Bundesliga

La Spanisch Qualität s’installe en Bundesliga

Été 2010, la Bundesliga accueille Raúl, la légende du Real Madrid. Après 16 ans en Espagne, il quitte sa maison pour s’installer à Gelsenkirchen, la ville du club de Schalke 04. Avant lui, aucun grand joueur espagnol n’avait foulé les pelouses du championnat allemand. Il joue donc un rôle de mentor pour les nombreux jeunes joueurs souhaitant quitter la Liga pour l’Allemagne.

Espagnols et Bundesliga, un mélange inhabituel

Les Espagnols s’exportent peu en dehors de leur terre. Ce phénomène est dû à plusieurs facteurs, notamment le niveau du championnat. La Liga figure dans le top 5 et a été longtemps considéré comme le deuxième championnat européen, juste derrière la Premier League. Le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Atletico Madrid, le FC Séville et autres attirent en premier lieu les jeunes Espagnols. Lorsque l’occasion ne se présente pas ou tout simplement par choix humain, la Premier League apparaît comme le meilleur choix. De l’argent, du spectacle et des gros matchs tous les week-end, le championnat anglais fait rêver. La Serie A, la Ligue 1 et donc la Bundesliga n’accueillaient et n’accueillent toujours pas un grand nombre d’Espagnols. Malgré tout, la tendance commence à s’inverser. Notamment en Bundesliga, où ces jeunes pousses tentent de se montrer au grand public.

«Au cours des quatre, cinq dernières années, la Bundesliga est devenue de plus en plus intéressante. […] Auparavant, outre la Primera Division, les joueurs espagnols n’avaient d’yeux que pour la Premier League. Aujourd’hui quand ils signent à l’étranger, ils rejoignent soit la Premier League, soit la Bundesliga comme le montrent de nombreux exemples.»

Xabi Alonso, ancien joueur espagnol du Bayern Munich à The Fifa Weekly

Seulement 53 joueurs espagnols ont foulé les pelouses de Bundesliga au moins une fois. En comparaison, il y en a eu 156 en Premier League. Le championnat anglais en compte encore aujourd’hui trois fois plus (27 contre 9). Ces chiffres peuvent aussi s’expliquer par la différence de style de jeu. Alors que les Espagnols sont connus pour jouer dans un système de possession et de position, les clubs allemands pratiquent un football très offensif. De plus, les jeunes espagnols n’ont pas beaucoup de modèles sur qui prendre exemple. Sur les générations précédentes, 4 sont sortis du lot : Raúl, Xabi Alonso, Javi Martinez et Thiago. Or, le premier est arrivé seulement en 2010. La conquête de l’Allemagne par les Espagnols débute donc à peine et prendra du temps. Surtout que pour le moment, ils restent peu de temps en Bundesliga.

Raúl Gonzalez, l’ange gardien du Schalke 04 au début des années 2010. (Crédit : Sky Sport)

Le tremplin allemand

La Bundesliga compte donc 9 joueurs espagnols actuellement. Les joueurs les plus âgés de cette liste sont Angeliño et Marc Roca, tous deux 25 ans. La moyenne d’âge de 21,4 ans prouve que ce championnat attire principalement les jeunes espagnols. Aucun de ces joueurs arrive à son « apogée ». L’évolution de ce championnat passe aussi par une plus importante médiatisation ainsi que des joueurs offensifs aux statistiques folles. Les jeunes espagnols n’échappent donc pas à la règle. La majorité retourne en Espagne par la suite, avec plus ou moins de réussite. Pour exemple, Dani Carvajal s’est imposé rapidement avec le Real Madrid alors que Paco Alçacer s’est retrouvé sur le banc du FC Barcelone puis de Villarreal malgré une énorme saison à Dortmund. La Bundesliga reste ainsi une étape dans la carrière de ces joueurs qui espèrent rejoindre un plus grand club par la suite. 

