A l'affiche Auto / Moto

Le circuit de Barcelone, l’indispensable critiqué ?

Redouté, mais pourtant plébiscité ! Ces termes peuvent certainement s’appliquer au circuit de Catalogne, à Barcelone, qui va accueillir toute la famille des formules pour la 6ème étape du championnat du monde de Formule 1. Si les spectateurs se rassemblent nombreux lors de ce week-end, les téléspectateurs le sont peut être un peu moins, en raison du manque de suspens et d’intérêt lors de ces courses. Il convient alors d’analyser ce circuit afin de comprendre pourquoi ce Grand Prix est si important au calendrier.

Le printemps marque le retour des fleurs, du beau temps, mais également de la tournée européenne pour le sport automobile. Si de nombreux circuits sont appréciés ou même redoutés par les pilotes, d’autres proposent un défi peut être un peu plus « facile » s’il est possible d’utiliser ce terme. Dans cette deuxième catégorie, il est possible de retrouver le circuit de Barcelone, terres d’essais hivernaux, et de courses peu enthousiasmantes.

Un circuit devenu historique ?

Le circuit de Montmeló, situé à quelques kilomètres du nord de Barcelone (d’où l’erreur quasi systématique de Circuit de Barcelone) en est déjà à sa 32ème édition en 2022 ! Construit initialement afin d’accueillir le départ/arrivée de la course cycliste des JO de Barcelone en 1992, la capitale catalane en a profité afin d’accueillir les courses automobiles, si importante dans leur culture.

Son tracé, varié, permet aux écuries et ingénieurs d’obtenir le maximum d’informations sur les monoplaces et les motos, si bien qu’il a pendant longtemps servi de piste pour les essais hivernaux pour les Formule 1. Malheureusement, cette opportunité d’accueillir les différentes écuries lors de l’hiver revient à proposer un faible spectacle en course.

C’est pourquoi, depuis sa création en 1991, le circuit a régulièrement subi quelques liftings, quelques nouveautés afin de favoriser un plus grand spectacle, de plus nombreux dépassements. Bien qu’infimes, ces modifications au long de son histoire ont permis au circuit de s’adapter aux machines qui dévalent son tarmac. Le premier changement, en 1995, a permis de constituer la seconde ligne droite du tracé, initialement le virage 10, une légère chicane réduisant fortement la vitesse embarquée par les monoplaces.

Puis, c’est majoritairement le troisième secteur qui s’est vu modifié, en raison de son caractère très (trop ?) lent. La création d’un nouveau virage lent en 2004 après la ligne droite, l’apparition des lentes chicanes 14 et 15 (peu appréciées des fans et des pilotes), qui viennent ralentir les monoplaces avant la ligne de départ/arrivée depuis 2007 et un dernier changement en 2021, avec un nouveau virage 10 bien plus abordable et facilité pour les pilotes.

Le tracé 2021, avec un virage 10 adapté permettant une zone plus aisée pour freiner et accélérer (crédit : Getty Images)

L’avantage de ce circuit, comme mentionné ci-dessus, est donc sa polyvalence, proposant un secteur 1 rythmé par des grands virages rapides, un secteur 2 propice à la vitesse de pointe et les gros freinages et un troisième et dernier secteur technique, avec de nombreux virages lents, qui bien que frustrants, sont importants dans un tracé de course automobile.

La morphologie du circuit

La principale caractéristique de ce circuit reste sa ligne droite de départ/arrivée, longue de plus d’un kilomètre, où les opportunités de dépassements sont les plus présentes. Majoritairement, c’est tout le premier secteur qui fait primer la puissance moteur.

C’est au virage 1 que les pilotes auront, sur tout le circuit, la meilleure opportunité pour porter une attaque. À la suite de la ligne droite, si le dépassement n’est toujours pas effectué, le pilote aura l’occasion de se jeter sur les freins et tenter le dépassement par cette manière. Par la suite, la fin du secteur est composé de virages à haute vitesse, impressionnant en qualifications, frustrant en course.

Le premier virage, (seule) opportunité de dépasser en Espagne ? (crédit : LAT Images)

Le deuxième secteur est le secteur qui permet d’estimer, dans sa globalité, si une machine est réussie ou bien ratée. Le virage 4 tout en accélération, le virage 5 en dévers, puis le 7 et le 8 en montée sont un calvaire pour la monoplace, qui doit alterner décélération et freinages en appuis. Les pneus souffrent et le pilote doit rester dans un dynamisme constant sous peine de se mettre à la faute lors du virage 9 qui se fait à l’aveugle.

