La rédaction hockey du CCS se met à l’heure chinoise. Le 09 février prochain, les hommes entrent sur la patinoire de Pékin pour livrer bataille dans le cadre du tournoi olympique masculin de hockey sur glace. Si au premier regard, l’absence des joueurs de LNH peut réduire à zéro l’engouement pour ce tournoi, il est aussi bon de constater que le niveau n’a jamais semblé être aussi homogène. Une donnée importante qui favorise les surprises et les belles histoires ! Partons à la découverte des différents groupes olympiques en commençant aujourd’hui par les nations du Groupe A !
Fonctionnement du tournoi Pékin 2022
L’édition 2022 du tournoi olympique masculin de hockey sur glace réunie 12 nations, réparties en trois groupes de quatre équipes. Cette 25ème édition du tournoi répond à une organisation particulière :
- Les trois équipes qui arrivent en tête de chaque groupe sont qualifiées pour les quarts de finale.
- Le meilleur deuxième des trois groupes se joint aux équipes des quarts de finale.
- Les autres équipes jouent une ronde supplémentaire en fonction de leurs classements.
- Les nations vainqueurs rejoindront les quatre équipes directement qualifiées pour les quarts.
GROUPE A
Canada / USA / Allemagne / Chine
GROUPE B
ROC / Tchéquie / Suisse / Danemark
GROUPE C
Finlande / Suède / Slovaquie / Lettonie
Groupe A
Les favoris d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui
🇨🇦 CANADA 🇨🇦
De l’expérience avec une pointe de jeunesse

Si l’absence des joueurs de LNH est évidemment préjudiciable pour Équipe Canada, les ambitions de la nation à la feuille d’érable demeurent intactes : remporter une nouvelle médaille. Pour cela, directeur générale Shane Doan et l’entraîneur en chef, Jeremy Colliton, ont opté pour une stratégie particulière : accumuler des joueurs d’expérience tout en ajoutant quelques touches de jeunes talents confirmés.
Le 24 janvier, le Canada dévoile une liste regroupant un grand nombre d’anciens joueurs de LNH mais aussi quelques futurs talents de la ligue. Du côté de l’attaque, la vedette est sans aucun doute un ancien joueur de l’équipe olympique de 2010 : Eric Staal. Du haut de ses 17 ans en LNH et avec plus 1000 points en carrière en 1293 rencontres, le vétéran de 37 ans apportera son calme, son sens du but et son expérience à la sélection canadienne. Staal est accompagné par Corban Knight, un joueur méconnu en Amérique du Nord puisqu’il n’a disputé que 52 rencontres en LNH, mais qui s’est fait un nom en Russie. Cette saison en KHL avec l’Avangard d’Omsk, il a inscrit 48 points en 47 matchs. Beaucoup d’attaquants canadiens jouissent d’une belle expérience hors-LNH et quelques uns seront scrutés de prêts puisqu’ils débutent à peine leurs carrières. Soulignons ainsi la présence de Mason McTavish, excellent buteur de 19 ans, sélectionné en troisième position du dernier repêchage par les Ducks d’Anaheim.
En défense, même constat, beaucoup d’expérience avec comme symbole la présence de Jason Demers qui totalise 699 matchs en LNH. Oscillant entre les Sharks, les Stars et les Yotes, Demers apportera de grosses certitudes défensives, notamment en situation de désavantage numérique. En carrière, il totalise 771 tirs bloqués. La puissance d’Alex Grant et la solidité du globetrotter Brandon Gormley seront également précieux pour le Canada. Enfin le poste de gardien n’échappe pas à la règle de l’alliage jeunesse/expérience souhaité par Doan : Eddie Pasquale n’a joué que deux ans en LNH mais cumule les saisons de haut vol depuis son arrivée en KHL. Cette saison, c’est 19 victoires en 38 matchs mais surtout 1,99 buts alloués en moyenne et .916% au sauvetage. Mais le poste de partant devrait revenir au jeune Devon Levi, 20 ans, extrêmement précieux lors des Mondiaux Juniors en 2021 où il termine le tournoi avec un pourcentage d’arrêts de .964%. Cette saison, avec le programme de Northeastern en NCAA, Levi tourne à .948% en 24 rencontres.
Si les noms ne sont pas aussi reluisants qu’attendu, les Canadiens arrivent comme à chaque olympiade avec l’étiquette de prétendants au titre. L’alliage choisi pour composer la liste canadienne semble vraiment équilibré et peut déjouer de nombreux pronostics.
