Le Heat n’a plus le droit à l’erreur. Après la victoire des Celtics à la FTX Arena de Miami dans le Game 5 des finales de conférences, les joueurs d’Eric Spoelstra ont grillé leur dernier joker. De leur côté, les joueurs de Boston sont à une petite victoire de l’accession à la finale, dans un TD Garden qui s’annonce chaud bouillant dans la nuit de vendredi à samedi.
Dans ce cinquième qu’on attendait serré et explosif – après 4 matchs pliés bien avant le quatrième quart-temps – Boston et Miami nous ont à nouveau servi un basket dur et défensif, dont la finalité qu’on espérait différente fut la même. Un gros écart à la fin du troisième quart-temps, une large victoire, et un bon vieux “garbage time” dans les dernières minutes.
Une première mi-temps remplie de déchet
42-37, c’est le score sur lequel s’est conclu le premier acte de ce match sous haute tension. Des deux côtés, la pression de l’événement s’est rapidement fait sentir, et les tirs avaient un mal fou à rentrer dans le panier. 13 sur 34 au shoot pour les Celtics, 18 sur 48 pour le Heat, loin, très loin des attaques efficaces qu’on connaît, et qu’on a pu apercevoir – bien que sur courant alternatif – lors des 4 premiers matchs. Car contrairement aux précédentes confrontations, aucune des deux formations n’a semblé prendre le dessus sur l’autre dans ce premier acte.
D’abord, parlons donc de la réussite au shoot. Les rares tirs ouverts en première mi-temps n’ont pas fait mouche. Si les Celtics n’ont pas d’immense snipe (Tatum n’est pas comptabilisé au vue de sa palette beaucoup plus complète que celle d’un shooter), même si un Payton Pritchard peut remplir ce rôle, l’absence de Tyler Herro s’est fait terriblement ressentir côté Heat. 4 sur 21 à trois points sur la mi-temps pour les joueurs de Miami, et l’impossibilité pour tous les autres joueurs extérieurs de Miami de stepup au shoot ( 0/3 Struss, 0 sur 2 pour Lowry et 0 sur trois pour Gabe Vincent).
La défense y est aussi pour beaucoup. Si l’attaque des deux côtés du terrain était loin d’être un exemple pour les écoles de basket, les joueurs Boston et de Miami semblaient bien en place. Les deux équipes switchaient plutôt très bien sur les écrans adverses, l’aide défensive était souvent présente et assez vite les offensives se sont vues étouffées. Le cercle, lui aussi, était complètement verrouillé, avec les habituels gros défenseurs que sont Bam Adebayo, Grant Williams ou Robert Williams. On notera les trois contres bien méchants de ce dernier dans le match. Aucune équipe n’arrivait finalement à prendre le dessus sur l’autre et on imaginait que chacune pouvait craquer à tout moment.
Car les défenses commençaient à se connaître, et ont assez vite su analyser les points faibles de l’équipe adverse. Elles ont fini par se contrôler, et on attendait la réussite ou l’adaptation des coachs Spoelstra et Udoka pour que le match tourne en la faveur d’une des deux formations. Et c’est ce qui s’est passé au début du 3e quart-temps.
Le coup d’accélérateur de Boston
Alors qu’on espérait au retour de la mi-temps un coup d’accélérateur des deux équipes, on a eu le droit à un Heat sur courant alternatif, voire très alternatif, et à des Celtics qui a assené un coup d’accélérateur terrible pour venir conclure ce quart-temps d’un terrible 32 à 16. Le basket est un sport de momentum, et Boston a su parfaitement exploiter le sien.
L’équipe d’Ime Udoka a semblé retrouver tout son basket comme par magie dans ce troisième quart. Sur 11 paniers rentrés dans le 3e quart-temps, 7 l’ont été par l’intermédiaire d’une passe décisive (2 pour Tatum et Smart, et une pour Horford, Brown et Derrick Whyte). La force du collectif. Cela a permis des shoots plus ouverts, un jeu plus aéré, et en toute logique, une très belle réussite de 61% au shoot à 11 sur 18 pour les coéquipier sde Jayson Tatum. Ce même Tatum, qui nous a sorti une très belle ligne de stats dans cette période, avec 9 points, 5 rebonds, 2 assists, et un +/- de 16, puisqu’il est resté sur le parquet les 12 minutes. Un bon rôle de playmaker qu’il ne faut pas oublier dans l’incroyable palette offensive du numéro 0.
