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Holger Rune, la boule de feu danoise

C’est un joueur discret qui gravit les échelons à toute vitesse ! Voici Holger Vitus Nødskov Rune, l’une des nouvelles pépites du tennis mondial. Droit dans ses bottes et toujours souriant, ce jeune Danois n’aura pas de mal à faire grandir sa communauté de fans dans les semaines à venir. Holger, cet acharné de travail tient dans ses mains, les cartes pour troubler les meilleurs joueurs du circuit. Motivé, il vise pour 2022, une place dans le top 25, rien que ça.

Né au Danemark en 2003, dans la ville de Gentofte, située au nord-est de Copenhague, Holger est tout juste majeur. Devenu professionnel en 2020, le Danois surprend sur le circuit par sa facilité à engranger les étapes tout en restant humble. Avec lui, c’est l’assurance que le tennis mondial sera tout autant passionnant.

Un jeune joueur époustouflant

L’ancien numéro un mondial et vainqueur de Roland-Garros (2019) dans les catégories junior est encore au stade des découvertes. Il comptabilise au début de la saison 2022, deux petites participations à des Grand Chelem. Pour sa grande première à New-York, son entrée en matière fut loin d’être ridicule. Après être sorti avec brio des qualifications, Rune joue son premier tour contre Novak Djokovic où il réussit à empocher le second set. Pas impressionné par le numéro un mondial, il se sentait même capable de le battre.

Après s’être aguerri pendant de longs mois en disputant de nombreux Challengers, Holger intégra directement le tableau final d’un Grand Chelem pour affronter au premier tour de l’Open d’Australie Soon-Woo Kwon. Match qu’il a perdu en 5 sets après avoir livré un gros combat. C’est l’expérience qui a parlé en faveur du Sud-coréen .

Lors de l’année 2021, il réussit à passer de la 474e place mondiale aux portes du top 100. Holgy, de son surnom, termina cette saison 2021 en apothéose comme l’illustre sa qualification pour les ATP Finals de la Next Gen à Milan, compétition qui récompense les meilleurs joueurs du circuit de moins de 22 ans. Dès le début de l’année suivante, il remplit son objectif juste avant d’entrer en lice à l’Open d’Australie, grâce à son entrée dans le top 100. Début février, Holger pointe à la 88e place mondiale avec les yeux fixés sur le top 25 pour la fin de saison.

Sa soeur, à l’origine de sa passion

Holger Rune est l’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération et une star montante du tennis. Précoce, le Danois a rapidement gravi les échelons depuis ses premiers succès en Futures en 2020. 

Passionné par le tennis depuis ses 6 ans, Holger doit une fière chandelle à sa sœur qui l’a attiré vers ce sport, car sans elle, peut-être qu’il n’aurait jamais posé un pied sur un court. À l’époque, Holgy n’était qu’un observateur de la petite balle jaune. Effectivement, le petit curieux ne loupait jamais les entraînements de sa sœur Alma, avec qui il noue des liens très forts. Puis un jour, il demanda à essayer lui aussi. Cela devait être qu’un essai, mais il en est devenu accro.

« Je suis descendu pour essayer et j’ai toujours trouvé ça génial de jouer au tennis. »

Pourtant, avec les jeunes enfants, il est impossible de savoir si le sport pratiqué gardera de son importance au fil des années : curiosité pour d’autres sports, influence des copains, et beaucoup d’autres facteurs peuvent interrompre cette romance avec le sport. Pour Holgy, ce fut différent, il avait ce supplément d’âme, cette envie de jouer, ce coup de cœur ! Le tennis l’animait et lorsqu’il effleurait la balle, son cœur battait plus fort. Sur le court, le Scandinave avait trouvé sa place.

« Depuis le début, j’ai toujours pris le tennis très au sérieux et j’ai toujours aimé ce sport et je m’en suis amusé », avouait-il. Avant d’expliquer le challenge qui lui imposait sa sœur : «Je voulais toujours être meilleure et elle voulait être meilleure que moi, alors nous avons beaucoup joué ensemble. Je pense que cela a définitivement aidé ma jeune carrière »


Reconnaissant envers Alma qui lui a montré le chemin, Holger n’a plus jamais lâché le tennis. Maintenant, il veut prouver au monde du tennis qu’il a la carrure pour devenir un très grand joueur. Pour cela, il est bien entouré. Le Danois possède la même équipe depuis ses premiers coups de raquette, symbolisée par deux personnes, qui sont au cœur de sa réussite.

