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Les Lakers ne verront pas les playoffs : l’autopsie d’une désillusion

C’est officiel depuis quelques jours et cela a fait l’effet d’une bombe dans la sphère NBA. Les Los Angeles Lakers sont éliminés de la course au play-in et ne participeront pas aux joutes d’après-saison. Malgré un effectif garni de plusieurs noms alléchants, cette élimination n’est en fait pas vraiment une surprise et n’est que le résultat logique d’une accumulation choses depuis la fin de la saison dernière. Autopsie d’un malaise.

Nous voilà de retour en 2019. Cette année-là, malgré l’arrivée de LeBron James du côté de Los Angeles, les Lakers ne parvenaient pas à accrocher les Playoffs et se classaient à une piteuse 10e place du classement de la conférence Ouest. Trois ans après, bis repetita. Si on a longtemps cru que les Angelinos pouvaient être sauvés par la case play-in – qui n’existait pas en 2019 – ils ont finalement échoué à atteindre ce mini-tournoi de qualification pour les Playoffs. Après une fin de saison désastreuse, marquée notamment par une série de huit défaites consécutives, les joueurs de Frank Vogel se sont successivement fait dépasser par les New-Orleans Pelicans et les San Antonio Spurs au classement, pour échouer à la onzième place de l’Ouest.

Une déception certaine, au vu de l’ambition affichée par les champions 2020 depuis plusieurs saisons. Surtout lorsqu’on sait qu’ils possèdent dans leurs rangs des joueurs de la trempe de LeBron James ou encore Anthony Davis, tous deux All-Stars reconnus. Chose que n’ont pas toutes les équipes devant les Lakers cette saison, loin de là. Mais entre mauvais choix de gestion de l’effectif, manque d’investissement sur le parquet et malchance au niveau des blessures, les Purple and Gold ont au final subi un désenchantement logique.

Un effectif chamboulé

Tout commençait pourtant bien, enfin le croyait-on, en ce début de saison 2020-21. Malgré les déceptions de l’an passé, les Lakers se plaçaient même en favoris pour ce nouvel exercice. Les raisons ? Un été de folie, rempli de trades en tout genre à Los Angeles. Fini les Kyle Kuzma, Montrez Harrell ou autre Kentavious Caldwell-Pope, envoyés à Washington contre Russell Westbrook dans un blokbuster trade. Terminé aussi les Alex Caruso, Marc Gasol, Ben McLemore, Markieff Morris, Dennis Schröder, Jared Dudley et Andre Drummond, non-conservés et remplacés dans le roster par Rajon Rondo, Avery Bradley, Trevor Ariza, Kent Bazemore, DeAndre Jordan, Talen Horton-Tucker, Malik Monk, Wayne Ellington, Kendrick Nunn ou encore Carmelo Anthony.

Un énorme chamboulement, mais au final un effectif cinq étoiles sur le papier, malgré la présence de quelques joueurs vieillissants, signés au minimum vétéran. Mais à ce moment-là, tout le monde se dit que si la mayonnaise prend, ces Lakers pourraient vraiment être injouables. Anthony avait montré qu’il pouvait être un bon apport en sortie de banc (enfin), Westbeast avait retrouvé de sa superbe lors de son passage à Washington et plusieurs autres renforts étaient présents dans l’effectif lors du titre de 2019.

Des apports trop peu rentables

Le problème, c’est que chacun a pu constater directement que l’alchimie était loin d’être évidente entre tous ces gros noms sur le parquet. L’exemple le plus criant est bien sûr celui de Russell Westbrook, dont le jeu s’est montré incompatible avec celui de Lebron James. Une évidence qui s’est, en plus, sentie encore plus lorsqu’Anthony Davis s’est salement blessé en fin d’année 2021 et a dû s’absenter de nombreuses semaines. Le manque d’aise de Westbrook au sein du collectif Lakers s’est fait remarquer non-seulement par le nombre de défaites des Angelinos, mais aussi par ses statistiques personnelles. Jamais depuis sa saison sophomore, il n’avait inscrit aussi peu de points par match. Jamais dans sa carrière NBA, il n’avait eu aussi peu de lancers-francs ou d’interceptions par match.

