Alors que le sport automobile fait face à de très nombreuses restrictions dues aux politiques mises en place dans tous les pays sur la préservation de l’environnement, ce monde est en pleine phase de dilemme. La solution de l’électrique pour remplacer la motorisation thermique semble être une décision vers laquelle une partie des acteurs du sport auto a l’air de se tourner. Certes, le débat est bel et bien présent pour savoir quelle sera la meilleure solution pour diminuer l’impact sur l’environnement. Garder le moteur thermique avec des biocarburants ou utiliser l’électrique ? Il est plus que certain que l’électrique ne ravis pas la majeure partie des fidèles fervents de ces sports, notamment sur l’aspect du bruit d’un moteur thermique, qui fait partie intégrante de ce milieu. L’électrique affecte donc, positivement pour certains et négativement pour d’autres, le spectacle d’une course auto. Mais petit à petit, le sport automobile électrique se fait une place de plus en plus grandissante, même si l’énergie thermique reste celle qui fait l’unanimité dans le cœur des fans.
Crédit Photo de couverture : Nice-Matin
Le moteur électrique, plus ancien moteur que le thermique
Contrairement à ce que tout le monde pourrait penser, la voiture électrique n’est pas si récente que cela. La grande majorité, une fois questionnés, pense qu’elle a fait son apparition dans le début ou le milieu des années 2000. Mais de là à penser que le premier prototype d’automobile électrique est apparu avant la voiture dotée d’un moteur thermique, jamais… Et c’est pourtant le cas !
Il faut remonter à l’année 1834 pour voir la sortie de la première invention d’un moteur électrique sur une automobile. En parallèle, le premier modèle de moteur à explosion, plus complexe à réaliser, n’est apparu lui qu’en 1861.

Initialement, les batteries des véhicules électriques étaient à usage unique et il était donc impossible de commercialiser ces engins. C’est grâce aux travaux de Camille Faure et à l’invention, en 1850, de la batterie rechargeable au plomb acide par Gaston Planté que les constructeurs de voitures électriques ont pu proposer leurs véhicules à la consommation pour la première fois en 1852.
Le modèle le plus performant de l’époque a été conçu par Camille Jenatzy à la fin des années 1890. Nommée la « Jamais-Contente », cette voiture électrique bat un record de vitesse automobile en 1899 en atteignant les 105km/h.

Performantes, rechargeables à un coût moins élevé que le prix du carburant, pas d’émissions de fumées irrespirables pour les passants, simples d’utilisation, les modèles de voitures électriques connaissent un franc succès au tout début du XXème siècle. Encore plus de l’autre côté de l’Atlantique où le marché automobile américain est composé à 38% de véhicules électriques.
Mais ce succès n’est que de courte durée car, pour contrer la montée de l’électrique et se démarquer des autres concurrents du marché automobile thermique, l’entreprise Ford sort sa Ford T en 1908 qui vient détruire tous ses concurrents. Travail à la chaîne, matériaux de fabrication moins coûteux, incorporation du modèle de démarreur électrique de Charles Kettering, tout est optimisé pour proposer aux consommateurs une auto à prix réduit mais tout autant confortable.
La Ford T connaît donc un franc succès et grâce à ce modèle, beaucoup plus de monde peut se permettre d’acheter une automobile. En parallèle, c’est tout naturellement que le marché de l’électrique s’effondre et tombe aux oubliettes car il n’est pas capable de proposer une voiture avec une aussi bonne autonomie et à un prix bien plus bas que ce qui se vend.

Très discrète et hors du feu des projecteurs, la voiture électrique revient au goût du jour lors du premier choc pétrolier de 1973 qui fait exploser les prix du carburant. Elle devient donc une solution sur laquelle les ingénieurs automobile se penchent de plus en plus pour trouver une alternative au moteur thermique.
Dès 1974, on voit apparaître sur le marché de nouveaux prototypes électriques comme la CitiCar par exemple, sortie aux Etats-Unis. Cette voiture avait une autonomie de 64km avec une vitesse max à 48km/h, donc bien moins performant que les autos thermiques. Entre ce manque de performance notable comparé aux voitures thermiques et le prix du carburant qui décroit finalement rapidement, la voiture électrique doit encore prendre son mal en patience pour se faire une place sur un marché monopolisé par l’énergie thermique.

