Qui aurait cru que l’histoire de McLaren en F1 serait tel un long fleuve tranquille ? 3eme force du plateau en 2020 une pole position et un doublé en 2021 (le seul de la saison) afin de s’adjuger la 4eme place des constructeurs, l’arrêt du développement pour 2021 afin de se concentrer à 2022…
Mais voilà, la nouvelle année est arrivée, et les résultats de McLaren n’ont pas décollé. Pire ! Ils ont même dégringolé, à en juger par leur performance lors du Grand Prix d’ouverture à Bahreïn… Est-ce donc le début d’un cauchemar, ou bien un simple mauvais départ ?
Une McLaren MCL36 mal née
Lors de la présentation de cette McLaren MCL36, sa conception attisait tous les regards. A l’instar de la Red Bull, le choix d’opter pour des suspensions à tirant (pour un système à poussant pour toutes les autres équipes), prenant à contrepied les autres écuries, pouvait surprendre. Apparue en forme lors des essais de Barcelone, l’écurie « papaye » pouvait espérer de belles choses pour ce début de saison. Cependant, les séances à Bahreïn révèleront plutôt de sérieuses lacunes chez l’écurie Britannique.
La première problématique se trouvait au niveau des freins. Leur surchauffe ne permettait pas d’optimiser les performances des monoplaces, et ce problème n’était aucunement prévu par les experts de McLaren. James Key, directeur technique du développement chez McLaren, expliquait lui même l’incompréhension face à ces difficultés, “je crois que le problème d’écopes de freins était une anomalie vraiment étrange […] elles ne fonctionnent pas. » Il dévoilait également qu’aucun changement n’avait été apporté à l’heure actuelle.

L’autre terrible constat qui a pesé lors des deux premières courses de la saison pour l’écurie de Woking est le fait que l’écurie manque cruellement d’appui aérodynamique. Daniel Ricciardo et Lando Norris en ont tiré ces conclusions après avoir trouvé les bons réglages sur leur monoplace, lors de la course de Jeddah. Malgré un bon équilibre et une monoplace qui satisfaisait en terme de pilotage, la McLaren n’arrivait tout bonnement pas à performer. « Il y a quelques fois où l’équilibre était correct, mais si l’équilibre est correct et que vous êtes lent malgré tout, cela montre que vous manquez d’une chose simple : d’appui aéro », explique le jeune pilote Britannique.
Des pilotes en quête de nouveaux repères
Deux autres éléments viennent également altérer le tableau, déjà bien rempli, de difficultés pour l’écurie de Woking : ses pilotes. Pourtant perçu comme un duo plus que prometteur lors de son annonce, le line-up n’a finalement pas apporté pleinement satisfaction. Si le cas Daniel Ricciardo laisse encore perplexe et que son rendement déçoit encore, c’est surtout son jeune coéquipier qui n’arrive pas à retrouver son niveau de 2021, lui qui portait quasiment à bout de bras son écurie l’an passé.
À la décharge de l’Australien, il sera possible d’attribuer une baisse de forme physique (et mentale) évidente, due à la Covid, qui l’a durement touché. Fatigué et incapable de piloter, l’ex-pilote Renault n’avait pu participer aux essais hivernaux à Sakhir, délaissant à son coéquipier, le marathon de tours à effectuer pour collecter des données essentielles à la bonne compréhension de leur machine.
Après un regain de forme et de performance à Jeddah, son retour en Australie (après 2 ans d’annulation et de restriction) lui a fait retrouver son plus beau sourire, si bien qu’il s’est rapproché de Norris en termes de performances.

Lando Norris quant à lui, n’est plus aussi souverain que lors de son début de saison 2021, où il pouvait sans aucun doute se toiser du titre de « best of the rest ». Rapide, fiable, proche des Mercedes et Red Bull lorsque sa monoplace lui permettait, il a étonné le monde de la Formule 1 l’an passé. Cependant, la baisse de forme de sa McLaren en fin de saison, et sa victoire perdue dans les derniers tours à Sochi lui ont mis un sacré coup derrière la tête. L’accumulation de tours lors des essais hivernaux a pu également l’épuiser, tant les problèmes et le travail était grand pour McLaren. Comme Ricciardo, il s’est bien repris en main à Jeddah puis à Melbourne.
Un regain d’espoir ?
Alors peut être que Bahreïn n’était qu’un (très) mauvais départ, et que l’enfer promis aux oranges ne s’avère être qu’un simple orage à laisser passer. Les belles promesses entrevues à Jeddah puis à Melbourne, bien qu’aidés par des circonstances atténuantes (le tracé de Jeddah étant adapté à la McLaren, et les faits de courses de Melbourne aidant les pilotes à bien se classer) pourront se tenir. 5ème et 6ème en Australie, les pilotes McLaren ont su relever la tête et trouver le sourire.
Toutefois, Lando Norris ne veut pas se montrer trop optimiste pour autant. Selon lui, la monoplace n’est pas encore au niveau et ils seront encore à la peine. Même son de cloche chez Daniel Ricciardo, qui ne veut pas s’enthousiasmer pour la suite de la saison, sous peine d’être à nouveau déçu en cette nouvelle année qui pourrait peut être être sa dernière en Formule 1.
Leur dirigeant, Andreas Seidl, semble quant à lui plus optimiste suite au résultat de Melbourne, estimant que la monoplace progresse « C’était bien de voir que nous pouvions confirmer en course les progrès que nous avons réalisés en termes de performances de la voiture au cours du week-end. »

Si la tournée Orientale de McLaren n’a pas eu les résultats escomptés et a pu décevoir, le retour en Europe dès le prochain Grand Prix à Imola permettra cependant d’apporter de grosses améliorations sur la voiture, comme ce sera le cas pour la plupart des autres écuries. Sur des tracés qu’ils maitrisent et avec une logistique facilitée, McLaren pourra ainsi pleinement se concentrer sur le développement de leur MCL36 et espérer revenir à hauteur de la tête, ou du moins, de la lutte pour le podium.
L’écurie de Bruce McLaren, qui avait pour ambition de venir jouer le titre avec ce nouveau règlement, a du revoir ses objectifs à la baisse après les premières courses de la saison. En sévère difficulté à Sakhir, ils ont relevé la tête à Jeddah, et ont retrouvé le sourire à Melbourne. Il ne leur reste donc plus qu’à retrouver les podiums en Europe, pour potentiellement jouer les victoires d’ici la fin de l’année en Amérique du Sud. En tout cas, un beau tour du monde dans la tête et les réglages devra s’opérer pour la mythique écurie.