C’est l’heure. Le dénouement de la saison 2021-2022 est là, tout près. Un club verra son nom inscrit sur le prestigieux bouclier de Brennus. Et deux prétendants se présentent pour toucher du bout du doigt ce bout de bois. D’un côté Montpellier arrive avec ses atouts, de l’autre Castres a absolument tous les arguments pour répondre. De quoi faire du club de l’Aveyr… du Tarn le favori de cette ultime rencontre ?
Pour les chiffres
1er C’est évidemment le classement du Castres Olympique à la fin de la saison régulière. Souvent raillé, brimé, moqué, et même encore lors de ces phases finales, le club de la petite ville du Tarn a soulevé des montagnes avec brio pour finir en tête de la phase régulière. Comme son nom l’indique, cette phase est régulière et couronne l’équipe la plus constante lors de l’exercice. Le CO a su naviguer entre blessures, protocoles COVID et autres sélections avec des compositions toujours cohérentes, accrocheuses et compétitives. Cette régularité sera une force à n’en pas douter lors de cette finale, comme elle l’a été en demi-finale contre l’ogre voisin.
3 C’est le nombre de défaites du Castres Olympiques sur la phase retour du championnat le véritable symbole d’une dynamique positive pour les Tarnais qui arrivent avec la formule magique des sorciers Broncan et Darricarrère ainsi qu’un moral qui affole les compteurs. Pour mieux comprendre la supériorité des castrais sur la deuxième partie du championnat il faut rappeler que cela représente 11 victoires sur les 14 dernier matchs. Le total de victoires des Castrais s’élève à 18 sur l’ensemble de la campagne.
6 joueurs du Castres Olympiques ont disputé au minimum 24 matchs sur 27 possibles dans le championnat de France cette année. Une constance accrue et rare dans un effectif professionnel de nos jours, surtout quand l’on doit zigzaguer entre nombres d’embuches sur une saison aussi longue que peut proposer le Top 14. Ces 6 joueurs sont devenus de véritables pierres angulaires d’une saison castraise réussie et ils seront de la partie pour la finir en apothéose vendredi soir. Bravo à Tom Staniforth (25 matchs ; 25 titularisations), Wilfrid Hounkpatin (25m ; 23t), Geoffrey Palis (24m ; 21t), Julien Dumora (26m ; 19t), Florian Vanverberghe (24m ; 18t) et Andrea Cocagi (25m ; 17t).
Pour Benjamin Urdapilleta
Benjamin Urdapilleta catalyse le Castres Olympique. Il est l’emblème et l’aquilifer de toute une équipe, une région, des supporters et d’un club. Le numéro 10 argentin de 36 ans, comme tous les bons vieux vins, s’est bonifié avec le temps et si même lui ne souhaite plus continuer à s’affiner d’avantage, il a choisi son meilleur moment pour sortir une cuvée de prestige.

Cette année encore, l’artilleur se hisse à la 5ème place du classement des réalisateurs du championnat (probablement 4ème après la finale). Ses 211 points étaient vitales pour le club pendant cette saison. Tel le roseau, le CO a plié mais n’a jamais rompu, les petits 36 points de goal average final dans la saison régulière corrobore cette impression. 6 matchs sur 7 ont été remportés avec un écart de 4 points ou moins. Le calme, la gestion et la précision de Benjamin Urdapilleta sont loins d’y être anodin et son apport dans tous ces secteurs sera encore une fois prépondérant lors de la finale du Top 14.
C’est désormais la 7ème année de l’ouvreur argentin au club, et ce dernier n’a jamais aussi peu perdu avec lui. 4 petites défaites en 20 matchs disputés, un pourcentage de victoire de 80% lorsqu’il touche le terrain. De plus l’ouvreur se donne corps et âme pour cette dernière croisade. Lors de la 21ème journée de Top 14 contre Brive, l’ouvreur sortait sur blessure au pouce, à la 78ème minute d’un match perdu, et tout le monde le croyait enterré pour le reste de la saison. Un mois plus tard il était déjà de retour sur les terrains, le pouce en poupée et prêt à en découdre pour ne plus perdre un match. Urdapilleta est un véritable général, préparé pour (r)amener ses troupes avec lui vers les sommets. Pour cela, il lui reste une ultime bataille.
Pour l’histoire
En remportant le bouclier de Brennus, le CO écrira (à nouveau) de très belles histoires qui resteront gravés dans le marbre pour les générations futures de rugbyman. Equipe, joueurs, ville, supporters… Tout le monde laissera sa trace.
En remportant le bouclier de Brennus, Castres deviendra l’équipe la plus titrée sur une période de 10 ans succédant à… Toulouse encore une fois. Laurent Labit et Laurent Travers avait montré au monde que le CO existait. Christophe Urios a affirmé que ce n’était pas un exploit isolé. Pierre-Henry Broncan et David Darricarrère peuvent instaurer une dynamique de Champion.
En remportant le bouclier de Brennus, Rory Kockott pourra partir sur une sortie qui lui est due. S’il n’entre plus dans les plans des coachs pour les matchs décisifs, son aura dans le vestiaire et son esprit auprès de ses successeurs sur le terrain sont toujours présents. Un Bouclier de Brennus serait la juste récompense pour un joueur qui a tant donné, qui donne encore et qui continuera de donner à un seul club de l’hexagone. Un au revoir pour rentrer un peu plus dans la légende du rugby français et du Castres Olympique.
En remportant le bouclier de Brennus, c’est tout le rugby des petites villes, des campagnes, des hommes solidaires, des constructions d’équipes intelligentes, des revanchards, des sous-côtés qui gagnera un titre. Le 10ème budget de Top 14 qui fait la nique aux grands de ce monde et à ses compositions stellaires certains (beaucoup) en rêvent. Le monde du petit rugby de Brive à Perpignan en passant par Biarritz et Pau mais aussi celui de toute la France du rugby amateur ne serait que plus heureux d’une victoire Castraise. Une de plus.