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“Nanas”, la seconde jeunesse d’Anaïs Bescond

Une normande montagnarde

Anaïs Bescond vit une saison magnifique, à 34 ans. « Nanas », comme beaucoup aiment la surnommer, est 7e du général avec déjà deux podiums individuels alors qu’elle sort d’une saison 2020-2021 compliquée et qu’elle est une des plus expérimentées du circuit. Pour sa quinzième saison en coupe du monde, et à l’approche de ses troisièmes olympiades, le CCS vous raconte son parcours.

Et pourtant, Anaïs Bescond n’était pas forcément destinée au biathlon. Née le 15 mai 1987 à Aunay-sur-Odon, dans le Calvados, la Normande va rapidement devenir Jurassienne à la suite du déménagement de sa famille à Morbier. Elle découvre alors le ski puis le biathlon. De très bons résultats aux mondiaux juniors de 2005 à 2007 lui ouvrent la porte de l’équipe de France… et de l’armée (elle est caporal-chef). Anaïs Bescond rejoint la coupe du monde de biathlon début 2007 à Oslo.

Anaïs Bescond se distingue lors des mondiaux juniors de 2005 à 2007 (Crédit : Maxppp)

L’apprentissage est long pour la Française qui alterne entre IBU Cup et coupe du monde jusqu’à la saison 2009-2010. Elle marque alors ses premiers points sur l’individuel de Pokljuka (29e). Le premier tournant de sa carrière intervient la saison suivante. Elle obtient ses premiers gros résultats individuels, son premier podium (sur le relais d’Oberhof) et participe à ses premiers mondiaux à Khanty-Mansiysk où elle obtient sa première médaille avec le bronze sur le relais féminin. Elle connait ensuite la victoire collective début 2012 avec le relais féminin et le relais mixte.

Anaïs Bescond (à gauche) obtient sa première médaille mondiale en équipe en 2011 (Crédit : AFP)

La biathlète obtient finalement son premier podium individuel le 16 janvier 2014 avec une victoire, la première et unique (pour l’instant), sur le Sprint d’Antholz-Anterselva. Anaïs Bescond s’installe alors dans le top 20 mondial dans lequel elle termine 54 % de ses courses. Depuis 2014, elle cumule également 8 deuxièmes places et 5 troisièmes places pour un total de 14 podiums individuels.

La Normande remporte sa première victoire à Antholz-Anterselva en 2014 (Crédit : Maxppp)

La consécration olympique à Pyeongchang

Anaïs Bescond possède un solide palmarès sur les évènements d’un jour, notamment les championnats du monde où sa longévité est impressionnante. Près de neuf ans se sont écoulés entre sa première médaille mondiale (l’argent sur le relais femme de Khanty-Mansïisk en 2011) et sa dernière (le bronze sur le relais mixte simple à Antholz en 2022). Ses meilleurs mondiaux se déroulent à Holmenkollen en 2016 : elle remporte sa seule médaille individuelle (l’argent sur l’Individuel) avant d’obtenir l’or sur le relais mixte et l’argent sur le relais femmes !

Pour sa première médaille mondiale individuelle, Anaïs Bescond partage le podium avec Marie Dorin-Habert (Crédit : JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Du côté olympique, “Nanas” a participé à ses premiers Jeux en 2014 à Sotchi, frôlant la médaille sur l’Individuel et le Sprint qu’elle termine à chaque fois cinquième. Elle se rattrape magnifiquement quatre ans plus tard à Pyeongchang. Elle y obtient sa première médaille avec le bronze sur la Poursuite, avant d’aller chercher l’or sur le relais mixte (avec Marie Dorin-Habert, Martin Fourcade et Simon Desthieux) et le bronze sur le relais femmes. Cela fait donc trois médailles olympiques et huit médailles mondiales !

Anaïs Bescond (à gauche) fait partie du relais mixte doré de Pyeongchang en 2018 (Crédit : Franck Fife/AFP)

Une athlète polyvalente

Anaïs Bescond a un gabarit légèrement atypique, de son propre aveu, plus grand que la moyenne. Si elle n’est pas la plus rapide des skieuses, son long travail physique pendant toute sa carrière l’a tout de même amené à un très bon niveau de ski.

Si on regarde bien, elles sont toutes relativement plus fines et plus petites que moi. Les grands gabarits, il n’y en a pas tant que ça. Pour moi, ça a toujours été un peu comme une revanche de me dire que “ce n’est pas grave, je peux y arriver quand même”.

Anaïs Bescond pour Ouest France en 2021

Elle s’installe parmi les 25 meilleures skieuses du circuit dès sa première saison pleine en 2010-2011. Rarement dans les tout meilleurs temps de ski de ses courses, elle va suffisamment vite pour qu’un bon tir lui ouvre les portes du podium. La biathlète est sur la pente ascendante jusqu’à la saison 2014-2015. Son niveau de ski sera ensuite plus variable d’une saison à l’autre. Elle est notamment gênée par une fracture de fatigue à l’été 2015, ralentissant sa préparation. Sa meilleure saison physique a lieu en 2017-2018, où elle intègre le top 10 des meilleures skieuses.

L’ensemble des résultats d’Anaïs Bescond sur le circuit coupe du monde (Crédit : realbiathlon)

Le poids de l’âge et des blessures (notamment au genou) la font doucement redescendre dans la hiérarchie des skieuses… jusqu’à la saison en cours. Remise de ses problèmes respiratoires lors de la saison 2020-2021, Anaïs Bescond a effectué une belle préparation olympique et elle est aujourd’hui, à 34 ans, la onzième skieuse du circuit.

La Normande doit également ses podiums à son niveau de tir. En début de carrière, ce dernier plafonnait à moins de 80 % de moyenne. Puis un superbe travail sur le tir couché permet à la biathlète de passer la barre des 85 % de réussite au tir lors de la saison 2014-2015. La Française maintient ensuite son taux de réussite global à 83-85 % sans monter plus haut, car elle ne trouve pas la solution pour être très performante sur le tir couché et le tir debout sur toute une saison.

Les statistiques d’Anaïs Bescond au tir pendant sa carrière (Crédit : realbiathlon)

Cette saison, Anaïs Bescond affiche une réussite à 93 % au tir couché (5e parmi les biathlètes à 10 courses). Si elle n’a pas encore gagné de course cette saison, c’est malheureusement à cause de son tir debout, plafonné à 78 %. Elle possède néanmoins des statistiques au tir suffisantes pour régulièrement jouer la cérémonie des fleurs voire le podium.

Une biathlète expérimentée et dans le partage

Anaïs Bescond est aussi connue pour son franc-parler et son esprit d’équipe. Très appréciée au sein de l’équipe de France, elle anime la vie d’un groupe bleu plutôt jeune (Anaïs Chevalier-Bouchet est la plus âgée, après Nanas, à 28 ans) et dont elle fait profiter de son expérience. Elle organise notamment les soirées jeux de société pendant les déplacements, tout en gardant cette envie de gagner.

Anaïs fait vivre le groupe de l’équipe de France (Crédit : Nordic Focus)

D’une certaine manière, la Normande assure la passation entre la génération Marie-Laure Brunet, Marie Dorin-Habert et la jeunesse incarnée par Justine Braisaz, Julia Simon ou encore Chloé Chevalier. C’est d’ailleurs au travers des relais qu’Anaïs Bescond remporte ses plus belles victoires avec l’or à Pyeongchang sur le relais mixte ou encore ses sept médailles mondiales en relais.

Cette ancienneté se ressent également dans son approche mentale. La biathlète normande sait se faire mal et réaliser l’effort supplémentaire. Elle possède également l’expérience des grands rendez-vous et des tirs couperets, en témoigne son dernier debout sur la Mass-Start d’Antholz mi-Janvier. Anaïs avouait en début de saison avoir réalisé un travail de préparation mentale avec son ancienne coéquipière Marie-Laure Brunet.

Une carte à jouer à Pékin

Mais alors, Anaïs Bescond peut-elle viser une médaille ? La réponse est oui. En premier lieu, elle jouera les premiers rôles sur les relais, elle qui a participé à trois des quatre relais qui ont fini sur le podium cette saison (dont deux victoires). Sa présence sur le relais féminin semble assurée. Il n’est en revanche pas sûr qu’elle intègre le relais mixte.

Anaïs Bescond aura une carte à jouer sur les relais (Crédit : Fredrik SANDBERG / AFP)

Du point du vue individuel, l’expérience de “Nanas” devrait grandement l’aider pour sa troisième olympiade. Sur un site très venteux, peu connu des athlètes, chaque détail va compter et on peut imaginer, en confrontations directes, qu’Anaïs Bescond saura trouver les clés pour performer au tir. Suffisant pour une médaille ? L’avenir nous le dira.

Anaïs Bescond est une biathlète très attachante que l’on prend plaisir à suivre depuis 15 ans sur le circuit. Avec un palmarès long comme le bras, forgé en équipe mais également en individuel, la Française aborde sa dernière olympiade sans pression mais avec des ambitions, à l’aide d’une seconde jeunesse sur les skis. On lui souhaite de goûter une nouvelle fois au podium. Et pourquoi pas à la Marseillaise.

Pour découvrir notre guide du biathlon, c’est ici.

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