Le tournoi des VI nations n’a jamais semblé autant resserré entre les différentes équipes. Bien difficile celui qui peut prédire le classement final au soir du 19 mars après le Crunch. Si cette édition est aussi indécise, c’est en raison des générations proposées par les sélectionneurs. Le continent européen n’a peut-être jamais eu autant de joueurs aussi talentueux en même temps. Il suffit de regarder les listes dévoilées pour voir la jeunesse au pouvoir dans certains effectifs. La rédaction vous propose un petit tour des jeunes joueurs à suivre cette année. Aujourd’hui le XV du trèfle qui tente d’introduire des nouveaux pour confirmer ses bonnes performances de l’automne.
Michael Lowry, l’arrière dynamique de l’Ulster
Dans un Ulster ultra performant cette saison, l’arrière s’est révélé comme un jouer clé de l’équipe de John Cooney. Il a cette capacité à relancer son équipe grâce à sa vitesse et ses crochets dévastateurs. Malgré sa petite taille, il est à l’aise sur les coups de pied de pression adverses. Une fois lancé, il est difficile à arrêter. Il est souvent utilisé par l’Ulster pour dynamiter le jeu le long de la ligne de touche et ainsi profiter du surnombre laissé par la défense. Il permet ensuite à ses ailiers d’avoir le champ libre pour filer dans l’en-but adverse. S’il voit un trou entre deux défenseurs, il n’hésite pas à s’y glisser pour tenter de les prendre à défaut.
Cette année, il n’a pas autant joué que les saisons précédentes. Après une longue campagne l’an passé, il a commencé en tant que remplaçant avant de reprendre sa place de titulaire à partir de novembre. En 8 rencontres disputées dont 3 en tant que titulaire, il a des statistiques correctes avec 269 mètres parcourus ballon en main et 8 offloads. Même si celles-ci ne paraissent pas aussi impressionnantes que d’autres joueurs, il est la rampe de lancement d’une équipe qui s’appuie beaucoup sur ses avants.
Arrière de formation, il est habitué à porter beaucoup le ballon à l’image d’un Hugo Keenan, son concurrent pour une place dans le XV du trèfle. Un peu plus rapide que lui, il peut avoir une place dans le groupe de Farrell pour être sur le banc et entrer en cours de match pour apporter un peu de vitesse dans des défenses plus friables laissant plus d’espaces. Même si l’arrière du Leinster est bien installé dans l’équipe après une année 2021 incroyable et l’un des rares irlandais à surnager lors de la dernière édition, il ne faut pas oublier Lowry qui a montré tout son talent sur les dernières semaines. Il a passé l’épreuve de la Champions Cup avec brio et s’attaque désormais au niveau international. Il peut aussi très bien passer sur l’aile avec l’absence de Lowe même si ce poste semble promis à un autre petit nouveau de l’équipe.
Mack Hansen, l’Australien sur les terres de sa famille
Pour sa première saison en Europe, l’ailier né à Canberra d’une mère d’origine irlandaise, a impressionné en URC. Dans une équipe joueuse comme le Connacht, il a trouvé l’endroit parfait pour exprimer son talent. Arrivé l’été dernier après 3 saisons chez les Brumbies. Il ne lui a fallu que deux matchs pour inscrire son premier essai avec l’équipe de Galway. Relanceur incroyable, il sait parfaitement combiner avec les autres 3/4 pour apporter le danger dans le camp adverse.
L’équipe d’Andy Friend fait peur dès qu’elle accélère et Mack Hansen fait partie de ces joueurs qui profitent du moindre espace laissé pour accélérer et ainsi ne plus être revu. Cette année c’est déjà six essais dans des registres très différents. Des réalisations sur des exploits individuels avec des longues courses en partant de son propre camp pour terminer avec des crochets face à des défenseurs pris de vitesses. Des essais aussi de pur finisseur où il est décalé en bout de ligne pour conclure. Il est donc très polyvalent et peut aussi se muer en coéquipier modèle par ses accélérations et ainsi décaler son coéquipier pour conclure l’action.
Si son nom dans la liste de Farrell est une surprise vue de France, en Irlande et plus globalement dans l’URC, personne n’est surpris. Depuis le début de la saison, il est probablement le meilleur joueur hors du Leinster. Il domine les statistiques. Meilleur marqueur d’essais du championnat, il est le joueur qui a le plus cassé de plaquage avec 11 unités, 38 défenseurs battus loin devant Darcy Graham et ses 28 unités. Il est aussi le joueur qui a le plus parcouru de mètres ballon en main avec 556 mètres loin devant EW Viljoen et ses 397 mètres. Pour conclure cette avalanche de statistiques, il a réalisé 10 offload depuis le début de la saison. S’il faut lui trouver un défaut, c’est d’un point de vue défensif où il est parfois léger dans ses plaquages.
