Le XV de France ne cesse de montrer ses muscles. Fabien Galthié a créé une équipe, peut-être la meilleure du monde en ce moment, capable de tout renverser sur son passage. Enfin, presque. Pour parachever sa mue entreprise en 2020, les Bleus doivent gagner, quoi qu’il en coûte.
Les médias sportifs le martèlent : l’équipe de France n’a plus remporté le Tournoi des VI Nations depuis 2010. Une date également synonyme du dernier Grand Chelem réalisé par le XV de France. Ce samedi 19 mars 2022, au Stade de France, les Bleus ont la chance, mais surtout le pouvoir, de réaliser les deux. Auteurs de quatre premiers matchs de grande qualité, que ce soit en attaque, en défense ou encore dans le secteur de la conquête, les coéquipiers d’Antoine Dupont doivent s’affirmer. Plus que jamais. L’occasion de prouver que cette équipe, au-delà de bien jouer et faire lever les foules, sait également gagner les rencontres qui comptent. Après deux tournois frustrants, décevants, les Bleus doivent gravir la dernière marche. Elle s’appelle l’Angleterre et est encore très haute.
Terminer le travail
Échouer ? « On ne s’imagine pas perdre si près du but », lâchait Jonathan Danty dans la semaine. Le XV de France avance sereinement, trop ? Non, cette équipe est sûre de ses forces, portée par une jeunesse qui semble insensible à la pression. Souvenez-vous du mois de novembre 2021 et de la rencontre face aux All Blacks. Décontractés, les Bleus avaient joué leur rugby et avaient déstabilisé Aaron Smith et ses coéquipiers
Ce tournoi 2022, ils l’ont entamé de la meilleure des manières en s’offrant un bonus offensif face à de valeureux italiens. Puis l’Irlande est venue se casser les dents au Stade de France. Les tricolores ont ensuite vaincu le signe indien en Écosse en faisant preuve d’une maîtrise absolue avant de signer leur succès le plus difficile, au Pays de Galles. Moins flamboyant, les Bleus ont dressé un rideau de fer. Qui ne s’est jamais fissuré, ou presque. Jonathan Davies commettant un en-avant tout proche de l’en-but. Comme Stuart Hogg, deux semaines auparavant. Cette équipe avance sous une bonne étoile. Mais elle ne doit rien à personne. Depuis plus de deux ans, Fabien Galthié travaille et forme une équipe qui, aujourd’hui, tutoie les sommets.
Une génération dorée, mais pas de trophée
Si Fabien Galthié et son staff en sont arrivés ici, c’est aussi grâce à un vivier talentueux au possible. Bien sûr le sélectionneur a débusqué des joueurs que personne n’avait vu venir, tels Melvyn Jaminet ou Thibaut Flament. Son staff a métamorphosé Paul Willemse, aujourd’hui admiré comme l’un des meilleurs deuxième-ligne de ce tournoi des VI Nations 2022. Mais cette génération, emmenée par Antoine Dupont et Romain N’tamack, a de l’or entre les mains.
Vous savez quoi ? Avec tout ça, j’avais complètement oublié que Romain Ntamack n’avait que 22 ans… 22 ANS !!! #XVdeFrance #FRAANG
— Thomas Corbet (@thomascorbet_mo) March 18, 2022
Associés à des joueurs plus expérimentés, comme Gaël Fickou, Gregory Alldritt ou encore François Cros, les jeunes de l’équipe de France aiment s’amuser sur le terrain. Bien que le jeu de dépossession soit prôné par le staff et fonctionne presque à merveille, Damian Penaud et compagnie laissent place à leur imagination sur la pelouse. C’est ce qui fait la force de ce XV de France. Capable de renvoyer l’équipe adversaire inlassablement chez elle mais également de piquer à n’importe quel moment, par un coup de génie de ses trois-quarts, relayé par ses avants, qui savent manier le ballon aussi bien qu’eux, à l’image d’un Cyril Baille, meilleur pilier gauche du monde et symbole de cette équipe. Ils ont également appris à défendre grâce à Shaun Edwards. Bien défendre, au point que cette arme soit peut-être celle qui fait le plus peur à ces adversaires.
La muraille de Shaun 🧱🏰
— Late Rugby Club (@LateRugbyClub) March 17, 2022
La défense, la base du succès des Bleus ? 💪#FRAANG #XVdeFrance
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Mais ils n’ont toujours pas appris à se hisser à la première place. Les succès importants existent et ils sont nombreux mais l’armoire à trophée est toujours bloquée en 2010. Alors, afin de rêver plus grand, il leur faut à tout prix remporter ce tournoi des VI Nations. Une équipe qui gagne des matchs mais pas de trophée ? Fini les défaites encourageantes, nous ne sommes plus en 2017. La Coupe du monde est dans un an, les deux derniers tournois se sont terminés par une deuxième place : C’est le moment de gagner.