« Le football allemand se développe beaucoup car la Bundesliga est une très bonne compétition pour le développement des jeunes joueurs. Ce jeu direct, agressif, en un contre un sur tout le terrain est suivi dans d’autres pays. C’est un football qui m’a aidé à m’améliorer. »

Dani Olmo, joueur du RB Leipzig dans une interview à El País
Dani Carvajal, lors de son (court) passage au Bayer Leverkusen lors de la saison 2012/2013. (Crédit : Eurosport)

Les clubs de Bundesliga savent développer les jeunes joueurs. C’est une des raisons phares de la croissance des Espagnols dans le championnat allemand. La politique mise en place par de nombreux clubs fait rêver. La qualité des recruteurs, scouts et toutes le staff observateur de ces écuries fait qu’ils dénichent souvent des « pépites ». De plus, leurs centres de formation réputés poussent la progression de leurs protégés au maximum. Fabio Blanco connaît cette situation. Frankfurt le recrute en juillet 2021 alors qu’il joue avec les U19 de Valence. Après un an en U19-Bundesliga Süd/Südwest, le championnat des moins de 19 ans au Sud et au Sud-Ouest allemand, il s’est engagé début janvier avec le FC Barcelone. Si on rajoute l’apport de la plus-value pour le club et le joueur, le couple entre les jeunes espagnols et la Bundesliga peut bien fonctionner, mais le mariage reste loin.

Thiago et Javi Martinez, les exceptions

Javi Martinez arrive au Bayern Munich en 2012, un an plus tard, un autre jeune espoir espagnol le suit : Thiago Alcántara. Avec le club de la Bavière, ils gagneront tous les titres possibles. Le premier a quitté la Bundesliga lors du dernier mercato estival alors que le second en septembre 2020. Leur longévité en Allemagne est sans égal pour un joueur espagnol. Ils cumulent plus de 300 matchs dont au moins 150 chacun dans le championnat allemand. Les deux vainqueurs de la Ligue des Champions 2020 ont passé la majeure partie de leur carrière au Bayern Munich et ont atteint le sommet de leur niveau, malgré de nombreuses blessures. Ils font ainsi parti de ceux qui ont permis l’évolution de la Bundesliga vers un football plus « équilibré » et plus possessif. 

Javi Martinez, l’homme de l’ombre du Bayern Munich de la dernière décennie. (Crédit : Goal)

En revanche, les deux ont réussi au Bayern Munich. Le meilleur club allemand de ces dernières années et l’une des meilleures équipes au monde. Les joueurs ne peuvent donc considérer l’aventure bavaroise comme un « tremplin » vers un meilleur club. Le départ de Thiago vers Liverpool reste donc une simple envie de changer d’air. Juste avant l’arrivée de l’ancien de la Masia, un certain Pep Guardiola atterrit en Bavière. La Bundesliga accueille un entraîneur espagnol considéré comme l’un des meilleurs au monde. Il ramènera sa philosophie de jeu et facilitera l’adaptation de son protégé. L’environnement est donc le meilleur pour ces joueurs en quête de trophées. Thiago et Javi Martinez sont devenus de véritables références en Bundesliga et un exemple à suivre pour les jeunes espagnols à la conquête de l’Allemagne.

Thiago, le chouchou de Pep Guardiola et ancien magicien du Bayern Munich. (Crédit : We Sport)

« Pep a ses propres idées et concepts du football. Il aime le football combiné et certains de ses concepts seront nouveaux pour quelques joueurs du Bayern. Thiago est un joueur qui s’inscrit dans ce concept et il peut montrer le chemin aux joueurs, ce qui signifie que Guardiola n’a pas besoin de trop expliquer ses idées. »

Marcos Lopez, football analyst espagnol lors d’une interview à Bundesliga.com

À l’image des joueurs anglais, la Bundesliga lorgne de plus en plus loin de ses frontières. À l’inverse, les clubs allemands pillent les écuries Françaises de Ligue 1 et Ligue 2 depuis quelques années. Tanguy Kouassi, Manu Koné, Mohamed Simakan et tant d’autres sont passés de l’autre côté du Rhin. Une concurrence acharnée pour les clubs français qui ont du mal à garder leurs plus grands espoirs.

(Crédit photo de couverture : Foot Mercato)

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