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Mac Jones, à l’épreuve du système Patriots ?

Après une saison rookie plus que prometteuse, Mac Jones attaque déjà sa deuxième année comme le visage des Patriots. Mais l’attente d’un saut en deuxième année s’est vue fragilisée par une intersaison curieuse voire incohérente de son équipe. A l’image d’une draft très critiquée, les Pats n’ont pu apporter les soutien nécessaire à leur meneur de jeu. La pépite de Foxborough, pourtant, possède de sérieux arguments pour déjouer, malgré tout, les pronostics.

Vous vous trompez certainement sur Mac Jones

Jones est un QB qu’on pourra définir d’anachronique. Depuis sa sortie d’Alabama, ses atouts et faiblesses sont connus : cérébral et technique d’un côté, peu athlétique et limité dans la puissance de bras de l’autre. De quoi lui valoir des projections allant de Jared Goff à Kirk Cousins. Des QB exécutant, très bon pour mettre en valeur le schéma de jeu mais rarement plus. Pas toujours capables d’être les premiers créateurs de l’attaque, encore moins d’avoir ce facteur « clutch » pour renverser la vapeur.

C’est pourtant sur ces derniers points où le profil de Mac Jones diverge des préjugés. S’il est vrai qu’il est particulièrement efficace dans la play action et autres actions de passes bien planifiées, il peut aussi se révéler chirurgical dans l’improvisation. Malgré ses limitations physiques, Jones est un passeur agressif qui ne cherche pas la facilité. Voici un exemple :

Sur cette action, le playcalling des Patriots met à mal la défense des Cowboys, avec trois tracés sur le côté ouvert (en bas) du terrain pour seulement deux défenseurs. Un QB conservateur en aurait sûrement profité pour prendre le checkdown sur Jonnu Smith et le laisser gagner les yards balle en main. Jones, cependant, voit un matchup qui lui plaît avec son RB face à un LB légèrement en retard. Au moment où le QB commence son mouvement, on peut voir qu’il n’y a pas de séparation, mais le LB est en déséquilibre alors que le RB est à pleine vitesse vers un espace libre. Son anticipation et sa précision lui permettent de prendre ce choix pour un gros gain.

C’est cette capacité d’anticipation qui permet à Jones de combler ses lacunes physique et de placer ses ballons dans les interstices laissées par les défenses. On ajoute à cela une bonne vision, une bonne compréhension du jeu, et une grosse dose de confiance, et cela nous donne un QB bien plus agressif que son profil nous laisse à penser. En particulier, son placement et son touché irréprochable en profondeur sont déjà une arme pour l’attaque aérienne des Patriots :

Donnez un tracé profond avec un peu trop d’espace à Mac Jones, et vous le regretterez…

Jones est un passeur très plaisant à voir jouer par sa maîtrise de la poche, sa mécanique impeccable, mais aussi par la variété de son jeu de passe. En regardant sa heatmap ci-dessous, on voit sa capacité et son aisance sur les trois niveaux du terrain. Jones peut passer court, intermédiaire ou en profondeur, et prend souvent les bonnes décisions.

Ce qui me rend également optimiste sur le futur de l’ancien leader d’Alabama, c’est son calme surprenant en situation chaude. Contrairement aux fameux « system QBs », Jones peut prendre le jeu à son compte. Il reste à l’aise dans un jeu en dropback pur et en situation de passe évidente. 4th & 4 ? 3rd & 10 ? Mettez lui le ballon dans les mains en toute confiance.

En jetant un rapide coup d’oeil du côté des stats avancés, Mac Jones est… moyen. C’en est presque drôle, Jones oscille entre la 13e et la 17e place dans toutes ces métriques : Pourcentage de « Big Time Throw », Temps avant le lancer, Pourcentage de complétion ajusté, Pourcentage de pressions converties en sacks. Pas forcément étonnant pour un QB rookie au jeu très équilibré et qui ne demande qu’à progresser.

Grandir en environnement hostile

Le principal niveau d’incertitude concernant le réel niveau de Jones, c’est la qualité de son entourage. Il faut en effet rendre ses lauriers à Josh McDaniels, très affuté dans son playcalling tout au long de la saison. Sa créativité lui a d’ailleurs valu une place de Head Coach chez les Raiders de Las Vegas. Laissant donc son poste vacant à New England.

Un poste qui, à quelques heures du match d’ouverture, reste toujours inoccupé. En quelques sortes, ou peut-être pas. Ou peut-être qu’on ne préfère pas savoir. Du peu d’informations que Bill Belichick veut bien diffuser, il y aurait une sorte de partage des charges entre Matt Patricia et Joe Judge… Aucun des deux n’ayant coaché d’attaque auparavant. Certes, les interrogations peuvent venir du simple (et habituel) manque de communication de Belichick. Elles découlent néanmoins naturellement d’une profonde incompréhension sur la manière d’entourer le visage de la franchise.

Mac et Matt
Mac/Matt, l’association de tous les dangers

Ce que l’on peut prendre pour acquis, en revanche, est le changement de schéma dans le jeu de course à New England. Malgré l’efficacité éprouvée d’un schéma Gap/Power l’année dernière, les Pats chercheront à jouer en Zone en 2022. On connaît la qualité de l’école Patriots pour former chaque année une ligne offensive, et on ne doute pas vraiment que le duo Stevenson/Harris continuera à engranger des yards au sol. On est tout de même en droit de se demander l’intérêt d’un changement qui n’apparaît pas nécessaire au premier abord.

L’un des avantages schématiques avec le jeu en zone, c’est le mouvement latéral de la ligne . Il permet d’aspirer naturellement les LB et de libérer une grosse zone sur l’autre moitié du terrain pour le passeur en cas de bootleg. Le problème, c’est que pour exécuter proprement un bootleg, il faut un QB mobile. Pour toutes ses qualités, Mac Jones reste déficient athlétiquement, et le faire jouer dans l’espace semble suspect. Au mieux, cela ressemble à une expérience sur les capacités du lanceur à évoluer dans un style de jeu sensiblement différent. Au pire, on pourrait presque y voir une volonté de le faire rentrer dans un moule potentiellement inadapté.

Seule la réalité du terrain sera juge. Mais si les Pats ne s’effondrent pas en 2022 malgré tous les mauvais signaux aperçus cet été, cela passera par une confirmation du talent de leur Quarterback. La première saison de Jones a été très enthousiasmante dans un environnement favorable. S’il peut réitérer ce niveau de performance malgré un moins bon entourage, le doute ne sera plus permis sur le réel niveau d’un QB encore difficile à cerner pour certains.

Plutôt héritier spirituel de Tom Brady ou Teddy Bridgewater glorifié ? Vrai meneur d’attaque ou distributeur chouchouté ? Par son profil qui semble venir d’un ancien temps, Mac Jones reste clivant. Il n’en reste pas moins surprenant et sa première saison sous les couleurs des Patriots a dépassé les espérances. Tomber dans les clichés concernant son évaluation serait une erreur, et m’est avis que le jeune QB est encore difficile à mettre dans une case. Cette saison 2022 placée sous le signe de l’incertitude à la Nouvelle Angleterre sera l’occasion parfaite de voir la capacité d’évolution chez Mac Jones. Un élément déterminant pour un joueur dont on a souvent reproché le manque de potentiel à long terme.

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