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Terriens ou extra-terrestres : les clés pour jouer sur terre battue

On y est, enfin ! Le tableau final de Roland-Garros débute. Après avoir entamé la saison sur terre battue au sortir de la tournée américaine, les joueurs ont eu un gros mois pour prendre leur marque et se préparer à l’événement sportif le plus attendu en France, Roland-Garros. La terre battue, cette surface exigeante physiquement où les duels deviennent techniques.

La terre induit un tennis différent, sur l’ocre, le temps s’arrête, les échanges perdurent et d’étonnant combat prennent place devant le public parisien. Plus tactique, c’est une partie d’échec aux mille solutions qui s’offre aux joueurs, mais le gagnant ne sera pas toujours le plus fin stratège. Le vainqueur sera celui qui saura s’allier de la meilleure des manières avec la terre. Différents styles ont réussi et réussissent toujours à briller sur terre tout en enchantant le public. Les rois des amorties, les maîtres du lift et ceux qui bloquent sur le slice. De toutes les techniques observées, une est fondamentale, la maîtrise de la glisse qui devient tout un art.

La glisse, tout un art

La glisse sur terre est un art, l’art de savoir contrôler son désir, son désir de danser avec la raquette à la main.

Il faut savoir maîtriser son élan tout en arrivant à se laisser transporter par son corps. C’est une question de timing. Pour une glisse réussie, il faut arriver à la frappe en bout de glisse, afin d’être stable pour jouer la balle. Les centimètres se comptent, car si la trajectoire de la glisse n’a pas été bonne, il sera très difficile de remporter le point. Soit la balle sera touchée en n’étant pas stable, soit en plein dans la glissade. Et le replacement sera plus long.

On comprend mieux pourquoi des joueurs aux styles atypiques n’adhèrent pas à cette surface : les Kyrgios, Bublik et Medvedev en sont les parfaits exemples.

La coordination est donc la qualité primordiale du bon glisseur.

Vainqueur de l’édition 1999, André Agassi trouve les mots pour décrire la terre battue à ses propres yeux :

« Le tennis sur terre battue, cela ressemble à un ballet de danse qui nécessite beaucoup de travail, de patience et de sagesse pour l’apprivoiser. »

Les placements et les déplacements se rejoignent et s’entremêlent avec le devoir de maîtrise de l’art de la glisse. Il faut savoir maximiser son positionnement. Mais le premier commandement des terriens est simple : Un mauvais placement ne pourra jamais être compensé. La sensibilité est si différente que sur dur. Il faut faire un déplacement habituel en trouvant le bon double allègement. Dans sa glisse, en envoyant une force, il faut s’alléger en transformant la force verticale pour reprendre ses appuis et se replacer. C’est la voie la plus simple.
Parfois, la glisse devra rapide puis il faudra vite appliquer cette poussée vers le haut afin de retrouver ses appuis pour rester vivant dans l’échange.

Être prêt à partir au combat

Comme la plupart des Grands Chelems, les joueurs et les joueuses doivent être prêts physiquement. Mais la terre battue est sûrement la surface qui épuise le plus et demande beaucoup d’aptitudes.

Il faut avoir les cannes, le moteur et être vif, rapide. C’est donc la caisse physique qui est ultra importante, car les duels sur l’ocre épuisent et sont interminables (enfin, c’était avant l’instauration du super tie-break.)

Roland-Garros est l’un des Grands Chelems les plus difficiles. Pour cause, les joueurs passent majoritairement plus d’heures sur les courts, en amont, il faut avoir fait une grosse préparation pour être apte à encaisser ce rythme endiablé qu’impose cette surface. 
Il faut être prêt à toujours partir à l’abordage, se donner et chercher au fond de soi. La majorité des joueurs ne sortent pas indemnes de ces rencontres. 

