Biathlon Sports hiver

Pourquoi l’étape d’Oslo est si spéciale ?

On y est. La dixième et dernière étape de la coupe du monde de biathlon prend place à Oslo, pour un triptyque Sprint-Poursuite-Mass Start très excitant. Cette dernière semaine de compétition va décerner les derniers globes de cristaux, mais pas que. Entre derniers efforts avant les vacances, fins de carrière et découverte de jeunes, la dernière étape de la saison représente un ensemble d’émotions qui la rend spéciale.

Un site mythique

En premier lieu, il faut rappeler que le site d’Oslo Holmenkollen est un classique du biathlon qui a tant manqué sur le circuit. L’étape a été annulée ces deux dernières saisons en raison de la pandémie alors qu’elle concluait bien souvent quatre mois intenses de compétition. Le site d’Oslo fait partie des plus anciens à être visité, avec une première apparition sur le calendrier en 1983, cinq ans après les débuts de la coupe du monde.

Le site d’Oslo-Holmenkollen est magnifique (Crédit : biathlontravel)

Oslo, c’est aussi la capitale d’une des nations majeures du biathlon : la Norvège. Cela est d’autant plus vrai au XXIème siècle où les Norvégiens, excellents fondeurs, dominent la discipline devant l’Allemagne et la France. Les Norvégiens sont très friands des disciplines nordiques, et après deux ans sans biathlon, on imagine qu’ils répondront présent en nombre. D’autant plus qu’une de leurs protégées devraient remporter le gros globe de cristal : Marte Olsbu Roiseland.

La dernière fois que le biathlon a fait étape à Oslo en 2019, Johannes Boe avait gagné la poursuite devant son public (Crédit : Nordic Focus)

Une étape souvent décisive

A Oslo, ce sont trois épreuves individuelles qui prennent place. C’est le théâtre final d’une lutte de quatre mois pour les petits globes de cristal du Sprint, de la Poursuite et de la Mass-Start. Surtout, c’est l’apogée de la quête du gros globe de cristal, celui du classement général. Si ce gros globe a récemment souvent été joué avant l’étape d’Oslo, comme chez les hommes avec Quentin Fillon-Maillet cette année, les enjeux restent nombreux. Et forcément, avec l’enjeu vient l’émotion.

Cette saison, il reste encore quatre petits globes de spécialités à décerner (le Sprint et la Mass-Start chez les deux sexes). Chez les femmes, Dorothea Wierer est la mieux placée sur la Mass-Start et Marte Olsbu Roiseland sur le Sprint. Chez les hommes, Quentin Fillon-Maillet pourrait poursuivre sa razzia (il a déjà le petit globe de la Poursuite et le gros globe) puisqu’il possède une avance confortable dans les deux classements.

Les classements de spécialité du Sprint (en haut) et de la Mass-Start (en bas) avant la dernière semaine (Crédit : Wikipédia)

Concernant le gros globe, tout est joué chez les hommes mais pas chez les femmes. Marte Olsbu Roiseland peut le remporter pour la première fois devant son public. Avec encore 180 points à distribuer, la norvégienne possède 72 points d’avance sur sa première poursuivante : Elvira Oeberg. Cette dernière est par ailleurs assurée du maillot bleu de la meilleure jeune. Chez les hommes, la lutte pour ce maillot sera âpre entre Sturla Laegreid et Sebastian Samuelsson, séparés par seulement 22 points.

Le classement général chez les femmes (à gauche) et le classement du meilleur jeune chez les hommes (à droite) avant la dernière semaine (Crédit : Wikipédia)

Enfin, la coupe des nations n’est pas encore mathématiquement jouée, même si la Norvège est loin devant, aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Hors de ces classements, la France et la Suède vont partir en quête de leur record de podium sur une saison, qui est de 51 pour les Bleus et 21 pour les nordiques.

