NBA

Brooklyn Nets, un échec inéluctable

Si pour beaucoup, Brooklyn était considéré comme l’un des favoris au titre, le résultat survenu cette nuit pouvait pourtant être prévisible. Lors de ce premier tour des Playoffs NBA, les Boston Celtics ont facilement vaincu les Nets 4 à 0. Le deuxième de la Conférence Est a semblé dominer de la tête et des épaules une opposition que l’on imaginait plus disputée. Les hommes de Steve Nash sortent par la petite porte et le CCS va, quant à lui, tenter de décrypter les raisons de cet échec cuisant.

Un roster trop peu complémentaire

L’effectif des Nets a beaucoup évolué durant la saison. James Harden a fait ses valises direction Philadelphie quand Ben Simmons, Andre Drummond ou Seth Curry ont fait le chemin inverse. Le slovène Goran Dragic a élu domicile à New-York tandis que LaMarcus Aldridge a fait son retour à la compétition après un problème cardiaque qui aurait pu signifier la fin de sa carrière de basketteur.
Ces changements, survenus lors de la Trade Deadline, ont complètement modifié les rotations qu’avaient mis en place Steve Nash en début de saison. Tout au long de l’année, le cinq majeur a été bouleversé par les absences successives de Kyrie Irving (non vacciné contre le COVID), Kevin Durant (blessé), Blake Griffin (mis à l’écart) ou encore Joe Harris (blessé). Jamais les rotations n’ont semblé claires et définies. Steve Nash a tâtonné pour trouver l’équilibre idéal mais n’y est jamais parvenu.

Lors de cette opposition face à Boston, le cinq majeur semblait établi. Kyrie Irving, Seth Curry, Bruce Brown, Kevin Durant et Andre Drummond pour débuter les matchs. Patty Mills, Goran Dragic, Nic Claxton pour les suppléer.
Sur le papier, cela semble faire beaucoup de guards. Le manque de taille, qui est un problème à Brooklyn depuis trois saisons maintenant, a refait surface. Cela se traduit clairement dans les chiffres. Boston a pris en moyenne 39.5 rebonds quand les Nets n’en ont capté que 34.
Andre Drummond a semblé en grande difficulté. Nic Claxton, quant à lui, a réalisé de bonnes performances grâce à une grosse intensité et à une agressivité défensive notable. Toutefois, comment être une menace de l’autre côté du terrain quand on ne rentre que quatre lancers-francs sur vingt-quatre tentatives ?
Steve Nash n’a pas eu d’autres solutions que de laisser son intérieur sur le parquet. Il a tenté de faire jouer Blake Griffin lors des deux derniers matchs et le multiple All-Star a été très intéressant en particulier lors du match 4. Il a su apporter de l’énergie, provoquer des passages en force et capter des rebonds importants. Cependant, Boston menait déjà 3-0 dans la série et la présence de l’ancien des Clippers a semblé intervenir beaucoup trop tard. Le coach des Nets a semblé réagir plutôt qu’agir et mal lui en a pris.
Remporter un titre NBA, c’est aussi savoir s’adapter pendant et entre les rencontres. Steve Nash n’a jamais semblé en mesure de le faire.

Sans ajustement, peu de réussite

Face à une défense très agressive des Celtics, les Nets ont été déstabilisés. Kevin Durant et Kyrie Irving ont été défendus de fort belle manière et chaque joueur de Boston présent sur le parquet a apporté de l’énergie et une densité physique impressionnante. Tour à tour, Jayson Tatum, Marcus Smart ou Jaylen Brown ont défendu sur KD apportant de la variété dans l’opposition mise en place.

Celui qui est considéré pour beaucoup comme le meilleur joueur du monde actuellement termine la série à un trop faible 38.6 % au shoot. Pour comparaison, cette saison, KD tourne à 51.8 % de moyenne. Sur l’ensemble de sa carrière, c’est d’un joli 49.6 % qu’il nous gratifie.

Fort de ce constat, on aurait pu attendre du coach canadien des Nets qu’il change d’approche offensive. En effet, le jeu en isolation qui pouvait s’expliquer jusque là par la qualité individuelle des joueurs présents sur le parquet n’était plus d’actualité. La défense développée par Ime Udoka devait obliger Steve Nash a exécuter davantage de systèmes. Pourtant, tout au long de ces quatre matchs, seul le jeu d’isolation a été prôné et jamais il n’y a eu de véritables mises en place tactique.