Anthony Davis, Russell Westbrook et Lebron James (Los Angeles Lakers) – Photo Icon sport

En plus de cette évidence Westbrook, Carmelo Anthony n’a pas non-plus su répondre aux attentes en Californie. L’ancienne star des Knicks n’est, certes, plus qu’un rôle player, mais il n’a jamais eu l’impact attendu dans le rouage Lakers. Enfin, si Malik Monk et Dwight Howard ont montré quelques belles choses, Kent Bazemore, DeAndre Jordan, Rajon Rondo ou encore Avery Bradley ont été trop limités et Kendrick Nunn trop inconstant.

En manque de shoot extérieur (22e franchise NBA avec 34,7% de réussite), les Lakers ont aussi beaucoup manqué de spacing tout au long de la saison. Et même si les dirigeants ont eu connaissance des ces problèmes, ils n’ont fait que trop peu d’ajustements dans leur roster en cours de saison. Aucun mouvement n’a été fait lors de la trade deadline, et seule l’arrivée de DJ Augustin et les départs de Rajon Rondo et DeAndre Jordan ont eu lieu en cours de saison. Autre départ prématuré, celui de Wesley Matthews, pourtant important dans le système défensif (voir ci-dessous).

Aussi, il faut mentionner un autre souci : celui de l’instabilité concernant Franck Vogel. Le coach a longtemps été pointé du doigt pour son manque d’adaptation tactique et sa place de sur le banc a finalement été menacée toute la saison. À juste titre ou pas, ces doutes n’ont certainement pas aidé le tacticien à travailler dans un environnement stable, propice à une construction d’une équipe sur le moyen terme. C’est au final après le dernier latch de la saison que Vogel se faisait finalement remercier, comme attendu. Même s’il n’a été pas de tout reproche sur ses choix, il faut tout de meme souligner qu’il a aussi dû composer avec un effectif en manque d’équilibre.

Des pertes trop importantes pour l’équilibre

Car si les noms ronflants s’accumulaient du côté de la Californie, d’autres joueurs, peut-être un peu sous-cotés par rapport à leur importance dans une équipe de basket, ont dû quitter le navire. Et certains ont très vite été regrettés. Notamment sur le plan défensif, mais plus globalement au niveau du spacing et de l’intelligence de jeu, des guerriers comme Kentavious Caldwell-Pope où Alex Caruso ont clairement manqué au roster. Le premier a servi à rameuter Russell Westbrook des Wizards, mais était aux Lakers un défenseur élite, capable aussi de rentrer ses tirs et d’être une sérieuse option sur le terrain  lors des fins de matchs tendues. Le second, non-conservé, apportait en plus de sa défense extérieure, une certaine vision de jeu en sortie de banc et aussi un hustle à cette équipe.

« Nous avons tenté le coup et nous voulions donc le garder », lançait pourtant le GM des Lakers Rob Pelinka, en parlant de Caruso. Mais il semble que les Lakers n’aient pas voulu aligner les billets et ont laissé filer à Chicago une pièce importante de leur banc. Le meneur donnait aussi sa version : « À l’ouverture de la free agency les Lakers ont appelé et ils ont fait une offre. Ce n’était pas une offre que j’allais accepter parce que j’allais pouvoir obtenir considérablement plus d’argent de la part d’une autre équipe. Puis nous avons eu cette offre (de Chicago, N.D.L.R), nous sommes allés voir les Lakers pour leur demander s’ils pouvaient offrir la même chose, ils ont dit : « Non. » J’ai demandé pour un contrat légèrement inférieur, et ils ont dit : « Non. » J’ai dit : « OK, si c’est comme ça, je suis prêt à aller à Chicago et à commencer le prochain chapitre. » Je pense que ça a été une excellente décision pour moi. »

Une déclaration qui témoigne d’un certain manque de respect perçu par Caruso lors de son départ, estimant donc que les Lakers n’ont pas fait l’effort de le garder… pour leur plus grand regret ! Outre KCP et Caruso, il ne faut pas oublier que Marc Gasol a lui aussi été prié de faire ses valises. Plus tout jeune, il aurait tout de même apporté un vrai plus dans une raquette qui a souffert toute la saison des absences répétées d’Anthony Davis et du manque de performance de DeAndre Jordan. En perdant Gasol, en plus d’Harrell et Kuzma l’été dernier, les Purple and Gold ont fortement affaibli leur raquette.

