Ollie Hassell-Collins est le joueur le plus en vue chez les London Irish. Redoutable ailier, il apporte le danger à chacune de ses accélérations. En Premiership, il fait partie des meilleurs à son poste. Pur produit de la formation londonienne, il a tout pour devenir l’un des meilleurs au monde à son poste. Encore inconnu du public international, il compte sur cette année 2022 pour passer un palier avec une campagne européenne majestueuse ainsi qu’une place dans le XV de la Rose à compter de l’été. Ses performances ne peuvent plus être ignorées de son sélectionneur Eddie Jones.
Un pur produit des London Irish
Il est probablement le joueur le plus impressionnant parmi tous les jeunes talents de l’équipe londonienne. OHC a tout pour être le futur détonateur de cette équipe. Il aime provoquer son vis-à-vis en 1 vs 1. L’ailier anglais peut s’appuyer sur sa vitesse pour prendre les espaces laissées libres par ses adversaires. Il peut se créer seul des occasions sur des relances ou dans les petits espaces. Il est souvent le joueur cherché sur le côté pour accélérer et apporter le danger. S’il ne marque pas, il est celui qui délivre la dernière passe pour permettre à son équipe de marquer un précieux essai. Comme ses partenaires des lignes arrière, il est porté sur l’attaque.
Aujourd’hui, OHC est probablement l’un des ailiers les plus prometteurs outre-Manche et il a tout pour devenir l’un des meilleurs au monde. Peu d’ailiers ont ses crochets et cette capacité à être partout sur les relances. Il tient probablement son talent de ses différentes expériences au sein du Rugby à 7. En effet, il dispute le tournoi de Paris en 2019, une formidable expérience pour celui qui est un suiveur assidu de ce rugby : « C’était génial de jouer pour l’Angleterre au Paris Sevens (2019). Nous avons joué contre les Fidji et ils étaient incroyables, vous pensez que vous avez fait un tacle mais le ballon est parti. J’ai toujours aimé regarder le rugby à sept, le rythme rapide, le rugby excitant. Mon père et moi avions l’habitude d’aller à Twickenham presque chaque année pour regarder les sept, donc c’était vraiment cool de se retrouver dans cet environnement. » Une autre manière de jouer et probablement crucial dans sa progression. Dans sa manière de jouer, il n’est pas rare de voir certaines caractéristiques du rugby à 7.
Il a commencé assez tôt à jouer sur les terrains d’Angleterre. Il n’a pas tout de suite débuter sur les ailes. En effet, joueur assez grand, il est plutôt utilisé en deuxième ligne. Une position ne lui convenant pas et dont il a essayé de sortir. Comme tout jeune joueur, il est déplacé sur différents postes que ce soit en numéro 8 puis au centre puis en arrière avant de terminer sur l’aile, le poste qu’il occupe aujourd’hui. Une manière de mieux comprendre le jeu et de gagner en polyvalence. Rapidement repéré, il rejoint le club de Newbury situé à cinq minutes à pied de chez lui. Il y retrouve son père ancien pilier et coach chez les jeunes U15 et U16. Une formation importante pour prendre ses marques : « Comme le club était juste en haut de la rue, j’ai réalisé que je voulais prendre mon rugby au sérieux et cela m’a permis de monter au club et de faire du jeu au pied ou du fitness quand je le voulais. »
Ollie Hassell-Collins bénéficie aussi des encouragements de ses parents, précieux dans sa carrière. Ils lui ont permis de monter progressivement tout en lui apportant leur soutien à chacun de ses matchs : « Ils ont voyagé dans tout le pays pour me voir jouer et j’essaie de faire ce que je peux pour les rendre fières […]. Mon père a eu une énorme influence au début de ma carrière de rugby, il m’a emmené au club de rugby de Newbury dès mon plus jeune âge et a juste traversé les groupes d’âge. » Ses derniers l’accompagnent en Afrique du Sud lorsqu’il participe à une tournée avec l’équipe d’Angleterre des moins de 18 ans en 2017. Une expérience enrichissante pour le jeune joueur qui fait partie des joueurs à suivre à ce moment-là : « Cette tournée était assez spéciale car j’ai fait mes débuts pour l’Angleterre et ce fut un honneur d’être présenté avec une casquette dans un pays comme l’Afrique du Sud. » Il continue de progresser au sein de cette école et se retrouve alors à affronter certains de ses futurs coéquipiers comme Ben Loader, évoluant à ce moment-là pour Reading. Tous les deux prometteurs, ils se retrouvent ensemble chez les London Irish où ils évoluent avec les moins de 18 ans. Le début d’une nouvelle ère mais aussi une première récompense pour le jeune ailier.