Le joueur clef 🗝️
Owen Power, Défenseur, 19 ans
Le parcours du Canada lors de ces Jeux Olympiques pourrait largement dépendre des performances du choix numéro 1 du dernier repêchage de la LNH. Owen Power est un joueur exceptionnel, sélectionné par les Sabres de Buffalo l’année dernière. Toujours dans le programme de Michigan cette saison, Power a démontré qu’il pouvait facilement transposer son jeu chez les professionnels puisqu’il a participé à la conquête de l’or du Canada lors des derniers championnats du monde seniors. Doté d’un QI Hockey très élevé, Power sera probablement utilisé comme principale arme offensive depuis la ligne bleue canadienne. Hâte de voir ce talent briller à Pékin !
🇺🇸 ÉTATS-UNIS 🇺🇸
À la recherche d’un nouveau miracle ?

Tout comme le Canada, les États-Unis se retrouvent amputés de leurs joueurs de LNH mais l’équipe américaine a opté pour stratégie bien éloignée de celle de leur voisin. La nation à la bannière étoilée a choisi d’emmener une liste pleine de jeunesse et non dépourvue de talents. Avec 15 joueurs universitaires, les États-Unis arrivent à Pékin avec l’équipe la plus jeune du tournoi, 24,64 ans de moyenne d’âge, elle est déjà loin de la Russie et de la Slovaquie toutes les deux âgées de 26,32 ans en moyenne et encore plus de l’équipe la plus âgée du tournoi, la Finlande et ses 30,44 ans d’âge moyen.
En attaque, parmi les vétérans remarquables, notons la présence de Brian O’Neill, seul joueur avec une expérience olympique puisqu’il a représenté les Américains lors des Jeux de 2018. Pour sa sixième saison en Finlande avec l’équipe de Jokerit, O’Neill a inscrit 42 points en 41 matchs. Mais évidemment, ce seront les jeunes que nous auront à l’œil côté USA. L’équipe entraînée par David Quinn mise sur la complicité entre universitaire. Ainsi, nous retrouvons plusieurs duos qui évoluent dans les mêmes programmes. Deux attaquants représenteront l’Université de Harvard, Nick Abruzzese et Sean Farell, le buteur Sam Hentges et le solide défenseur offensif Nick Perbix seront aussi de la partie pour le programme de St-Cloud, il en va de même pour le défenseur sélectionné en deuxième ronde par les Avs, Drew Helleson et le gardien très attendu, Drew Commesso qui portent tous deux le chandail de Boston College.
Devant ces jeunes garçons qui jouissent tout de même d’une belle expérience universitaire, un groupe se distingue chez les universitaires américains, ceux évoluant les très réputées programmes du Minnesota. Quatre joueurs débarquent en provenance de l’Université de Minnesota, l’Université de l’Etat du Minnesota et du célèbre Minnesota Duluth. L’Etat du hockey, fournisseur officiel des jeunes talents de l’équipe américaine olympique. Ainsi, Noah Cates, capitaine de Duluth, Matthew Knies et Brock Faber pour Minnesota State, auront largement leurs mots à dire dans la compétition. Le quatrième se nomme Nathan Smith et ce n’est pas le moindre. Avec Mankato (Univ. Minnesota State), Smith déroule cette saison avec 41 points en 28 matchs ! Parlons enfin du pilier de la défense américaine du futur, Jake Sanderson, choix 5 du repêchage 2020 des Senators d’Ottawa, grand habitué des sélections juniors américaines. Le défenseur du programme du Dakota du Nord sera épaulé par des joueurs d’expérience comme Steven Kampfer, 33 ans, vainqueur de la Coupe Stanley avec Boston en 2011.
Regardons vers les gardiens enfin. Si nous vous parlions de Drew Commesso, 19 ans, choix de deuxième ronde des Blackhawks en 2020, le poste de partant devrait logiquement revenir au peut-être sous-estimé Strauss Mann. Capitaine de l’Université de Michigan la saison dernière, Strauss Mann n’a pas été sélectionné et fait le bonheur du Skelleftea AIK en ligue suédoise : 16 rencontres, 2 buts en moyenne encaissés et .921% de sauvetage.
Avec une liste si jeune, il est impossible de ne pas penser à l’histoire américaine et notamment deux épisodes mémorables : les Miracles sur Glace. Le premier en 1960, avec une équipe de joueurs universitaires, les Américains remportaient le premier tournoi olympique (à découvrir sur notre site). En 1980, même scénario au Lake Placide, les jeunes américains remportent l’or olympique contre vents et marées (à découvrir sur notre site). Avec un tel passif, Team USA peut espérer retrouver les sommets olympiques, ce serait un incroyable coup jouer à la Russie favorite, en terre chinoise.
