Finaliste malheureuse de l’ATP Cup en ce début de mois de janvier, l’Espagne a montré une fois de plus qu’il faudrait compter sur ses talents pour animer la saison 2022. Battus par les Canadiens, les compatriotes de Rafael Nadal ont livré des prestations intéressantes pour se hisser jusqu’en finale et susciter l’intérêt de tous. Après une passionnante année 2021 pour le tennis espagnol, 2022 pourrait bien être d’un encore meilleur acabit. Portés par des talents prometteurs, des leaders expérimentés et des joueurs réguliers, les Espagnols entendent bien être les acteurs majeurs de cette nouvelle saison. Et si 2022 était l’année de l’Espagne ?
Rafael Nadal, stop ou encore ?
Quelle originalité ! En même temps, comment ne pas évoquer Rafa lorsque l’on parle du tennis espagnol ? Si certains jugent qu’il n’est plus en mesure de briller sur le circuit comme il l’a fait ces quinze dernières années, il serait tout de même bien présomptueux de l’enterrer dès l’aube de cette nouvelle année. À 35 ans, le Majorquin a encore des objectifs à atteindre et des records à faire tomber. Déjà détenteur de 20 titres du Grand Chelem, Rafa pourrait, cette année, devenir le seul recordman dans cette catégorie. Même si les Medvedev, Tsitsipas, Zverev et consorts semblent avoir pris l’ascendant sur lui, il reste et restera un coriace rival pour ces jeunes loups. Et en l’absence (potentielle) d’un Novak Djokovic embourbé dans des affaires aussi folles que lassantes, Rafa peut prendre de l’avance.
Que manque-t-il à Nadal ? Un Grand Chelem (au moins) pour devancer Djoko et Federer et une victoire aux Masters pour enfin compléter sa fabuleuse vitrine à trophée. Voir Rafa remporter ce tournoi de clôture de la saison n’est pas nécessairement le pari à prendre. Les années passant, les pépins physiques avec, il devient de plus en plus rare de le voir participer à cette compétition. S’il a déjà rempli quelques-uns de ces objectifs au cours de l’année, il est probable qu’il fasse une croix sur celui-ci. Comme tous les ans, on se prend à rêver d’un énième sacre à Roland-Garros, le quatorzième. Qui peut l’en empêcher ? Novak ? Thiem ? Où seront-ils ? Tsitsipas ? Saura-t-il franchir ce cap ? Multiples questions auxquelles les réponses sont franchement impossibles à trouver. Mais avec un Nadal en pleine possession de ses moyens, son nom reviendra forcément parmi les plus gros favoris.
Garbine Muguruza, la revenante

Côté féminin, la patronne se nomme Garbine Muguruza. Revenue sur le devant de la scène en 2021, elle peut surfer sur cette vague et enchaîner en 2022. À l’aise sur toutes les surfaces et expérimentée du haut de ses 28 ans, Muguruza a tout pour être enfin régulière parmi ses pairs. Sur un circuit mouvant et où la régularité porte souvent préjudice aux meilleures joueuses mondiales, l’Espagnole a de sérieux arguments à faire valoir. Déjà détentrice de deux titres du Grand Chelem (Roland-Garros 2016 et Wimbledon 2017), la native de Caracas, au Venezuela, se relève de deux ans de disette.
En 2018 et 2019, le creux de la vague a été important pour elle. Mais elle s’en est relevé avec brio, faisant de 2021 l’une des plus belles années de sa carrière. En remportant trois titres sur cinq finales disputées, Muguruza confirme qu’elle est bel et bien revenue à un niveau remarquable. Tombeuse de Krejcikova, Jabeur et Kontaveit pour décrocher ses titres récents, l’Espagnole est de nouveau une menace de poids sur le circuit WTA. Si elle confirme sa bonne forme, elle sera l’un des fers de lance du tennis espagnol en 2022.
Carlos Alcaraz, futur du tennis espagnol
Le petit prodige de 18 ans sera évidemment une des grandes attentions de 2022. Malgré son (très) jeune âge, le natif de Murcia dispose déjà de plusieurs faits d’arme notables sur le circuit. Récent vainqueur du Masters NextGen, le successeur désigné de Rafael Nadal a tout pour être l’un des tous meilleurs à l’avenir et incarner le renouveau du tennis espagnol. En remportant son premier titre sur le circuit ATP (à Umag) face à Richard Gasquet en finale, Alcaraz débloque déjà son compteur personnel. Suivent un quart de finale à l’US Open et un succès lors du Masters NextGen pour confirmer qu’il est bien LA révélation de cette saison 2021.

En 2022, il sera d’office plus attendu, mais tout laisse à penser qu’il saura répondre présent. Sous la houlette de Juan Carlos Ferrero, le jeune Alcaraz doit progresser, encore et encore, afin d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés. Ambitieux et déterminé, il sait que pour satisfaire ses désirs élevés il ne doit jamais relâcher la pression. En servant mieux, il sera déjà un bien meilleur joueur et posera des problèmes à bon nombre de ses adversaires. En évitant également les trous d’airs et les sautes de concentration propres à tout jeune de son âge, plus grand-chose ne pourra l’arrêter. Son match face à Hugo Gaston à Bercy, fin 2021, en est l’illustration parfaite.
Paula Badosa, la nouvelle venue
Avec deux représentantes dans le Top 10 mondial, l’Espagne fait aussi bien que la République Tchèque. En plus de Garbine Muguruza, Paula Badosa Gibert a intégré en 2021 le haut du classement WTA après une saison accomplie. Partie du 70ème rang fin 2020, l’Espagnole a réalisé une remarquable saison, marquée par ses deux premiers titres dont un Masters 1 000, excusez du peu ! Après son premier titre à Belgrade, Badosa enchaîne avec des bonnes performances en Grand Chelem et à Tokyo lors des Jeux Olympiques. C’est en octobre 2021 qu’elle s’adjuge son premier succès majeur avec une victoire à Indian Wells. Sa saison s’achève par une élimination en demi-finale des Masters, par sa compatriote Garbine Muguruza. Preuve, s’il en fallait une, que le tennis espagnol se décline aussi bien au féminin qu’au masculin.
Roberto Bautista-Agut, symbole du tennis espagnol
C’est la valeur sûre de l’Espagne. Sans jamais être parmi les plus grands favoris, les plus gros noms, les meilleures chances à l’aube d’un tournoi majeur. Roberto Bautista-Agut est un joueur fiable, capable de poser de sérieux problèmes à n’importe qui. Toujours parmi les trente meilleurs joueurs mondiaux depuis 2014, Bautista-Agut peine à passer le cap du Top 10. Mais il reste un adversaire valeureux. Très mobile et doté d’un puissant coup droit, il pêche encore à s’adjuger des succès notables. Son nom, quoiqu’il arrive, n’est jamais synonyme de match facile. Ses trois victoires face à des membres du Top 10 en 2021 démontrent sa capacité à livrer une âpre résistance aux joueurs les plus confirmés.
Néanmoins, malgré son expérience, il ne parvient pas à crever l’écran. Depuis 2012, son seul fait d’arme notable en Grand Chelem est une demi-finale à Wimbledon en 2019, perdue face à Novak Djokovic. En Masters 1 000, ce n’est pas plus reluisant pour le Valencien, toujours muet dans cette catégorie. Le dernier de ses neuf titres, dont huit en ATP 250, remonte à 2018.

Pablo Carreno-Busta, véritable espoir ?
En progrès constant, PCB a décroché, en 2021, son plus beau succès : une médaille olympique. Et pas face à n’importe qui : Novak Djokovic en personne. Dans une petite finale qui n’était certes qu’une maigre consolation pour le Serbe, déçu de ne pas être en mesure de jouer l’or, Carreno-Busta a dominé son adversaire pour s’offrir le bronze et apporter à son pays une médaille de plus à Tokyo. Même sur la scène olympique, le tennis espagnol continue de peser. Vainqueur de deux autres tournois sur le circuit ATP (Marbella 250 et Hambourg 500), l’Espagnol confirme sa place parmi les joueurs qui peuvent compter sur une saison. Ses prestations décevantes en Grand Chelem ternissent un tableau qui n’a rien d’infâmant, mais qui mériterait quelques coups de pinceau plus inspirés.
En lançant 2022 avec une belle aventure collective à l’ATP Cup, le natif de Gijón peut croire en ses chances et devenir plus régulier. Par deux fois, PCB est parvenu à se hisser en demi-finale de l’US Open – la seconde étant causée par la disqualification de Novak Djokovic, coupable d’un jet de balle sur une juge de ligne. Preuve d’une certaine expérience désormais. S’il veut réitérer ce genre de performance notable, l’Espagnol doit croire en lui et minimiser ses contre-performances face à des adversaires moins bien classés. S’il a toutes les qualités pour y parvenir, il faut maintenant le démontrer.