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Antoine Latran, rédacteur en chef de Culture Soccer : “La MLS Next Pro va permettre un développement” du football états-unien

Le nouveau chapitre du football états-unien s’ouvre dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 mars 2022, à 1 h, heure française. Avec le coup d’envoi de St Louis City 2 – Rochester New York débute la MLS Next Pro, nouvelle compétition estampillée Major League Soccer. Considérée, pour l’instant, comme une ligue de troisième division, elle sera la passerelle entre la MLS Next et la MLS. Mode d’emploi de cette nouveauté, avec Antoine Latran, rédacteur en chef de Culture Soccer.

Café Crème Sport : Quel est l’objectif de la MLS Next Pro ?

Antoine Latran : Techniquement, c’est une ligue qui est là pour faire le lien entre les académies et les équipes de MLS. Aujourd’hui, quasiment toutes les équipes en ont une, et si ce n’est pas le cas, elles sont en train d’être construites. Elles sont regroupées dans une ligue qui s’appelle la MLS Next, une ligue qui est assez amateur dans son fonctionnement, mais qui est là pour faire jouer les jeunes entre eux.
Et entre la MLS Next et la MLS, il n’y avait pas vraiment de ligue de développement pour les jeunes qui ne sont pas forcément prêts pour jouer dans l’équipe première. Et c’est un problème depuis pas mal de temps. C’est-à-dire qu’il y a des joueurs qui sont perdus dans les ligues de 2e division ou qui partent en College soccer, avant de revenir en MLS. Et il manquait un peu cette étape de ligue réserve. Et c’est fait avec la MLS Next Pro.
Alors, ça ne sera pas une ligue réserve à proprement parler, parce qu’il y a des clubs indépendants qui pourront participer. Et c’est un peu plus compliqué parce qu’il y avait déjà des équipes réserves qui jouaient dans d’autres divisions (USL Championship, USL League One, NDLR). Mais là, ça permet à la MLS de tout contrôler, de la ligue académique à la première division.

CCS : Car la MLS Next, de son côté, ne concerne que les joueurs des niveaux U19 et inférieurs ?

AL : C’est ça. Mais il y a vraiment zéro compétitivité. C’était vraiment fait pour que les jeunes puissent s’aguerrir un petit peu, pour qu’ils puissent connaître les déplacements. 
Il manquait une vraie étape et la MLS Next Pro est là pour les jeunes des académies, mais aussi pour les jeunes du College soccer qui sont draftés et qui ont besoin d’un ou de deux ans pour s’aguerrir. Ou même pour les étrangers qui sont achetés, mais qui ne sont pas forcément prêts pour la première ligue. La MLS Next Pro permet de les faire jouer sans qu’il n’y ait de pression énorme. 

Une création favorable au développement de la USL et de la MLS Next

CCS : La MLS Next Pro vient donc s’ajouter aux ligues existantes. La MLS et la MLS Next, donc. Il y a aussi la USL Championship, la USL League One et la USL League Two. Comment va-t-elle s’installer ?

AL : C’est assez compliqué. La USL a sa propre structure, donc elle n’appartient pas à la MLS. Mais elle avait une forme de partenariat avec la MLS. Je ne dirais pas un pacte de non-agression, mais c’est un peu ça. La MLS envoyait certaines équipes réserves en USL (Championship ou League One la plupart du temps, NDLR). La USL hébergeait donc ces équipes et en échange, elle n’allait pas marcher sur les plates-bandes de la MLS en mettant des franchises dans leur ville, par exemple.
Avec la MLS Next Pro, c’est un peu plus compliqué, car il y a déjà pas mal d’équipes (vingt-et-une, dont une indépendante, NDLR). Il faudra voir dans les prochaines années s’il y a une vraie rivalité avec la USL Championship. 

CCS : Ne va-t-elle pas concurrencer ces ligues ?

AL : La concurrence existait déjà concernant les jeunes. C’est-à-dire qu’un jeune, avant, pouvait se dire qu’il pouvait partir dans une équipe USL, parce que ça sera plus facile pour avoir du temps de jeu qu’en MLS. Maintenant, il va pouvoir se dire qu’il peut partir dans une équipe de MLS Next Pro et qu’au bout d’un an ou deux, il y a moyen de passer dans l’équipe première en MLS. 
Il y a aussi une petite rivalité en termes de joueurs, d’entraîneurs. On a vu des joueurs de Canadian Premier League – qui n’a pas le niveau de la MLS – partir pour la MLS Next Pro. Il y a une sorte de rivalité pour les talents qui va s’installer entre la USL, la Canadian Premier League et la MLS Next Pro. Parce qu’ils cherchent les mêmes joueurs, les mêmes jeunes. Et parfois, le public visé sera dans des villes qui ne seront pas forcément très éloignées les unes des autres. 
Le grand avantage de l’USL, c’est que ce sont des ligues constituées de franchises complètement indépendantes. Il y a de vrais projets, avec, entre autres, des stades de plusieurs milliers de places qui sont en train d’être créés, des clubs qui connaissent un vrai engouement dans leurs villes respectives. Alors que les équipes réserves de MLS, malgré quelques-unes qui ont de bonnes influences, ça restera toujours des équipes réserves. 

