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Aeroscreen & Halo : La protection avant tout

Bien moins populaire que la technologie du halo, l’aeroscreen est utilisé dans une seule et unique discipline majeure : l’Indycar Series. Alors si le halo est bien connu de la plupart des adeptes des sports automobiles, notamment grâce à la Formule 1, il est temps de mettre un petit coup de projecteur sur son cousin l’aeroscreen bien moins connu.

La protection du pilote dans son cockpit : une priorité impérative en monoplace

Après le tragique accident en Formule 1 qui a coûté la vie du français Jules Bianchi en 2015, les grandes instances du sport automobile ont décidé de rendre la protection de la tête des pilotes comme LA priorité majeure dans le développement des monoplaces. 

De ce fait, de nombreux équipementiers ont commencé à développer des systèmes permettant de protéger la tête des pilotes. Lors des présentations des projets, seuls deux inventions sortent du lot et semblent être optimisées pour protéger au mieux les pilotes : le halo et l’aeroscreen

Modèle d’aeroscreen introduit en Indycar Series pour 2020 – Source : Multi21

Les premières réactions varient énormément entre les clans sportifs et les fans. D’un côté, les amateurs de sports automobiles veulent que ces nouvelles pièces soient rejetées pour des raisons d’esthétiques. En effet, l’allure des voitures change radicalement et elles ne ressemblent plus du tout à ce qu’ils ont pu connaître depuis des années. 

De l’autre côté, les professionnels du monde du sport automobile, ne pensent pas tous à l’allure que peut avoir une monoplace mais plus à la protection de ces pilotes (alors que eux ne sont pas tous convaincus, loin de là). Étant donné que ces nouvelles pièces remplissent des caractéristiques bien précises en termes de sécurité, tous les partis sont satisfaits. 

En F1, l’appel à projets a été lancé par la FIA en 2015 pour introduire le système pour la saison 2018 tandis que les grandes instances de l’Indycar Series ont mis plus longtemps à se décider. Ayant opté pour l’introduction de l’aeroscreen en 2019, ceux-ci n’ont donc pu être montés que pour la saison 2020. 

Le Halo : Un arceau en titane placé au-dessus de la tête du pilote

Le halo est un dispositif de sécurité placé pour protéger la tête d’un pilote en monoplace. Destiné aux monoplaces à cockpit ouvert, cet élément a été adopté par la FIA pour la Formule 1 et ses catégories inférieures ou encore la Formule E. 

Composé majoritairement de titane de grade 5 (très forte résistance), le halo est un arceau fixé en trois points différents : devant le volant donc sur la carrosserie de la monoplace et de chaque côté du cockpit, au-dessus de la tête du pilote. 

En ce qui concerne les caractéristiques techniques sur la résistance, le halo, tout comme l’aeroscreen, doit remplir une multitude de caractéristiques. Pour les principales, ces systèmes de protections doivent pouvoir dévier une roue lancée à 225km/h, des débris lancés eux aussi à très grande vitesse, supporter une charge de 12 tonnes et le tout sans se déformer pour ne pas gêner l’extraction du pilote de sa monoplace. 

Vidéo explicative sur la performance du Halo – Source : Twitter : @Formula 1

En ce qui concerne les fabricants, en 2017, seulement trois ont réussi à sortir des prototypes homologués et distribuables en sports automobiles : CP Autosport (Allemagne), SST Technology (Angleterre) et V System (Italie, basée à Maranello) et seulement deux d’entre eux distribuent des halos en catégorie reine des sports automobiles, la F1.

L’aeroscreen, une protection optimale du cockpit

Si les constructeurs de halo sont plus nombreux, il n’y a qu’un seul équipementier à avoir proposé un prototype d’aeroscreen : Red Bull Advanced Technology. Mais si la FIA a fait le choix d’opter pour le halo sur chacune des disciplines qu’elle organise, l’Indycar est bel et bien la seule compétition à avoir opté pour l’aeroscreen.

Ressemblant à un pare-brise pour monoplaces, l’aeroscreen permet une protection totale du cockpit quand son cousin européen garde des ouvertures de part et d’autre de la barre en titane, placée devant le pilote. Est-ce que Felipe Massa aurait bel et bien pris le débris qui l’avait assommé en 2009 avec le halo ? Peut-être, mais une chose est sure, cela ne serait pas arrivé avec un aeroscreen. 

De nombreux spécialistes condamnaient aussi le modèle utilisé par l’Indycar, notamment pour des raisons de visibilité. Mais après de longs tests réalisés sur les ovales de l’Indianapolis Motor Speedway, celui de Richmond ou sur le circuit routier de Barber, les pilotes n’ont pas souligné le moindre problème concernant la visibilité. En ce qui concerne les soucis potentiels liés à la saleté accumulée en piste sur le pare-brise, ces systèmes sont, comme les casques des pilotes, équipés de tear-offs (plusieurs couches de protection) qui sont enlevés par les mécaniciens à chaque arrêt aux stands.

