Ecarté du circuit ATP à cause de lourds problèmes physiques, Andy Murray a consenti tous les efforts du monde pour se refaire une place parmi le haut niveau mondial. À 34 ans, l’Écossais aux trois Grand Chelems peut aborder 2022 avec le sentiment d’avoir surmonté une immense montagne. Mais le caractère de Murray n’a pas changé et il n’entend pas s’en tenir à ce simple retour. Son objectif ? Remporter au moins 4 tournois supplémentaires pour parvenir à 50 titres ATP en carrière. Si, quelques années en arrière, beaucoup auraient jeté leur dévolu sur un autre joueur paraissant plus sympathique, Andy Murray jouit aujourd’hui d’une affection toute particulière de la part des suiveurs du monde entier. Il pourra compter sur le soutien de beaucoup.
“En dessous des dieux, au-dessus des mortels”
L’histoire retiendra que les décennies 2000 et 2010 ont été ultra-dominées par un certain « Big Three », roulant sur ses adversaires, trustant la quasi-totalité des tournois majeurs et offrant au monde entier des batailles titanesques sur les plus beaux courts de la planète. Mais il est un homme qui, un certain temps, a fait vaciller ce triumvirat doré. Le 7 novembre 2016, pour la première fois depuis le 2 février 2004, ni Federer, ni Nadal, ni Djokovic ne sont au sommet du classement mondial. Andy Murray, après une saison brillante, réalise l’exploit de s’immiscer dans cette lutte féroce. La même année, il est anobli par la Couronne britannique. Rien que ça.
Cette percée au sommet du tennis mondial n’est pas anodine. Pendant près d’un an, Murray a été le patron du circuit. Les quatre années précédentes, il n’en était pas loin, totalisant huit finales de Grand Chelem entre 2012 et 2016, pour trois succès. Outre ce bilan statistique impressionnant, c’est avant tout la résistance et le niveau affiché par l’Écossais durant cette période qui permet de le placer devant Wawrinka, Thiem, Del Potro, Roddick, Ferrer. Pour ne citer qu’eux dans la liste des historiques opposants aux trois monstres sacrés. En dessous des dieux, au-dessus des mortels, Murray a longtemps cherché à quel groupe il appartenait. Si sa (presque) parfaite saison 2016 l’a emmené tout en haut, son corps l’a lâché au sommet, l’entraînant dans une sombre période d’absence et de rechutes.
Un long chemin de croix
Alors que Roger Federer semblait laisser de plus en plus de force dans la bataille des désormais quatre monstres du tennis, Andy Murray a été contraint, lui aussi, de s’éclipser. Laissant Nadal et Djokovic se disputer la suprématie mondiale. L’Écossais, blessé, a disparu des radars. L’année 2017 est très défavorable au désormais n°1 mondial, qui enchaîne les contre-performances, gêné par des blessures récurrentes. Ne glanant qu’un titre, Murray renonce à un grand nombre de tournois et sort du Top 10 à la fin de l’année. Dès lors, un long chemin de croix commence.

2018 est pire encore : souffrant de la hanche, Murray sort du Top 100 mondial. Ses tentatives de retour sont toutes avortées et un mauvais parfum de retraite anticipée règne dans l’atmosphère. Incapable de revenir et d’enchaîner plusieurs matchs, Murray inquiète et souffre.
Sa victoire à Anvers en 2019 amène un espoir vite balayé. L’Écossais veut revenir, il semble pouvoir le faire mais son corps le trahit. Au travers du reportage à son sujet produit par Amazon, on comprend mieux les épreuves qu’a du surmonter Murray. Son héroïsme n’en est que décuplé. « Resurfacing » est à l’image du champion britannique : saisissant, touchant et passionnant. Le personnage Murray est autant mis en valeur que le sportif que l’on connaît.
Enfin le come-back?
Au-delà de son absence sportive, c’est également le caractère d’Andy Murray dont nous étions orphelins. Ou plutôt les caractères d’Andy Murray. Sur le court, le personnage divise. Son attitude tempétueuse, ses coups de sang, sa façon d’exprimer sa frustration… Le show Murray est géant. L’illustration parfaite ? Son énervement envers Nelson Monfort, présent dans le box de son entourage dans les travées de Roland-Garros.
En dehors du terrain, le personnage d’Andy Murray est tout autre. S’il n’est pas le plus adepte des grandes messes médiatiques, le plus souriant ou le meilleur communiquant, Murray est un homme de valeur. Très impliqué dans la cause féministe, il est reconnu par beaucoup comme un exemple.
Sa toute récente finale à Sydney est un signal on ne peut plus positif. Après d’âpres combats, Murray accède à la dernière marche d’un tournoi. Battu par le surpuissant Aslan Karatsev, Sir Andy a retrouvé la confiance dont tout sportif a besoin. En une heure et demie, et même s’il a perdu la bataille, l’Écossais a prouvé qu’il n’avait pas tout perdu de son tennis et de son génie. Défenseur hors pair sur sa ligne de fond de court, Murray a craqué sous les coups de massue de son adversaire, un cran au-dessus encore. Une chose est sûre : l’envie de voir Murray briller à nouveau sur le circuit ATP est intacte. Et pourquoi pas dès l’Open d’Australie ?

En 2022, Andy Murray peut redevenir un joueur sur lequel compter. Le voir briller en Grand Chelem est déraisonnable (et c’est aussi pourquoi le sport est si beau, parce qu’on ne sait jamais), mais qu’il redevienne un acteur important est bel et bien d’actualité. Si l’Écossais revient à un niveau physique constant et qu’il évite les rechutes, il sera l’un des animateurs favoris des fans. Le voir atteindre la barre symbolique des 50 titres ATP serait bien l’un des évènements majeurs de la saison à venir. Sir Murray, faites-nous rêver.