La réelle entrée de la voiture électrique sur le marché de l’automobile se fait au début des années 2010 (Thank you Mr. Musk !), notamment grâce à la marque américaine devenue internationale : Tesla. Voyant le succès de la marque du businessman américain en croissance nette, les constructeurs, surtout en Europe (l’Amérique restant sur le moteur thermique quand l’Asie opte pour une motorisation hybride dans un premier temps sur les stratégies commerciales), commencent à développer eux-aussi des modèles de voitures électriques. C’est ainsi que l’on a pu voir naître la Renault Zoé, la e-208 et bien d’autres modèles encore.
Cet engouement grandissant pour l’électrique dans l’automobile de tourisme a donc tout naturellement commencé à donner de nombreuses idées pour les constructeurs de prototypes en sports automobiles. Une idée était devenue claire : le rayonnement d’une marque ou d’une technologie en automobile doit passer par une forte médiatisation. Quoi de mieux pour la médiatisation que le sport ? Les constructeurs intéressés se tournent donc vers la première opportunité qui se présente pour pouvoir entrer dans le monde du sport automobile et ainsi accroitre la médiatisation autour de leur marque.
L’entrée de l’électrique en sport automobile grâce à la Formule E
La première course de voitures électriques s’est tenue dans les rues de notre capitale, Paris, en 1984. Cependant, pour avoir une réelle course avec un projet digne de ce nom pour l’électrique, il faut attendre l’année 2011 et c’est l’ancien président de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA), le français Jean Todt, qui en a été le précurseur. C’est donc d’ici que naît le championnat désormais connu de tous : la Formule E. Cette catégorie de monoplaces a commencé pour la première saison en 2014.
La mission première de la Formule E, en plus de promouvoir l’électrique en automobile, était de pouvoir apporter le sport auto au sein des villes les plus emblématiques du monde sans avoir la contrainte du bruit apportée par les véhicules thermiques. Paris, Berlin, Londres, New York, Le Cap, Rome… Toutes ces villes prestigieuses ont accueilli au moins une manche du championnat du monde de Formule E.

Sous le même modèle que l’Indycar, le but est de faire concourir des pilotes avec les mêmes modèles de monoplaces mais avec un moteur électrique. L’avantage de ce concept est de construire les voitures en série et donc de réduire l’impact que la production de monoplaces pourrait avoir sur l’environnement. À l’inverse, la catégorie reine des sports automobiles, la Formule 1, est basée sur un concept de production propre à chaque écurie engagée et cela nécessite donc bien plus de moyens et de production de pièces, donc plus de pollution lors du processus de conception de la voiture.
En termes de prototype, c’est la Spark-Renault SRT 01 E qui a été homologuée comme seul et unique modèle pour le lancement de la compétition en 2014 jusqu’en 2018. Ce premier modèle de monoplace électrique est issu de l’union de travail entre plusieurs grands noms du sport automobile : Spark Racing Technology, Renault, Dallara (l’actuel unique fournisseur de châssis en Indycar), McLaren Electronic System et Williams Advanced Engineering. La saison suivante, étant donné que les teams ont le droit de changer les moteurs, une partie du plateau se sépare du moteur d’origine, conçu par McLaren, pour se tourner vers d’autres constructeurs.

Véritable vitrine pour le monde de la voiture électrique, la Formule E a pour but de montrer que ses monoplaces sont tout aussi performantes que les voitures à moteur thermique. L’ancien Champion du Monde de F1 1997 Jacques Villeneuve s’est d’ailleurs exprimé au sujet de l’électrique en sport automobile après avoir pu concourir en Formule E lors de la saison 2015-2016. Il était d’ailleurs plutôt convaincu par les performances de ces monoplaces : « la surprise avec l’électrique, c’est qu’il n’y en a pas. C’est une motorisation comme les autres. Ce qui compte c’est le sport automobile, la formule de championnat, ce qui se passe quand on appuie sur l’accélérateur, quand on enfonce la pédale de frein, le pilotage… »
En s’impliquant dans ce type de championnat, les constructeurs ont pour but de se montrer sur la scène internationale et donc de prouver aux spectateurs qu’ils sont capables de faire des moteurs performants et d’utiliser des technologies innovantes pour leurs voitures de tourisme.
Rendre le sport automobile attractif et accessible à tous, tout en limitant les contraintes est devenu chose possible grâce à la FE, de nombreux autres championnats commencent à se développer en catégories électriques : Pure ETCR, Extreme E, e-Karting… On peut même retrouver certains pôles mécaniques qui font de l’électrique, l’enjeu principal de leur développement futur. Tout cela sera expliqué dans la seconde partie de l’article.