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Ricciardo, la clé de voûte en Formule 1

A Bakou, en Azerbaïdjan, Daniel Ricciardo avait retrouvé son caractéristique et légendaire sourire. Pour cause, pour la troisième fois de la saison, l’Australien a terminé devant son jeune coéquipier de chez McLaren. Après Bahrein et Miami (bien qu’abandon de Lando Norris lors de cette course) le tracé urbain de Bakou a souri à l’ex-pilote Red Bull, en difficulté cette saison. Bien que chahuté durant la course, mis en difficulté par son équipe et son coéquipier, le roseau Ricciardo a plié mais n’a pas rompu, mais cela restera-t-il suffisant pour convaincre l’écurie de Woking de le conserver ?

Les résultats décevants de Daniel Ricciardo font le tour du paddock au sein de la sphère F1, son baquet étant convoité par une bonne majorité de pilotes. Si bien que la moindre bouffée d’air font du bien au clan australien, quitte à refroidir les plus opportunistes. Bakou lui a laissé quelques instants de répit, mais les vieux démons ne sont pas bien loin.

L’ombre de lui-même depuis son départ de Red Bull

Les belles promesses de Renault

Elle est loin, l’époque ou Daniel Ricciardo remportait des courses pleines de panache, à coup de gros freinages et de remontées improbables. Si le choix de quitter Red Bull en 2019, pour rejoindre Renault, semblait audacieux, il pouvait s’expliquer par la volonté de s’extirper (très) loin de son ami et ex-coéquipier Max Verstappen. Pourtant, c’est finalement à cet instant précis que le Daniel Ricciardo qui faisait trembler les pilotes devant lui s’est envolé.

Sa première saison à Renault a déçu, sa seconde a plu. Lui qui aime les monoplaces stables et en survirage s’est retrouvé en difficulté en quittant Red Bull pour Renault, passant de la meilleure écurie en terme d’aéro à l’équipe française encore en recherche d’identité. Malgré tout, lors de son deuxième mandat, sa Renault RS20 a pu signer quelques coups d’éclats en 2020, avec deux podiums et une 5eme place au championnat pilotes.

L’Australien fête son podium avec Renault, à Imola en 2020, en partageant son fameux showery avec Lewis Hamilton (crédit : Renault DP World F1 Team)

Dès lors, l’annonce de sa signature chez McLaren s’annonçait très prometteuse, l’écurie étant en pleine montée en puissance à ce moment là. Ce choix semblait donc se constituer comme le meilleur à ce moment là de sa carrière, équipé d’un moteur Mercedes lui assurant une fiabilité qu’il craignait chez Red Bull, et d’une monoplace ayant atteint la P3 aux constructeurs. Mais les espoirs aperçus en 2020 n’ont pas été confirmés en 2021, mis à part la lueur de Monza, si bien que le cas Ricciardo commence sérieusement à embêter Zak Brown et consorts.

La déception du mariage McLaren-Ricciardo

C’est simple, l’an dernier, l’Australien a été relégué à plus de 45 points de son jeune coéquipier. Le talent de Norris est connu et n’est pas à négliger, mais un tel écart, bien qu’il puisse sembler sembler faible, convient d’être nuancé avec le manque de chance globale de Norris lors de la deuxième partie de saison. Outre sa victoire à Monza, le « Honey Badger » n’a pas semblé au niveau et a peiné à adapter son pilotage à la McLaren. Son début de saison 2022, plus que mitigé, malgré une petite éclaircie, soulève des question sur sa carrière en F1.

Ces difficultés peuvent notamment se traduire par l’appréciation et le style de pilotage de Ricciardo vis-à-vis de sa monoplace. Certes, sa réputation de gros freineur lui colle à la peau, mais en se penchant d’un peu plus près sur son cas, il convient de comprendre que ce n’est pas tellement le cas. 

La réputation de Ricciardo s’est construite lors de ses années Red Bull, avec des victoires venues d’ailleurs (crédit : onboard F1)

Oui, l’Australien sait freiner plus tard et plus fort que les autres, c’est notamment ce qui faisait sa force chez Red Bull, avec ses dépassement fantasques comme se fut le cas lors de sa victoire en Chine en 2018, mais finalement, ce n’est pas le style que le pilote préfère. En effet, son style de conduite, du moins chez McLaren, se caractérise plutôt par un freinage tôt, lui permettant un survirage et une meilleure sortie de virage que son entrée.

