C’est le meilleur joueur français du XXIème siècle. Et pourtant, il va falloir lui dire adieu à l’occasion des Internationaux de France 2022. Jo-Wilfried Tsonga a annoncé mettre un terme à sa carrière le 6 avril dernier après un dernier grand rendez-vous avec son public. Au cours des dix dernières années, le Manceau a disputé bon nombre de matches mémorables à Roland-Garros. Retour sur les meilleures rencontres du Français Porte d’Auteuil. Avant peut-être d’ajouter un nouveau classique face à Casper Ruud, 8ème mondial, ce mardi 24 mai.
5. Tsonga – Baghdatis (6-7, 3-6, 6-3, 6-2, 6-2) en 2016
2016 marque sûrement l’année du début de la fin pour Jo-Wilfried Tsonga. Quelques blessures commencent à perturber sa préparation aux différents tournois. Mais grâce à une demi-finale à Monte Carlo, le Français arrive à Roland-Garros à la 7ème place mondiale. Pour y jouer le dernier grand match de sa carrière ici.
Au deuxième tour cette année-là, Tsonga affronte le Chypriote Marcos Baghdatis, finaliste de l’Open d’Australie 2006. Il démarre mal la partie, gâchant la possibilité de mener un set à zéro et se retrouve dos au mur face à un adversaire qui lui propose toute une panoplie d’amorties (68 au total). Mais porté par son public, le Manceau trouve les solutions en faisant parler sa puissance. Prenant peu à peu la mesure physique de Baghdatis, ce dernier se retrouvera même la tête dans le filet après un amorti magnifiquement distillé du Français.
Au bout de 3h26 d’un combat intense, Jo-Wilfried Tsonga obtient sa 100ème victoire en Grand Chelem, la 3ème après avoir remonté un handicap de deux sets. Un effort sans doute trop important, qui le verra abandonner au troisième tour. Malheureusement pour Jo, depuis ce jour, il n’a remporté qu’un seul match à Roland-Garros.

4. Djokovic – Tsonga (6-1, 5-7, 5-7, 7-6, 6-1) en 2012
Comment ne pas évoquer ce chef d’œuvre même si c’est une cruelle défaite… Ce quart de finale face au numéro un mondial aurait pu être en tête de liste s’il avait été remporté. Ce jour-là, le 5 juin 2012, Jo-Wilfried Tsonga récite un tennis surpuissant après un démarrage très compliqué. Sous une bruine constante, le Manceau se procure même deux balles de match à 5-4 et deux autres à 6-5 dans le quatrième set.
Mais Djokovic est en mission cette année : il est en course pour remporter les quatre tournois du Grand Chelem consécutivement, performance inédite depuis 1969. En grand champion, il sauve remarquablement toutes les balles de match avant de remporter le tie-break. C’est trop tard pour Jo, qui a laissé passer sa chance et qui explose physiquement dans la dernière manche. Malgré l’immense déception de la défaite, qu’il qualifiera de la “plus difficile de [s]a carrière“, personne n’avait imaginé que Jo-Wilfried Tsonga puisse autant inquiéter le numéro un mondial sur terre battue.
3. Tsonga – Nishikori (6-1, 6-4, 4-6, 3-6, 6-3) en 2015
Après avoir éliminé le numéro 4 mondial au tour précédent (Berdych), Jo-Wilfried Tsonga affronte le numéro 5 en quarts de finale de l’édition 2015 des Internationaux de France. Bien aidé par un Nishikori brouillon en début de match, le Français prend le jeu à son compte et domine totalement le Japonais. Au milieu des rafales de vent et des frappes violentes du Manceau, Nishikori est rapidement mené 6-1 5-2. Et là, pendant le changement de côté, une plaque d’aluminium tombe sur le public, faisant trois blessés légers. La tribune est bien sûr évacuée et l’interruption de jeu s’élève à 37 minutes.
Le Japonais en profite pour consulter son entraîneur et retrouve ses esprits en revenant sur le court. Mené deux sets à zéro, le match aurait pu définitivement tourner en sa défaveur à 4-4 dans le troisième lorsque Jo a 3 balles de break. Mais le sauvetage entraîne une baisse de régime chez le Manceau, qui se retrouve à son tour dominé. Frustré, il abandonne le quatrième set mais prend l’avantage au début du cinquième avec l’aide du public. Deux ans après sa première demi-finale à Roland-Garros, le voilà de retour dans le dernier carré pour y affronter Stan Wawrinka.

2. Tsonga – Wawrinka (6-4, 7-6, 3-6, 3-6, 6-4) en 2012
Et c’est justement ce même Stan Wawrinka que l’on retrouve en huitièmes de finale de l’édition 2012. Dans un match aux airs de revanche – ils se sont affrontés au troisième tour de Roland-Garros l’année d’avant, – Jo-Wilfried Tsonga a bien failli connaître la même mésaventure. Tête de série numéro 5 du tournoi, le Manceau a impressionné avant de retrouver son ami cette année. Devant un public acquis à sa cause, Jo est meilleur dans les points importants et parvient à virer en tête en menant deux sets à zéro.
Mais là, le fantôme du duel de l’année précédente revient : Jo connaît une légère baisse et Stan en profite pour reprendre le dessus dans les échanges. En un rien de temps, il recolle à deux sets partout. En début de cinquième set, dans la tension, Jo parvient à breaker son adversaire. Et alors qu’il mène 4-2, la pluie fait son apparition et oblige les joueurs à revenir le lendemain. Crispé, il perd directement son break d’avance mais parvient à conclure à 5-4 grâce un énorme retour en coup droit sur la balle de match. Après 4h06 de jeu au total, il peut savourer son futur duel avec le numéro un mondial, Novak Djokovic.
1. Tsonga – Federer (7-5, 6-3, 6-3) en 2013
C’est peut-être l’année où Jo-Wilfried Tsonga a été le plus impressionnant à Roland-Garros. Un an après avoir presque éliminé Novak Djokovic en quarts, il fait face à un autre membre du Big 3 au même stade de la compétition. Et Jo, qui n’a toujours pas perdu le moindre set, rêve de titre 30 ans après Yannick Noah. Le match en revanche n’a pas été aussi disputé que l’an dernier, tant le Français a maîtrisé son sujet. En à peine une heure et quart, le Manceau menait déjà deux sets à zéro sous les yeux d’un Chatrier presque incrédule.
Il faut dire que Federer venait d’éliminer deux autres Français, Julien Benneteau et surtout Gilles Simon face auquel il était mené deux sets à un. Mais Tsonga très autoritaire a continué à réciter son tennis de rêve. Hyper agressif, il prenait l’avantage définitivement dans le fameux septième jeu. En 1h51, il vient d’infliger la défaite la plus sèche à Federer dans ses confrontations avec le Maestro. Le rêve est donc permis pour Jo, qui affrontera un autre joueur n’ayant perdu aucun set, David Ferrer.

Au-delà de ces matches marquants dans la carrière de Jo, c’est surtout la trace d’un joueur généreux pour son public que l’on retiendra. Un joueur au grand cœur qui a conquis les jeunes générations et que l’on regrettera. Son iconique danse des pouces sera à jamais gravée dans nos mémoires. Une dernière danse aujourd’hui sur le Chatrier serait loin de nous déplaire.