CCS : Jusqu’à maintenant, la USL Championship était un peu considéré comme la deuxième division, en dessous la MLS ? 

AL : C’est ça. Les critères pour être appelés deuxième ou troisième division sont des critères fixés par la fédération elle-même. Il faut, par exemple, tel nombre de franchises dans plusieurs fuseaux horaires différents, avec des stades de tant de places. 
La USL répond donc aux critères de 2e division, l’unique à ce niveau pour le moment. La MLS Next Pro, sur le papier, est 3e division. Comme l’USL League One, division lancée par l’USL Championship. 

“L’USL grandit plus vite que les équipes réserves de MLS”

Antoine Latran, rédacteur en chef de Culture Soccer

CCS : Quel impact, concrètement, cette création aura sur la USL Championship ?

AL : Pour rentrer un peu dans les détails, c’est bien pour la USL de voir ces franchises partir, parce que l’USL commençait à avoir beaucoup de franchises et ça commençait à devenir compliqué à gérer, au niveau du calendrier notamment. 
En plus, les réserves MLS n’étaient pas un produit télévisuel très intéressant pour eux : ce sont souvent des équipes qui se faisaient balader en USL parce qu’il y avait trop de jeunes, sans trop d’expérience. Ce sont aussi des équipes qui voyaient leurs joueurs partir dans les équipes premières. Et télévisuellement, c’était nul, car il y avait, souvent, peu d’affluence, dans des stades mauvais, difficilement filmables. 
Cela faisait plusieurs années que l’on disait qu’elles allaient toutes descendre en USL League One. Cela permet donc d’ouvrir des places en Championship, des places qui se vendent chèrement. Afin de faire en sorte que le produit, même s’il y a moins d’équipes, soit plus attractif. 

Sacramento a l’une des plus belles affluence de USL Championship, avec près de 10 000 spectateurs par match.

CCS : Donc finalement, même l’USL se retrouve avec la création de cette nouvelle ligue ?

AL : Je pense que oui. C’est un peu un coup dur pour les premières années. Il va y avoir un petit impact, j’imagine, en termes de revenus notamment. Mais finalement, sur le long terme, c’est pas mal. Car l’USL grandit énormément aussi. Elle grandissait plus vite que les franchises réserves de MLS. 
Des franchises comme Eleven d’Indy ou Tampa Bay (franchises d’USL, NDLR), par exemple, sont est en train de construire leur propre stade, attirent des milliers de spectateurs. Sacramento approche des 10 000 spectateurs par match. C’est très bon. Et du côté des réserves MLS, on avait parfois 200, 300 personnes dans les stades, donc ce n’est clairement pas au même niveau. 
La ligue est présente dans des villes où la MLS n’irait jamais. Ils ont réussi à attirer des clubs dans des villes plus petites avec un engouement assez important. Je pense à Madisson, club de troisième division, qui a souvent plus de 5 000 spectateurs par match. Il y aussi des partenariats entre les clubs. Orange County a en fait un avec les Rangers, en Ecosse ; Norwich City qui en a un avec Tampa Bay. 
La USL permet de développer le soccer dans des territoires où il n’y a pas la MLS, donc les deux peuvent coexister sans trop de problèmes. 
C’est plus problématique quand il y a une franchise qui est dans une ville d’une franchise MLS. Je pense à Miami, avec l’Inter Miami (arrivée en MLS en 2020, NDLR). Cela faisait quelques années qu’il y avait le Miami FC. Là, la cohabitation est un peu plus compliquée, car on va peut-être vouloir attirer le même public. 
En revanche, l’arrivée de la MLS Next Pro va sûrement tuer les autres tentatives. La National Independant Soccer Aassociation (NISA), troisième division qui existe à côté et qui se veut ouverte, avait déjà du mal à concurrencer la USL, avec beaucoup de ses franchises qui ont rejoint la USL au fil des années. Là, ça va faire une concurrence en plus, donc ça va être plus compliqué les prochaines années. 