Aneke, l’indispensable ange gardien

Sa maman, Aneke exerce de multiples fonctions pour la carrière de son fils. Elle est d’ailleurs épaulée par Lars Christensen, coach d’Holger, qui l’entraîne depuis ses débuts dans le monde du tennis. Ces deux-là forment une paire qui fonctionne bien, en témoigne le parcours du jeune Danois. Aneke Rune est sûrement la personne la plus importante dans le clan Rune. Attentive à la passion et au désir de son fils, Aneke, première supportrice d’Holger s’est vue propulsée au premier rang pour contempler l’idylle que mène son fils avec la petite balle jaune.

« Comme toute mère, elle se devait d’être là. Alors elle prit part à ses entraînements pour être à ses côtés et l’accompagner. »

Lars Christensen

Face à cette volonté qui paraissait indéboulonnable, Aneke a vite pris la mesure du potentiel de son poulain. Elle chercha la solution la plus évidente pour qu’il poursuive sa progression et atteigne son rêve, loin de son pays natal.

« C’est important, si vous sentez que votre enfant à un rêve, de le soutenir dans son rêve, quel qu’il soit. »

Aneke Rune

Aneke Rune accompagnait son fils pendant chaque tournoi et chaque entraînement. C’était important pour elle, et Holger en avant besoin. Elle a adapté sa vie en fonction de son fils : Aneke partit vivre avec lui en Angleterre et en France alors que rien n’était promis ni assuré concernant la réussite future du jeune prodige. 

« C’était un petit garçon, ce n’aurait pas été cool de l’envoyer en compagnie de son coach. Il avait 10 ou 11 ans. Il avait besoin de sa mère. » 

Aneke Rune

Tout était question de sacrifices pour Holger, aujourd’hui cela paye, mais l’objectif n’est pas totalement atteint. Il reste du chemin et Aneke le sait. Holger doit aussi savoir se reposer et souffler : « c’est un perfectionniste dans tout ce qu’il fait. Mais je dois le calmer et lui dire tranquille. »

« Elle m’aide à me détendre après les matchs, ou quand je suis fatigué après les entraînements. Elle est comme un coach mental pour moi. »

Holger, à propos du rôle de sa mère.

Un acharné qui a tout fait pour réaliser son rêve

La vie d’Holger Rune pourrait être résumée au tennis. C’est simple depuis le moment où il a tapé ses premières balles, il n’a plus jamais lâché la raquette. Sa vie, il l’a consacrée et la consacre au tennis. C’est une histoire d’amour, c’est l’histoire d’un rêve, de son rêve, qui a commencé très tôt. Pourtant, comme de nombreux garçons de son âge, le foot faisait partie des activités d’Holger, mais il y avait aussi le tennis. Et c’est pour la petite balle jaune que son cœur battait alors il n’a pas hésité à délaisser la pelouse pour se donner sur le petit rectangle parsemé de lignes blanches.

Dès ses premiers pas, Rune montrait une qualité supérieure aux autres, il semblait dévoué au tennis. D’ailleurs, sa mère le souligne, il était très attentif et se forçait à retravailler ce qu’il venait d’apprendre à son cours de tennis en rentrant à la maison.

Très vite, le Danois voulait s’inscrire aux tournois. Il avait hâte d’affronter les autres avec l’envie de montrer qu’il faisait partie des meilleurs. Son coach s’y opposa, car il voulait lui donner plus de cartes en main avant de se retrouver seul sur le court face à l’adversité. Grâce à sa grande obstination, ses proches acceptèrent le défi de le lancer dans l’aventure des tournois. Le tout premier qu’il a disputé, c’était avec des balles en mousses, résultat : finaliste, rien que ça ! Holger avait envoyé un signal, et l’idylle commença.

Au fil du temps, le blondinet qui souhaitait ressembler à Roger Federer, comprend très vite que pour atteindre son rêve, il devra quitter son confort. Cela le faisait passer pour un grand rêveur, et personne ne le suivait dans sa volonté de devenir tennisman sauf sa famille et son coach. Attiré dès son plus jeune âge par les exploits de sa grande sœur qui tapait la balle, Holger a su convaincre sa famille avec ses grandes déclarations sur le tennis pour les faire adhérer à son projet. 

Conquise, sa mère partit avec lui pour qu’il poursuive son ascension au plus près des joueurs qui lui ressemblent. Ils emménagèrent dans un premier temps à Londres puis quelques mois plus tard, la famille Rune rejoignit la France et la fameuse Mouratoglou Tennis Academy. À l’époque, Holger avait l’âge de 13 ans, mais il en était convaincu, c’était le bon choix. Trop isolé au Danemark par rapport à ses volontés de professionnalisme, l’environnement anglais et français l’avait conforté dans son choix, c’était ici sa place, au milieu de jeunes joueurs talentueux, comme lui.

