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Pour Unai Emery, l’année ou jamais en Champions League ?

S’il y a un homme qui connaît les rouages de l’Europa League comme personne, c’est bien lui. Avec quatre finales remportées, Unai Emery est l’entraîneur qui a soulevé la petite coupe d’Europe le plus souvent. Pour autant, lorsqu’il vient se frotter au gratin du football européen, les choses se compliquent. Avec Valence, en 2010/2011, il s’était fait sortir en 1/8e de finale de Champions League par Schalke (4-2). Il était arrivé au même stade avec le PSG, en 2016/2017 puis en 2017/2018. À chaque fois éliminé dès la sortie des poules par un club espagnol : le Barca d’abord (6-5), le Real ensuite (5-2). Cette année avec Villarreal, le voilà de retour. Contre la Juventus, mardi 22 février 2022, il tentera de casser ce plafond de verre.

Dans les équipes d’Unai Emery, il y a bien plusieurs facteurs qui ne changent jamais. À chaque fois, le technicien espagnol arrive à imposer une certaine polyvalence et un modèle à son équipe afin qu’elle soit capable d’adapter son plan de jeu en fonction des joueurs qu’il a sous sa direction. Peu importe le déroulement de la rencontre, l’intensité, l’agressivité et l’intelligence d’exécution sont quasiment tout le temps au rendez-vous. Qu’il joue en 4-4-2 ou en 4-3-3, les deux systèmes les plus utilisés cette saison avec Villarreal (29 fois sur 34 matchs), sa progression offensive se fait toujours grâce aux deux joueurs positionnés devant la défense. David Silva et Éver Banega à Valence, Stéphane M’Bia et Daniel Carriço à Séville, Thiago Motta et Adrien Rabiot à Paris, Granit Xhaka et Matthéo Guendouzi à Arsenal et maintenant Dani Perejo et Etienne Capoue, et à moindre mesure Francis Coquelin, à Villarreal.

De multiples solutions offensives

Avec une moyenne de près d’un ballon touché par minute en Liga (1 530 en 1 664 minutes pour Parejo, 1 048 en 1 536 pour Capoue), les deux milieux sont les plaques tournantes de l’équipe. Présents défensivement, ils vont surtout mettre de la vitesse lorsqu’il s’agit de jouer vers l’avant. Outre Pau Torres et Raúl Albiol, ce sont les joueurs qui font progresser le plus leur équipe vers le but adverse (1 873 mètres gagnés pour le Français, 1 737 pour l’Espagnol).

Etienne Capoue après son but contre l’Atalanta (Crédit : DR).

Une fois la phase offensive enclenchée, les ailiers proposent alors rapidement une solution, que ce soit Samuel Chukwueze, Yeremi Pino ou Alberto Moreno. Ils étirent ainsi le bloc adverse et des solutions sont alors proposées au centre, avec Gerard Moreno, Arnaut Danjuma et maintenant Giovanni Lo Celso dans la surface. Mais le travail des deux milieux ne s’arrête pas là car Daniel Parejo vient également proposer une solution en retrait. Preuve de l’apport offensif de ce dernier : Avec 394 ballons touchés dans les 30 derniers mètres (plus haut total de l’équipe), c’est de nouveau lui qui dirige le jeu. Contre l’Atalanta, lors du dernier match de Champions League, c’est Etienne Capoue qui s’était illustré en étant à l’origine de l’action puis à la conclusion (voir ci-dessous).

Positionné à l’entrée de la surface, il se rend disponible grâce à un appel en retrait.
Une fois la balle au pied, il provoque et trouve un une deux qui va lui permettre de transpercer la ligne défensive adverse.
Même excentré, Etienne Capoue réussit à s’orienter vers le but et creuse l’écart, 2-0 pour Villarreal.

Contre une Juventus qui a encore du mal à proposer du jeu et à lutter contre les équipes qui en produisent, bien que les Biancchoneri soient mieux qu’en début de saison, ce système de jeu pourrait être la clef pour les Espagnols. Car ça sera sûrement Sandro qui devra défendre sur un Chukwueze qui aime dribbler et provoquer, comme il l’a montré plusieurs fois contre le Real Madrid, samedi 12 février 2022.