La seconde ligne droite du tracé, une zone DRS, permet de se rapprocher après la partie sinueuse, mais peu (ou pas) de dépassements n’interviennent lors du freinage suivant, en raison de l’écart et de la difficulté des monoplaces à se suivre. Il est donc possible d’espérer un peu de nouveautés avec les modifications effectuées sur ce virage et les nouvelles monoplaces.

Le nouveau virage 10, et son ancienne chicane, prévu afin de faciliter le freinage et la ré-accélération (crédit : DR Images)

Enfin, le dernier secteur laisse place à la partie plus « technique » du circuit. Le virage 10, après la grande ligne droite, mettra a mal les pilotes qui rateront leur freinage et à la recherche d’adhérence. La remontée et la pente font du virage 11 et du 12 des virages compliqués à aborder, en appui sur le vibreur et contraint de « sacrifier » l’entrée du virage pour privilégier la sortie et une meilleure ré-accélération.

Les derniers virages, longtemps modifiés afin de trouver l’équilibre entre sécurité et spectacle n’ont pas réellement d’intérêt. Trop lents, ils viennent casser le rythme embarqué sur le tour, de même, ils sont trop étroits et serrés pour permettre de tenter un dépassement. Même en cas de loupé, cela n’affectera cependant pas le tour suivant, donc il est possible de se poser la question de la crédibilité et l’utilité de cette fin de secteur.

Le dernier secteur du circuit, réputé trop lent et peu intéressant pour la course (crédit : Reddit RaceTrackDesign)

Des critiques justifiées ?

Pourquoi, dès lors, un circuit si intéressant propose-t-il des spectacles si monotones ? La réponse se trouve surement dans sa polyvalence, qui, bien qu’excellente afin d’effectuer des tests, ne permet pas aux spectateurs d’être tenus en haleine.

Contrairement à des circuits atypiques, avec une identité nette, comme par exemple Suzuka, Monza ou encore Baku, qui proposent tous les trois un choix affirmé concernant leur tracé. Le circuit de Montmeló (il faut suivre), peine à trouver son « wow factor ». Les dernières courses qui se sont déroulées ont plutôt permis aux spectateurs de rattraper leur sommeil perdu que de se lever de leur canapé pour les derniers tours de course. Une statistique révélatrice de ce constat est le fait que plus de 75% des vainqueurs de la course s’élançaient depuis la pole position. Et si la course de 2016 reste la plus marquante, c’est surtout du fait du caractère exceptionnel du vainqueur que part la course en elle-même.

Alors, si les pilotes apprécient cette course, comme Pierre Gasly ou Max Verstappen, qui assument le manque de spectacle mais apprécient le côté rassurant de ce tracé, c’est surtout en raison des kilomètres effectués sur cette piste. Simulateur, essais, courses, depuis leur plus jeune âge, les pilotes roulent autour de ce circuit et en connaissent désormais les moindres recoins, et l’incertitude, pourtant grand ami du spectacle, n’a plus sa place en Espagne.

La seule action du Grand Prix de Barcelone en 2016, le contact entre les Mercedes lors du premier tour de la course (crédit : Getty Images)

La configuration du tracé également ne permet pas de bénéficier de batailles serrées. La premier secteur, avec les courbes à grosse vitesse, mettent les machines à la peine et en difficulté pour suivre celles qui les précèdent. La deuxième partie du circuit, incluant la zone DRS, permet bien de se rapprocher, mais sans réelle opportunité de dépasser, à moins de prendre des risques inconsidérés et inutiles, les pilotes ne s’y risquent pas. Enfin, le dernier secteur, trop étroit et à base de virage lent ne convient aucunement à la course, aucun virage n’étant adapté. Il n’y a donc que le premier virage qui permet du spectacle.

Face à ces critiques, qui ne s’appliquent pas simplement qu’au GP d’Espagne, la FOM et Liberty Media ont décidé de s’adapter. Le tracé a été modifié, corrigé, permettant de proposer des zones de freinages en vues de potentielles batailles, et en permettant des combats plus rapprochés entre monoplaces grâce à la nouvelle réglementation. Si en 31 éditions, le spectacle n’a pas été particulièrement au rendez-vous, il faudra être attentif à ce cru 2022, qui offre toutes les promesses pour une course entrainante et pleine de rebondissements.

Le circuit de Montmeló se voit donc très critiqué, et malgré sa grande importance dans la compréhension de la monoplace, il ne propose pas les attentes souhaitées face au nouveau mode de consommation du sport automobile. Les nouvelles promesses et les nouveautés aideront peut être à favoriser le spectacle et permettre d’apprécier ce circuit, peu entrainant mais si important au calendrier du sport automobile.

Crédit Couverture : F1 only

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :