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Esteban Ocon, l’étincelle sans un bruit !

A la fin de la course, après 71 tours de folie, animés par des dépassements, des duels à 5 monoplaces et une Virtual Safety Car qui aura fait trembler les fans de Ferrari, il est l’heure de tirer un bilan de ce week end autrichien. Si tous les regards sont attirés par le grand vainqueur du week end, Charles Leclerc, dans l’ombre du podium, il est possible de retrouver Esteban Ocon, solide 5ème de cette course lors de son 100eme Grand Prix en F1.

Le Normand a su à nouveau tirer son épingle du jeu à Spielberg, en s’adjugeant la meilleure des places restantes, derrière les ogres Ferrari et Red Bull, et de l’intouchable Mercedes. Devant les McLaren et son coéquipier Fernando Alonso, il se place ainsi comme un pilote référence dans le midfield, pourtant réputé impitoyable avec les pilotes un peu tendres. Si bien que désormais, et tout comme son compatriote Pierre Gasly, son talent est reconnu et accepté de tous, et sa place en F1 semble acquise.

Une arrivée en F1 prometteuse

Lors de son arrivée en Formule 1, sur le circuit de Spa-Francorchamps en Belgique, en août 2016, tous les médias sont curieux de voir un jeune français, 19 ans à peine, intégrer la modeste écurie Manor. Pilote de la Mercedes Junior Team, il est soutenu par Toto Wolff, qui le considère comme un potentiel hériter au volant de la Mercedes, Ocon découvre la Formule 1 et apprend au fil de cette année 2016.

Les débuts du Français, chez Manor en 2016, placé par Mercedes (crédit : Manor)

Sa promotion chez Force India, en 2017, au côté d’un rugueux Sergio Perez lui permettra de se frotter pour la première fois à un midfield tendu, face notamment aux Renault et aux Williams. Très performant, il brille par ses nombreuses rentrées dans les points et ses luttes, parfois au delà de la limite, avec son coéquipier mexicain, qui supporte mal l’éclosion du jeune Français. Sa première saison complète s’avère donc être une réussite et Ocon fait son trou en Formule 1.

Sa deuxième saison chez Force India sera cependant plus décevante, notamment en raison d’une monoplace moins performante et d’un resserrement de l’écart dans le midfield. Tourmenté tout au long de la saison par sa possible éviction de la Formule 1, Ocon propose toutefois de belles prestations, comme sa troisième place en qualification en Belgique, lors de l’annonce du rachat de Force India par Racing Point. Toutefois, malgré son potentiel et une saison à nouveau satisfaisante, Esteban Ocon ne trouve pas de baquet pour la saison suivante, et se voit contraint de passer une année sur le banc de touche de la Formule 1.

Les tensions entre Perez et Ocon ont duré tout au long de leur cohabitation chez Force India/Racing Point (crédit : Esteban Ocon Twitter)

Un mariage Mercedes – Ocon frustrant

La saison 2019 se fera donc sans le Normand, privé de volant après son remplacement par Lance Stroll, dont le papa est désormais l’heureux propriétaire de l’écurie. Toujours sous contrat avec Mercedes, il est ainsi intégré au développement de la W10, comme pilote réserviste. Son rôle est de travailler dans l’ombre des deux pilotes titulaires, l’incontesté Lewis Hamilton et le plus mitigé Valtteri Bottas, en contribuant a la compréhension de la monoplace par des heures de simulateurs. Le Français le sait, il peut également apprendre de cette saison blanche, au côté de la meilleure équipe du paddock.

Cependant, ce que le Français espère secrètement, c’est devenir l’un des deux pilotes de cette Mercedes. Le talent, il l’a, il a su le prouver pendant ses 2 premières années dans la catégorie. Il lui faut simplement sa chance, que Mercedes n’a pu lui donner pour le moment, bien que consciente qu’un pilote comme lui ne peut se résoudre à demeurer comme pilote réserve. Aussi, il est « libéré » par Mercedes pour retrouver un volant en F1, chez Renault et aux côtés de Daniel Ricciardo.

L’année sabbatique de Français lui a permis de s’assagir et de maturer, pour mieux revenir en 2020 (crédit : Getty Images)

Ce départ chez Renault, bien qu’il comble le clan Ocon, contraste avec les attentes placées dans le Français et ses espoirs de piloter un jour pour Mercedes. Le fait de quitter le giron témoigne des difficultés à s’imposer dans une top écurie, et que bien qu’un avenir semble tout tracé, une part de chance et d’opportunités à saisir doivent se présenter. Ainsi, ce départ acte encore un peu plus l’échec de la filière Mercedes, qui voit un énième pilote quitter son programme sa filiale sans avoir pu s’y imposer clairement.