CCS : Et qu’en est-il de la MLS Next, cela va-t-elle lui faire du mal ? 

AL : Non, je ne pense pas. C’est vraiment une continuation de ce qu’ils font. La MLS Next a quelques problèmes d’organisation : ce n’est pas une ligue très compétitive ; il y a des matchs qui sont annulés ; des matchs qui devaient être retransmis sur YouTube et qui ne le sont pas. La MLS Next Pro va leur permettre de se sentir plus investis. Ça va apporter une certaine régularité. 
La première année devrait être un peu compliquée en termes d’organisation, car la MLS Next Pro a été annoncée tardivement, fin 2021. Donc il y aura forcément une période où ça sera problématique, mais sur le long terme, ça va solidifier la pyramide. 

La MLS Next Pro, tremplin des équipes réserves

CCS : Il y a déjà une ligue réserve qui a été créée, la MLS Reserve League, entre 2005 et 2014, mais qui n’avait pas marchée. Pourquoi celle-ci fonctionnera ?

AL : Pour plusieurs raisons. Elle n’a pas été créée dans le même but. La MLS Reserve League était faite pour les joueurs de seconde zone qui avaient du mal à percer dans l’équipe première, mais c’étaient des joueurs qui passaient par le College soccer, donc qui avaient entre 20 et 30 ans, plus âgés parfois. Et à l’époque, les revenus des franchises MLS étaient plus faibles, donc ils n’étaient pas dans la même logique. Les matchs étaient souvent annulés, les transports compliqués. 
Aujourd’hui, la MLS grandit, les équipes grandissent, les académies grandissent, donc il y a de plus en plus de jeunes. On ne peut pas forcément les faire jouer en première, car il a le facteur résultat qu’il n’y avait pas forcément avant. Donc tu es obligé de former tes jeunes pour qu’ils soient aguerris. La MLS Next Pro va permettre ceci. 
Et ça va permettre de poursuivre la stratégie prise par la MLS depuis quatre, cinq saisons, qui est d’acheter de jeunes sud-américains pour les revendre beaucoup plus cher deux, trois saisons plus tard. Ça a pu marcher dans certains cas, moins dans d’autres. Des joueurs sont restés 6 mois, 1 an sans jouer. La MLS Next Pro va permettre de donner du temps de jeu à ces joueurs, afin qu’ils s’acclimatent, d’abord dans l’équipe réserve avant de commencer avec l’équipe première. Et c’est quelque chose qui ne se faisait pas avant. Ça va permettre de faire évoluer les jeunes recrues. 

Avant son arrivée en MLS, ST Louis City s’est créé un nouveau stade (Crédit : St Louis City).

CCS : Parmi les 21 clubs qui joueront la MLS Next Pro en 2022, 20 sont des clubs réserves. Si certaines existaient déjà, d’autres ont été créées pour l’occasion. Ces dernières auraient-elles été créées même sans la MLS Next Pro ? 

AL : Je pense qu’il y en a qui l’ont créé, premièrement parce qu’arriver en USL, ça demande de l’argent. En Championship, il faut un stade avec un certain nombre de places, de bonnes installations. La MLS Next Pro demande moins que ça, vu que c’est une D3. 
Ensuite, si tu n’as pas ton équipe de MLS Next Pro, tu peux te sentir ostracisé alors que tout le monde l’a. Montréal est la seule franchise à ne pas avoir annoncé rejoindre la ligue. Je pense que ça a un peu obligé les franchises à développer leur équipe réserve. 
Un cas très intéressant est celui de St Louis City, qui arrive en MLS en 2023, mais qui a déjà lancé son équipe en MLS Next Pro. C’est une stratégie intéressante, car ils vont pouvoir développer des joueurs dans cette ligue avant de faire le grand saut.
Et du côté des franchises USL, il y en a qui sont vraiment bien installés en USL. Je pense au Real Monarchs, la réserve de Salt Lake City ou au New York Red Bull II (la première évoluera en MLS Next Pro cette année alors que la seconde intégrera la ligue en 2023, NDLR). Des équipes très performantes en USL alors que d’autres étaient catastrophique (Portland, Seattle, les deux évolueront en MLS Next Pro cette année, NDLR). On va voir quelle va être la différence de niveau, mais elle risque d’être importante. 

Les clubs jouant la MLS Next Pro en 2022 (Crédit : MLS Next Pro).

CCS : Les équipes qui vont rejoindre la MLS Next Pro en 2023 vont-elles prendre du retard sur les franchises qui y sont dès 2022 ? 

Oui et non. Atlanta, par exemple, a déjà une équipe réserve, mais elle évolue en USL, mais ils attendent un an avant de faire le grand saut. Ils sont pas mal à avoir pris cette décision de rester une année en USL avant de rejoindre la MLS Next Pro. Pour celles-là, ça ne va pas changer grand-chose.
Pour les autres qui viennent de créer une réserve, ça prend du temps. Ils auront du retard, mais comme ils en auront sur ceux qui ont une équipe en USL. Et il y aura des investissements à faire pour aller récupérer des joueurs, notamment de College soccer ou des divisions inférieures et créer leur équipe. Mais je pense que ça ira. On a déjà eu des équipes réserves créées rapidement qui ont réussi à performer. Et souvent, ce sont des équipes qui ont déjà leur équipe académique. Quand tu as créé ton équipes U15 il y a trois ans, maintenant pour créer ton équipe U18, tu seras plutôt bon. 

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CCS : Qu’a-t-on demandé aux clubs pour rejoindre cette ligue ? 

C’est assez flou. On n’en sait pas pourquoi certains ont été admis rapidement, pourquoi certains ont décidé d’attendre. On ne sait pas vraiment le prix d’entrée. En MLS, c’est plus de 200 millions de dollars ; USL, c’est de 10 millions, en League One, 1 ou 2 millions. Je pense qu’il faut juste être bien structuré et être prêt à se lancer là-dedans. Je ne pense pas que ça soit très cher, car s’ils veulent attirer des clubs indépendants, il vaut mieux ne pas mettre un prix trop élevé. 

Les clubs indépendants également invités

CCS : Les clubs indépendants, justement. Pour l’instant, il y en a qu’un : Rochester. Comment va-t-il tirer parti de cette ligue ? 

AL : C’est un club qui est historique en Amérique Nord, qui existe depuis les années 90, qui ont gagné l’US Open Cup, en 1999. Quand ça a été repris par le groupe d’investisseurs, avec Jamie Vardy notamment, on pensait tous qu’il allait partir en USL. Mais le fait qu’ils arrivent en MLS Next Pro peut laisser croire qu’ils vont essayer de tirer parti du projet de former des jeunes plutôt que devenir un club indépendant avec une fan base importante dans leur territoire. 
Maintenant, si tu veux créer ton club, avec un vrai public, un stade important et une équipe qui est bien armée, il vaut mieux partir en USL. Mais si ton business plan, c’est de former les jeunes pour les revendre en Europe ou en MLS, la MLS Next Pro peut être une bonne solution parce que tu payes moins, parce que la fédération est moins regardante sur la taille de ton stade, de ta fan base et parce que tu vas pouvoir côtoyer des coachs, des scout qui vont regarder les futures pépites. Je pense que Rochester s’oriente vers une stratégie d’achat de vente de joueurs. 

Le Rochester Rhinos Stadium, stade de Rochester, seul équipe indépendante en MLS Next Pro (Crédit : MLS).

CCS : Si le club a de bons résultats, joue le haut de tableau, peuvent-ils prétendre à intégrer la MLS ? 

AL : Je ne pense pas. Rochester avait été approché par la MLS pour rejoindre la ligue au début des années 2000, mais c’était à une époque où ils étaient avec un autre groupe d’investisseurs. Mais là, faudrait qu’ils aient beaucoup d’argent, une fan base important, une ville avec des ressources. Au final, les résultats sportifs ne sont pas importants. Là, c’est une petite ville, à côté de New York. Clairement, la ligue aurait tendance à se tourner vers Las Vegas ou San Diego pour les dernières places qui lui reste. 
Mais la vraie question, c’est si les équipes MLS restent dans ce délire de réserves avec peu d’affluence, de développement économique, est-ce que Rochester restera ? On aura peut-être la réponse dans les années à venir. 

CCS : Et Rochester ne peut pas attirer d’autres clubs indépendants ? 

AL : C’est le but de la MLS Next Pro, mais comme ça vient de commencer, c’est assez dur à dire. Mais je ne vois que peu d’intérêt pour une équipe qui se lance aujourd’hui de rejoindre la MLS Next Pro plutôt que la USL, excepté le prix de la USL et le côté développement et académie. Mais si tu veux installer ta marque, avoir un vrai impact dans la communauté, être un vrai club de football, avec une équipe première, des fans, il vaut mieux être en USL, parce que tu joues contre des clubs établis avec des identités propres. 

La MLS Next Pro, laboratoire de la MLS

CCS : Dans cette ligue, il n’y aura pas de salary cap et les clubs peuvent avoir jusqu’à sept joueurs internationaux autorisés, ce qui laisse un peu plus de libertés aux franchises ? 

C’est ça. Ça va dans le sens de la stratégie de tenter des paris, parce que les équipes premières ont un salary cap. Quand tu as un petit jeune qui t’intéresse, mais que tu n’es pas forcément sûr qu’ils puissent s’intégrer à l’équipe première, mais que tu as envie de l’acheter avant que l’Europe ne l’achète pour 10-15 millions, la MLS Next Pro, ça peut être très bien, car tu prends juste une place internationale, mais tu peux payer combien tu veux. Tu le laisses en réserve un an et tu l’appelles en première après. C’est une vraie stratégie d’aller chercher des paris à l’international, voire de garder ses joueurs d’académie. 
On en a vu des joueurs de l’académie partir avant de rejoindre l’équipe première. Je pense à Weston McKennie ou à Chris Richards, qui ont fait l’académie à Dallas et qui sont partis en Europe avant de signer avec l’équipe première. Ils sont partis gratuitement. Donc, là, ça permet de signer des joueurs de l’académie, de leur offrir un salaire important pour eux. De les garder un an et qu’ils ne partent pas gratuitement. 

“J’ai hâte de voir si l’USL va réussir à prendre son envol pour concurrencer la MLS ou si elle va complètement s’écrouler.”

Antoine Latran, rédacteur en chef de Culture Soccer

CCS : En MLS Next Pro, les joueurs appartiennent au club, contrairement à la MLS, notamment, où les joueurs appartiennent à la ligue ? 

AL : C’est ça. Et ça pose beaucoup de questions. Comme c’est tout nouveau, on ne sait pas vraiment comment ça va marcher. Si un club de MLS veut acheter un joueur de MLS Next Pro, on ne sait pas comment ça va marcher au niveau des droits. C’est pour ça que je pense que la première année sera un peu bordélique. Car il y a beaucoup de mécanismes qui n’ont pas été utilisés qui seront bien étudiés par les équipes. Mais ça ne m’étonnerait pas que ça annonce, un peu, à long terme, une facilitation du fonctionnement de la MLS. C’est ce qu’ils disaient pendant la conférence de presse inaugurale, que la MLS Next Pro servira de sas d’idées, sur et en dehors du terrain, comme pour les ajustements salariaux par exemple. 
Cette idée d’avoir les joueurs qui appartiennent aux clubs et non plus à la ligue, ça peut être quelque chose de tenté en MLS Next Pro avant une implantation en première division. 

CCS : Quel est ton avis perso sur cette création ? 

AL : Au début, je me posais beaucoup de questions, parce que je pense que pour des jeunes joueurs, c’est plus efficace de jouer en USL car tu évolues dans de vraies ambiances, avec des vétérans. En USL, il y a des joueurs qui sont vraiment très bons, certains qui ont évolué en MLS et qui sont partis en USL pour décrocher du temps de jeu. 
Mais je comprends, d’un point de vue financier, que la MLS veuille tout contrôler, car en USL, tu n’as pas le contrôle du calendrier, de l’intensité des matchs. Ça peut être problématique pour le développement de certains de tes joueurs. Il y a des équipes de MLS qui envoyaient des jeunes en USL, mais qui étaient remplaçants. La MLS Next Pro va donc permettre un vrai développement. Mais ça ne m’étonnerait pas que les meilleurs jeunes partent quand même en prêt en USL. 
J’ai hâte de voir comment la USL va réagir et il faudra prendre les paris pour savoir s’ils vont réussir à prendre leur envol et venir concurrencer la MLS, ou si ça va complètement s’écrouler parce que la MLS va s’implanter dans de nouveaux territoires. C’est excitant en tant qu’observateur de voir comment ça va évoluer. 

CCS : Et là-bas, comment c’est perçu ? 

AL : Ce n’est pas du tout une priorité dans les médias sportifs. Il faut vraiment que ce soit un média spécialisé soccer. Déjà que la couverture de la MLS est moyenne, alors celle de la MLS Next Pro… 
Mais sinon, avec beaucoup de scepticisme. Car la MLS Next est toujours un peu en construction. Et parce que l’USL s’implante pas mal. Cela faisait pas mal d’années qu’elle voulait pousser les réserves dans les ligues inférieures, car elle trouvait que ça dévaluait complètement l’intérêt de la ligue. Il y a ce côté intéressant pour la MLS mais également pour la USL. 

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