Avec la jeune garde des London Irish, il remporte le championnat des -18 ans. Cette victoire permet à OHC de faire parler de lui. Il ne faut pas longtemps au jeune ailier anglais pour être promu dans l’équipe sénior. Il faut dire que l’équipe londonienne a besoin de lancer un nouveau cycle après une nouvelle descente en deuxième division anglaise. Le moment propice pour lancer quelques jeunes et ainsi leur faire gagner de l’expérience en vue d’une probable montée en Premiership. Il fait alors ses débuts le 27 octobre 2018 contre les Cornish Pirates, un match remporté 38/29 avec le premier essai inscrit par le jeune ailier anglais. Un match disputé devant sa famille et ses amis, laissant de magnifiques souvenirs : « Ce fut une expérience formidable de faire mes débuts dans un si gros matchs. C’était très spécial car c’était un match à domicile et tous mes amis et ma famille sont venus. La journée s’est terminée par un essai, ce qui l’a rendu un peu plus spécial. » Le début d’une aventure en Championship où il dispute cinq rencontres pour quatre essais inscrits. Une première expérience importante au niveau professionnel pour se préparer à un plus grand défi : maintenir le club en Premiership.
La consécration en Premiership
En effet, le club londonien remonte facilement en première division en finissant champion. OHC doit maintenant confirmer après une saison où il a eu l’occasion de se montrer que ce soit avec les Irish ou l’équipe d’Angleterre au Tournoi des VI nations des moins de 20 ans. Il est titulaire lors de trois matchs. Un petit tournoi pour l’Angleterre qui termine troisième mais une nouvelle expérience fructueuse pour lui. Il dispute aussi un match lors de la Coupe du monde junior. L’année suivante, il dispute pas moins de 27 matchs dont 25 en tant que titulaire. Il découvre la Premiership et la Challenge Cup. Dès son premier match dans le championnat anglais, il inscrit un essai lors de la victoire de son équipe chez les Wasps. Il fait définitivement parler de lui lors d’un match contre Gloucester. Au cours de cette rencontre, il aplatit quatre fois le ballon dans l’en-but. C’est probablement son deuxième essai qui le caractérise le plus avec un duel face à Chapman en fond de ligne. Sans élan, il réussit grâce à son jeu de jambes à surprendre son adversaire pour inscrire son essai en force malgré la tentative du demi de mêlée de l’arrêter en lui attrapant le short.
Même si la pandémie bloque sa bonne dynamique, il continue à se mettre en avant pour conclure une première saison en Premiership de toute beauté. Il termine avec 979 mètres parcourus ballon en main, le quatrième meilleur total. Il faut ajouter 24 franchissements ainsi que 50 défenseurs battus. Une grosse saison qui le propulse parmi les joueurs les plus attendus l’année suivante. Il reproduit des performances similaires en faisant partie de l’une des équipes les plus intéressantes à voir jouer grâce à son jeu offensif. Il dispute encore une grande partie des matchs de son équipe à chaque fois en tant que titulaire. Il est toujours aussi joueur avec cette capacité à accélérer et apporter le danger. Il peut se montrer décisif comme lors du 1/8ème de finale contre les Cardiff Blues. Dans un match particulièrement serré, il se met en évidence en inscrivant deux essais dont un précieux à la 75ème minute. Après un bon lancement de jeu à la suite d’une touche, Jackson remet intérieur à Ollie Hassell-Collins qui a parfaitement suivi. Il utilise sa vitesse pour terminer le travail. Il permet à son équipe de repasser devant 34 à 32.
