Après un second tour riche en surprises, c’est l’heure des Finales d’Association dans les Séries de la Ligue Nationale ! Le spectacle sera assurément au rendez-vous avec des affiches aussi surprenantes qu’alléchantes ! Le CCS vous propose dès maintenant une présentation de la Finale de l’Ouest qui oppose les favoris pour la Coupe, l’Avalanche de Colorado, aux Oilers d’Edmonton, issus d’un parcours épiques ! (Photo de couverture : MICHAEL MARTIN / GETTY IMAGES FILE PHOTO)
Décryptage de la seconde ronde
🟠 Oilers d’Edmonton 🔵
➡️ Victoire 4 matchs à 1 contre les Flames de Calgary
Ça y est, Edmonton est la dernière équipe canadienne encore en lice dans ces séries éliminatoires après avoir disposé de leur voisin albertin en demi-finale d’association. Se fier aux cinq matchs (seulement) disputés dans cette série n’est pas la chose à faire. Effectivement, l’affrontement a été rude. La série n’avait pas bien commencé pour les hommes de Woodcroft qui avait subi un cinglant 9-6 du côté du Scotiabank Saddledome lors du premier match. Mike Smith avait rapidement été sorti du match et tout portait à croire que les Oilers allaient retomber dans leurs vieux démons. Très peu pour eux. Il faut dire qu’ils ont dans leur rang deux extraterrestres ce qui facilite quand même le travail. Connor McDavid et Leon Draisatl ont été absolument fantastiques dans cette série. Les deux compères sont tous les deux en tête du classement des pointeurs de ces playoffs avec 26 points chacun. McDavid a beaucoup fait parler de lui depuis le début des phases finales tant il est capable de renverser le cours d’un match à lui tout seul mais la performance de son coéquipier allemand dans cette série est à souligner. Draisatl a inscrit 17 points (!) en cinq matchs contre Calgary et tout ça en enregistrant au moins trois points à chaque affrontement. Hallucinant. McDavid et Draisatl sont deux joueurs formidables, ce n’est pas nouveau mais ils semblent être encore ailleurs depuis le début des séries.

Porté par ces deux monstres, les Oilers se sont vite rebiffés et ont donc remporté les quatre matchs de suite pour s’enfuir avec la série. Hormis le troisième, largement dominé par Edmonton, tous les matchs ont été disputé si bien que la série s’est terminée par une victoire en prolongations. Ce qui change avec les années précédentes c’est que les deux monstres ne sont pas seuls. Evander Kane a poursuivi sa magnifique campagne (tour du chapeau dans le match 3) et Zach Hyman a inscrit six buts lors de cette série et a montré qu’il incarnait une jolie profondeur. Le jeu dans les deux sens de la patinoire de Ryan Nugent-Hopkins est également à mentionner. Enfin, Mike Smith a été chancelant mais avec un pourcentage d’arrêts de 0,927, il a joué le rôle de celui qui ne gâche pas les performances des martiens à l’avant et finalement, ça semble déjà être bien assez.
🔵 Colorado Avalanche 🟣
➡️ Victoire 4 matchs à 2 contre les Blues de Saint Louis
Après trois années à être éliminée au second tour des séries, l’Avalanche a finalement brisé le plafond de verre pour accéder à leur première finale de conférence depuis 2002, vingt ans déjà. Il faut dire que la route s’est quelque peu élevée lors de cette série. Après avoir balayé des Predators limité au premier tour, le Colorado a dû s’employer davantage pour écarter le champion 2019. Cependant, la franchise de Denver n’a jamais vraiment été inquiète face aux Blues. Après un lent départ (1-1 après deux matchs) la bande à McKinnon s’est réveillée et a vaincu deux fois son adversaire chez lui, au Enterprise Center. Deux victoires nettes qui ont fait mal à l’équipe du Missouri. Au bord du gouffre dans le match 5, Saint Louis a résisté en s’imposant en prolongations grâce au vétéran Tyler Bozak mais la marche était trop haute. Colorado n’a pas eu envie de se faire peur en jouant un match sept et a plié la série lors du sixième match notamment grâce à un doublé de J.T. Compher.

Cette série a une nouvelle fois montré que l’Avalanche peut piquer de partout. Nazem Kadri a performé malgré l’adversité avec un triplé lors du quatrième match. Nathan MacKinnon a maintenu une moyenne d’1,30 point par match. La même qu’un certain Cale Makar mais depuis la ligne bleue. Son compère Devon Toews n’est pas non plus à oublier, lui qui a inscrit son nom sur la feuille de pointage lors de sept des dix derniers matchs de l’Avalanche. Les Avs semblent être en route pour atteindre leur plein potentiel et l’affrontement face aux Blues n’aura été qu’une préparation de plus dans leur quête de Coupe Stanley. Le seul bémol lors de la série se situe peut-être devant le filet. Kuemper n’a pas surperformé et a même laissé passer des buts évitables.
Affrontements en régulière
3 rencontres en 2021-22
Oilers : 1 victoire (6-3)
Meilleur pointeur : Evander Kane (3 matchs / 4 buts, 1 passe, 5 points)
Avalanche : 2 victoires (2-1 après TAB, 3-2 après prolongations)
Meilleur pointeur : Nathan MacKinnon (3 matchs / 3 buts, 2 passes, 5 points)
🗝️ Les secteurs clés
🔁 Le duel fébrile entre Mike Smith et Darcy Kuemper

