Entre jeudi et vendredi soir à Las Vegas, l’UFC, organisation la plus célèbre du MMA international, a vécu deux soirées comme elle n’en a jamais connu dans son histoire. Entre la conférence de presse avortée de la veille, et hier soir la kyrielle de pesée manquées par les combattants, cet UFC 279 qui, de base, ne propose pas une carte qui fait rêver les foules, a tourné au fiasco.
D’un prime abord, cet UFC 279 ne ressemble en rien à l’événement MMA de l’année. A titre comparatif, le prochain pay-per-view de l’UFC passe pour la soirée du siècle. L’Histoire se fait toujours dans l’octogone, mais il faut dire que cet UFC 280 s’avère être un immanquable des sports de combat en cette année. Avant ce 22 Octobre, voici donc l’épisode 279 avec une carte dépourvue de gros talents voire de prospect. Cette réunion ne vit que par la présence de trois noms : Khamzat Chimaev, Nate Diaz, et à moindre mesure Tony Ferguson. De son propre aveu, le patron Dana White a misé sur ces trois noms pour faire de l’argent, ne voyant ainsi pas l’intérêt de garnir la carte en prelims ou en early prelims.
Jeudi : la pression monte, les esprits s’échauffent
L’avant-veille des combats, c’est le grand moment de la conférence de presse. Si les duels manquent pour la plupart d’intérêt, laisser la parole à des personnalités comme Ferguson, Diaz, Holland et Chimaev a de quoi faire saliver, tant les derniers nommés sont maîtres dans l’art des punchlines. Comme souvent, les hostilités sont lancées en amont, avec des pics bien sentis lancés via les réseaux sociaux. Les premiers à s’écharper sont Khamzat Chimaev… et Kevin Holland, qui n’ont aucun lien et des perspectives à court/moyen terme bien différentes. C’est le lot des trashtalkers, il faut mieux critiquer pour mieux régner.
Quelques minutes avant la conférence de presse, dont la salle était comble de journalistes et de fans, des échauffourées se lancent en coulisses. Les insiders remontent petit à petit les informations. Les deux premiers à déclencher la bagarre sont… Khamzat Chimaev et Kevin Holland. Les deux combattants sont entourés – selon Ariel Helwani, des sources proches du suédois, le Borz “était seul ou en tous cas, en grosse infériorité numérique” – ce qui fait qu’un attroupement se crée assez vite. Si les choses s’étaient arrêtées là… Quelques instants plus tard, Nate Diaz, son frère, et toute une équipe (50 personnes ?) derrière eux viennent se mêler à la bagarre. Au total, cent personnes sont impliquées dans cette rixe. Les choses deviennent incontrôlables pour l’UFC.
Décontenancé, Dana White se présente au pupitre pour annoncer la nouvelle : il n’y aura pas de conférence de presse, décision prise par le patron lui-même, pour préserver la sécurité des combats. C’est une première dans l’Histoire de l’UFC.
Vendredi : la pesée de la honte
Dana White avait intérêt de bien dormir, puisque les maux de crâne du jeudi n’allaient pas s’estomper au vu des événements de vendredi. La veille de la réunion, c’est la pesée, qui officialise (ou non) les combats. Les combattants procèdent hors de la vue du grand public au weight cut, une agression pour le corps mais qui a pour but d’avoir le poids parfait sur la balance et, ainsi, rentrer dans les clous. Tous ont des poids de forme bien supérieurs à celui pour lequel ils se présentent dans l’octogone.
C’est encore une fois Ariel Helwani qui donne l’information qui fait l’effet d’une bombe sur la planète MMA : Khamzat Chimaev serait largement trop gros et aurait de très faibles chances de faire le poids.
Pour son premier main event en carrière, pour son premier combat en cinq rounds et pour LE combat qui allait changer sa carrière tout en permettant à l’UFC de tester l’attractivité et la popularité de sa nouvelle star, les choses commencent (encore) à tourner au vinaigre. Quelques longues minutes plus tard, les informations se vérifient et sur la balance, Chimaev accuse un surpoids de 4kg, ce qui est énorme et très rare, surtout à ce niveau. Le welter, qui dispose d’une heure pour tenter de faire le poids, ne tente même pas, les risques sont trop élevés. Le combat principal Chimaev-Diaz est donc annulé, nouveau coup de tonnerre !
A cette heure, que faire ? Un main event ne s’annule pas, surtout quand le succès économique de cette réunion ne repose que sur celui-ci. Très vite, tout le board de l’UFC se met en ordre de marche pour trouver une alternative viable. Dustin Poirier, qui n’a pas pénétré dans l’octogone depuis sa défaite contre Charles Oliveira, a tenté de prendre la short notice la plus courte de l’Histoire, sans succès. Non, pour l’UFC, c’est en interne que la solution doit venir, surtout que les six combattants principaux sont soit welterweight (-77kg), soit middleweight (-84kg). Pendant ce temps, les pesées vont bon train et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le prospect canadien Dawosu, le poids lourd exceptionnellement souple Chris Barnett, ratent aussi allègrement leur pesée. Le cirque continue.
Un main event old school qui ravit les fans
Après deux heures de négociations, et à force d’arrangements financiers, le main event sera donc Nate Diaz face à Tony Ferguson, un combat ô combien plus alléchant, excitant et serré que le duel originel entre Chimaev et Diaz. Khamzat Chimaev affrontera lui Kevin Holland, dans un catchweight – terme utilisé lorsqu’un combat se fait dans une catégorie qui n’existe pas, mais où les deux fighters se mettent d’accord sur un poids – bien hasardeux. Khamzat qui, d’ailleurs, aura perdu beaucoup de crédit auprès des fans et de l’UFC, avec ses frasques, son indifférence lors de sa pesée largement manquée et son comportement lors du premier face-à-face, où il s’est fendu de doigts d’honneur en direction du public.

Celui qui a brillé par son humanité lors du post-fight face à Gilbert Burns a sombré cette fois-ci dans l’arrogance et le je m’en foutissisme fort bien mal senti. Yahoo Sports titrant “Chimaev’s clown show nearly blew up UFC 279“. Difficile de leur donner tord. Après la honte, place aux combats, que tout le monde puisse passer à autre chose.