Le classement de la coupe des nations chez les hommes (à gauche) et le classement du meilleur jeune chez les femmes (à droite) avant la dernière semaine (Crédit : Wikipédia)

La dernière danse pour beaucoup…

Qui dit fin de saison dit également tournée d’adieu pour bon nombre d’athlètes qui choisissent d’arrêter leur carrière, au grand dam des supporters. Le site d’Oslo a vu tant de fins de carrière qu’il ne les compte plus. Pas de chance, Oslo revient au calendrier lors d’une année olympique, où les carrières s’arrêtent plus souvent. Après quatre ans à se préparer pour l’olympiade, difficile de se projeter quatre de plus lorsqu’on a près de 30 ans et par exemple une famille qui s’agrandit.

Au moment où nous écrivons cet article, certains grands noms du biathlon ont déjà annoncé qu’Oslo verrait leurs derniers tours de ski. Chez les hommes, Erik Lesser, Dominik Windish, Klemen Bauer ou encore Benjamin Weger ont devancé Simon Desthieux dans leurs annonces. Simon sera d’ailleurs le premier biathlète français à raccrocher les skis depuis Martin Fourcade il y a deux ans. Nous vous présentions la saison dernière le parcours de cet athlète exceptionnel, notamment par sa discrétion.

Chez les femmes, les américaines Susan Dunklee et Clare Egan ont déjà annoncé sa fin de carrière. Amanda Lightfoot, figure du biathlon britannique, vient de le faire, ainsi que la tchèque Eva Puskarcikova. Pour beaucoup d’autres, l’incertitude est grande et l’étape d’Oslo pourrait être le moment clé dans leur prise de décision. On pense bien sûr à Tiril Eckhoff, Marte Oslbu Roiseland, Dorothea Wierer, ou Marketa Davidova. Enfin, Anaïs Bescond, dont nous vous présentions le parcours en début d’année, a également décidé de mettre un terme à sa carrière ce vendredi.

Oslo, c’est donc souvent un moment d’adieu qui déchire les fans de biathlon, mais qui prend souvent la forme d’un soulagement pour les biathlètes, heureux de pouvoir se consacrer à d’autres activités après tant d’années dévouées à ce sport magnifique.

… et la première pour certains !

Heureusement, la tristesse des départs est contrebalancée par l’émerveillement d’autres arrivées. Car le règlement de l’IBU est bien fait : il augmente le nombre de places disponibles pour la dernière étape de coupe du monde. Tout d’abord, le et la meilleur(e)s biathlètes des Mondiaux Junior, qui viennent de s’achever, obtiennent un quota supplémentaire. Cela permet au norvégien Martin Uldal et à la tchèque Tereza Vobornikova de faire leurs débuts en coupe du monde.

Tereza Vobornikova et Martin Uldal seront formeront peut être la relève du biathlon

Surtout, dans la limite de deux par nation, les dix meilleurs au classement de l’IBU (l’antichambre de la coupe du monde) obtiennent également un quota pour la dernière étape. Côté français, cela permet à Lou Jeanmonnot, vainqueur de l’IBU Cup, de découvrir le circuit coupe du monde, et à Emilien Claude d’y retourner après quelques étapes lors de la saison 2020-2021.

Lou Jeanmonnot et Emilien Claude ont brillé sur le circuit IBU Cup cette saison (Crédit : Nordic Focus)

En conséquence, le nombre de biathlètes au départ du Sprint sera plus important que d’habitude. La France se présente notamment avec 14 athlètes (au lieu de 12) alors que les hôtes Norvégiens auront 17 représentants. Si les règles ne changent pas pour la Poursuite (à 60 biathlètes) et la Mass-Start (30 biathlètes), il n’est pas impossible de voir une marée de combinaisons rouges tant la concurrence est féroce.

Cette étape d’Oslo ne sera pas comme les autres. Entre sa double absence au calendrier, les enjeux dans les différents classements généraux et de spécialités et les départs/arrivées de biathlètes, la dernière étape d’une saison exceptionnelle de biathlon sera riche en émotions. On risque de voir des larmes couler, aussi bien de bonheur que de tristesse. Avant une nouvelle longue attente de 8 mois qui se profile, ce sera l’occasion pour les athlètes et les fans de se dire au revoir, si ce n’est adieu.

Crédit de l’image en avant : AFP

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