Court mythique des Internationaux de France, le Philippe-Chatrier est l’un des plus beaux terrains de tennis au monde. Aujourd’hui, les spectateurs de Roland-Garros bénéficient d’un stade ultramoderne, récemment rénové, et doté d’un toit pour endiguer la pluie. Pendant quinze jours tous les ans, le court Philippe-Chatrier devient le lieu où il faut être, le nombril d’un monde obsédé par une balle jaune et deux athlètes. Avant d’être le jardin personnel de Rafael Nadal, le court central est surtout un lieu d’histoire.
Au milieu des 15 225 sièges verts, il n’y a qu’un terrain en terre battue. Et pourtant, c’est bien ce seul et petit terrain qui attire les yeux de tous les fans de sports, deux semaines dans l’année. Entre ces quelques lignes blanches, de part et d’autre de ce filet, se sont succédé toutes les légendes d’une discipline. Ce sont les meilleurs qui ont l’honneur de fouler l’ocre du court central de Roland-Garros. Rien que les meilleurs.
Le cœur des succès français
Bâti en 1928 pour donner aux illustres Mousquetaires un terrain de jeu digne d’eux, le court central de Roland-Garros a vu les plus belles pages de l’histoire du tennis français s’écrire en son sein. Jean Borotra, Jacques Brugnon, Henri Cochet et René Lacoste en ont été les premiers héros. Dans les années 1920-1930, l’équipe de France de Coupe Davis rafle six trophées et écœure ses adversaires. À domicile sur le Court Central, les Bleus remportent également huit Internationaux de France consécutifs entre 1925 et 1932.
50 ans plus tard, c’est avec une émotion sans égale que les spectateurs du court central assistent au sacre de Yannick Noah. Face au tenant du titre, le Suédois Mats Wilander, Noah arpente la terre battue sans faux pas. Irrésistible, son service-volée dévastateur lui permet de s’offrir le scalp du cinquième joueur mondial en trois manches (6-2, 7-5, 7-6). En larmes après la balle de match, Noah voit son père le rejoindre sur le court central. Il y a les acteurs, et il y a le décor.
Ce terrain de tennis a marqué le sport français. Même si ses héros ont plus souvent été australiens, américains ou suédois, le court central est le symbole du tennis tricolore. C’est le stade qui fait rêver les enfants, et qui créé des vocations, des carrières, des destins. Un sport, aussi populaire soit-il, a besoin d’une vitrine. En France, cette vitrine c’est Roland. Et ça, un homme l’a bien compris.
Le révolutionnaire Philippe Chatrier
Loin d’être un joueur brillant, Philippe Chatrier était un homme passionné par son sport. Après une carrière sportive courte mais honnête, il s’oriente vers le journalisme et l’engagement au sein des institutions du tennis en France. Déterminé à donner au tennis la place qu’il mérite, il œuvre toute sa vie pour faire briller la balle jaune en France et dans le monde. Principal artisan du retour du tennis aux Jeux olympiques (en 1988), Philippe Chatrier a acquis une place majeure à l’échelon international. Cette présence lui vaut d’ailleurs d’être intronisé au Tennis Hall of Fame.
Diffusion TV, rénovation des infrastructures, rayonnement mondial… Le chantier est colossal mais dirigé de main de maître. Grâce à Philippe Chatrier, les Internationaux de France ont acquis une place royale sur le circuit mondial. Une place centrale, œuvre d’un homme central. Lorsqu’il disparaît, le 23 juin 2000, c’est toute une discipline qui se retrouve orpheline. En hommage, la direction de Roland-Garros décide de renommer son court central en son nom. Depuis, il est devenu l’un des plus fameux dans le monde entier.
Le centre d’un monde
L’autre grand monsieur de ce terrain de sport, c’est évidemment Rafael Nadal, 13 fois titrés sur ce court. C’est ici qu’il égalait Roger Federer en octobre 2020, décrochant son vingtième tournoi du Grand Chelem (il l’a dépassé depuis, à l’Open d’Australie 2022). Le tournoi de Roland-Garros est, comme Wimbledon, spécifique par sa surface. Adorée par certains, haïe par d’autres, la terre battue parisienne révèle les joueurs les plus spectaculaires, le tout dans une ambiance sans égale. Rénové en 2018, le court Philippe-Chatrier est une enceinte remarquable.
Jouer sur ce court est aujourd’hui une récompense, voire un accomplissement. Récemment, c’est tout un pays qui a semblé habiter ce court, lorsque Jo-Wilfried Tsonga y a tiré sa révérence. Si les joueurs qui foulent cette terre sont de bien plus grandes stars que ne l’a jamais été Philippe Chatrier lui-même, son nom reste intimement lié à ces étoiles. Laisser son nom dans l’histoire, il ne s’y était peut-être jamais préparé. Mais ce court central désormais honore son histoire à lui, centrale elle aussi.
De la domination des Mousquetaires aux larmes de Jo-Wilfried Tsonga, le court central de Roland-Garros a vu défiler des moments d’histoire, des légendes qui continuent de faire rêver les fans de sports. Le plus excitant dans tout ça ? Nous ne sommes pas prêts d’en voir la fin…