MMA

Cheick Kongo, le second souffle

Le 6 mai prochain, le Bellator mettra les pieds pour la deuxième fois à Paris. Pour cette réunion extraordinaire, de nombreux combattants français auront l’occasion de se mesurer à des combattants internationaux dans l’octogone. Le main-event, lui, opposera le champion des poids-lourds, Ryan Bader, à la légende française du MMA, Cheick Kongo. C’est l’occasion pour vous de redécouvrir pourquoi Cheick est reconnu comme le pionnier du MMA en France.

Deux décennies de carrière

Cheick Ouedraogo de son vrai nom, a baigné dans les arts martiaux depuis très jeune. Débutant le Kendo et le karaté dès 5 ans, il maîtrise de nombreux autres arts martiaux durant son adolescence, et obtiendra la ceinture noire dans ses deux arts de prédilection. Il est également passé par la lutte gréco-romaine, le muay thai et la savate notamment. Il commence professionnellement aux Pays-Bas en 2001, à l’âge de 26 ans, en soumettant Andre Tete dès le premier round. Et après 10 combats (principalement en Hollande) et un titre de champion du monde des -103kg, voilà le sevranais propulsé à l’UFC.

L’UFC en 2006 ne bénéficie pas de la même aura qu’aujourd’hui. En “guerre” avec le PRIDE, qui avait la réputation d’être la meilleure promotion d’arts martiaux, elle commençait tout de même à tirer son épingle du jeu et au moment de l’arrivée de Cheick Kongo, elle bénéficie même d’un beau buzz. Et le premier combat du français face à Gilbert Aldana a lieu sur la carte préliminaire, où Kongo bat son adversaire sur arrêt du docteur dès le premier round. Mais le monde mettra réellement du respect sur son nom lors de l’UFC 75 où les combattants de l’UFC seront opposés à ceux du PRIDE, avant le rachat de cette dernière et la mondialisation de la compagnie désormais détenue par Dana White. Combattant contre l’incroyable Mirko Cro Cop, l’un des meilleurs poids lourds de l’époque, il sortira vainqueur de cette guerre à la décision et se hissera par la même occasion parmi les meilleurs combattants du moment.

Surtout qu’à cette époque, Cheick ne vit pas encore du MMA. Mais certains évènements, comme la mise en faillite de son entreprise, l’encouragent à tout quitter pour partir aux États-Unis et se consacrer entièrement à se sport pour en faire son métier. Il partage son temps entre l’académie d’Huntington Beach en Californie et les salles de MMA parisiennes, entre l’entraînement de très haut niveau et la chaleur et l’humilité des salles françaises. Il impressionne à l’UFC, enchaîne les victoires et prend un combat en short-notice face à Cain Velasquez, en pleine bourre à cette époque et que personne n’arrive à arrêter. Ces 20 jours de préparation et ce défi que tente de réaliser Cheick Kongo qui a des allures de demi-finales pour le championnat des poids lourds contribuent grandement à la légende du français, qui s’est imposé 24 fois sur 29 combats professionnels.

Le combat contre Cro Cop avait été une révélation, celui contre Velasquez est la “consécration”. Étant donné le manque de préparation du combattant de Sevran, il met une véritable pression à son adversaire et l’assomme à deux reprises sur des directs absolument stratosphériques, le premier au bout de 10 secondes dans le premier round, le second au bout de… 10 secondes dans le second round. Malheureusement, le combat se déroule principalement au sol et l’américain s’impose à la décision unanime. En dépit du résultat, Cheick a quand même impressionné et se voit offrir l’opportunité de combattre face à Frank Mir, ancien champion des poids lourds qui vient d’être vaincu par Brock Lesnar pour remporter une nouvelle fois la ceinture. Les deux hommes approchent du but ultime, mais c’est une nouvelle déception pour Kongo qui se fait soumettre dès le premier round.

Cheick Kongo face à Mirko Cro Cop, sous les yeux de “Big” John McCarthy

Le tournant

Sa victoire suivante face à Paul Buentello n’est pas le combat qui aura le plus marqué les esprits, mais c’est celui qui donnera inconsciemment une nouvelle perspective à sa carrière déjà auréolée de succès mais ternie par une grosse blessure : lésion des ligaments du bas du dos, la coiffe des rotateurs et deux vertèbres endommagées. Il s’appuiera sur une thérapie encore méconnue en France nommée Tecartherapie. En gros, certaines blessures “irréversibles” seront traitées par ondes radios qui transfèreront de l’énergie (assez difficile à imager). Ces soins ont sauvé sa carrière puisque s’il avait été opéré, on parle de 5 ans entre l’opération et la récupération sans pour autant qu’elle soit totale. Si à 47 ans, Cheick est toujours en forme, la Tecartherapie y a joué un rôle très important.