Son travail ne s’arrête pas là. Après une pénalité réussie par les visiteurs, les locaux n’ont que deux minutes pour l’emporter. Le moment choisi par Ollie Hassel-Collins pour éviter un premier plaquage dans son camp avant de passer entre les défenseurs. Grâce à sa vitesse, il atteint les 22mètres adverses. Quelques phases plus loin, les London Irish marquent un ultime essai par l’intermédiaire de Curtis Rona. Sa dernière percée a été déterminante, permettant à son équipe de se qualifier pour le tour suivant à 14 contre 15. Sur ce match, il a montré toute sa progression en ayant un rôle de leader pour mener son équipe à la victoire. Il continue d’utiliser sa vitesse à merveille pour prendre les défenses par surprise. En Premiership, il termine la saison avec 995 mètres parcours avec le ballon et 37 franchissements, le deuxième plus gros total derrière Joe Marchant et ses 39 unités. L’un des meilleurs dans ce domaine grâce à un entrainement spécifique avec ses entraineurs : « Nous avons obtenu la licence des entraîneurs au début de la saison pour errer et je sens que plus j’ai joué, plus j’ai été confiant pour le faire et j’ai réussi à obtenir autant de touches que possibles. C’est définitivement quelque chose que lequel j’ai travaillé et de nombreuses conversations avec des entraîneurs m’ont donné la confiance nécessaire pour le faire. »
Il n’est pas surprenant de voir le joueur être aussi fort dans ce domaine avec comme référence Jonah Lomu, Cheslin Kolbe ou encore Latrell Mitchell, joueur de NRL. Il reconnaît regarder les matchs et s’en imprégner pour améliorer son jeu. C’est un travailleur acharné que ce soit sur sa vitesse avec Jonas Dodoo ou encore son jeu au pied : « Ensuite, il y a le jeu de jambes, moi et Loader en faisons beaucoup ensemble. James Lightfoot-Brown nous a élevés à travers l’académie et nous a vu grandir donc après les sessions, nous faisons beaucoup de trucs de jeu de jambes avec lui. » Il reconnaît devoir encore améliorer sa défense mais il possède déjà une solide anticipation sur certaines passes : « Et puis il y a le travail défensif, les plaquages. J’essaie de prendre quelques kilos parce que si vous êtes plus lourd, vous pouvez être plus puissant et plus physique dans ces zones de plaquage. »
Comme de nombreux jeunes au sein de cette équipe, il bénéficie de l’aide des vétérans pour progresser : « Il y a toujours des améliorations que vous pouvez apporter, cependant, et je vais revenir sur mes matchs avec des gars comme Waisake Naholo et Stephen Myler pour voir ce que j’aurais pu faire mieux faire. Myler est énorme pour moi, sa connaissance du rugby est vraiment incroyable et si vous laissez tomber une balle ou faites une erreur, il s’agît toujours du prochain travail. Il peut être dur avec vous, mais c’est toujours constructif. » Topsy Ojo, une des légendes du club, lui a été d’une précieuse aide au cours de son parcours au sein de l’académie. Un leader présent pour répondre à ses questions et lui apporter son expérience. Ce qui fait de cette équipe l’une des meilleures est probablement l’entente au sein du vestiaire. La clé de la réussite est un parfait mélange entre les anciens et les nouveaux.
C’est aussi l’atout de cette équipe. En effet, les London Irish ont cette chance d’avoir des joueurs ayant joué ensemble depuis l’académie et qui ont progressé ensemble. OHC a l’habitude de combiner avec Ben Loader et Tom Parton. Ils arrivent à se trouver parfaitement. Comme ses coéquipiers, il fait partie des jeunes suivis par Eddie Jones. Après sa magnifique saison, il a fait partie du groupe élargi pour préparer les matchs d’été. Malheureusement pour lui, il n’a pas été retenu pour les matchs mais il en garde une solide expérience : « J’ai adoré chaque minute de la semaine, j’ai tellement appris et je sais maintenant ce qui est attendu de jouer à ce niveau et j’ai hâte d’entrer dans la présaison et de continuer à travailler sur mon jeu. » Même s’il reste concentré sur ses performances avec les London Irish, il garde dans un coin de sa tête le XV de la Rose. Malgré ses bonnes performances en début de saison, il ne fait pas partie des joueurs appelés pour préparer la tournée d’Automne. Une petite surprise chez les observateurs anglais. Dans la continuité de ses performances, il est appelé lors des camps d’entrainement durant le VI nations sans obtenir la moindre convocation pour un match. De nombreuses critiques émergent concernant la gestion d’Eddie Jones sur le jeune ailier anglais qui réalise encore une saison impressionnante avec 11 essais inscrits dont un triplé contre Newcastle lors de la dixième journée. Il est le premier au classement des franchissements avec 22 unités et il se classe troisième pour ce qui est des mètres parcourus avec le ballon avec 1760. La blessure de Ben Loader a fait de lui l’atout numéro 1 sur les lignes arrière des London Irish. Un rôle qu’il a parfaitement rempli.
Des performances toujours plus impressionnantes qui font monter sa côte outre-Manche. Il est attendu pour faire partie de la liste du sélectionneur australien lors de la prochaine tournée d’été en Australie. Même s’il n’est qu’au début de sa carrière, Ollie Hassell-Collins est déjà très en avance dans son jeu. Il tente de profiter de chaque match comme il le peut : « Le meilleur conseil que j’ai jamais reçu est juste d’en profiter. S’il y a un jour où je ne le ressens pas, je me rappelle que je fais ce que j’aime, je dois profiter de ce moment, ce n’est pas une longue carrière. Surtout sur le terrain : si ça ne va pas trop bien, profites-en, c’est ton moment. » Il continue d’illuminer les pelouses d’Angleterre par sa fougue, son envie de jouer et de marquer. La prochaine étape est l’Europe et le monde avec le XV de la Rose.