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Michèle Mouton, une championne dans un sport d’homme

Entre Sébastien Loeb et Sébastien Ogier, la France est un pays dignement représenté dans le monde du rallye. Cependant, ce succès n’est pas réservé au XXIe siècle, quelques décennies plus tôt, plusieurs exploits sont à mettre au compte de Michèle Mouton. Celle que l’on appelle “Le beau volcan noir” a été une des premières pilotes à poser la France sur la carte du sport automobile.

De Grasse à l’élite du sport automobile, une ascension éclair

Michèle Mouton née le 23 juin 1951 à Grasses près de Cannes. Issue d’une famille d’horticulteurs, rien ne la destine à une carrière dans le sport automobile. Seul son père l’y initie, étant lui-même amoureux de voitures de sport. Elle a cependant l’occasion à 22 ans de devenir la co-pilote de son ami Jean Taibi sur une Peugeot 304S. Quelques mois après, son père lui offre pour ses 23 ans une Alpine A110 1600 G3 avec laquelle elle effectuera ses débuts, mais cette fois-ci derrière le volant. Durant plusieurs semaines, elle s’habitue à cette Alpine, mais Michèle Mouton apprend rapidement, très rapidement.

Dès l’année 1974, la pilote française est championne de France de rallye féminin et vice-championne du monde de groupe 3, qui est le championnat réservé aux voitures de Grand Tourisme de série. Cette catégorie est l’antichambre du groupe 2, ce même groupe 2 qui deviendra le groupe B quelques années après. L’année 1975 sera du même acabit avec un nouveau titre de championne de France de rallye féminin. Cependant, les choses sérieuses commencent lors de l’année 1977. Michèle Mouton participe aux championnats d’Europe de rallye. Elle remporte notamment le rallye d’Espagne avec une Porsche Carrera RS lors de ces championnats.

Michèle Mouton au rallye de Monte Carlo en 1976 avec son Alpine A110./ Crédits : AFP

La native de Grasse est alors repérée par Fiat est devient pilote d’usine. Elle a désormais la chance de piloter la légendaire Fiat Abarth 131, et Michèle Mouton sait la manier de manière excellente. Entre 1977 et 1980, elle sera toujours sur le podium du classement général du groupe 3. Sur la même période, la pilote française remporte quatre fois de suite La Coupe des Dames, ainsi qu’une belle place de second au Championnat de France des rallyes, derrière Béguin.

La consécration avec Audi

Vous l’avez bien compris, le groupe 3 devient trop petit pour Michèle Mouton. C’est l’écurie allemande qui repère la pépite française. Audi cherche à l’époque à devenir un cador dans le sport automobile en injectant de nombreux billets pour faire des voitures compétitives. La française arrive dans un rôle de second pilote pour ses débuts. Dès sa première saison en 1981, Michèle Mouton fait de beaux résultats, notamment grâce à une Audi Quattro Sport qui survole la concurrence. Cette année-là, elle remporte la manche du Rallye San Remo, ce qui fait de Michèle Mouton la première (et malheureusement la seule) femme a remporté une manche du Championnat du Monde des rallyes.

Michèle Mouton et son Audi Quattro ont glané de nombreuses victoires.

Lors de l’année 1982, Audi revient avec une voiture encore plus puissante, ce qui permet à Mouton de remporter trois rallyes cette saison, au Brésil, en Grèce et au Portugal. Elle aurait même pu gagner le championnat pilote cette année, mais le décès de son père à quelques rallyes de la fin de la saison a, évidemment, un effet considérable sur elle et ses performances. Elle finit ainsi vice-championne du monde, mais peut se consoler avec un titre de championne avec Audi pour le classement constructeur. Ce chemin pavé de succès continue pour Michèle Mouton jusqu’en 1984 avec Audi. Elle gagne encore plusieurs manches mais ne sera jamais aussi proche du championnat pilote qu’elle ne l’a été en 1982.

Fin de carrière et reconnaissance

A la moitié de la saison 1984, Michèle Mouton décide de s’éloigner du rallye pour découvrir d’autres pans du sport automobile. En particulier, elle s’attaque au Pikes Peak, course mythique des Etats-Unis, toujours au volant de l’Audi Quattro. Comme à son habitude, elle bat tous les records et s’impose une nouvelle fois. Son dernier titre est celui de championne d’Allemagne de rallye avec Peugeot. Elle clôture sa carrière de pilote en 1986 pour se consacrer à sa vie familiale.

Michèle Mouton à l’assaut du Pikes Peak.

Elle continue cependant de graviter autour de la sphère du sport automobile de différentes manières. Elle crée tout d’abord la Race of Champions, compétition qui réunit chaque année de grands pilotes issus de disciplines différentes autour d’une seule et même piste. Cela permet d’avoir des duels inattendus comme ce fut le cas lors de l’édition 2022 avec un duel en finale entre Sébastien Loeb et Sébastien Vettel. En plus de cette création, elle occupe différents postes à la FIA, de dirigeante de la Commission sur les femmes et le sport automobile à manager du championnat du monde des rallyes.

Michèle Mouton accompagnée de Schumacher et Vettel. / Crédits : Race of Champions

A l’instar de Sabine Schmitz, Michèle Mouton a montré durant de longues années que le sport automobile n’est pas réservé à un seul sexe. Elle reste et restera dans l’histoire comme une pilote d’excellence ayant marqué ce sport autant par son pilotage que par ses actes en dehors de la piste. Encore aujourd’hui, elle encourage et inspire les femmes à prendre le volant et soutient de nombreuses pilotes, comme Jamie Chadwick.

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