour d’avance.

Organisation d’une saison régulière

Chaque année, un circuit de coupe du monde se déroule. Les compétitions prennent place dans différentes villes. Les épreuves de distance sont présentes à chacune des étapes, parfois doublées pour celles de sprint, à l’exception du 5 000 m et 10 000 m. En effet, ces deux distances sont regroupées dans un classement Longue distance. Les épreuves de type poursuite ou mass-start ne sont en revanche pas présentes à chacune d’entre elles.

À la fin de la saison, les vainqueurs sont récompensés par discipline en fonction des points acquis à chaque compétition. Le circuit coupe du monde est important car il est qualificatif aux championnats du monde, notamment ceux de sprint. Un prix pour le classement général existe en fonction des années. Sa dernière apparition date de la saison 2017-2018.

En parallèle du circuit coupe du monde, trois types de championnats du monde sont organisés : le toutes épreuves, sprint & simple distance. Malgré une tentative de rapprochement des trois en une unique compétition lors de la saison 2019-2020, ils restent bien distincts pour l’instant. Pour chacune des épreuves, chaque nation à le droit à trois représentants à l’exception de la mass-start où il ne peut y en avoir que deux.

Le néerlandais Sven Kramer est le patineur le plus titré en toutes épreuves et simple distance (Getty Image)

Les championnats du monde toutes épreuves sont les premiers à avoir existé. Ils voient le jour en 1893 chez les hommes et en 1936 chez les femmes. Ces championnats du monde récompensent le patineur le plus constant sur l’ensemble des épreuves sous forme d’une compétition en combiné. En effet, chacun concourt sur quatre épreuves avec leur unique temps comptabilisé : 500, 1 500, 5 000 et 10 000 m pour les hommes, 500, 1 500, 3 000 et 5 000 m pour les femmes.

Pour calculer le classement total, le système de notation Samalog (mettre ensemble ou somme totale en danois et en norvégien) est utilisé. Il consiste à additionner les temps moyens sur 500 m des différentes épreuves et les convertir en points. Par exemple, pour les temps suivants 500 m : 36 s ; 1 500 m : 108 s ; 5 000 : 380 s ; 10 000 : 800 s, le calcul serait : 36 + 108/3 + 380/10 + 800/20 = 36 + 36 + 38 + 40 = 150 points. Le patineur ayant le moins de points est sacré champion du monde.

Ces championnats du monde sont désormais uniquement prévus tous les deux ans, ce qui fait grand bruit. En effet, il s’agit de l’épreuve initiale existant depuis plus de 100 ans. Néanmoins, son manque de popularité auprès de certains athlètes, notamment ceux spécialisés dans une distance, donne envie à l’Union internationale de patinage (ISU) de les faire disparaître. Une problématique que l’on retrouve également sur l’épreuve du 10 000 m, moins souvent présente que les autres. Avec moins de compétitions pour s’entraîner, elle amène également moins d’athlètes.

Les championnats du monde de sprint existent depuis 1970. Au cours de ces championnats du monde, les patineurs courent un 500 m et un 1 000 m. Les temps sont convertis à l’aide du système Samalog et le patineur ayant le nombre de points le plus faible est champion du monde. Contrairement aux autres championnats du monde dominés par quelques nations, ceux-ci mettent en avant des pays moins forts globalement, notamment la Corée du Sud, le Japon ou encore la Chine qui n’ont aucune médaille aux championnats du monde toutes épreuves.

Les championnats du monde simple distance font leur apparition en 1996. Ils sont créés en réponse à la spécialisation des patineurs sur des distances spécifiques. Au cours de ces championnats du monde, chaque discipline est récompensée et des épreuves comme la mass-start ou les épreuves en équipe sont présentes. Contrairement aux autres championnats du monde, ils ne sont pas présents en année olympique, les Jeux se déroulant sur le même type de format.

Le patinage de vitesse aux Jeux Olympiques

Le patinage de vitesse fait ses débuts dès les premiers Jeux Olympiques d’hiver à Chamonix. En 1924, seuls les hommes concourent sur cinq épreuves, dont le combiné aujourd’hui disparu. Il faudra attendre les Jeux à Squaw Valley en 1960 pour que les femmes aient également le droit de participer. Auparavant, elles avaient fait une brève apparition en démonstration lors des Jeux de Lake Placid en 1932.

Alors que pendant des années il n’y a que quatre épreuves, une nouvelle distance fait son apparition en 1976 à Innsbruck : le 1 500 m pour les hommes. Quant aux femmes, leur 5e distance arrive à Calgary en 1988 : le 5 000 m.

Ce n’est qu’en 2006 à Turin que la première épreuve de poursuite féminine comme masculine a lieu. Cette discipline en équipe est alors toute récente, n’ayant été présente qu’à une seule reprise aux championnats du monde l’année précédente. Quant à la mass-start, elle fait ses débuts lors des Jeux de Pyeongchang en 2018 et reste la dernière arrivée.