Lars Christensen, un mentor d’exception

Dès son plus jeune âge, Holger se différencie des autres joueurs et laisse transparaître de belles promesses dont se souvient encore son coach, Lars Christensen :

« Je l’ai remarqué très vite. Il a progressé si vite et était totalement dévoué à devenir un bon joueur de tennis, c’est donc comme ça que j’ai eu les yeux sur lui en premier lieu. »

Conscient des talents du poulain de Gentofte, Lars le prend sous son aile. Ses principes sont clairs, c’est un joueur avec un gros potentiel donc il faut penser à une évolution sur le long terme : axer des entraînements sur la technique et surtout faire le tour du potentiel de son joueur pour trouver les axes à améliorer. Techniquement, Holger était un cran au-dessus de la plupart des autres joueurs.

« S’il jouait sur un demi-terrain, il gagnait à chaque fois, mais sur un terrain complet, il ne bougeait pas assez bien. J’ai décidé que nous devions développer beaucoup plus son physique et son agilité. »

Mais quelque chose dérange Lars, l’aspect physique. C’est d’ailleurs là ou il y’avait une brèche, lui faisant longtemps défaut lors de ses premières compétitions, car Holger manquait de fraîcheur et n’était pas prêt pour assumer des matchs entiers.

C’est l’une des raisons pour laquelle il a toujours intensifié ses entraînements. Rune en parle souvent de son physique et de son envie d’être le plus résistant possible. Il se doit d’être prêt à mener des combats de gladiateurs sur les arènes du circuit mondial. Il le sait, la technique, il la possède, mais c’est la fraîcheur et le physique qu’il n’a pas forcément.

Pleinement engagé dans ces efforts du quotidien, il faut savoir qu’Holger n’appréciait vraiment pas les exercices physiques, et son entraîneur s’en souvient encore :

« Il détestait vraiment cela parce qu’il était paresseux [étant enfant], alors nous avons eu des moments difficiles à ce moment-là, pour lui faire comprendre et travailler dur à l’entraînement et faire des choses sans raquette, des exercices de coordination et des choses comme ça. »

« Quand il s’en est sorti, il a commencé à battre les gars des moins de 12 ans et est devenu le meilleur joueur de sa catégorie d’âge. Tout a fini par payer. »

Tout a fini par payer en catégorie junior avec ce titre à Roland-Garros et la place de numéro un mondial acquise en 2019. Maintenant à voir ce qu’Holger pourra atteindre chez les Seniors, en lui souhaitant la même réussite.

Holgy a la chance d’être proche avec son mentor. De toute évidence, c’est une force mais cela peut-être parfois difficile car une relation filiale est née entre les deux hommes.

« Cette séparation entre la relation personnelle et professionnelle peut être difficile à faire. Je dois parfois être très dure avec lui, mais je dois aussi le traiter comme mon fils. »

Patrick Mouratoglou, entraîneur de Serena Williams et fondateur de la Mouratoglou Tennis Academy où Holger s’entraîne. Il a pu observer le diamant danois en action avec son coach et résume en une phrase l’importance de Lars pour Holger :

« C’est le ciment de son succès. »

Patrick Mouratoglou

Un gladiateur sur le court

À l’image de la nouvelle génération qui essaye de prendre le pouvoir sur le tennis mondial. Le diamant danois fait partie de cette catégorie de joueurs qui sont animés par un feu intérieur. Agressif, tout au long de ses rencontres, c’est de cette manière qu’il arrive à se sublimer. L’agressivité avec laquelle il joue ses matchs est terrifiante pour ses adversaires, mais spectaculaire pour les supporters.

Il est très émotif, très compétitif aussi très, très rapide. C’est un joueur totalement dévoué au tennis. Holger a le don de savoir jouer extrêmement juste et de ne pas en faire trop sur le court. Il a une stratégie bien en place qu’il réussit à maintenir lors de ses rencontres. 

« Holger a une bonne technique et une bonne compréhension du jeu. »

Lars Christensen, qui reconnaît les aptitudes de son poulain.

Holger possède un coup droit très puissant et très précis. Il a un bon service qui reste très perfectible. Bon relanceur, il garde une position éloignée de sa ligne jusqu’au dernier moment où il rentre dans le court au moment de l’impact adverse. Il met une pression pour pouvoir se retrouver en position de force le plus rapidement possible dans l’échange. En revanche, sur les deuxièmes services, il reste à la limite pour prendre le temps de faire une relance propre et précise.

Très mobile, le Danois sent parfaitement le jeu et a souvent un temps d’avance sur ses adversaires. Difficile à déborder, Holger propose une couverture de terrain impressionnante. Ce joueur puissant a tendance à beaucoup se jouer de son coup droit lors de ses attaques. Il tourne de nombreuses fois autour de ce coup pour chercher le coup croisé, pourtant son revers à deux mains est vraiment bon.