Avec le forfait de Lowe, il a une bonne occasion à saisir et il est probable que Farrell tente de le lancer soit directement en tant que titulaire soit sur le banc. Il a le désavantage face à des joueurs comme Conway, Earls ou Larmour de moins connaître ses coéquipiers. Il n’a pas eu l’occasion de jouer avec eux depuis son arrivée en Europe. Il n’a pas les automatismes qu’ils peuvent avoir avec les autres 3/4. Il est aussi habitué à un jeu du Connacht très offensif où les arrières ont beaucoup d’occasions de s’exprimer. Dans le XV du trèfle, le pack est central dans le jeu de Farrell. De ce côté-là Hansen peut profiter de cette domination pour avoir plus d’espace le long de la ligne de touche. Quoi qu’il arrive, c’est un joueur à qui il ne faut pas laisser d’espace au risque d’en payer le prix fort.
Dan Sheehan, le talon moderne de l’Irlande
Encore un joueur du Leinster qui en deux saisons s’est révélé comme un joueur précieux avec la province irlandaise. Sur sa fiche, il est inscrit comme étant talonneur pourtant une fois sur le terrain, il fait penser à un arrière. Comme son coéquipier en club et en sélection, il est puissant capable de faire mal à une défense. Il peut aussi se positionner en bout de ligne pour accélérer et parfois conclure des actions sur des exploits individuels comme son essai contre le Connacht où il réalise une course de 40 mètres avec un crochet sur Hansen. Puissant, athlétique, solide défensivement, il a tout du talonneur moderne. Il peut tout faire et évoluer dans différents registres en fonction de l’adversaire.
Il a cette capacité à être partout. Il se rend disponible comme l’ensemble du pack du Leinster pour enfoncer la défense adverse et permettre de concentrer les défenseurs au centre, libérant de l’espace sur les côtés. Il peut encore s’améliorer sur quelques lancers en touche pour trouver ses sauteurs mais il continue de progresser dans ce secteur. Une fois le pack lancé, il est à la conclusion pour aplatir le ballon. Il est excellent en défense et s’impose comme un mur difficilement prenable. Il est à 100% de réussite cette année dans ce secteur. Il n’a que 23 ans et une saison et demie d’expérience au niveau professionnel. Il n’en reste pas moins un joueur déjà mature et provenant de l’un des meilleurs centres de formation du monde.
Il a connu ses premières sélections contre le Japon et l’Argentine à l’automne dernier mais il est certain que Farrell lui donne sa chance durant ce tournoi. Si Ronan Kelleher, son coéquipier en club, est le titulaire indiscutable et Herring son remplaçant habituel, Sheehan peut espérer avoir un ou deux matchs sur le banc. Le tournoi est long et il se tient prêt à tout moment.
Gavin Coombes, le digne successeur de CJ Stander
Il est monté dans l’ombre au sein de l’une des équipes connues pour sortir des joueurs physiques et particulièrement puissants. Le troisième ligne centre a grandi derrière un certain C.J Stander dont il a appris de nombreuses choses. Malgré son physique imposant, il a cette capacité de pouvoir faire la différence offensivement en se proposant auprès de son demi de mêlée et ainsi tenter de casser le rideau défensif. Il est aussi excellent en défense que ce soit au niveau des plaquages où il ne recule que très peu mais aussi pour gratter les ballons dans les ruck. En résumé, un vrai produit de la formation du Munster.
Avec l’Irlande, il possède déjà une certaine expérience chez les jeunes en participant au tournoi des VI nations des -20 ans et à la coupe du monde junior en 2017. Il connaît l’année suivante ses premiers matchs professionnels en tant que remplaçant. Il effectue des bouts de matchs et à l’occasion d’être titulaire pour les confrontations contre les équipes italiennes de débutant en tant que troisième ligne aile ou en numéro 8. L’année suivante, il est dans la même continuité avec un CJ Stander toujours au sommet de sa forme. Il se montre toujours aussi précieux offensivement ou défensivement signant ses deux premiers essais contre les Scarlets avant l’interruption du championnat par la pandémie. Mais sa carrière prend un tournant l’an passé avec 22 matchs disputés dont 17 en tant que titulaire. Il est devenu un élément incontournable en l’absence de son ainé retenu avec le XV du trèfle.