Stars passées et actuelles de la discipline

Dans cette discipline principalement dominée par les Néerlandais, le patineur de vitesse qui a écrit l’histoire est Sven Kramer. Entre 2005 et 2018, il a dominé la discipline sans pareil. Fils d’un champion de patinage de vitesse, il a hérité du talent de son père pour ce sport. Dès ses 19 ans, il bat le record du monde du 5 000 m. Il bat également à plusieurs reprises celui du 10 000 m et de la poursuite en équipe avec ses coéquipiers. Il est également détenteur du record olympique du 5 000 m depuis les Jeux de Pyeongchang.

S’il n’est pas l’athlète le plus titré aux Jeux Olympiques, il est l’homme le plus médaillé avec neuf médailles – dont quatre d’or – réparties sur quatre olympiades. Il écrase également la concurrence aux championnats du monde de simple distance, où il est titré 21 fois. Pour se rendre compte de la performance, le suivant dans la liste, l’Américain Shani Davis, ne l’est que huit fois. Et il détient également le record de titres de champion du monde toutes épreuves avec neuf titres et trois 3e places. Son immense longévité lui a permis de gagner ces nombreux titres ainsi que son niveau régulier en 5 000 m et 10 000 m.

Clas Thunberg domine les débuts de la discipline

Un des autres grands noms a sévi aux débuts de la discipline. Clas Thunberg a rapporté cinq médailles d’or olympiques à la Finlande sur les deux premières éditions. Il est également cinq fois champion du monde toute épreuve lors des premières compétitions.

Mais dans les patineurs ayant écrit l’histoire de ce sport, il ne faut pas non plus oublier Erik Heiden. L’Américain est incroyable lors des Jeux Olympiques de Lake Placid en 1980. Il y remporte cinq médailles d’or et bat quatre records olympiques et un du monde. Avec ses cinq médailles, il obtient plus de médailles d’or que tous les pays à l’exception de l’URSS et de l’Allemagne de l’Est ! Il est également trois fois champions du monde toute épreuve. En s’imposant sur toutes les distances en 1980, il montre sa supériorité sur l’ensemble de la discipline, en faisant l’un des plus gros patineurs de vitesse de l’histoire. Par la suite, il se met au cyclisme et participe à des championnats du monde, ainsi qu’au Giro et au Tour de France.

Erik Heiden est l’un des plus grands héros sportifs des Etats-Unis après ses extraordinaires Jeux Olympiques à Lake Placid

Chez les femmes, la plus médaillée aux Jeux Olympiques est également néerlandaise. Il s’agit d’Ireen Wüst avec 11 médailles, dont 5 d’or. Ce faisant elle devient la Néerlandaise la plus médaillée aux Jeux Olympiques. Elle se classe dans les toutes meilleures de la discipline également aux championnats du monde. Elle est en effet 15 fois championne du monde en simple distance et 7 fois en toute épreuve.

Ireen Wüst aux Jeux Olympiques de Sotchi (Getty Image)

Lidia Skoblikova est la patineuse la plus titrée de l’histoire aux Jeux Olympiques hommes et femmes confondus. La Russe y remporte quatre médailles d’or lors des Jeux d’Innsbruck en 1964 après en avoir déjà remporté deux en 1960. En 1964, elle s’impose sur la totalité des distances possibles, le 5 000 m n’étant pas encore présent. Multiple médaillée aux championnats du monde, elle est double championne du monde en toute épreuve.

Martina Sáblíková est une Tchèque qui a récemment battu les records du monde en 3 000 m, 5 000 m et 10 000 m. Triple championne olympique, celle qui a également gagné des courses nationales voire internationales en roller et en cyclisme, est la détentrice du nombre de victoires aux championnats du monde simple distance. Elle a failli participer aux Jeux Olympiques de Rio en contre la montre. Elle avait en effet obtenu son billet lors des championnats du monde un an plus tôt en finissant 12ème de l’épreuve. Mais elle n’a pas obtenu pas son droit de participer car n’étant pas parvenue à se qualifier à la course sur route.

Martina Sáblíková est la plus titrée aux championnats du monde simple distance (Jeff McIntosh/The Canadian Press)

La patineuse la plus médaillée aux championnats du monde toute épreuve est Allemande. Gunda Niemann-Stirnemann a fait les beaux jours du pays juste après la réunification. Née à Erfurt en Allemagne de l’Est, elle est sacrée huit fois entre 1991 et 1999. Sur la période, elle bat à de nombreuses reprises les records du monde du 3 000 et 5 000 m. Elle gagne également à trois reprises une médaille olympique.