Il cherche toujours des ouvertures pour prendre l’initiative dans le point et se mettre dans les dispositions pour venir conclure au filet. Sûrement trop facile dans la finition, Holger perd quelquefois le fil au moment de conclure une fois au filet. Habitué à disputer d’âpres combats, avec de longs échanges, le Danois connaît des petits passages à vide dû à sa grosse dépense d’énergie.

Il croit beaucoup en lui

Avant de jouer contre Novak Djokovic à l’US Open et de gagner un set dans ce match, il a dit qu’il voulait aller le battre. Il sait se persuader qu’il peut tout faire, tout gagner. Dans la tête d’Holger, il n’y a qu’une phrase qui tourne en rond : « je suis le meilleur et je peux battre n’importe qui ».

Cette confiance en lui est très bénéfique, surtout qu’il arrive à garder la tête froide. Heureusement, Holger reste humble. Depuis petit, il a pris cette habitude, c’est sa façon de penser. 

« Il a toujours été comme ça. Quand il avait 10 ans, il était sûr à 100 % de pouvoir battre les seniors au Danemark et ce n’était pas possible. Mais dans son esprit, c’était possible et c’est un point de vue très fort pour un joueur, car si vous ne croyez pas à 100 % en vous, cela n’arrivera pas. »

« Je suis plus réaliste. Je savais que jouer contre Djokovic à l’US Open, pour son premier Chelem, serait difficile. S’il avait joué du bon tennis et montré son potentiel, j’aurais été très heureux. C’est ce qu’il a fait et c’était fantastique. »

Lars Christensen

Mais pour lui, c’était gagner ou perdre et c’est ce qui le nourrit à chaque match.

« Mais mon travail consiste à fixer des objectifs réalistes, à essayer de lui dire que tout est possible. Il faut faire un pas après l’autre. Prendre un set contre Djokovic, c’est quelque chose, mais aller jusqu’au bout avec Djokovic, c’est une autre histoire. »

Il n’est pas le seul à croire en lui, sa mère sait qu’il peut devenir le meilleur du monde. Pour cela, il sait qu’il doit encore travailler dur. Rune peut compter sur son coach et sa mère, présents depuis le début. Bien qu’il soit sûr de ses forces, le Danois ne veut brûler aucune étape sans avoir senti en amont qu’il serait capable de franchir un nouveau cap. Porté, par des objectifs bien précis qu’il s’impose chaque année, Holger travaille dur pour les remplir.

Objectif top 25 ?

Venant de franchir le cap symbolique de la 100e place mondiale qui était son objectif pour la saison 2021, le Danois est 88e mondial. Alors qu’il fêtera dans un mois sa première année sur le circuit, Holger souhaite terminer la saison au plus près du top 25. Pas encore en réussite sur les tournois en début d’année, Rune espère profiter de la tournée sur terre battue qu’il apprécie particulièrement pour faire un bond dans le classement. En 2021, il avait remporté quatre titres Challengers dont trois sur terre battue : San Marin, Biella, Vérone, et celui de Bergame sur dur. Sur l’ensemble de la saison 2021, Holger Rune comptait un pourcentage de 69% de victoires.

En raison du gel du classement, Holger n’a pas pu obtenir la progression qu’il pensait mériter. Il termina l’année à la 103e place mondiale après avoir fait un bon de 371 places en un an, hallucinant ! Pour cette saison 2022, il vise le top 25. D’ailleurs, son objectif peut paraître présomptueux, mais Holger sait qu’il ne lui faudra pas gagner autant de places que l’année passée. Le Danois était très fier de son parcours sur la saison 2021. Il est devenu le plus jeune joueur derrière Richard Gasquet en 2003 à avoir remporter 4 titres Challengers sur une saison. Il devance de peu son ami Carlos Alcaraz.

Holgy vise plus haut. Ce qu’il veut, soulever un jour les quatre majeurs et être classé numéro un mondial comme il l’avait été en junior après sa victoire à Roland-Garros en 2019. Vu son sérieux et sa capacité à aller chercher les choses qu’il souhaite, Holger Rune est à prendre au sérieux. Qui sait, peut-être qu’un jour, le Danois atteindra son rêve de Grand Chelem. Une chose est sûre, il a la qualité pour aller au sommet du tennis.

Après avoir vu éclore le jeune Alcaraz, son acolyte danois, nous fera rêver dans les années futures. Très amis dans la vie, les deux joueurs se retrouveront aux sommets du tennis mondial. Les prochaines années aideront à y voir plus clair, mais l’optimisme est de vigueur tant leurs talents saute aux yeux.

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