Les joueurs clef 🗝️
Matty Beniers/Brendan Brisson, Attaquants, 19 et 20 ans
Voici l’ultime duo issu de la même université, Matty Beniers, choix numéro 2 du dernier repêchage de la LNH, et Brendan Brisson, choix 29 en 2020. Ensemble, ils éclairent le programme cinq étoiles de Michigan. Beniers, très polyvalent, peut se muer en créateur, en défenseur d’élite ou en buteur et amené à être un joueur étoilé avec le Kraken de Seattle dans les années à venir. Brisson est un véritable buteur, cette saison il a déjà inscrit 17 buts en 29 rencontres. Ensemble, ils auront la lourde tâche d’être les responsables de l’attaque américaine pour ces JO. Ils en sont capables.
🇩🇪 ALLEMAGNE 🇩🇪
Jouer sur le souvenir de 2018

Les Allemands auraient pu avoir leur mot à dire avec leurs joueurs de LNH et notamment les Leon Draisaitl, Tim Stutzle ou encore Moritz Seider. Sans eux, la tâche semble plus compliquée mais la sélection allemande peut compter sur son expérience olympique passée et notamment l’édition précédente couronnée d’une magnifique médaille d’argent à PyeongChang en 2018. L’Allemagne appuie sa liste sur les meilleurs clubs du championnat allemand : l’EHC Red Bull de Munich (5 joueurs), l’Adler Mannheim (5 joueurs) et le champion en titre, l’Eisbaeren Berlin (4 joueurs).
L’attaque allemande sera portée par deux joueurs en particulier. Le premier n’est autre que Marcel Noebels, déjà membre de l’équipe médaillée d’argent. Puissant et doté d’un véritable instinct de buteur, Noebels n’a jamais eu sa chance en LNH malgré de très belles performances en WHL et en AHL. Joueur de Berlin depuis 2014, l’attaquant enchaîne les belles saisons comme l’année dernière où il inscrit 10 points en 9 matchs de séries pour conduire son équipe au titre. Cette saison, Noebels tourne 45 points dont 16 buts en 39 matchs. Le second est celui qui possède la plus grosse expérience en LNH, Tom Kühnackl. Double champion avec les Penguins de Pittsburgh, celui qui joue actuellement en SHL avec le Skelleftea AIK, a disputé 232 rencontres dans la ligue américaines pour 54 points amassés. Reconnu pour son tir surpuissant, Kühnackl fera un bien fou à l’Allemagne.
En défense, l’Allemagne fait appel à l’expérience avec notamment la présence de Korbinian Holzer, 33 ans. Avec ses 1m90 et ses 99kg, Holzer est un solide joueur de la ligne bleue qui a passé 8 saisons en LNH. Lors des championnats du monde 2021, aligné avec Mo Seider, ils ont été nommés dans l’équipe étoile du tournoi. Dur sur l’homme, puissant et intelligent, Holzer sera probablement aligné sur la première ligne allemande. Reste à savoir avec qui. Jonas Muller pourrait bien être ce gars. A 26 ans, Muller peut clairement donner un tournant à sa carrière. Lors des JO 2018, son nom avait raisonné dans le monde du hockey après son but incroyable contre la Russie en finale qui donna une avance veine aux Allemands. Champion d’Allemagne avec Berlin, Muller voudra retrouver la gloire et effacer l’amertume de la finale. Mention spéciale également à Marcel Brandt, le petit défenseur buteur des Tigres de Straubing. En 34 matchs cette saison, le joueur d’1m75 a inscrit 10 buts pour 17 points.
Enfin, côté gardien, sans aucun doute, le poste de partant revient à Mathias Niederberger. Fantastique lors des derniers championnats du monde, Nierderberger avait enregistré de magnifiques victoires contre le Canada, la Lettonie et la Suisse. Si Berlin a remporté le championnat allemand la saison dernière, Niederberger n’y est pas étranger avec un beau .920% en séries. Cette saison, il tourne à 2,03 buts encaissés par rencontre et un pourcentage d’arrêt de .931%.
Le joueur clef 🗝️
Dominik Kahun, Attaquant, 26 ans
Âgé de 26 ans, Dominik Kahun a passé trois saisons en LNH avec notamment une saison 37 points avec les Blackhawks. Créateur polyvalent, Kahun a peut-être l’occasion de se montrer aux yeux des franchises de LNH et espérer revenir dans la grande ligue grâce à ces Jeux Olympiques.