L’Angleterre veut jouer les troubles fêtes
L’ensemble des observateurs avaient coché cette date. Ce samedi 19 mars pouvait être la date d’une finale France – Angleterre afin de savoir qui pourrait remporter ce tournoi 2022. Mais force est de constater que le XV de la Rose ne jouera rien, ou presque, à Saint Denis. Déjà défaits deux fois, les hommes d’Eddie Jones pourraient réaliser un second Tournoi des VI Nations à trois défaites en cas de revers à Saint-Denis. Fâcheux à un an de la Coupe du monde, surtout pour les vice-champions. Mais ne vous méprenez-pas, les Anglais ne vont certainement pas se déplacer la fleur au fusil afin d’offrir ce titre aux Bleus.
Grégory Alldritt prévenait cette semaine : « On sait qu’ils vont venir sans ambition de victoire finale, certes, mais si on retournait la situation, on serait les premiers à vouloir les priver de Grand Chelem à Twickenham. » Même si elle ne réussit pas son meilleur tournoi, l’Angleterre reste un adversaire très dangereux, comme en témoigne leur dernière rencontre en Irlande. Bien qu’en infériorité numérique, Marcus Smith et ses coéquipiers se sont longtemps accrochés aux Irlandais avant de craquer. Vaincus par les Bleus lors de leurs deux dernières confrontations, on imagine bien que les Anglais vont venir pour gâcher une fête que toute une nation attend patiemment.
Les clés du match
Mais alors, qu’est ce qui pourrait bien faire perdre cette rencontre aux Bleus ? Un péché d’orgueil ? Une touche trouvée alors qu’il reste encore dix secondes ? Non, cette équipe a appris de ces erreurs passées. En premier lieu, l’adversaire. Emmenés par une nouvelle vague incarnée par Simmonds, Smith, Dombrandt ou encore Randall, les Anglais veulent à tout prix priver les Bleus d’une victoire finale. Pas au meilleur de leur forme, l’Angleterre n’est jamais meilleure qu’au pied du mur, lorsque l’on ne l’attend pas. Mais Fabien Galthié et ses hommes sont habités et ne se laisseront pas faire.
🏉A deux jours du match contre l’Angleterre pour réaliser le Grand Chelem, Fabien Galthié, le sélectionneur du XV de France se livre…passionnément. ⏬#TLS #Sixnations #FRAANG pic.twitter.com/KSYsmDJu8r
— francetvsport (@francetvsport) March 17, 2022
L’un des principaux poisons de cette équipe se nomme Maro Itoje. Le deuxième ligne du XV de la Rose a disputé toutes les minutes du tournoi jusqu’ici. Également utilisé en numéro 6 face à l’Italie, le joueur des Saracens est le pilier d’Eddie Jones. Alors que la touche française a été quelque peu chahutée au Principality Stadium, Maro Itoje ne rendra pas la tâche plus facile ce samedi 19 mars 2022.
Dans les airs, il domine et il est un véritable casse-tête pour ses adversaires. Il sera également intéressant de voir comment celui-ci agira dans les rucks. Son combat contre Cameron Woki et Paul Willemse sera l’un des duels de ce match. Son association avec Nick Isiekwe pourrait être un problème pour les Bleus tant les deux joueurs vont essayer de pourrir les rucks et les sorties de balles.
Un autre duel sera scruté plus que les autres : Celui des numéros 10. Entre deux des meilleurs demis d’ouverture du monde, Romain Ntamack et Marcus Smith. Deux styles totalement différents mais qui influent énormément sur leurs équipes. Depuis le début, Romain Ntamack évolue tout en contrôle et il fait jouer autour de lui mais il n’a pas montré toutes ses qualités. Ce qui lui vaut quelques fois le reproche de ne pas en faire assez. Mais en a-t-il besoin ?
🇫🇷⚡️🏴 Prêts pour 𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐫𝐧𝐢𝐞𝐫 𝐫𝐞𝐧𝐝𝐞𝐳-𝐯𝐨𝐮𝐬 du tournoi avec nos supporters ! 🔥
— France Rugby (@FranceRugby) March 17, 2022
À samedi ! 💪💪 #FRAANG #XVdeFrance #NeFaisonsXV pic.twitter.com/UnaWB2vcvy
Derrière un Antoine Dupont stratosphérique, un paquet d’avant surpuissant et des trois-quarts capables de coups de génie à chaque moment, un régulateur de jeu est nécessaire et le Toulousain remplit parfaitement cette tâche. Fabien Galthié l’a bien compris puisqu’il n’a jamais sorti son joueur durant les quatre premières rencontres.
En face, Marcus Smith n’a pas la chance de connaître un tel confort. Souvent sous pression, le phénomène anglais a bien plus porté la balle que son adversaire d’un soir, pour des résultats mitigés. Néanmoins, c’est bien lui qui a pris les reines de son équipe. Seulement capé de neuf sélections, Marcus Smith prend le jeu à son compte. Le XV de France devra le surveiller comme le lait sur le feu.
Face à une Angleterre qui ne rêve que d’une chose, à savoir priver le XV de France de ce Grand Chelem, les Bleus vont devoir se comporter en équipe, plus que jamais. Devant leurs supporters, les hommes de Fabien Galthié sont à 80 minutes d’offrir le premier titre à la France depuis 2010, un an avant la coupe du Monde. Faux pas interdit afin de prouver que les Bleus ne sont plus des enfants mais bien des adultes : Sûrs de leurs forces, capables de briller et de remporter un trophée.
Crédit photo : Brendan Moran/Icon Sport