Les deux équipes ne possèdent pas les meilleurs gardiens de la ligue. Mais tous leurs espoirs se placent sur des “journeymen” devant le filet pour accéder à la finale de la Coupe Stanley. A 40 ans, Mike Smith a déjà joué avec 5 équipes dans la ligue (Dallas, Tampa Bay, Arizona et Calgary), par ailleurs, il a disputé une finale de conférence, c’était en 2012 avec les Coyotes. Depuis le début des playoffs, Smith à obtenu 8 victoires pour 3 défaites. Avec 92,7 % d’arrets, Smith se trouve au troisième rang des gardiens (derrière Andrei Vasilevsky et Igor Shestyorkin) et sa moyenne de buts encaissés de 2.70 le place au cinquième rang pour cette statistique. Son jeu agressif et sa capacité a projeter le jeu vers l’avant, en font un vrai danger pour les Avs, surtout sur les changements de ligne. Smith présente une excellente fiche en carrière contre Colorado (13 victoires, 1 défaite et 5 défaites en prolongation), une expérience qui peut l’aider a frustrer les attaquants des Avs.
Agé de 32 ans, Darcy Kuemper a également pas mal voyagé dans la ligue. De ses débuts au Wild du Minnesota, il est ensuite passé par Los Angeles et Arizona avant de se trouver à Denver en lieu et place de Philipp Grubauer parti se perdre au Kraken. Dans ces séries, Kuemper n’a pas semblé au top, il a souvent semblé nerveux et son jeu en a pâti. Revenant d’une blessure à l’oeil qui aurait pu être très grave (la crosse de Ryan Johansen s’est glissée dans la grille du masque), le portier de l’Avalanche présente tout de même une jolie moyenne de buts encaissés de 2.44, par contre sa moyenne d’arrêt de 90.4% est très faible par rapport a ses standards habituels. Par contre il peut avoir un avantage psychologique sur les Oilers, en effet, lors des 3 parties où il a affronté Edmonton, Kuemper s’est adjugé 2 victoires.
Les deux équipes semblent logées à la même enseigne devant le filet. Certes Smith est plus expérimenté par rapport à Kuemper et Kuemper à l’avantage psychologique sur cette saison. Toutefois la série risque de se jouer non pas sur le meilleur gardien, mais sur celui qui fera le moins d’erreurs. De plus face a des attaquants aussi talentueux. La finale risque de se jouer sur les éventuelles gaffes intempestives de Smith ou sur les moments de perte de concentration de Kuemper. Autant dire, les défenses vont avoir du travail.
🔁 Un duel générationnel : McDavid vs MacKinnon

C’est LE duel qui fait saliver tous les fans de hockey. Deux des meilleurs joueurs de la LNH l’attaquant Nathan MacKinnon des Avs et celui des Oilers d’Edmonton Connor McDavid s’affronteront lors de la rencontre de leurs équipes lors de la finale de la Conférence de l’Ouest des séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
MacKinnon a été bien muselé par les Blues pendant une grande partie de la série de deuxième tour. Pourtant, il a rappelé à tout le monde dans le cinquième match à quel point il pouvait être dangereux. MacKinnon a terminé avec quatre points dans cette rencontre, en inscrivant son deuxième tour du chapeau en carrière au cours des séries éliminatoires. MacKinnon a récolté 13 points dont 8 buts en 10 matchs éliminatoires et se tient à égalité avec Cale Makar pour la place de meilleur pointeur chez l’Avalanche.
McDavid a 26 points en 12 matchs et a conduit les Oilers au troisième tour presque tout seul. Le n°9 d’Edmonton est tout simplement dans un autre monde dans ces séries éliminatoires. Il nous offert la meilleure performance que nous ayons vue depuis très longtemps. Son rythme de victoires estimées en séries éliminatoires est tout à fait ridicule. Ce chiffre qui calcul l’impact de joueur sur le sort du match devrait être à 6 victoires environ pour McDavid, ce qui semble déjà très élevé pour le hockey. Mais en séries éliminatoires, il a presque doublé ce chiffre, se situant actuellement à un rythme de 10,9 victoires estimées. Toute la première ligne du Colorado est à 10,2 victoires au total.
MacKinnon a été excellent lors de ces séries, mais pas à ce niveau. Il a montré des éclairs mais pas au niveau de constance que peut avoir McDavid. C’est une barre extrêmement haute et bien que l’Avalanche n’ait pas besoin de MacKinnon n’égale McDavid pour gagner, ils ont besoin qu’il s’en rapproche au moins. Un joueur ne devrait pas pouvoir dicter une série, mais cette version de McDavid le peut. Si McDavid peut continuer sur cette intensité, l’Avalanche est en difficulté et c’est à cet instant que MacKinnon doit s’aligner sur son rival comme de nombreux médias le décrivent (même si le style et le contexte collectif sont tout à fait différents). Il devrait être un joueur à environ 5 victoires estimées. Mais dans ces séries éliminatoires, MacKinnon a intensifié son jeu pour être à un rythme de 6,7 victoires estimées. C’est incroyablement fort et le plus élevé de tous les attaquants des Avs, mais toujours loin derrière McDavid.
🔁 La profondeur : une répartition bien différente et décisive