🇨🇳 CHINE 🇨🇳
Rendez-vous en terre inconnue

Le hockey chinois masculin est loin d’être au niveau de développement des autres pays présents dans ces Jeux Olympiques. Avant le retrait des joueurs de la LNH, il était même envisager de disqualifier la sélection masculine au profit de la Norvège. Mais au fil des négociations entre l’IIHF, le CIO et les autorités chinoises, des solutions ont été trouvées. Pour ne pas encaisser 50 buts par match, les autorités chinoises et la Fédération Internationale de Hockey, désireuse de ne pas participer l’humiliation du pays hôte, ont choisi d’opter pour une sélection pleinement internationale. Ainsi, 11 joueurs sont nés au Canada, 7 aux États-Unis, 1 Russe et seulement 6 viennent de Chine. La force de cette équipe réside dans le fait que ces joueurs évoluent ensemble, depuis au moins deux ans, dans le club chinois de KHL, le Red Star de Kunlun. Fondée en 2016, un an après l’annonce de la tenue des JO d’hiver à Pékin, le club de Kunlun a rejoint la KHL avant la saison 2016-2017. Même système que pour les femmes.
Avec cette probable force collective, il est très difficile d’appréhender le niveau réelle de cette sélection. Parmi tous les joueurs, nous pouvons mentionner la présence du fils du célèbre Chris Chelios, Jake Chelios. Après presque 300 matchs en AHL, Jake n’a pas eu l’occasion de jouer en LNH et a donc choisi de rejoindre le club de Kunlun en KHL. Mentionnons également la présence des frères canadiens, Spencer et Parker Foo. Cette saison, Spencer est le meilleur pointeur de Kunlun avec 33 points en 48 rencontres, son frère tourne 17 points en 35 matchs. En attaque, nous retrouvons également un espoir de la WHL, Tyler Wong. Lors de la saison 2015-16, Wong était capitaine des Hurricanes de Lethbridges et termine cette saison avec 89 points en 72 matchs.
En défense, avec Chelios, la Chine ramène un joueur de 29 ans, Ryan Sproul, fort d’une expérience de 44 matchs en LNH. Lui aussi, comme beaucoup, a airé en AHL avant de changer de continent. Il sera probablement la meilleure menace offensive depuis la ligne bleue chinoise avec Jason Fram. Ce dernier, natif de Vancouver, a disputé 5 saisons en WHL entre 2011 et 2016. Lors de sa dernière saison, en tant que capitaine des Chiefs de Spokane, Fram a cumulé 12 buts et 34 passes en 55 rencontres.
Avec des entraînements intenses et un véritable collectif, la Chine peut jouer des tours à des équipes qui n’auront pas eu beaucoup l’occasion de s’entraîner ensemble comme les Américains qui ne pourront jouer ensemble que lors de leur arrivée en Chine, le 3 février. Surtout, les Canadiens et Américains sélectionnés par la Chine arrivent avec un véritable esprit de revanche. Plutôt performant dans les ligues juniors, ces joueurs n’ont majoritairement pas eu l’occasion de jouer en LNH. Rien de plus motivant pour un sportif que de jouer contre les pays qui n’ont pas voulu croire en vous.
Le joueur clef 🗝️
Brandon Yip, Attaquant, 36 ans
Probablement le nom le plus connu de cette liste. Après un cursus complet dans la prestigieuse Université de Boston, Brandon Yip a été repêché en huitième ronde du repêchage 2004 par l’Avalanche de Colorado. Yip a eu sa chance en LNH. Lors de sa première saison, il a compilé 11 buts et 8 passes en 32 rencontres avec les Avs. La saison suivante ? 12 buts et 10 passes en 72 rencontres. Ensuite, Yip est parti aux Predators où il n’a pas réussi à s’imposer en 59 rencontres. Brandon Yip s’exile ensuite en Allemagne et remporte le titre en 2015. Capitaine depuis sa deuxième saison à Kunlun, la belle histoire de Yip peut prendre une ultime belle tournure lors de ces JO.
🔮 Les prédictions du CCS 🔎
1er : Canada
2ème : États-Unis
3ème : Allemagne
4ème : Chine
Avec le Canada et les États-Unis dépourvus de leurs joueurs de LNH, ce Groupe A a un peu perdu de sa superbe mais, à l’inverse, le niveau est bien plus homogène et le dénouement plus qu’incertain. Ces deux nations restent favoris pour une médaille, mais attention à la mauvaise surprise. L’Allemagne a l’expérience et la Chine peut vraiment venir jouer un rôle de perturbateur contre toutes attentes.