À la Porte d’Auteuil, prends place des combats de puissance, mais surtout d’intensité perpétuels. Dans ce registre, les sud-américains sont plutôt bons, ce qui les rend redoutables sur la terre battue. Le but est donc simple ; identifier si son adversaire a le potentiel pour disputer un long combat. Sois il faudra diversifier ses tactiques de jeu ou alors le pousser le plus longtemps dans les échanges et le faire craquer ou le faire courir. Diego Schwartzman est l’un des maîtres en la manière.

L’amortie, le coup clé sur terre

Pour assommer l’adversaire et terminer le point rapidement, l’amortie est une vraie force, un sacré coup d’attaque.

Avec le rebond et l’effet que la balle prend : la balle rebondit très peu dû à la terre. Elle s’arrête sur place alors que sur dur elle prend plus de longueur. Il y a donc une chance énorme que l’amorti rapporte le point directement car le joueur adverse sera bien trop court. Et pour les joueurs qui ne sont pas catégorisés purs terriens cela engendre une difficulté pour aller la remettre. Il faut bien maîtriser les glissades et les déplacements.

Le chop, essentiel à maîtriser

Entre deux rallyes et pour reprendre ses esprits, le chop est un coup essentiel. Cette balle coupée s’arrête sur place et contraint l’adversaire à remettre du rythme. Il y a différentes utilités à un tel coup : casser le rythme pour se replacer, gêner l’adversaire pas à l’aise à prendre le jeu à son compte et ne sachant pas quel coup jouer. Car le temps s’arrête sur un coupé, le joueur qui doit relancer s’emmêle les pinceaux et cherche à se débarrasser de la balle. Il est obligé à attaquer et commet la faute.
Par contre, pour un joueur qui adore attaquer, prendre le jeu à son compte, c’est le coup parfait. Il imposera son rythme et viendra souvent obtenir le point.

Le lift, quand il est maîtrisé sur terre battue, la balle devient impitoyable. Avec un lift bombé, le rebond que prend la balle explose. Il est très difficile à contrôler et à défendre sur ce genre de coup, tellement la balle gicle et l’effet augmente. La balle prend de la longueur et de la puissance. Beaucoup de joueurs l’utilisent sur la terre. 

Cela offre de longs duels, car ce coup donne une certaine sécurité et pousse moins à la faute.

Alterner entre des balles longues et courtes

Une dernière chose primordiale : savoir maîtriser les filières longues et courtes. Avoir cette facilité à alterner les coups. Cela dynamise le jeu, change le rythme et épuise l’adversaire. Il ne faut pas hésiter à enchaîner des coups croisés pour faire sortir l’adversaire du court. Cela donne une chance de conclure le point sur la balle suivante. Envoyer de longues balles et installer un échange dans le fond du court, permettre de conclure avec une amortie dévastatrice. Carlos Alcaraz fera mal dans ses constructions-là.

Un avantage, une habitude à prendre à Roland pour les joueurs qui ne sont pas les plus puissants sera de prendre la balle tôt. Pour attaquer, donner du rythme et étouffer son adversaire. Par contre, attention à la faute, mais si c’est une réussite, l’adversaire aura des difficultés à défendre.

Le service n’est plus autant déterminant

Les gros serveurs s’y remettent souvent, mais sur terre, la balle perd en puissance. Pour s’offrir des points faciles, il faudra trouver la zone parfaite, car la relance devient plus facile que sur les autres surfaces. 

À Roland, il faut bien maîtriser les conditions extérieures et savoir s’adapter. Les coups de vent changent le cours d’un match par exemple et la pluie aussi. Car sous le toit, la balle prend plus de rebonds et les sensations seront différentes.

« Cette surface de terre battue est la plus exigeante. Elle demande beaucoup d’efforts, mentalement, physiquement, émotionnellement. Tous les joueurs le savent. J’ai toujours eu besoin de plusieurs tournois pour me sentir bien sur terre battue. J’ai atteint le niveau demandé à Rome. »

Novak Djokovic

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