Aussi, il lui faut un train arrière stable, en mesure de produire une réaccélération en plein virage ou rapidement après sa sortie, ce que ne peut lui fournir la McLaren.
Conçue pour Norris, qui fait partie de la nouvelle génération de pilotes appréciant un train arrière léger et nerveux, la McLaren convient dès lors bien moins à Ricciardo, aussitôt en difficulté et moins en confiance, d’où potentiellement, les pertes de performance.

Une clé de voûte au nom de Ricciardo

Ils sont nombreux, les intérêts et les enjeux si départ de l’Australien il y a. La première mèche a été allumée par Ricciardo lui-même, après l’annonce de l’arrivée de la Formule 1 à Las Vegas, « J’allais prendre ma retraite, peut-être pas finalement ». Bien que probablement sous le coup de l’humour, le pilote McLaren dévoilait potentiellement une part de vérité dans cette déclaration, lui qui traine son spleen depuis quelques temps sur les paddocks.

La joie du pilote McLaren d’apprendre l’arrivée de Las Vegas au calendrier F1

Et si l’annonce de Las Vegas motive le pilote à rester, ce n’est pas les organisateurs du Grand Prix qu’il faut convaincre, mais bien le board McLaren, car les concurrents tapent à la porte pour le baquet de l’écurie britannique. Gasly, Pato O’Ward, Albon, Piastri ou bien encore un jeune pilote de la filière McLaren convoitent cette belle place et seraient désireux de l’obtenir. Le gros salaire dont bénéficie Ricciardo reste un poids pour l’écurie, et si ce salaire n’est pas justifié, il est donc logique de s’en débarrasser.

Tout comme un effet domino, plus le baquet est haut placé dans la hiérarchie des pilotes et/ou constructeurs, plus les conséquences de sa mise à disposition sont grandes. Et à l’heure actuelle, la seule place plus convoitée encore que celle chez McLaren, c’est le volant de Lewis Hamilton, en plein doutes sur sa monoplace et la suite de sa carrière lui aussi. Mais le champion anglais semble toutefois moins ouvert à un départ, tout comme le clan Mercedes, qui voudrait s’éviter de nouveaux casse-têtes.

Qui veut prendre sa place ?

Mais alors qui aura les épaules et le talent nécessaire pour prendre la place de « Danny Ric » ? La réponse évidente serait de dire Pierre Gasly, le pilote Alpha Tauri à la quête d’un « top team » pour la suite de sa carrière. Sergio Pérez confirmé, le Français lorgne de près la place de son collègue. Dès lors, un swap pourrait s’effectuer entre les deux écuries, et Daniel Ricciardo retrouverait un environnement qu’il connait et affectionne auprès d’Alpha Tauri, avec une monoplace qui conviendrait également à son pilotage.

Pierre Gasly, potential remplaçant de Daniel Ricciardo, n’a pas caché son envie de rejoindre un top team comme l’est McLaren (crédit : HIGH TWO dpa/Alamy Live News)

La deuxième option fiable serait de recruter Patricio O’Ward, pilote McLaren Arrows en Indycar. Le Mexicain est très apprécié du board McLaren, est jeune et a déjà roulé pour McLaren lors de tests et d’essais. Le risque repose sur le fait qu’il ne connait que très (trop ?) peu le monde de la Formule 1 et McLaren n’aura pas le temps de lui laisser s’ils visent les victoires ou un titre. Cependant, si ce choix est fait, quid de Ricciardo ? Aucun baquet ne sera réellement libre, il faudra peut être alors se rendre disponible pour une petite écurie, comme Williams qui commence à avoir des envies d’ailleurs avec Latifi

Enfin, la dernière option, bien que peu probable, serait peut être Fernando Alonso, toujours en bons termes (c’est rare) avec la direction de l’écurie britannique. L’Espagnol continue de déclarer qu’il s’amuse en Formule 1 et qu’il ne se sent pas handicapé par son âge. Bien que séduisante, cette option pourrait être une sacrée épine dans le pied de McLaren tant on connait le caractère chaud du double champion du monde et sa capacité à retourner une équipe. Daniel Ricciardo pourrait alors rejoindre Alpine, mais à nouveau, une chute dans la hiérarchie pourrait ne pas convenir au pilote qui prendrait alors sa retraite de la Formule 1.

En attendant, Daniel Ricciardo demeure un pilote pour l’écurie McLaren, et malgré les quelques critiques qui fusent, l’Australien a su faire le dos rond pour proposer une belle prestation à Bakou. Le talent, il le possède, et ça ne se perd pas, il ne lui reste plus qu’à enchainer les bonnes performances pour éviter de causer tous ces tracas au monde de la F1 et ainsi, continuer à dévoiler son légendaire sourire dans les paddocks.

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