Le saut à ski français vit une période difficile. Pourtant, à Pékin, s’il n’y a pas de représentant masculin, elles sont deux à courir pour le drapeau bleu-blanc-rouge : Joséphine Pagnier et Julia Clair. Pour cette dernière, Pékin sera l’occasion de goûter à nouveau aux Jeux Olympiques, huit ans après. La Vosgienne de 27 ans, détentrice du record de France de saut à ski féminin, aura à cœur de jouer les trouble-fêtes sur un tremplin méconnu. Pour le CCS, Julia a accepté de revenir sur son parcours, son sport, sa saison et ses ambitions.
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Julia Clair participe à ses seconds Jeux Olympiques. Après une 19e place sur petit tremplin à Sotchi, elle n’avait pas pu revenir à son meilleur niveau (après sa blessure en 2016) pour se qualifier aux Jeux de Pyeongchang. Cette année, elle aborde les Jeux de Pékin 2022 en tant que deuxième française et avec une belle carte à jouer.
Comment t’es venue la passion du saut à ski ?
Je suis montée assez jeune sur des skis, j’ai fait un peu de ski de fond avant d’arriver au saut. On faisait des compétitions de saut en ski alpin dans les stations. C’est comme ça que j’ai débuté avant d’y rester.
Le saut à ski est trop peu médiatisé en France. Comment expliques-tu ce manque d’exposition ?
Le ski est assez peu médiatisé en France en général. Le saut féminin est un sport jeune et manque sûrement de gros résultats pour être diffusé tous les weekends. À nous de faire le nécessaire pour le mettre en lumière.
Quels sont les moyens et les infrastructures dont tu disposes pour t’entraîner ?
On s’entraîne principalement à Courchevel sur les tremplins olympiques de 1992. On a tout ce qu’il faut là-bas. Après, on essaye aussi de diversifier en allant sauter sur d’autres tremplins en France (Vosges, Jura).

Tu as connu deux graves blessures dans ta carrière (fracture de la clavicule et de l’humérus en 2016 puis rupture du ligament croisé d’un genou en 2019). Comment es-tu parvenue à rechausser les skis ?
J’aime le saut à ski, c’est vraiment une passion pour moi. Après chaque blessure, j’avais la motivation pour revenir et j’étais persuadée de pouvoir être de nouveau performante. C’est ce qui a pu m’aider certains mois où ça me paraissait long en rééducation.
Tu as bien commencé la saison avant de marquer un peu le pas. Comment te sens-tu à moins de deux semaines des Jeux de Pékin 2022 ?
L’été s’est plutôt bien passé en compétition pour moi. J’arrivais à être meilleure qu’à l’entraînement. Pendant l’automne 2021, j’ai réussi à monter mon niveau à l’entraînement mais pas à mettre en place mes sauts en compétition. Je sais que j’ai moyen de faire de bons sauts. Il me reste trois compétitions avant les Jeux, alors je vais les aborder pour essayer de faire mes sauts les uns après autres avec un dossard en voyant comment m’améliorer à chaque fois.

Quelle est ton épreuve référence cette saison ?
Je pense avoir des épreuves références sur cet été, notamment Courchevel, une compétition à la maison qui peut avoir un peu d’enjeu pour moi. Je vais aussi essayer de m’appuyer sur ce qui a fonctionné dernièrement sur les coupes continentales en Autriche.

Il n’y a pas eu d’épreuves de coupe du monde au Japon à cause de la crise sanitaire. Comment as-tu adapté ta préparation à l’évènement ? Nous t’avons notamment vu sur le circuit continental ce week-end.
On a dû faire avec les annulations et s’adapter. Ça m’a permis de refaire des sauts sans dossard et de prendre le temps de retravailler ce qui ne fonctionnait pas. Les compétitions sur le circuit continental ont aussi pu me permettre de travailler l’approche en compétition.
Est-ce que tu peux nous parler du tremplin Ruyi des neiges ? On annonce notamment beaucoup de vent.
Je ne pense pas pouvoir en dire plus. Aucune des filles présentes aux Jeux n’y a sauté, on va toutes le découvrir. Comme pour le vent finalement. Mais ça arrive aussi sur d’autres compétitions et il faudra s’adapter. Ce sera pareil pour tout le monde. Et, avec un peu de chance, le bon vent sera pour moi.
Ce sont tes seconds Jeux Olympiques après Sotchi en 2014. Quelle est ton approche de l’évènement huit ans après ?
J’ai la chance d’avoir déjà participé aux Jeux Olympiques, alors je serai moins surprise en arrivant au village olympique face à la démesure de ce que peuvent être les jeux. Ça n’a rien à voir avec des coupes du monde ou des championnats du monde où on est dans un petit milieu finalement. Après avec le contexte Covid-19, on ne sait pas trop à quoi s’attendre et comment ça sera là bas.
À Pékin, les critiques montent concernant l’impact écologique et les conditions de neige. Plus généralement, ton sport peut être menacé par le changement climatique. Comment vois-tu l’avenir de ton sport en tenant compte de ces enjeux ?
On annonce peu de neige là bas. C’est vrai que la Chine n’est pas le premier pays auquel on pense en terme de sports d’hiver. Les infrastructures ont été créées seulement pour cet événement et c’est dommage qu’elles ne soient que peu utilisées à l’avenir. En ce qui concerne le saut à ski, il faut de la neige sur le tremplin mais ça n’en demande pas autant que d’autres sports. On saute aussi beaucoup sur le revêtement synthétique en été. Finalement, ça ne change pas grand chose.
Vous pourrez retrouver Julia Clair et sa compatriote Joséphine Pagnier dès le samedi 5 février 2022 pour l’épreuve du Petit Tremplin, à 11 h 45 heure française. D’ici là, n’hésitez pas à lire notre guide du saut à ski.