S’en suit une série de cinq matchs en dents de scie, avec un no contest face à Travis Browne, une victoire sensationnelle et absolument époustouflante face à Pat Barry (élu KO de l’année 2011) et deux défaites contre les big men Mark Hunt et Roy Nelson, qui marqueront la fin de son idylle avec l’UFC. En effet, l’UFC lui proposa un contrat de 4 combats après l’UFC 159 mais c’en était déjà fini pour l’élève de l’Huntigton Beach, qui tourne avec un certain Rampage Jackson

… qui rejoint le Bellator et encourage son sparring partner à faire de même. Et le 28 août 2013, Cheick Kongo rejoint le Bellator à 38 ans. Entré par la cour des grands, dans une grosse promotion, à un âge assez avancé, cela aurait pu tourner au cauchemar, mais le mental et le fighting IQ de la légende du MMA français ont donné tort à ceux qui ne le voyaient plus au top. Il débute sur la carte du Bellator 102 à l’occasion du tournoi des poids-lourds, où il bat Mark Godbeer par TKO au deuxième round. Il affronte le vainqueur de l’autre demi-finale, l’australien Peter Graham qu’il bat à la décision et obtient pour son troisième combat un title shot au Bellator. Opposé au champion russe Vitaly Minakov, invaincu en MMA et grand maître de Sambo, il perd le combat à la décision unanime et perd l’occasion de devenir champion. Il ne baisse pas les bras et combat le mois suivant, en mai 2014, s’imposant part TKO face à Eric Smith puis le combat d’après, obtient sa première victoire par soumission pure et dure depuis 2003!

Même s’il perd son premier combat en 2015 sur décision partagée face à Muhammed Lawal, le guerrier s’est déjà installé parmi les plus grands noms de sa catégorie, avec un palmarès de 4-2 dans la promotion californienne. Et la question qu’on est en mesure de se poser, c’est s’il n’a pas atteint son prime à plus de 40 ans.

Cheick Kongo encore vainqueur

La renaissance

Le titre est audacieux car ce qu’on ne peut pas enlever à l’ancien champion du King of The Ring, c’est son incroyable endurance. Couplez ça à la dynamite qu’il possède dans ses mains, son menton d’acier et sa lutte de très haut niveau (il tourne avec des lutteurs de NCAA Division I, le meilleur niveau universitaire des USA) et vous avez le danger en personne (et non, ce n’est pas Heisenberg). De plus, son niveau en muay thai est excellent, avec un palmarès amateur de 21-2. Se préparant dans l’une des salles les plus importantes de Californie, avec des coachs comme Tiki Ghosn ou Paul Herrera, il est également dans les meilleures conditions pour rester au top niveau.

Il marque la catégorie des poids-lourds de son empreinte, ayant amassé 8 victoires consécutives et détenant le record de combats chez les lourds, et de victoires (respectivement 17 et 13). Parmi les vaincus, on peut citer Alexander Volkov, Augusto Sakai ou encore Timothy Johnson. Il prend également sa revanche sur l’ancien champion Vitaly Minakov et devient également le premier homme à le vaincre, par décision unanime. Grâce à cet exploit, le voilà encore propulsé au title shot face à l’ancien de l’UFC Ryan Bader, qu’il affrontera à nouveau le 6 mai en terres françaises.

La première rencontre entre les deux hommes s’était déroulée aux États-Unis et le challenger avait reçu un doigt dans l’oeil qui l’avait rendu inapte à poursuivre le combat, et qui avait éloigné des rings pendant plus d’un an Cheick. Il est heureusement revenu plus fort que jamais et veut aller décrocher cette ceinture qui lui manque tant et qui enrichirait son palmarès. Pour sa préparation, il s’est entouré des meilleurs, comme Rampage Jackson qui est toujours là, mais aussi Dominick Reyes, combattant explosif de l’UFC. Et quand on voit l’incroyable run de Ryan Bader au Bellator, on comprend mieux pourquoi il est si important de tourner avec les meilleurs du monde, l’américain n’a perdu qu’en lourds-légers mais il détruit tout dans la plus grosse catégorie, puis peut se targuer d’être le seul combattant de l’histoire du Bellator à avoir défendu la ceinture dans deux catégories différentes.

Face à face véhément avant le premier combat contre Ryan Bader

Pour la deuxième apparition du Bellator en France, la promotion américaine a donc fait très fort en organisant cette revanche tant attendue entre deux des plus grands combattants poids lourds de l’organisation. Si la victoire du français n’est pas gagné d’entrée, celui qu’on reconnaît comme l’un des plus grands combattants français de l’Histoire a déjà accompli de grands exploits depuis son début de carrière il y a de ça plus de 20 ans. Et nous n’avons qu’à vous donner rendez-vous le 6 mai prochain à l’Accor Arena afin de savoir si, à 47 ans, Cheick Kongo n’est pas en train d’atteindre son prime et de battre des records de longévité.

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