Le ballon s’est retrouvé entre les mains de Kevin Durant ou de Kyrie Irving et ces derniers devaient créer pour eux ou pour les autres. Ce style de jeu a montré ses limites et il en a découlé des possessions très brouillonnes et de trop nombreuses pertes de balle. Boston fermait l’accès au panier, effectuait des prises à deux, obligeait les deux leaders des Nets à lâcher le ballon aux rôle players. Tactiquement, la série semblait parfaitement préparé par le staff d’Ime Udoka.

Comme prévu, la faiblesse du secteur intérieur des Nets a été criante et Boston a sur-dominé sous le panier. Al Horford s’est montré intraitable des deux côtés du terrain et Daniel Theis s’est mué en véritable éboueur, prêt à faire toutes les petites tâches qui rendent son équipe meilleure. En face, LaMarcus Aldridge, qui aurait pu apporter ce scoring dans la peinture ou à mi-distance n’a pas joué une seule minute. Fallait-il le mettre sur le terrain ou était-il déjà en surrégime en Saison Régulière ?

Coach, déclinez votre identité !

Pour parvenir au titre suprême dans la plus grande ligue du Monde, il faut bien souvent une identité forte. Chez les Celtics, la défense est le maître mot. Chaque joueur connaît son rôle et les attentes de son coach. Qu’en est-il du côté de Brooklyn ?

Si l’on prend les Golden State Warriors, les Milwaukee Bucks ou encore les San Antonio Spurs, tous ont conquis le trophée en imposant un style de jeu très fort. Que ce soit le tir extérieur, la défense collective ou la circulation du ballon, ces équipes portent le sceau d’un coach avec des valeurs et des convictions fortes. Ces dernières peuvent parfois coûter des matchs ou parfois même des titres, mais elles permettent à chaque membre de l’équipe de savoir ce qui est attendu lorsqu’il est sur le parquet.

Côté Nets, il n’y a pas eu d’identité. Alternant entre jeu au poste, tir extérieur ou uns contre uns, l’équipe et le coaching staff ont cherché la bonne formule. Une fois de plus, les Nets ont subi et ont toujours réagi dans cette série. Si le jeu au poste a pu fonctionner par moment, il a été abandonné très vite au profit de uns contre uns trop difficiles. Il n’y a pas eu d’orientation tactique claire et le parfait exemple en est le match quatre. Durant cette rencontre, Brooklyn a fait la course derrière et n’a jamais semblé en mesure de revenir au score. Si le résultat apparaît en forme de trompe-l’œil, il n’en est pas moins logique.

Désormais, Sean Marks et tous les membres du front Office vont devoir se pencher sur l’avenir. L’intersaison risque d’être chargé et les nuits très courtes dans les bureaux New-Yorkais.

L’été sera chaud

Il y a des échecs qui sont plus acceptables que d’autres. Celui des Nets lors de ces Playoffs et plus largement lors de la saison complète pourrait forcer Joe Tsai a de nombreux changements cet été.

Si le trio de stars des Nets sera bien évidemment de la partie, les rôle players pourraient voir leur avenir s’écrire loin de Big Apple. Joe Harris et Seth Curry ont outs deux un an de contrat supplémentaire avec Brooklyn. Les minots Cam Thomas et Day’Ron Sharpe sont également toujours dans leur contrat rookie pour au moins une saison. Patty Mills possède quant à lui une option joueur de six millions d’euros et il y a fort à parier qu’il lève celle-ci.
Pour le reste, il risque d’y avoir nombre de départs. Andre Drummond ne semble pas avoir convaincu lors de son court passage et il est fort probable de voir l’aventure s’arrêter là. Blake Griffin ou LaMarcus Aldridge sont des vétérans utiles dans un groupe mais qui semblent toutefois avoir montré de réelles limites lorsqu’ils sont sur le parquet. Peu de chances donc de voir le Front Office leur proposer un nouveau contrat.
Le cas de Goran Dragic peut poser question. Lui aussi vétéran, il est arrivé tard au sein de l’effectif et il n’a pas eu le temps nécessaire pour prendre ses marques. De plus, durant ces Playoffs, il a pu montrer une faculté intéressante à prendre le relais de Kevin Durant et de Kyrie Irving. Il n’est pas impossible qu’il se voit proposé une année de plus chez les Nets au minimum vétéran.
Qu’en est-il maintenant de Bruce Brown ? Tantôt banni de l’effectif, tantôt indispensable et ayant montré des progrès indéniables au tir extérieur, il joue un rôle de col bleu qui pourrait pousser la franchise à lui proposer une prolongation. Si actuellement il touche 4.7 millions de dollars, il ne devrait pas être trop gourmand et pourrait demander un salaire équivalent. Une bonne option pour les Nets qui tiendrait là un Glue Guy au rôle limité mais impactant des deux côtés du terrain.
Enfin, Nic Claxton va sortir de son contrat rookie et demandera forcément davantage que ce qu’il touche depuis son entrée dans la ligue. Durant ces Playoffs, il a montré une forte capacité à être utile dans la rotation des Nets et a joué plus de minutes que Drummond, pourtant starter. S’il règle son adresse aux lancers-francs, il pourrait être un pivot impactant des deux côtés du terrain. Sa polyvalence défensive est indéniable et colle parfaitement avec le switch à outrance parfois proposé en NBA. Brooklyn devrait donc lui proposer une extension de contrat et ne pas le laisser partir gratuitement.