La deuxième vie d’Ocon

Son arrivée dans l’écurie française se fait alors de manière discrète, comme à son image. Opposé à un Daniel Ricciardo dans un premier temps décevant, puis bien plus performant, le Français s’illustre notamment par ses retours techniques et sa très bonne analyse, notamment grâce à son année passée à développer la Mercedes. Bien que quelque peu en retrait, il signe notamment en fin de saison, le premier podium de sa carrière à Bahreïn, une consécration et un déclic pour la suite de son aventure chez Renault.

Le premier podium d’Esteban Ocon, en 2020 lors du Grand Prix de Sakhir (crédit : Renault F1 Team)

Sous les couleurs de l’Alpine à partir de 2021, et aux côtés du « rookie Fernando Alonso », Esteban Ocon fait plus que performer,  amenant notamment régulièrement sa monoplace dans les points, et tenant la dragée haute à son coéquipier, pourtant réputé pour sa capacité à détruire une équipe et son camarade de garage. Malgré quelques souci de fiabilité, le Français brille par sa régularité, ne commettant que très peu d’erreur de pilotage et lui permettant ainsi d’optimiser ses performances.

En 2022, son Alpine est bien née, à un très bon niveau, il entre régulièrement en Q3 et score des points à l’arrivée le dimanche. A l’instar de son coéquipier Espagnol, qui s’amuse et s’éclate, il est possible de retrouver un Esteban Ocon plus détendu, souriant comme à son habitude certes, mais en paix et conscient que sa place et son talent ont été reconnus, cela, notamment grâce à sa belle victoire en 2021.

Bienvenue dans le cercle fermé des vainqueurs

La première victoire de la carrière d’Esteban Ocon, en Hongrie en 2021 (crédit : Getty Images)

Il peut être dit que pour être considéré comme un (très) grand pilote de Formule 1, il faut avoir remporté au moins une victoire dans sa carrière. Bien entendu, certains pilotes dérogent à la règle, comme par exemple Pastor Maldonado, plus connu pour ses déboires au départ, mais qui a su saisir l’opportunité qui s’offrait à lui en Espagne en 2012, pour intégrer le club fermé des vainqueurs de Grand Prix.

Esteban Ocon, lui, a attendu son 77eme week end en Formule 1 pour l’intégrer, lors du Grand Prix de Hongrie 2021. Profitant d’un strike lors du premier virage, et d’un second départ hallucinant (Lewis Hamilton était le seul sur la grille de départ, les autres monoplaces se trouvaient au stand), le Français n’a pas tremblé pour s’offrir sa victoire.

La scène surréaliste de Lewis Hamilton, seul sur la grille de départ, lors du Grand Prix de Hongrie 2021 (crédit : news18)

Au terme d’une course folle, orpheline d’un tiers de ses pilotes, l’Alpine d’Esteban Ocon a vite pris la tête de la course, pour ne plus la quitter. Sur un circuit ou les opportunités de dépassements sont rares, le Français a su exploiter au maximum ses chances de l’emporter.
Sa justesse tout au long de la course, son calme et l’opportunité qu’il a saisi l’ont donc amené jusqu’à la victoire, devant Sebastian Vettel et Lewis Hamilton, pardonnez du peu !

Cette victoire a donc ainsi permis a Esteban Ocon de s’imposer réellement et pleinement dans les paddocks de Formule 1. Tout comme Pierre Gasly, il fait partie des rares pilotes de la grille a être monté sur la plus haute marche du podium avec une monoplace non favorite, et inscrit son nom dans l’histoire du sport automobile français. Désormais considéré comme un grand pilote, Ocon a fait son trou en Formule 1 et peu envisager le futur de manière beaucoup plus sereine, lui qui a signé à nouveau chez Alpine pour les années à venir.

Arrivé en Formule 1 avec le statut d’espoir français et de potentiel repreneur du volant Mercedes, Esteban Ocon a vite prouvé son talent et ses capacités à répondre aux attentes. Son retour dans les paddocks en 2020, beaucoup plus apaisé et calme, a fait de lui un pilote redoutable, opportuniste et à fiable. Finalement, c’est sans faire de bruits que le normand s’est retrouvé parmi les plus grands de la discipline, et qu’il continue de performer et s’amuser encore cette année.

Crédit couverture : Alpine F1 Team

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