D’abord, il y a les figures de proues : Leon Draisaitl pour les Oilers et Mikko Rantanen pour les Avs. La performance de Draisaitl dans ces séries éliminatoires est tout aussi bluffante. Malgré des problèmes de cheville qui ont limité sa mobilité, il a trouvé un moyen de dominer grâce à ses formidables instincts. Il est à égalité avec McDavid avec 26 points, dont 17 en cinq matchs contre Calgary. Il convient de noter que 11 des 19 passes décisives de Draisaitl sont secondaires – c’est toujours le spectacle de McDavid, après tout – mais cela n’enlève rien à son importance dans le jeu des Oilers. Mais la question de séparer les deux stars demeurent, surtout face aux Avs dont la profondeur n’a que peu d’égale en Ligue Nationale.
Colorado opte pour deux lignes surpuissantes. L’une est menée par MacKinnon et l’autre par Rantanen, qui se retrouve sur la deuxième ligne pour débuter la série. Séparer le duo dynamique n’était pas courant cette saison, mais les deux ont eu beaucoup de temps de jeu. En 387 minutes loin de MacKinnon cette saison, Rantanen a inscrit 63 % des buts attendus et a dominé ses adversaires 31-15. C’est un luxe d’avoir une deuxième ligne aussi puissante. Le Colorado a droit ce genre de luxe parce que l’Avalanche tient une incroyable profondeur. Landeskog est un monstre dans ces séries éliminatoires, Nazem Kadri est devenu un centre superstar à part entière et Valeri Nichuhskin est devenu un attaquant d’élite. Cet ensemble donne aux Avs de nombreuses options pour mélanger le Top 6.
Bien que Colorado détient un soutien immédiat très fort pour son duo vedette, Edmonton a ses propres joueurs solides qui ont vraiment été précieux dans ces séries éliminatoires. Deux d’entre eux ont été ajoutés cette saison pour renforcer les rangs des attaquants et le moins que l’on puisse dire c’est que ces ajouts portent leurs fruits. Ce n’est ni McDavid ni Draisaitl qui mène les Oilers pour les buts : Evander Kane avec 12 buts et Zach Hyman avec 8. Les deux attaquants ont marqué des buts très importants, à plusieurs reprises, dans ces séries éliminatoires. Bien sûr, c’est une évidence que jouer avec des joueurs étoilés comme McDavid et Draisaitl aide énormément, mais c’est toujours précieux d’avoir des gars capables de terminer les actions. L’alchimie s’est vraiment développée entre McDavid et Kane, qui joue vraiment les tireur d’élites durant ces séries. Notons également la présence Ryan Nugent-Hopkins au centre du deuxième trio qui a connu de grosses sorties contre les Flames. Sa production est assez dingue jusqu’à présent avec 11 points en 12 matchs, mais la grande question est de savoir s’il peut gérer la deuxième ligne de grande qualité du Colorado.
Si nous devions donner l’étiquette de facteur X à un joueur ce serait probablement à Cale Makar, étincelant au premier tour, plutôt discret contre les Blues. Il n’a délivré que trois passes contre les Blues, mais le défenseur peut toujours changer le court d’une rencontre, voir d’une série. Makar mène l’Avalanche en temps de glace par rencontre avec 26 minutes et 42 secondes. Il reste un élément essentiel à la fois en avantage numérique et en désavantage numérique.
🔮 Prédictions du CCS 🔮
✒️ L’avis de l’auteur : 4/2 Avalanche

Evidemment les Avs sont favoris de cette série même si la dynamique des Oilers est vraiment incroyable. Même si personnellement j’aimerai voir McDavid continuer à faire fermer des bouches, la profondeur du Colorado est trop dense pour ne pas étouffer les Oilers sur la longueur. Le point d’interrogation peut se trouver devant les filets. Si McDavid poursuit d’être sur une autre planète, que MacKinnon ne suit pas le rythme, que Makar ne pèse plus en zone offensive et que Mike Smith reste à son niveau… Edmonton peut l’emporter, mais cela fait beaucoup de “si”.