Enfin, un joueur assez important est lui parti en cours de saison : Wesley Matthews. Défenseur élite, comme le prouve actuellement son rôle aux Milwaukee Bucks, où il est par exemple le défenseur numéro 1 sur des joueurs tels que Kevin Durant, Matthews est aussi un shooteur plutôt fiable. Défense et spacing, encore une fois le grand défaut des Lakers cette saison, qui n’a fait que s’empirer avec le départ de l’ailier. Avec ces départs, les Californiens ont en plus semblé perdre autre chose que des apports physiques sur le parquet : ils ont aussi perdu une âme collective.

Un investissement qui pose question

Parce que s’il y a bien un point qui revient sans cesse au moment de parler des Lakers cette saison, c’est celui du mental, et même de l’investissement. Ce n’est pas un hasard si les joueurs de Vogel se sont écroulés en fin de saison, perdant tous leurs matchs et leur chance de disputer les Playoffs. Pas un hasard si aujourd’hui, Los Angeles est à cette place-là. Un manque de hustle assez important s’est fait ressentir tout au long de l’exercice. Et en plus de l’impression visuelle que nous ont laissé des joueurs comme LeBron James lors de certaines séquences défensives, cette sensation est matérialisé par des statistiques édifiantes.

21e de la ligue au defensive rating, les Angelinos sont surtout :

  • La 28e  franchise de la ligue sur points encaissés dans la raquette (53,3pts encaissés par matchs), ce qui traduit un manque d’agressivité assez criant au milieu de la défense, là où normalement aucun panier facile n’est autorisé.
  • La 28e franchise de la ligue sur points encaissés sur contre-attaques (15pts encaissés par matchs), ce qui prouve ici que le replacement défensif des joueurs pose question. Sans la rage de rattraper une erreur offensive sur le plan défensif, il devient difficile de gagner.
  • L’avant-dernière franchise de la ligue au « loose ball recovered » (récupération d’une balle perdue), ce qui montre clairement que dans des duels pour la balle, les joueurs des lakers ressortent beaucoup trop souvent perdants, et n’ont pas la rage de récupérer la balle.
  • L’avant-dernière franchise de la ligue au nombre de tirs contestés, ce qui met en évidence le fait que défensivement, l’équipe doit faire bien mieux pour protéger son cercle et empêcher l’adversaire de prendre des tirs.

Des pépins physiques récurrents

Dernier point non-négligeable de cette autopsie : la forme physique des leaders de l’équipe, notamment celle de LeBron James et Anthony Davis, a posé question toute la saison. Blessé à la cheville en fin de saison dernière, le King avait confié qu’à 37 ans, il ne serait plus jamais à 100% de ses qualités physiques. Malgré une saison stratosphérique au niveau statistique (30,3 points, 6,2 passes et 8,2 rebonds de moyenne), il a sans cesse été gêné par des petits pépins physiques, jusqu’en cette fin de saison, où sa cheville l’a encore tourmenté.

De son côté, Davis a été absent durant de longues semaines à cause d’une blessure au genou et n’a au final, disputé que 40 matchs cette saison. Cette accumulation de problèmes physiques pour les deux meilleurs joueurs de l’effectif a empêché les Angelinos de trouver une continuité dans leur jeu, et de pouvoir prétendre surfer sur une dynamique. Des colosses aux pieds d’argile, ces Lakers.

Entre choix controversés, manque d’équilibre, un investissement remis en doute et les nombreuses absences de leurs stars, les Los Angeles Lakers ont vécu une saison catastrophe. Au final, la non-qualification pour les Playoffs cette année est même presque logique en vue du nombre de couacs venus ternir les performances des Angelinos. Pour retrouver les sommets, du changement est attendu, et il y a du boulot…

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