Il prend une nouvelle dimension en se montrant imbattable sur les phases de de pick and go. Une fois à 5 mètres de la ligne, il récupère le ballon dans le ruck pour enfoncer la défense adverse et en profiter pour aplatir dans l’en-but. Un joueur puissant à qui il ne faut pas laisser beaucoup de mètres pour prendre de la vitesse au risque de ne pas l’arrêter. Il fait de ces charges sa spécialité et il résiste facilement à deux défenseurs pour l’arrêter. Sur la saison, il inscrit 15 essais dont deux contre le Stade Toulousain en 8ème de finale de Champions Cup. Devenu intouchable, il est replacé en troisième ligne aile au retour de CJ Stander. Une association qui fonctionne bien et sert de passage de témoins, le numéro 8 d’origine Sud-africaine ayant fait le choix de mettre fin à sa carrière en fin de saison. Il s’inscrit comme le futur de cette équipe et sa très bonne saison lui permet de rentrer à 9 minutes de la fin contre le Japon pour sa première sélection. Il est titulaire le match suivant contre les USA où il inscrit son premier essai international.
Cette année, il a continué sur sa lancée avec deux essais dès le premier match contre les Sharks. Il est devenu le titulaire au poste de numéro 8. Il n’a pas disputé de rencontres avec le XV du trèfle durant la tournée d’automne en raison d’une maladie, le rendant indisponible contre le Japon et la Nouvelle-Zélande. Il a ensuite été freiné après avoir contracté le coronavirus lors du voyage du Munster en Afrique du Sud. Il est revenu à temps pour l’URC et les matchs retours de Champions Cup et ainsi tenter de préparer le tournoi. Il arrive avec très peu de matchs dans les jambes ces deux derniers mois. Il doit aussi faire face à la concurrence des joueurs du Leinster qui ont impressionné durant l’automne. Il se retrouve contre Jack Conan, plus expérimenté et habitué à jouer avec Calean Doris et Josh Van de Flier.
Néanmoins, Coombes a ses arguments, évoluant dans un registre différent avec plus de puissance. C’est un attaquant hors pair pour tenter d’épuiser la défense adverse. Il est aussi un très bon défenseur avec 91% de plaquages réussit cette année ainsi qu’au grattage avec 5 turnovers remportés. Il aime le combat et dans des matchs qui s’annoncent particulièrement physiques, Andy Farrell a besoin d’un joueur capable de relever le défi physique que peuvent imposer les Anglais ou les Français. Il y a peu de doute sur le fait qu’il soit dans les 23 convoqués tout au long du tournoi sauf blessure.
Robert Baloucoune, la flèche de l’Ulster
Il fait partie de la jeune génération de l’Ulster émergeant au sein de cette équipe nationale. Sur les lignes arrière, il s’impose depuis plusieurs saisons dans la province de l’Irlande du nord. Depuis ses débuts en 2018, il n’a cessé de progresser dans l’ombre pour devenir aujourd’hui l’un des ailiers les plus dangereux pour les défenses. Au sein d’un effectif alternant la puissance avec ses avants et le côté virevoltant de ses arrières, il est une machine à essai et il ne lui en faut pas beaucoup pour aplatir le ballon dans l’en-but adverse.
Dès sa première saison, il inscrit 6 essais en 13 matchs disputés dans le Pro14. Il a fait forte impression alors qu’il n’a que 20 ans à ce moment-là. Il faut dire qu’il possède déjà une solide expérience en ayant fait partie très jeune de l’équipe de rugby à 7 de l’Irlande. Robert Baloucoune participe à la Coupe du monde 2018. Il fait partie de l’équipe victorieuse du tournoi européen à 7 la même année. Il n’est donc pas étonnant de le voir utiliser ses crochets et sa vitesse pour faire la différence avec l’Ulster. Une fois lancé sur le côté, il est difficile à arrêter. Il essaye de faire progresser son équipe par tous les moyens. Il a cette capacité à franchir le rideau défensif et ainsi amener son équipe dans les 22mètres adverses. Néanmoins, il peut encore progresser défensivement pour devenir un ailier encore plus complet et prendre le dessus sur d’autres.
Ses bonnes performances l’ont rapidement amené à faire partie des plans d’Andy Farrell. Tout commence lors du tournoi des VI nations 2020 où il fait partie des joueurs appelés pour préparer les rencontres. Il ne goute pas aux joies de la compétition mais il a eu l’occasion d’avoir une première expérience avec l’équipe à XV d’Irlande. Malheureusement pour lui, la pandémie et une déchirure aux tendons le stoppent dans sa lancée. Il ne revient qu’en février 2021 pour disputer la fin du championnat ainsi que la Challenge Cup. Il dispute seulement 8 matchs mais inscrit 3 essais. Son retour ainsi que la tournée des Lions lui permettent de faire partie de l’équipe d’Irlande pour les matchs de l’été. Il se montre convaincant avec son premier essai international contre les Etats-Unis. Cette année, il s’est moins mis en avant que d’autres arrières en raison de blessures mais aussi des matchs de l’automne où il fait partie de l’équipe. Il joue même le dernier match contre l’Argentine. Une sélection montrant l’intérêt que lui porte Farrell. De retour de blessures, il espère être libéré de ses pépins physiques pour postuler à une place dans les 23.
La concurrence est rude à ce poste et le niveau n’a probablement jamais été aussi élevé. L’absence de Lowe favorise les nouveaux entrants mais il est en concurrence avec des joueurs en pleine forme à commencer par Mike Hansen. Néanmoins, le sélectionneur anglais semble faire confiance à Baloucoune malgré les blessures à répétition. Il n’a pas beaucoup joué cette saison et pourtant il fait partie des joueurs sélectionnés dans l’équipe pour préparer le tournoi. Ses dernières performances en Champions Cup ont probablement permis à Farrell de voir les progrès réalisés par le joueur. Même s’il n’est pas forcément attendu pour jouer tous les matchs, il doit se tenir prêt si une opportunité se présente.
James Hume, le dernier joyau de l’Ulster
Il est le dernier symbole de cette jeune arrière-garde de l’Ulster qui fait sa percée au sein du XV du trèfle. Il est de la même génération que Lowry et Balacoune. A l’instar des deux arrières, il fait le bonheur de l’équipe d’Irlande du nord, s’imposant comme une véritable alternative au poste de centre pour Andy Farrell. Il faut dire que le pays n’a jamais été en mal de produire des joueurs de référence à ce poste. De la légendaire paire Brian O’Driscoll/ Gordon D’Arcy à Bundee Aki, Robbie Henshaw ou encore Garry Ringrose, le XV du trèfle a toujours eu des centres de grands talents. Le poste est très chargé mais James Hume est sur un nuage cette saison. Il a bien l’intention de bouleverser la hiérarchie, contestant l’hégémonie du Leinster.
Il s’est révélé rapidement au sein des jeunes équipes irlandaises. Il participe au tournoi des VI nations des -20 ans ainsi qu’à la coupe du monde junior en 2018. La même année, il fait ses débuts professionnels avec sa province et découvre le Pro14. Il alterne entre des matchs en tant que titulaire et des entrées en jeu. Il montre déjà sa capacité à essayer d’accélérer le jeu et de chercher le moindre espace laissé dans la défense pour s’y infiltrer. L’année suivante, il marque son premier essai et participe de plus en plus aux matchs de l’équipe. Malheureusement pour lui, la pandémie interrompt sa progression. Il revient en septembre pour disputer la fin de la compétition et parvient avec son équipe à se hisser en finale contre le Leinster. Il inscrit le seul essai de son équipe qui s’incline 27/5 contre la meilleure formation du pays. C’est d’ailleurs le premier essai du match où il montre sa capacité à profiter des largesses défensives des adversaires pour avancer ballon en main.
Après deux premières années d’adaptation, il s’affirme la saison passée et montre toutes ses qualités pour casser la défense adverse et faire avancer son équipe. Il compte alors 10 franchissements ainsi que 6 offloads. Il faut ajouter à cela 274 mètres parcourus ballon en main. Ses bonnes performances lui permettent de faire partie de l’équipe d’Irlande durant l’été. A l’instar de Baloucoune, il fait ses débuts contre les Etats-Unis avec le maillot irlandais. Si offensivement, il montre tout l’étendu de son talent, il peut encore progresser en défense où il lui arrive de manquer des plaquages. Il a progressé dans ce domaine par rapport à ses débuts mais il peut encore mieux faire. C’est un secteur qui peut lui porter préjudice dans la lutte à une place dans les 23. Cette année, il a poursuivi sur sa lancée s’imposant comme l’un des meilleurs joueurs de son équipe. En sept rencontres disputées, il a déjà inscrit 3 essais, parcourus 160 mètres ballon en main. Il a réalisé 4 franchissements ainsi que 8 offloads. Défensivement aussi il a progressé avec la barre des 90% de plaquages réussis franchis. Une amélioration notable qui fait de lui un candidat sérieux pour le poste de centre.
Il prend de plus en plus d’importance et à l’image de l’Ulster, il a envie de bousculer l’hégémonie du Leinster dans le rugby irlandais. Il a les capacités pour le faire même si la concurrence s’annonce rude avec des joueurs ayant l’habitude de jouer ensemble avec Henshaw et Ringrose tandis qu’Aki est l’un des meilleurs en Europe à ce poste. Néanmoins, le joueur originaire de Belfast arrive avec de nombreux matchs de référence cette année. Il suffit de voir celui contre le Leinster où il est élu homme du match après avoir inscrit l’essai de la libération après une interception. Une victoire retentissante 20 à 10 sur le terrain des champions en titre et qui a probablement été observé de près par Farrell. Sur cette saison, il a des arguments sérieux pour postuler à une place dans les 23 au cours du tournoi.
Article sur les numéros 10 pouvant succéder à Jonathan Sexton