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Une attaque qui s’est encore étoffée 

Villarreal possède la 4e meilleure attaque de Liga (38 buts marqués et 69 goals creating-action, 2e plus haut total) et la 8e en Champions League (12 buts en 6 rencontres, 48,1 % de tirs cadrés, seul Manchester United fait mieux). Mais non-content de la bonne santé de ce secteur, composé de Gérard Moreno, de Samuel Chukwueze, de Yéremy Pino, de Moi Gómez ou d’Arnaud Danjuma, Unai Emery a malgré tout décidé de recruter cet hiver afin d’étoffer encore un peu plus devant, avec Giovanni Lo Celso, qui semble s’être parfaitement acclimaté au climat méditerranéen. Après une entrée intéressante contre le Betis, l’Argentin a démontré toute son utilité face au Real Madrid. « Lo Celso s’est bien adapté à cette équipe, il peut jouer à différentes positions, nous donner de la continuité dans notre jeu et faire courir les adversaires », analysait son coach à la fin de la rencontre. 

Lors de cette deuxième rencontre sous ses nouvelles couleurs, et en l’absence de Gerard Moreno, Unai Emery avait placé Lo Celso entre les lignes. Avec 33 ballons touchés dans les trente derniers mètres et 31 au milieu de terrain, il a permis de faire le lien entre le milieu de terrain et Danjuma. Mieux encore, il a réussi quatre de ses six dribbles tentés, réalisant ce que le coach attendait de lui. Il aura ainsi fait progresser son équipe de plus de 190 mètres vers le but de Thibaut Courtois.

Lo Celso à l’entraînement avec Villarreal (Crédit : Villarreal CF).

À l’instar de la 18e minute lorsqu’il trouve Danjuma ou de la 38e et la frappe puissante de Moreno, son positionnement dans la surface adverse, créant des décalages, aura surtout mis ses coéquipiers en avant. En revanche, contre la Juventus il faudra faire déjouer la paire Bonucci-De Ligt qui fonctionne plutôt bien depuis le début de la saison. 

Un système défensif bien huilé

Mais pour espérer atteindre le tour suivant, il faudra réussir à museler Locatelli, véritable plaque tournante des Bianconeri, Dybala, qui a souvent porté l’équipe jusque-là, et Vlahovic, nouvelle recrue, qui a scoré pour son premier match.

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Mais pourquoi changer une recette qui fonctionne. Unai Emery ne devrait pas déroger à la règle et garder son leitmotiv défensif. À savoir un positionnement avancé, obligeant sa ligne à évoluer loin de son but. Il mise ainsi sur la pression constante exercée par son XI, qui facilite la récupération haute du ballon. Polyvalent, son secteur défensif est également capable de se replier vite, de défendre en zone et d’exercer, là aussi, un harcèlement permanent sur le porteur de balle. 

Résumé du match Villarreal – Real Madrid.

Une stratégie qui l’a parfois mise à défaut. Avec des latéraux qui aiment monter – 319 ballons touchés dans les trente derniers mètres pour Pedraza en Liga, 268 pour Estupiñan, 199 pour Foyth – il prend le risque de se faire prendre dans le dos. Si du côté de Sandro, la Juventus a plus de mal, les Espagnols devront se montrer prudent, à gauche, avec les montées de Cuadrado. Mais afin d’éviter cela face à des équipes présumées plus dangereuses, Emery opte pour une phase défensive plus modérée, en positionnant un bloc central et des lignes plus resserrées. Il exige également à des joueurs à vocation offensive, tels que Chukwueze, de redescendre plus souvent afin d’équilibrer le bloc défensif. 

Selon les bookmakers, la rencontre sera disputée : côte moyenne de 2,56 pour Villarreal, de 3,1 pour le match nul et de 2,70 pour la Juventus. Quoi qu’il en soit, les forces en présence, le fait que le match se joue devant ses spectateurs et la forme d’une Juventus, parfois en demi-teinte, permet à Unai Emery d’avoir toutes les cartes nécessaires pour performer. Avant, peut-être, de valider son ticket, dans trois semaines. Et d’enfin goûter à ce doux parfum des quarts de finale de Champions League. 

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