Le roster semble cependant incomplet et trop peu fourni. Les Nets vont devoir se mettre en quête de rôle players compatibles avec les stars que sont Irving, Durant et Simmons. Le chantier principal réside dans la capacité de l’équipe à bien défendre. Sur les lignes extérieurs, plusieurs noms pourraient correspondre aux attentes des Nets. Néanmoins, les Nets ont très peu de marges de manœuvre. En effet, le salary cap pour la saison 2022-2023 est fixé à 122 millions d’euros. Brooklyn a déjà dans ses rangs des salaires équivalents à 132 millions. La luxury tax, quant à elle, s’élève à 149 millions.

Gary Harris est connu pour être un bon défenseur sur l’homme et un attaquant très correct. S’il touche aujourd’hui neuf millions d’euros, il devrait pouvoir accepter de signer pour un salaire similaire l’an prochain. Sans doute trop pour la franchise actuellement.

Parmi les joueurs touchant moins de cinq millions d’euros par saison, les noms de Josh Okogie, Wes Matthews, Rodney Hood ou Frank Ntilikina peuvent être intéressants. Le nigérian est un joueur physique capable de bien défendre. Matthews est un two way player qui sait rentrer des shoots extérieurs tout en étant dur sur l’homme défensivement. Rodney Hood, lui, a la faculté de créer du jeu et si les blessures le laissent tranquille, il pourrait s’avérer très utile. Enfin, Frank Ntilikina éprouve d’énormes difficultés à exister en NBA depuis qu’il y est entré. Tenter le pari d’un défenseur très agressif sur l’homme qui pourrait être envoyé sur des missions défensives semble plausible et imaginable. Après son passage chez les Knicks, revenir à New-York chez l’ennemi numéro un serait alléchant.

Dans le secteur intérieur, il faut aux Nets un pivot dominant et très impactant au rebond. Le nom de Tristan Thompson peut être évoqué mais l’ancien C’s semble en difficulté depuis quelques saisons maintenant. Dwight Howard sera lui aussi libre de s’engager où il le souhaite. S’il aura 36 ans révolu et s’il vient de connaître une saison décevante, il n’en reste pas moins un bon joueur intérieur, en particulier défensivement. Pour le reste, trop peu de noms à se mettre sous la dent. Bismack Biyombo sera libre mais ne semble pas taillé pour être une rotation fiable tout comme Isaiah Hartenstein.

Les Nets vont donc devoir être très malin et monter des trades s’ils veulent se renforcer cet été. Peu de grands noms sur la marché et surtout une marge de manœuvre trop faible qui pourrait forcer le Front Office à prolonger des joueurs pas forcément désirés.

La série face aux Celtics aura donc mis en avant toutes les lacunes d’une franchise qui avait pourtant réalisé une reconstruction parfaite. Possédant dans ses rangs trois stars internationales, Brooklyn devra désormais s’armer de patience et de malice pour trouver l’équilibre lui permettant de briller en post season. L’intégration de Ben Simmons sera prépondérante et nous serons particulièrement attentifs aux mouvements effectués lors de la Free Agency.

Crédit photo : https://www.skysports.com

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