La bataille des rebonds, primordiale quand on voit le nombre de tirs manqués en première mi-temps, s’est elle aussi tournée vers les Celtics dans la course à l’écart au score. 17 rebonds à 10 pour Boston, malgré 4 rebonds offensifs pour le Heat, la bataille était déséquilibrée. L’agressivité sous le cercle était bien meilleure qu’en première mi-temps pour les joueurs de Ime Udoka. Et ça s’est vu, avec 12 lancers-francs tentés et surtout une impression bien meilleure dans les intentions de jeu. Elle a permis aux joueurs de Boston d’élever le niveau de jeu au bon moment face à un Heat désoeuvré. Les Celtics ont retrouvé la confiance et Miami s’est retrouvé sans solution.
Car le Heat a semblé terriblement désœuvré lorsque les Celtics se sont mis à accélérer. Les coéquipiers de Jimmy Butler s’en sont tirés avec un terrible 4/24 au shoot, et 1/14 à trois-points. Sur tout le match, le quatuor Gabe Vincent, Victor Oladipo, Kyle Lowry et Max Struss a pondu un horrible 1/22 à longue distance. Cette séquence est un exemple éloquent des difficultés au shoot de l’équipe.
Impossible de gagner comme ça dans une finale de conférence. Miami n’y était pas dans ce troisième quart, et Jimmy Butler n’a jamais réussi à élever son niveau de jeu, à l’image de son match, extrêmement difficile (13 points à 4/18 au shoot, 6 rebonds et 4 passes décisives). Les Celtics ont pu prendre le large avec une facilité assez folle.
Le quatrième quart s’est transformé en jeux de gestion pour les Celtics. À mesure que les minutes s’écoulaient, les espoirs s’amenuisaient pour les fans du Heat qui quittaient un à un les travées de la salle. On a eu le droit à plusieurs plans de caméra sur ce bon vieux Pat Riley, qui doit bien se demander ce qui va arriver à son équipe.
Le joueur : Jaylen Brown
Et si ce 4e quart s’est si bien passé, c’est aussi grâce à Jaylen Brown, qui a offert une belle performance, et a stoppé tout espoir du Heat qui, à -13, semblait toujours pouvoir y croire.
Évidemment, on attend toujours énormément de Jayson Tatum, fraîchement nommé dans la NBA 1st team, dans ce genre de match à enjeu. Mais son compère des lignes arrières n’est pas en reste. Et si la victoire peut être mise au crédit du collectif huilé des Celtics, notamment dans le troisième quart, Jaylen Brown a sorti un super match dans un excellent moment pour aider son équipe à se sortir de ce piège.
25 points, 4 rebonds à près de 53% au shoot, +20 de plus/minus, Jaylen Brown était parfaitement dans le rôle qu’on attend de lui en tant que seconde option offensive de Boston. On connaît son talent ballon en main et ce genre de match propre en attaque et en défense correspond parfaitement au joueur. On retiendra évidemment cet énorme dunk qui n’est que la consécration d’un gros chantier engagé tout le match, dont un gros and-one en début de troisième-quart.
Certains diront que la plupart de ses points ont été marqués dans le 4e quart-temps (16 points dans le dernier acte) alors que le match était déjà plié. Mais garder le score est tout aussi important que de le creuser. Surtout, Jaylen Brown court, attire les défenseurs, libère les espaces considérables, et défend toujours plus fort. Son jeu respire l’intelligence et le calme, qualité absolument primordiale dans ces matchs tendus.
Dans une partie où Jayson Tatum, en difficulté au shoot, s’est mué en joueur à tout faire ( 22 pts, 12 rebonds et 9 assists), Jaylen Brown a répondu présent comme ses coéquipiers pour garder Boston sur les rails.
Petite dédicace à Al Horford, qui nous a, à nouveau, pondu un match super propre en 16 points, 7 rebonds et 5 passes à 5/8, le tout en se jetant sur tous les ballons. Cet homme à 35 ans, il faut le rappeler.
Conclusion
93-80, un score des années 90 pour un match où l’adresse, notamment à trois points, a encore une fois joué un rôle crucial. Les shoots ouverts ne sont pas forcément nombreux quand deux des meilleures défenses de ces playoffs s’affrontent, et il faut les rentrer. Une équipe a su le faire au bon moment, c’est Boston, qui sort de ce match avec un avantage considérable face à Miami, l’avantage du terrain pour le match 6, et le dernier joker des rouges et noirs grillé sur leur parquet.
Matthieu Cazalets