Tear-off enlevé sur la monoplace de Graham Rahal

Un autre problème potentiel peut aussi être souligné à savoir l’évacuation de l’eau sous conditions de pluie. Grâce aux très grandes vitesses atteintes par les pilotes d’Indycar Series lors de leur session de tests à Barber, malgré le fait qu’elle se soit passé sous la pluie, les pilotes n’ont pas non plus fait remonter le moindre souci. Le Français Simon Pagenaud, vainqueur entre autres des 500 miles d’Indianapolis 2020, déclara même que l’eau s’évacue mieux sur l’aeroscreen que sur la visière de son casque

Enfin, les tests ont eux aussi été poussés à leur maximum en termes de résistance pour cet élément. De nombreux essais ont été réalisés par Red Bull Advanced Technologies et ils ont pu révéler des standards de résistance très élevés. L’un d’eux consistait à lancer un projectile d’1kg à 230km/h sur l’aeroscreen dans un premier temps et une roue de F1 à 225km/h dans un second temps. Tests concluants : 

Vidéo du test balistique disponible sur le tweet

Des réactions plus que mitigées lors de la présentation des deux solutions

Pour rappel, l’appel d’offre pour lancer un élément de sécurité destiné à la protection du cockpit par la FIA a été lancé en 2015 pour pouvoir installer la solution adoptée pour la saison 2018 en F1. Lorsque les deux projets ont été présentés aux pilotes de Formule 1, la majorité des réactions étaient quelque peu mitigées.

Dans les premiers réticents à l’idée, Lewis Hamilton est en tête d’affiche. Le Britannique s’attachant fortement à l’esthétique des monoplaces, trouve inconcevable d’adopter l’aeroscreen. Lors de la révélation du projet, il s’exclame même : « S’ils font ça, qu’ils aillent au bout de leur connerie et qu’ils ferment le cockpit comme un avion de chasse. On a cette F1 élégante et on y pose un bouclier anti-émeutes ».

Pour Lewis comme d’autres pilotes, les fans ont raison sur le fait que l’aeroscreen est une solution à oublier pour rester dans l’esprit monoplaces. Et pour le halo ? Même combat. Il ne respecte pas non plus l’esprit que doit avoir la Formule 1. Cependant, ce n’est pas sûr que le Britannique ait encore le même sentiment depuis que le Halo a permis de maintenir la Red Bull de Max Verstappen assez haut pour ne pas lui écraser totalement la tête. 

Accrochage Verstappen – Hamilton à Monza 2021

Mais tout le paddock n’était du même avis que le désormais septuple Champion du Monde. D’ailleurs, un autre homme important de cette catégorie s’est exprimé haut et fort sur ces deux solutions : Fernando Alonso. L’Espagnol était lui plus ouvert d’esprit, voyant l’intérêt au niveau de la sécurité plus important que l’esthétique d’une monoplace, tant que celle-ci est toujours aussi performante. 

Cependant, un homme s’est prononcé plus favorable à l’utilisation du halo pour des raisons bien particulières alors qu’il utilise maintenant l’aeroscreen : Romain Grosjean. Le Français avait réussi à pointer du doigt l’un des soucis majeurs engendrés par le système utilisé en Indycar à savoir la température grimpant en flèche vu que l’air ne peut pas pénétrer dans le cockpit

Un projet pas assez abouti et sorti trop tard pour être adopté par la FIA

« Je suis plus en faveur du halo car au moins le casque se refroidit ». Voici ce que le Français et actuel pilote du Team Andretti Autosport a pu déclarer lors de la présentation des deux projets. Il est vrai que cet aeroscreen ne laisse pas passer l’air au sein du cockpit, d’où le fait que les pilotes en Indycar possèdent des tuyaux reliés au casque leur permettant un approvisionnement en air direct pour le pilote. 

Le réel souci lorsque l’aeroscreen est posé reste la température à l’intérieur du cockpit car celle-ci monte en flèche et cela peut poser un problème aux les pilotes pour diverses raisons. Que ce soit une eau avoisinant les 40°C dans la gourde des pilotes ou une chaleur forte donnant aux pilotes l’impression d’être dans un four ambulant, ce pare-brise pour monoplaces ne possède pas que des avantages. 

Les monoplaces d’Indycar étant déjà dépourvues d’aide à la direction, le pilotage est très sportif mais si on ajoute à cela une température bien plus élevée, cette forte chaleur met la condition physique des pilotes à rude épreuve. Pour se rendre compte de l’exigence physique demandée, Simon Pagenaud a perdu 4,5kg lors de sa victoire aux 500 Miles d’Indianapolis en 2020.

Romain Grosjean en avait d’ailleurs fait les frais lors de ses premiers tests en Indycar avec le team Dale Coyne Racing en 2020. Confiant, il n’avait pas souhaité mettre le tuyau d’approvisionnement en air sur son casque, expliquant qu’il arrivait quand même de la Formule 1 et qu’il connaissait donc les fortes chaleurs dans le cockpit. 6 tours au volant de sa monoplace lui auront suffi pour changer d’avis et installer son tuyau d’air.

Tuyau pour le système Side Air sur le casque du pilote – Source : Motorsport.com

C’est justement ce paramètre qui a refroidi la FIA concernant le projet d’aeroscreen à installer sur les F1 mais aussi sur les catégories inférieures. Même si aujourd’hui il est possible pour les mécaniciens d’Indycar Series d’ouvrir en deux ce dispositif grâce à un système à tourner, placé en haut du nez des monoplaces, le projet n’était pas assez complet et abouti pour pouvoir être adopté en 2018. 

Certes, le Halo propose un niveau de protection élevé des du cockpit mais il est clair que l’aeroscreen en offre plus en fermant totalement l’avant de la coque des pilotes. Cependant, il est aussi certain qu’il ne rentre pas dans l’esprit monoplace et offre un aspect bien différent de ce qui a pu être connu depuis la création des sports automobiles en monoplace. Alors verra-t-on ce dispositif adopté plus tard en Formule 1 s’il est encore plus optimisé ? Le halo sera-t-il gardé à l’avenir ou est-ce qu’un équipementier proposera un autre concept ? Une chose est sure, la protection des pilotes est l’une des priorités majeures en sport automobile et il est certain que l’on verra des évolutions au fil de temps sur ce sujet. 

Crédit photo de couverture : Race Fans

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