A l'affiche Rugby

Les rugbymen ne sont pas des robots !

À l’heure où le rugby rime avec exigence, densité physique, enchaînement de matchs, data et autres paramètres qui ont été engendrés par la professionnalisation. Nous avons constamment, publics et médias, les yeux rivés sur le terrain à scruter, encenser ou critiquer les joueurs en oubliant le coté psychologique et psychique des acteurs de ce sport.

Nous ne comptons plus le nombre de sportifs professionnels, qui à l’heure actuelle, se confient en public sur leurs fragilités mentales dues au stress de la pratique professionnelle, ceux qui malheureusement ont commis l’irréparable comme Jordan Michallet ou qui sont passés en maison de repos (Mathieu  Bastareaud et Christophe Dominici). Pour ne citer qu’eux.

Certaines questions se posent alors quant au suivi psychologique des athlètes durant leur carrière et après celle-ci. Grâce à plusieurs retours de rugbymen professionnels des réponses ont pu être trouvées mais d’autres soulèvent un débat.

– Quels sont les moyens mis en place par le club pour la psychologie des sportifs ?

La plupart trouve de l’aide hors structure du club (cercle familial ou professionnel de santé). Quand on sait que le mental est, en grande partie, responsable des performances sur un terrain, il est difficile de croire que ce facteur ne soit pas pris en compte autant que le cardio, les lancements de jeu et le renforcement musculaire.

En cas de blessures le club ne prend pas l’initiative d’un suivi psychologique, mis à part l’apport d’un soutien verbal. Ne serait-il pas pertinent de suivre l’évolution de la blessure au niveau physique mais aussi mental pour, peut-être, éviter un allongement de la période d’indisponibilité et (ou) une rechute. Le corps et l’esprit sont étroitement liés.

– La médiatisation et l’exposition sur les réseaux sociaux ont-elles une influence sur le mental/moral des joueurs ?

Il est habituel que sur les RS certains joueurs soient « pris à partie » que ce soit pour leurs performances ou leurs attitudes sur le terrain. Ils sont relativement imperméables à ces facteurs-là, conscients qu’ils font partie intégrante de leur métier. La plupart ne tiennent pas compte de ce qu’il se dit sur eux. Ils accordent plus de valeur aux critiques constructives du staff du club ou de leur proche.

Quant aux interviews ou autres sollicitations médiatiques ils s’y plient avec plus ou moins d’envie comme une tache inhérente de la pratique du rugby pro.

– Les jeunes des centres de formations sont-ils formés et informés sur les à-côtés non-sportifs du monde pro ?

Même si tous ne connaîtront pas la chance de signer un contrat pro, les clubs entraînent et préparent des futurs joueurs sur le plan physique et technique mais oublient le facteur mental. Un jeune de 17-18 ans est-il réellement préparé à gérer la pression du public, des caméras et du résultat en tant que sportif professionnel ?

N’oublions pas les joueurs, qui sortiront du centre de formation sans contrat à la clef. Comment est géré cet échec, Ont-ils été préparés ?

Un rêve brisé peut peser lourd psychologiquement dans la tête d’un jeune.

« Espérer le meilleur, se préparer au pire » devrait être une des doctrines principales des centres de formation.

– Y a t-il un soutien psychologique en cas d’échec, de série de défaites, de contre-performances ?

Personne n’est infaillible, en tant que joueur ou en tant que groupe, on a pu voir la saison dernière le triste parcours d’Agen. Comment sont gérées ces périodes ou ces compétiteurs doivent sans cesse se remettre en question, le moindre doute influx sur les performances individuelles et collectives. La perte de confiance en soi et en son équipe ne peut pas se résoudre qu’en s’entraînant physiquement ou techniquement.

Un travail de groupe et individuel doit être fait pour éviter de s’enfoncer plus dans ce cercle vicieux.

L’échec pour les compétiteurs peut être, soit un moteur de dépassement, soit un frein à toute progression.

Les quelques témoignages récoltés ne reflètent peut-être pas l’ensemble du monde du rugby et des clubs professionnels. On est en droit de se demander si tout est réellement mis en œuvre pour le mental des joueurs et s’il ne faudrait pas un meilleur traitement de l’aspect psychologique des sportifs au même titre que leur physique.

Chaque joueur est différent, certains arrivent à surpasser les moments de doute, coup de blues, baisse de moral par leurs expériences de vie ou caractères. Pour les autres ils ont sans doute besoin de plus d’attention, de suivi afin d’éviter le pire et de revivre les événements tragiques des dernières années.

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