Des Français à suivre

La France n’est pas une nation très performante en patinage de vitesse. En effet, elle n’a pas remporté la moindre médaille aux Jeux Olympiques. Quant aux championnats du monde, elle ne compte que quatre médailles, dont trois remportées par Alexis Contin en mass-start lors des championnats du monde simple distance. Il est en effet deux fois troisième en 2015 et 2016 et vice-champion du monde en 2017. La dernière date de 1960 où, lors des championnats du monde, André Kouprianoff fait vice-champion.

Alexis Contin lors de la demi-finale de la mass-start aux Jeux Olympiques de Pyeongchang (AFP / Mladen ANTONOV)

Ces résultats pourraient paraître surprenants tant la France est une nation dominante en roller de vitesse qui comporte beaucoup de points commun avec le patinage de vitesse. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir les athlètes passer d’une discipline à l’autre. C’est le cas d’Ewen Fernandez, triple-champion du monde en roller de vitesse et qui faisait du patinage de vitesse en parallèle, ou Alexis Contin, six fois champion d’Europe et une fois du monde de roller de vitesse. Ce dernier est d’ailleurs le Français le plus médaillé dans cette discipline. En plus de ses médailles mondiales en mass-start, il est le vainqueur du circuit dans sa discipline favorite lors de la saison 2010-2011.

Timothy Loubineaud est le français le mieux classé actuellement (Getty image)

Néanmoins, les performances estivales ne se retrouvent pas forcément l’hiver. La faute déjà au manque d’infrastructures. Actuellement, en France, il n’y a aucune patinoire possédant une piste de patinage de vitesse. Obligeant souvent ceux cherchant à gagner au haut-niveau à s’expatrier. C’est ce qu’a fait Timothy Loubineaud qui s’entraine désormais à Inzell en Allemagne pendant la période automne-hiver. Alors qu’il pratique le roller depuis qu’il est enfant, il s’est mis au patinage de vitesse en 2017. Depuis, il a été vice-champion du monde en 10 000 m en roller et a participé aux championnats du monde et d’Europe de patinage en 2020. Spécialiste des longues distances, il s’est classé 7e sur le 10 000 m et 10e sur le 5 000 m lors des championnats du monde de simple distance 2020.

« Je veux être médaillé sur des championnats internationaux et des coupes du monde. Mon objectif pour 2022 n’est pas bien loin des patineurs actuellement dans ce sport. Je veux la médaille d’or. « 

Timothy Loubineaud, en réponse à une question concernant son objectif à court terme et pour les JO de Pékin dans une interview par la FFSG

Au plus haut niveau, il n’y a actuellement que des représentants masculins. Outre Timothy, Mathieu Belloir est présent sur le circuit coupe du monde. Le natif de Saint-Malo suit la voie de son aîné. Il pratique le roller et le patinage de vitesse. Et comme Timothy, c’est à Inzell que lui et son jeune frère Martin s’entrainent lors de la saison hivernale. Pour sa première saison au niveau senior à 21 ans, Mathieu est principalement présent sur les épreuves de mass-start où il marque régulièrement des points même s’il n’a jamais réussi à se qualifier pour la finale.

C’est également dans cette discipline que Martin, 19 ans, semble se spécialiser. Depuis le début de sa saison en junior, il a participé à plusieurs finale de mass-start. Il est d’ailleurs 10e du classement de la discipline.

Germain Deschamps, représentant la France dans la catégorie junior (DR)

Chez les juniors comme les seniors, pas de représentante féminine. Le dernier patineur français est Germain Deschamps, cousin des frères Belloir. Également breton, le patineur de 19 ans s’est entraîné à Heerenveen, aux Pays-Bas, en 2020. Et s’il s’exerce désormais avec les autres français à Inzell, sa saison passée dans le pays de la discipline a peut-être porté ses fruits. Aligné sur le 1 500 m, 3 000 m et la mass-start, il frise régulièrement le top 20 dans les deux premières disciplines.

À Inzell pour la première course de la saison, il prend même la 13e place du 3 000 m dont il est 16e au classement de la saison. Mais c’est en mass-start qu’il faudra l’attendre. Actuellement 3e mondial de sa catégorie d’âge dans la discipline, il a fini au pied du podium lors de la dernière course en date. De bon augure pour ce multiple médaillé au niveau national et européen en roller et qui cherche à s’imposer dans le top 10 mondial en patinage de vitesse.

Méconnu en France, le patinage de vitesse est une discipline qui gagnerait à être découverte. Peut-être que la nouvelle génération, suivant l’exemple de ses aînés, arrivera à la mettre sur le devant de la scène grâce à des victoires. Mais il est difficile pour toutes les autres nations de faire face aux Pays-Bas, nation forte de la discipline et qui la domine depuis des années. À quelques exceptions près.

Crédit image titre : Getty Image

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